Journée de Lutte Contre la Sérophobie : #STOPSÉROPHOBIE
- Dossier
SÉROPHOBIE – n. f. : attitude d’hostilité, de discrimination envers les personnes séropositives.
(LE ROBERT)
Comme toutes les discriminations, la sérophobie se glisse souvent dans des attitudes ou des petites phrases que l'on pense anodines. En 2021, une enquête d'opinion réalisée par l'Institut CSA mettait en évidence un paradoxe : si les Français-es déclarent un bon niveau de connaissances sur le VIH/sida, elles et ils adoptent parfois des comportements discriminants envers les personnes séropositives. Qu'en est-il de votre côté ?
- Avez-vous peur d'avoir une relation sexuelle non protégée avec une personne vivant avec le VIH ?
- Estimez-vous qu'une personne séropositive indétectable doit impérativement divulguer son statut sérologique à ses partenaires avant tout rapport sexuel ?
- Demandez-vous fréquemment à vos partenaires si elles et ils sont "clean" pour s'enquérir de leur statut sérologique ?
Si vous avez répondu OUI à au moins une de ces 3 questions, vous êtes probablement atteint-e de sérophobie qui s'ignore. Le remède ? Rester sur cette page et lire les lignes qui suivent 😉
Initiée par AIDES en 2021, la Journée de Lutte Contre la Sérophobie (JLCS) a pour objectif de visibiliser et de dénoncer les discriminations et les stigmatisations que subissent encore trop souvent les personnes séropositives au quotidien. Aujourd’hui, une personne porteuse du VIH sous traitement, et dont la charge virale est indétectable, ne peut transmettre le virus d’aucune façon que ce soit : c’est la révolution TasP (pour Treatment as Prevention), aussi connue en français sous le slogan I = I pour Indétectable = Intransmissible.
Cette réalité scientifique est peu connue du grand public. Une méconnaissance qui alimente les fausses croyances autour du VIH, les peurs irrationnelles et les réactions de rejet envers les séropositifs-ves. Il est grand temps que cela cesse. Portons haut et fort le message I = I, déconstruisons les a priori, et rappelons que lutter contre la sérophobie, c’est aussi lutter contre le VIH !
« Cette Journée contre la sérophobie rend visible I = I. Cette réalité scientifique méconnue du grand public permet de déconstruire les idées reçues et, ainsi, de lutter contre l'épidémie elle même et contre la sérophobie. Il nous faut marteler ce message, encore et encore. » – Camille Spire, Présidente de AIDES
LA RÉVOLUTION INDÉTECTABLE = INTRANSMISSIBLE (I = I)
Une personne séropositive avec une charge virale indétectable ne peut transmettre le VIH. Grâce aux traitements antirétroviraux, la présence du virus dans l’organisme est si faible qu’elle n’est plus détectable. Le VIH est alors intransmissible : que ce soit par voie sexuelle ou d'une quelconque autre manière.
Cette révolution ne date pas d’hier. Tout commence en janvier 2008 avec la publication du célèbre Avis Suisse au titre plus qu’évocateur : « Les personnes séropositives ne souffrant d’aucune autre MST et suivant un traitement antirétroviral efficace, ne transmettent pas le VIH par voie sexuelle ». À l’époque, le message - bien qu’appuyé par la science - suscite nombre de doutes et certains médecins rechignent à communiquer dessus, voire le remettent en question.
Il faut attendre mars 2014 et les résultats de l’étude Partner, confirmés une nouvelle fois par son second volet en 2019 (Partner 2), pour que Indétectable = Intransmissible devienne enfin un consensus scientifique. Les données sont formelles : avoir une relation sexuelle non protégée avec une personne séropositive indétectable ne présente aucun risque d’infection au VIH. Concrètement, le traitement antirétroviral devient un nouvel outil de prévention face au VIH, et concourt à lever la crainte de transmettre le virus aux partenaires des personnes séropositives : c’est ce que l’on appelle le TasP (Treatment as Prevention).
I = I : UN MESSAGE ENCORE TROP MÉCONNU
Pourtant, le message I = I n’est toujours pas suffisamment diffusé et les conséquences sont alarmantes. Fin 2021, 73% des personnes interrogées dans le cadre d'une enquête d’opinion réalisée par l’Institut CSA ignoraient l’existence de I = I (ou du TasP).
Ce déficit d’information sur les avancées thérapeutiques nourrit une peur irrationnelle de contracter le VIH, elle-même responsable du rejet des personnes séropositives et des comportements sérophobes qui imprègnent presque tous les champs du quotidien (de la vie sexuelle et affective au monde du travail, jusqu’au domaine du soin).
Avec l’essor des réseaux sociaux, les attitudes sérophobes les plus virulentes peuvent désormais exister de façon tout à fait décomplexée. « Les propos sérophobes se banalisent, particulièrement sur les réseaux sociaux où les personnes agissent protégées par un pseudo. Elles s’expriment de manière sérophobe avec un naturel assez déconcertant » souligne SOPHIE FERNANDEZ, coordinatrice de SERONET et de la Journée de lutte contre la sérophobie.
Pour information, la sérophobie est une attitude hostile et discriminante envers les personnes vivant avec le VIH et peut être punie par la loi.
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I = I : UN MESSAGE QUI ENCOURAGE LE DÉPISTAGE
La méconnaissance de I = I (ou du TasP) nous est préjudiciable collectivement. La sérophobie et les peurs irrationnelles qu’elle génère éloignent du soin, en dissuadant de recourir au dépistage par crainte d’un résultat positif. Ainsi, des personnes évitent ou retardent leur dépistage VIH et préfèrent ne pas connaître leur statut sérologique.
D’après les derniers chiffres de Santé Publique France, 29 % des infections à VIH en 2021 ont été découvertes à un stade avancé. En France, on estime qu’environ 24 000 personnes ignorent leur séropositivité.
Or, sans traitement, elles peuvent inconsciemment transmettre le virus et alimenter l’épidémie de VIH, sans parler des risques encourus pour leur santé individuelle. Il est donc dans l’intérêt de tous-tes de faire connaître le TasP et le slogan I = I : à la fois pour déconstruire les peurs autour du VIH, inciter au dépistage et lutter contre la sérophobie.
La lutte contre la sérophobie ne peut et ne doit pas uniquement reposer sur les personnes vivant avec le VIH. « Comme les campagnes d’État sur le VIH sont insuffisantes et n’envoient pas clairement le message qu’une personne séropositive sous traitement efficace ne transmet pas le VIH, ce sont finalement les personnes vivant avec le VIH qui se retrouvent en première ligne pour expliquer le TasP (Treatment as Prevention) » rappelle SOPHIE FERNANDEZ.
Les pouvoirs publics, les médias et tous-tes les professionnels-les de santé doivent œuvrer à une meilleure diffusion du message I = I pour pouvoir être assimilé par le plus grand nombre, et ainsi faire évoluer les mentalités. Il y a urgence.
En 2023, la sérophobie, ça suffit !
#STOPSÉROPHOBIE
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