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Par Jean-François Laforgerie

Mois sans tabac 2025 :
la 10ème édition est lancée

Du 1ᵉʳ au 30 novembre 2025, Mois sans tabac revient pour sa 10ème édition. Ce « grand défi collectif d’arrêt du tabac » est  par le ministère de la Santé et de l’Accès aux soins et Santé publique France en partenariat avec l’Assurance maladie. L’opération vise à encourager les personnes qui fument à arrêter de fumer pendant 30 jours. Celles-ci peuvent s’inscrire sur le site Mois sans tabac pour bénéficier d’un accompagnement gratuit et personnalisé.

Un rendez-vous incontournable de prévention
En novembre 2025, Mois sans tabac célèbre donc sa 10ème édition. « Evénement emblématique de la lutte contre le tabagisme, Mois sans tabac fait partie intégrante de la stratégie de lutte contre les addictions mise en œuvre par Santé publique France, au côté de l’estimation des niveaux d’usage à partir des grandes enquêtes en population générale et des dispositifs d’aide à distance (39 89, l’application et le site Tabac info service) » expliquent les pouvoirs publics dans un communiqué. Si cette opération est reconduite, c’est qu’elle a démontré son efficacité (comme on peut le voir dans cette enquête : Guignard R, Devaux M, Nguyen-Thanh V, Lerouge A, Dorfmuller Ciampi M, Cecchini M, et al. Évaluation sanitaire et économique de Mois sans tabac : un retour sur investissement positif. Bull Épidémiol Hebd. 2024). Depuis son lancement en 2016, plus de 1,4 million d’inscriptions en ligne ont été enregistrées sur le site et on estime à deux fois plus le nombre de personnes qui ont fait une tentative d’arrêt liée à l’initiative Mois sans tabac. « Ce rendez-vous est désormais marqué à l’agenda des fumeurs : près de 134 000 d’entre eux se sont inscrits à l’opération en 2024 », a souligné SpF.

Une nouvelle campagne pour les dix ans
Pour la dixième édition, Mois sans tabac 2025 mise sur une nouvelle campagne et un message unitaire et solidaire : « Participer à Mois sans tabac augmente vos chances de devenir ex-fumeur ». La nouvelle campagne valorise le chemin parcouru vers le sevrage. « Ponctué de difficultés, [le chemin vers le sevrage, ndlr] est aussi source de fierté » pour l’ex-fumeur-se. C’est avec cette tonalité que la campagne invite les personnes qui fument, quels que soient leurs profils, à relever le défi collectif Mois sans tabac rappelant aussi qu’après 30 jours sans tabac les chances d’arrêt sont multipliées par cinq. « En 2025, nous fêtons la 10ème édition de Mois sans tabac ! Un rendez-vous de prévention et de santé publique devenu incontournable. C’est aussi l’occasion de célébrer les milliers d’ex-fumeurs qui ont participé à l’opération depuis sa création en 2016 et de saluer la mobilisation des partenaires et des professionnels de santé. « Tous ensemble », comme le veut l’esprit de cette campagne, nous agissons pour bâtir un avenir sans tabac. S’inscrire à Mois sans tabac c’est participer à une aventure collective en étant bien accompagné et en mettant toutes les chances de réussir de son côté », a commenté la Dre Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France.

Un dispositif à plusieurs entrées pour arrêter
Pour soutenir les personnes qui fument dans leur tentative d’arrêt, l’initiative Mois sans tabac s’appuie sur des outils accessibles gratuitement via Tabac info service, ce qui comprend :
- Le site internet tabac-info-service.fr qui propose de nombreux contenus d’aide et outils d’accompagnement (mise en contact avec un tabacologue, témoignages, questions/réponses, etc.) ;
- Le 39 89, numéro d’aide à distance de Tabac info service (numéro « non surtaxé » et accessible du lundi au samedi de 8h à 20h), qui permet la mise en relation avec un tabacologue et propose un suivi gratuit. Depuis le 31 mai 2023, le 39 89 est accessible aux personnes sourdes ou malentendantes via la plateforme Acceo ;
- L’application d’e-coaching Tabac info service, conçue par l’Assurance Maladie en partenariat avec Santé publique France et avec le concours de la Société francophone de tabacologie, qui propose un programme d'e-coaching personnalisé pour optimiser les chances d’arrêt du tabac.
 

Le tabagisme repart à la baisse en France

En France, une personne âgée de 18 à 75 ans sur quatre fumait du tabac en 2024. Un chiffre qui indique que le tabagisme a recommencé à reculer, renouant avec une tendance interrompue par la crise de la Covid-19, selon Santé publique France (SpF). Alors que le tabac demeure la première cause de mortalité évitable dans le pays ― il tue 75 000 personnes par an, ce qui représente 13 % des décès ― le tabagisme est « en nette baisse par rapport à 2021 », se réjouit l’agence sanitaire au vu des premiers résultats de son baromètre 2024 publiés le 15 octobre. Cigarettes manufacturées ou à rouler, cigares, cigarillos, chicha : 25 % des personnes âgées de 18 à 75 ans ont déclaré fumer l’an dernier en France hexagonale, dont 18 % chaque jour. En 2021, elles étaient 32 %, soit près d’une personne sur trois.
En 2024, la proportion de fumeurs-ses se replie même à 24 %, dont 17,4 % qui fument chaque jour, en incluant les seniors-es de 76-79 ans et les départements et territoires d’Outre-mer (sauf Mayotte). En 2019, le tabagisme quotidien avait déjà connu une baisse d’une ampleur inédite, passant à 24 % pour les fumeurs-ses quotidiens-nes, contre 29,4 % en 2016. Puis la crise sanitaire, sociale et économique provoquée par la pandémie de Covid-19 avait entraîné une pause, voire fait remonter le tabagisme parmi les catégories populaires. Saluant une « excellente nouvelle », le Pr Yves Martinet, président du CNCT (Comité national contre le tabagisme) a appelé dans un communiqué, à poursuivre les efforts pour tenir « l’objectif d’une prochaine génération sans tabac ».
Toutefois, les inégalités sociales en matière de tabagisme demeurent très fortes : les personnes qui fument tous les jours sont deux fois plus nombreuses parmi les ouvriers-ères (25,1 %) que chez les cadres (11,8 %). En outre, 13 % des titulaires d’un diplôme supérieur au bac fument au quotidien, contre 20,9 % des non diplômés-es ou ayant un diplôme inférieur au bac, et jusqu’à 30 % des personnes « percevant leur situation financière comme difficile ».
Ces « fortes inégalités sociales de consommation (...) appellent à renforcer (les) actions » de SpF, a indiqué la Dre Caroline Semaille, directrice générale de SpF. En 2024, le tabagisme demeure aussi plus masculin que féminin, quelle que soit la tranche d’âge : il concernait 26,8 % des hommes de 18 à 79 ans, contre 21,5 % des femmes, dont respectivement 19,7 % et 15,3 % de fumeurs-ses quotidiens-nes. Il y a moins de fumeurs-ses quotidiens-nes chez les jeunes (3 % des 15-16 ans et 18,4 % des 18/29 ans), une catégorie de la population sensible à l’augmentation du prix des cigarettes (+ 15 % en 2024 pour le paquet le plus vendu).
Au niveau géographique, le tabagisme est moindre en Île-de-France (14,6 %) et Auvergne-Rhône-Alpes (16 %) et plus élevé dans le Grand Est (19,8 %), l’Occitanie (20,6 %) et la Provence-Alpes-Côte d’Azur (20,9 %). En parallèle, les ventes de tabac (livré aux buralistes) ont baissé de 24 % sur la période 2021-2024, tandis que les ventes de produits d’aide au sevrage tabagique en pharmacie ont grimpé de 29 %. Plus d’une personne fumeuse quotidienne sur deux (55 %) âgée de 18 à 79 ans a déclaré avoir envie d’arrêter de fumer, selon l’enquête dont les données complètes (incluant le vapotage) seront publiées le 3 décembre prochain. Jusqu’ici annuelle, cette enquête aura désormais lieu tous les deux ans. En France, la prévalence du tabagisme chez les plus de 15 ans restait supérieure de trois points à la moyenne européenne, selon l’Eurobaromètre 2023.