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    L’Actu vue par Remaides : « VIH, droits LGBT+ : le Monde sous pression »

    • Actualité
    • 10.04.2025

     

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    DR.

    Par Jean-François Laforgerie

    VIH, droits LGBT+ : le monde sous pression

    Les nouvelles du monde ne sont pas bonnes. Sur le plan mondial, l’Onusida agite le « spectre » du retour de la pandémie de sida sans l’aide américaine. De plus, la vaccination des pays pauvres, nouvelle cible des coupes budgétaires américaines, suscite de nouvelles craintes chez les experts-es en santé publique. Autre exemple, en Hongrie, l’ONU se dit « très inquiète » d’une loi qui limite les libertés des personnes LGBT+
    En fin d’article, d’autres infos Monde.

    L'Onusida agite le "spectre" du retour de la pandémie de sida sans l'aide américaine

    Cauchemar. Le monde pourrait revivre les pires heures de la pandémie de sida sans reprise du soutien financier des États-Unis à l’aide internationale, a averti Winnie Byanyima, la directrice de l’Onusida, lundi 24 mars. « Les coupes budgétaires américaines font qu’aujourd’hui 27 pays d’Afrique connaissent des pénuries de personnel et des perturbations dans les systèmes de diagnostic et de traitement, ainsi que des systèmes de surveillance qui s’effondrent », a-t-elle indiqué, lors d’une conférence de presse à Genève. « À plus long terme, nous voyons la pandémie de sida ressurgir à l’échelle mondiale, non seulement dans les pays à faible revenu (...) d’Afrique, mais aussi parmi les populations clés en Europe de l’Est et en Amérique latine », et « nous verrons des gens mourir, comme nous l’avons vu dans les années 1990 et 2000 », a-t-elle déclaré. « Nous allons assister à une véritable recrudescence de cette maladie », a-t-elle insisté, lançant un appel direct au président Donald Trump de « faire un deal » autour de la prévention de la maladie qui rapporte bien plus qu’elle ne coûte. La suspension pour plusieurs mois de l’aide américaine a provoqué confusion et perturbation dans le réseau mondial de lutte contre le sida malgré l’exemption accordée par l’administration Trump à certains programmes, avait averti début février l’Onusida, elle-même financée à 50 % par les États-Unis. Selon l’agence onusienne, sans reprise de l’aide des États-Unis, et alors qu’aucun autre État n’a annoncé vouloir (ni pouvoir) les remplacer, il y aura au cours des quatre prochaines années 6,3 millions de décès supplémentaires dus au sida. « En 2023, on comptait 600 000 décès (...). On parle donc de dix fois plus », a indiqué Winnie Byanyima. Elle a expliqué que « les États-Unis ont été un partenaire incroyable » et l’Onusida a travaillé en « étroite collaboration » avec le programme Pepfar, lancé par l’ex-président George W. Bush pour lutter contre le sida, également affecté par les coupes budgétaires.
    Mais « la soudaineté du retrait du financement américain a entraîné la fermeture de nombreuses cliniques et le licenciement de milliers d’agents de santé », a-t-elle relevé. Si elle estime « raisonnable que les États-Unis veuillent réduire leur financement », la haute responsable onusienne rappelle que « la soudaineté du retrait (...) a un impact dévastateur dans tous les pays, en particulier en Afrique, en Asie et en Amérique latine ».
    Dans certains pays d’Afrique, la réponse au sida est très dépendante de l’aide extérieure, comme en Tanzanie, où elle représente 94 % du financement et provient en grande partie des États-Unis. L’Ouganda est aussi dépendante à 90 %, a indiqué Winnie Byanyima. Certains pays, comme le Kenya (63 %), l’Afrique du Sud (76 %) et le Bostwana (66 %), ont réussi à réduire leur dépendance, a-t-elle dit. Mais « il est faux de croire » que les autres « restent les bras croisés, sans rien faire ».
    « Nous demandons instamment un réexamen et un rétablissement urgent des services, des services qui sauvent des vies », a-t-elle demandé. L’appel de l’Onusida est d’autant plus pressant que les experts-es estiment qu’un antirétroviral : le lénacapavir, pourrait changer la donne contre le sida. « Nous sommes à l’aube d’une nouvelle révolution dans le traitement préventif » et « nous pourrions voir la fin du sida » a expliqué la patronne de l’Onusida, grâce à un « déploiement ambitieux » du traitement, qu’elle qualifie d’« outil miracle ».
    « Gilead est une entreprise américaine qui a toutes les chances de tirer profit de cette innovation, à condition que le président des États-Unis et son administration comprennent le deal » autour de la prévention de la maladie, a-t-elle insisté. Comme beaucoup d’autres organisations, l’Onusida est touchée par les décisions américaines. Mais pour l’instant, l’agence n’a pas procédé à des licenciements, a-t-elle indiqué. « Nous continuons à examiner des scénarios pour l’avenir », a-t-elle assuré. Pour l’instant, aucun autre pays n’a annoncé vouloir combler le vide américain, a-t-elle relevé, ajoutant : « Le pire scénario serait des baisses supplémentaires de l’Europe ainsi que zéro soutien de la part des États-Unis ».

    La vaccination des pays pauvres, nouvelle cible des coupes budgétaires américaines

    Les États-Unis devraient réduire drastiquement leur soutien financier à la vaccination dans les pays pauvres. Cette perspective, qui s’inscrit dans le cadre d’importantes coupes budgétaires engagées par l’administration Trump, vient s’ajouter aux inquiétudes, déjà nombreuses, des experts-es en santé publique, note l’AFP. Ces nouvelles coupes pourraient causer « plus d’un million de décès » dans le monde, a déclaré, jeudi 27 mars, à l’AFP Sania Nishtar, directrice générale de l’Alliance du vaccin (Gavi). Cet organisme est le fer de lance des efforts internationaux pour accélérer la vaccination, notamment dans les pays pauvres qui manquent de fonds pour engager des campagnes. Il réunit des acteurs-rices publics-ques et privés-es : l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’industrie pharmaceutique internationale... Or, Gavi est la dernière cible en date des réductions budgétaires américaines à l’aide internationale, selon le New York Times.
    Le journal, qui cite un document transmis au Congrès américain, rapporte que le gouvernement du président Donald Trump compte cesser tout financement à Gavi. Les États-Unis contribuent à près d’un quart du financement de l’organisme, soit plusieurs milliards de dollars dont une grande partie sont consacrés à la vaccination anti-Covid.
    Pour l’heure, « nous n’avons pas reçu d’avis de résiliation de la part du gouvernement américain et nous sommes en contact avec la Maison Blanche et le Congrès afin d’obtenir 300 millions de dollars approuvés par le Congrès pour nos activités en 2025 et un financement à plus long terme de Gavi », a tempéré Sania Nishtar auprès de l’AFP. Interrogée par le New York Times, la diplomatie américaine a bien confirmé au journal l’existence du document cité, et déclaré que les programmes annulés étaient « incompatibles avec l’intérêt national ». Cette annonce s’inscrit dans une réduction drastique de l’aide américaine à l’international, un mouvement qui suscitait déjà de nombreuses inquiétudes, par exemple en matière de lutte contre le sida.
    Les craintes sur la vaccination viennent donc s’y ajouter, et de nombreux-ses experts-es en santé publique ont vivement critiqué l’arrêt des financements américains à Gavi.
    En 25 ans d’existence, l’organisme a notamment contribué à la vaccination de plus d’un milliard d’enfants dans les pays les plus pauvres du monde contre des maladies mortelles, comme la rougeole, la fièvre jaune ou le choléra.
    Le retrait des financements américains aurait « des conséquences dramatiques pour la santé des enfants du monde entier », a prévenu auprès de l’AFP l’épidémiologiste Jennifer Nuzzo, de l’université Brown à Rhode Island (États-Unis). Pour elle, l’aide américaine ne s’apparente pas à de la « charité », mais à « un investissement gagnant pour empêcher des épidémies meurtrières et coûteuses » qui pourraient revenir comme un boomerang sur le sol américain ; ce que ne comprend pas l’administration Trump. « Quand des maladies telles que la rougeole ou la tuberculose progressent dans le monde, on est tous menacés », a prévenu David Elliman, chercheur en pédiatrie à l’University College de Londres. Des experts-es insistent donc sur l’argument financier et pas seulement moral : les coupes budgétaires américaines, « intéressantes » financièrement à court terme, ne le sont pas forcément sur la durée. Gavi affirme lui-même que pour un dollar dépensé dans les pays où il est présent, 21 dollars sont économisés dans les dix prochaines années. Cette modélisation obéit toutefois à des critères très larges, puisqu’elle prend aussi en compte les effets supposés des maladies sur le marché de l’emploi et l’économie.

    Hongrie : l'ONU se dit "très inquiète" d'une loi qui limite les libertés des personnes LGBT+

    Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme s’est dit « très inquiet » vendredi 21 mars de la loi adoptée en Hongrie pour bannir la Marche des fiertés qui impose des « restrictions arbitraires et discriminatoires » aux personnes LGBT" et il réclame son abrogation. Aux yeux de l’ONU, la législation adoptée en Hongrie « entraîne des restrictions arbitraires et discriminatoires sur les droits des personnes LGBTIQ à la liberté d’expression, de réunion pacifique et à la vie privée, y compris lorsqu’elles défendent leurs droits humains lors d’événements tels que les Marches des fiertés », a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat, Liz Throssell. Le Haut-Commissaire Volker Türk « appelle les autorités hongroises à abroger cette loi et d’autres législations qui discriminent les individus LGBTIQ+ », a-t-elle indiqué. Il demande aussi aux autorités hongroises « de lutter contre les niveaux élevés d’intolérance, de discrimination, de harcèlement et d’intimidation liés à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre, auxquels les enfants en particulier sont confrontés. »

    En bref, d'autres infos Monde

    Le ministère américain de la Santé annonce supprimer 10 000 emplois
    Casse. Le ministère américain de la Santé a annoncé jeudi 27 mars qu’il allait supprimer environ 10 000 emplois dans le cadre d’une « restructuration majeure », la dernière en date menée par le gouvernement du président Donald Trump. L’organisation du ministère de la Santé (HHS) va être profondément modifiée et ses effectifs vont passer, avec ces suppressions d’emplois et d’autres mesures de départ volontaire ou de retraite anticipée, de 82 000 employés-es à temps plein à 62 000, est-il précisé dans un communiqué, cité par l’AFP. Ces licenciements et départs concernent divers services à travers le ministère et les agences supervisées par la HHS, notamment celles chargées de la réponse aux épidémies ou encore de l’approbation de nouveaux médicaments. « Cette refonte sera une solution gagnant-gagnant pour les contribuables », a prétendu le ministre de la Santé Robert F Kennedy Jr dans le communiqué. Cet ancien avocat spécialiste du droit de l’environnement a pris la direction du ministère mi-février en promettant de s’attaquer aux institutions qui « volent la santé » des Américains-es. De nombreux-ses soignants et scientifiques s’étaient opposés à sa nomination à ce poste, en raison notamment de ses positions antivaccins.
    « Nous ne nous contentons pas de réduire la prolifération bureaucratique » du ministère, « nous réorientons l’organisation vers sa mission principale et nos nouvelles priorités pour inverser l’épidémie de maladies chroniques », a également promis RFK Jr. La refonte prévoit ainsi de faire passer le nombre de départements au sein du ministère de 28 à 15 et de diviser par deux les antennes régionales. Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a procédé à des coupes claires dans l’appareil fédéral, des limogeages massifs contestés en justice. C’est désormais le tour de la santé.

    Voyages aux Etats-Unis : cela se complique pour les déplacements des personnes trans
    Le ministère des Affaires étrangères français a modifié ses conseils aux voyageurs-ses sur son site concernant les « formalités d’entrée et de séjour » aux États-Unis. « Il est vivement recommandé de consulter régulièrement le site de l’ambassade des Etats-Unis en France et de contacter la compagnie aérienne afin de vérifier les éventuels changements ou nouvelles mesures adoptées. En particulier, pour les nouvelles demandes de visas ou d’ESTA, il convient de relever qu’une rubrique a été ajoutée qui requiert, en vertu du décret présidentiel du 20 janvier 2025, d’indiquer le « sexe à la naissance ». Il est recommandé aux voyageurs-ses qui souhaiteraient davantage d’information de consulter la foire aux questions en ligne du Département d’État ou de prendre l’attache des autorités consulaires américaines en France avant le départ en écrivant à une adresse dédiée, explique le site officiel français. Dans son discours d'investiture, Donald Trump avait affirmé que les États-Unis ne reconnaîtraient plus que « deux sexes, masculin et féminin » définis à la naissance, ce qui supprimerait le genre « X », pour les personnes s’identifiant comme non binaires, rappelle l’AFP. Le Danemark est même allé plus loin que les recommandations françaises en indiquant récemment que des ressortissants-es transgenres risquent de se voir refouler s'ils-elles disposent d'une mention de genre X sur leur passeport ou s'ils-elles ont changé de sexe, indique l’AFP. Le Quai d'Orsay n'a pas eu connaissance à ce stade de Français-es récemment refoulés-es à la frontière américaine au motif de leur genre. Dans un article (25 mars), Stop homophobie explique que « l’Allemagne a, elle aussi, alerté sur les risques pour les voyageurs-ses trans et non binaires à l’entrée du territoire américain.