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    L’Actu vue par Remaides : « Trump 2.0 : une menace réelle pour les personnes LGBT+ et la santé mondiale »

    • Actualité
    • 29.01.2025

     

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    DR

    Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton

    Trump 2.0 : une menace réelle pour les personnes LGBT+ et la santé mondiale

    Des décrets signés en rafale dans une salle bourrée de partisans-es chauffés-es à blanc. Une deuxième salve ratifiée, cette fois, dans le bureau ovale qu’il occupe pour la seconde fois. C’est ainsi qu’a commencé le nouveau mandat de Donald Trump. Un mandat résolument transphobe, anti-LGBT et qui pourrait être préjudiciable à la santé mondiale et à la lutte contre le sida. Explications.

    À droite, on ne dit pas grand-chose, du moins, rien qui fâcherait l’ami américain et ceux-celles qui le soutiennent. À l’extrême droite, on exulte du retour de Trump qu’on érige volontiers en modèle. Dans les colonnes du Figaro et de son annexe « conservatrice » du Figarovox, on ne boude pas son plaisir à expliquer, commenter, voire encourager les nouveaux premiers pas de Trump et sa « révolution du bon sens », contre le « wokisme ». On ne semble d’ailleurs pas trouver que ce soit un problème que Trump « applique ses promesses contre la diversité et l’inclusion », comme s’il s’agissait des pires maux du moment. D’une grande mansuétude à l’égard du président américain, les colonnes du quotidien de droite s’efforcent même de comparer le respect des traditions chez Trump et le bénéfice que « devrait » en tirer les États-Unis versus le prétendu renoncement européen aux oukases des minorités. On jugera de la tactique avec une tribune de Jean-Éric Schoettl, ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel, publiée sur le Figarovox, le 22 janvier. Son titre dit tout : « Quand Trump rappelle qu’il n’y a que deux genres, l’UE continue à servir de cheval de Troie aux activistes ». L’auteur y applaudit la témérité de Trump pour dénoncer, par opposition, « un récent arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne [qui] a jugé que la SNCF ne doit pas (…) obliger à choisir entre « monsieur » ou « madame » pour acheter un billet de train. » En lisant cette tribune, on se demande si de Jean-Éric Schoettl ne regrette pas que la France n’ait pas son Trump !
    Mais avant de se lancer dans une dystopie, si on regardait ce que Trump a fait lors de ses nouveaux premiers jours présidentiels.

    Trump en mode binaire

    Donald Trump a signé un décret ordonnant à son administration de « reconnaître » l’existence de seulement « deux sexes » définis à la naissance. Le décret a pour but de « défendre les femmes face à l’extrémisme idéologique du genre et à restaurer la vérité biologique au sein de l’État fédéral », a affirmé à la presse un responsable américain, précisant que « l’identité sexuelle des individus » serait désormais définie à la naissance. « Ce que nous faisons aujourd’hui, c’est d’affirmer que la politique des États-Unis est de reconnaître deux sexes : l’homme et la femme ». « Il s’agit de sexes qui ne sont pas modifiables et qui s’appuient sur une réalité fondamentale et incontestable », a d’ailleurs complété un décret publié par la maison Blanche et qui devra être appliqué par toutes les administrations fédérales. « Les fonds fédéraux ne doivent pas être utilisés pour promouvoir l’idéologie de genre », affirme le même décret, qui veut « restaurer la vérité biologique ». Un autre texte ordonne la fin de tout programme de diversité et d’inclusion au sein du gouvernement fédéral.

    La transphobie instaurée en stratégie politique

    Durant la campagne présidentielle, Donald Trump avait promis à plusieurs reprises de mettre fin à ce qu’il appelle le « délire transgenre ». Une des obsessions de l’administration Trump est l’accès des mineurs-es aux thérapies hormonales de transition. D’après l’organisation Human Rights Campaign, 26 Etats américains interdisent déjà les thérapies hormonales de transition pour les mineurs-es. Selon le Williams Institute, groupe de réflexion de l’université de Californie, environ 1,3 million d’adultes (0,5 % de la population), et 300 000 13-17 ans (1,4 %), s’identifient comme transgenres aux États-Unis, mais seule une minorité entame des thérapies de transition. Des études soulignent que les jeunes transgenres sont davantage exposés-es à des dépressions et que leur taux de suicide est plus élevé que le reste de la population.  Les annonces de Donald Trump n’ont pas surpris Angel Bullard, une étudiante transgenre du Wyoming de 22 ans, en visite à New York. Mais elle s’inquiète que la majorité de la population « ne comprenne pas » leurs effets. « C’est déjà horrible de ne pas pouvoir affirmer son genre et d’être seule au monde. J’ai beaucoup de chance parce que j’ai mes amis, et ils me soutiennent à 100 %, mais imaginez ne pas avoir cela et vivre ce qui se passe aujourd’hui », a-t-elle explique à l’AFP. Le décret signé par Donald Trump dénonce le fait que des « hommes s’identifient comme femmes et accèdent à des espaces et à des activités intimes non mixtes conçus pour les femmes, dans des centres d’accueil pour femmes victimes de violences conjugales, ou de douches pour femmes sur le lieu de travail ».
    L’une des conséquences concrètes de cette politique sera de supprimer le genre « X », ni masculin ni féminin, pour les personnes se reconnaissant comme non binaires, « sur les documents officiels du gouvernement, y compris les passeports et les visas (qui) reflèteront fidèlement le sexe », ont indiqué des responsables de la nouvelle administration. Cette possibilité avait été ouverte durant le mandat de Joe Biden. Si ces mesures sont appliquées, « ce sera plus difficile, sinon impossible pour des personnes transgenres d’obtenir un passeport marquant leur identité de genre, et elles ne pourront probablement pas modifier leurs données auprès de la Sécurité sociale », souligne à l’AFP Jami Taylor, professeure en science politique et administration publique à l’université de Toledo (Ohio). « L’accès aux soins de transition sera aussi menacé quand des fonds fédéraux seront en jeu. Cela touchera les bénéficiaires des programmes Medicare (personnes âgées), Medicaid (personnes aux revenus limités), Tricare (militaires), et ceux qui reçoivent des soins en prison », ajoute-t-elle. Mais selon cette experte, ces nouvelles restrictions seront certainement attaquées en justice. Donald Trump a fait campagne en promettant d’ordonner à toutes les agences fédérales de cesser de soutenir les soins hormonaux de transition de genre. Il avait aussi promis de « tenir les hommes éloignés du sport féminin », une interdiction déjà en vigueur dans les collèges et lycées d’environ la moitié des États américains.

    Les personnes transgenres interdites dans l'armée américaine

    À la fin de son mandat, Barack Obama avait décidé de permettre aux personnes transgenres d'intégrer l'armée américaine à partir du 1er juillet 2017. À son arrivée au pouvoir, Donald Trump avait reporté l'échéance au 1er janvier 2018, pour finir par totalement revenir sur cette décision de son prédécesseur. En 2021, le président Joe Biden, investi depuis seulement cinq jours, a décidé de défaire ce qu'avait fait le républicain, et finalement autoriser les personnes transgenres à intégrer les forces armées. « Le président Biden considère que l'identité sexuelle ne devrait pas être un obstacle au service dans l'armée et que la force de l'Amérique réside dans sa diversité », expliquait la Maison-Blanche dans un communiqué. Pour son second mandat, Donal Trump a annoncé, lundi 27 janvier 2025, qu’il allait signer un décret pour « débarrasser » l’armée américaine de ce qu’il qualifie d’« idéologie transgenre ». L’armée américaine compte environ 15 000 militaires transgenres sur environ deux millions de militaires. Face à des élus-es de son parti, le président Trump a également assuré qu’il allait empêcher « l’endoctrinement » des militaires américains par les « idéologies d’extrême gauche » comme la « théorie critique de la race ». Ce concept, qui désigne au départ un courant de recherche, est utilisé de manière péjorative par les conservateurs-rices pour dénoncer les enseignements de sensibilisation au racisme. « Nous allons proposer une réintégration complète à chaque militaire écarté des forces armées à cause de la vaccination obligatoire contre la Covid-19, dans son grade et son niveau de traitement précédents, a, par ailleurs, assuré Donald Trump.
    Le Sénat américain a approuvé de justesse, il y a quelques jours, la nomination de Pete Hegseth comme ministre de la Défense du gouvernement Trump. Il a formellement pris ses fonctions le 27 janvier au Pentagone en assurant à des journalistes que son ministère appliquerait les décisions présidentielles sans délai et sans exception.

    Passage à l'acte : un décret visant les traitements de transition de genre de mineurs-es

    La Maison Blanche a publié mardi 28 janvier un décret de Donald Trump mettant fin aux aides publiques pour les traitements de transition de genre des mineurs-es, chimiques comme chirurgicaux, et promettant de s’y opposer par toutes les voies légales possibles. « À travers le pays, les professionnels de santé mutilent et stérilisent un nombre grandissant d’enfants influençables (...). Cette tendance dangereuse sera une tache sur notre histoire et elle doit prendre fin », a écrit le président américain. La moitié des États américains a prohibé les traitements pour les mineurs-es qui ne se reconnaissent pas dans leur genre de naissance. Le décret présidentiel, qui ne s’applique qu’aux ministères et agences fédérales, prévoit que les États-Unis « ne financeront pas, ne soutiendront pas, n’encourageront pas, n’assisteront pas la prétendue "transition" d’un enfant d’un sexe à l’autre », et qu’ils « appliqueront avec fermeté toutes les lois qui interdisent ou limitent ces procédures destructrices ».
    Dans le détail, la décision du président républicain interdit au gouvernement fédéral de financer des établissements de santé qui pratiquent ces procédures, qu’il s’agisse de chirurgie ou de traitements chimiques, comme les bloqueurs de puberté. Les programmes d’assurance-santé Medicaid (pour les plus modestes) et Medicare (pour les seniors-es), ainsi que le système d’assurance-santé de l’armée ne pourront plus prendre en charge ces procédures. Le décret prévoit aussi, entre autres, que le ministère de la Justice élabore avec le Congrès un projet de loi qui permettrait aux parents et aux enfants concernés d’attaquer en justice des professionnels-les de santé ayant procédé à des opérations ou prescrit des traitements chimiques. La Cour suprême à majorité républicaine et conservatrice a été appelée à se prononcer sur ces traitements médicaux qui font l’objet d’un très vif débat dans la société américaine. La haute juridiction est apparue divisée, mais semble encline à laisser les États les interdire.
     

    Pourquoi Trump a-t-il décidé de quitter l'organisation mondiale de la Santé ?

    « L'OMS nous a escroqués », a accusé le nouveau président républicain en signant un décret, quelques heures seulement après avoir été investi, justifiant ce retrait par l'écart des contributions financières américaines et chinoises. Dans ce texte, il enjoint aux agences fédérales de « suspendre le transfert futur de tout fonds, soutien ou ressource du gouvernement des États-Unis à l'OMS. » Il leur demande par ailleurs d’identifier « des partenaires américains et internationaux crédibles » capables « d’assumer les activités précédemment entreprises par l'OMS ». Les États-Unis sont le principal donateur et partenaire de cette organisation onusienne basée à Genève. Au cours de son premier mandat, Donald Trump avait déjà essayé de sortir le pays de cette organisation qu'il accusait d'être « contrôlée par la Chine » et d’avoir mal géré la crise de la Covid-19. « La décision de quitter (l'OMS) affaiblit l'influence de l'Amérique, augmente le risque d'une pandémie mortelle et nous rend tous plus vulnérables », a fustigé sur X, Tom Frieden, ancien haut responsable sanitaire sous l'administration de Barack Obama. En se retirant de l'organisation, les États-Unis vont perdre un accès privilégié à des données de surveillance épidémique importantes, ont mis en garde plusieurs experts-es, ce qui pourrait nuire aux capacités de surveillance et de prévention des menaces sanitaires venues de l'étranger

    L'OMS a réagi à la décision américaine de quitter l'institution

    Bien évidemment, la décision américaine de se retirer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait réagir. Une déclaration de l’agence sanitaire onusienne (21 janvier) « déplore », l’annonce présidentielle. Elle a d’ailleurs rappelé que « l’OMS joue un rôle essentiel pour ce qui est de protéger la santé et la sécurité de la population mondiale, y compris celles des Américains et des Américaines, en s’attaquant aux causes profondes des maladies, en renforçant les systèmes de santé, ainsi qu’en détectant et prévenant les urgences sanitaires – y compris les flambées épidémiques – et en y ripostant, souvent dans des endroits dangereux où personne d’autre ne pourrait se rendre. » Elle a tenté de flatter les États-Unis, soulignant que le pays est membre fondateur de l’OMS (1948) et que les contributions américaines ont permis de sauver « un nombre incalculable de vies » et de « protéger la population américaine comme le reste de la population mondiale face aux menaces sanitaires. » L’OMS cherche à faire revenir Donald Trump sur cette décision. Elle explique donc qu’au « cours des sept dernières années (…) l’OMS a mis en œuvre le plus grand ensemble de réformes transformatrices de son histoire, pour une plus grande responsabilisation, un meilleur rapport coût-efficacité et un impact accru dans les pays. Ces efforts se poursuivent aujourd’hui. Nous espérons que les États-Unis reconsidéreront leur position et nous sommes déterminés à engager un dialogue constructif afin de maintenir le partenariat entre les États-Unis et l’OMS, dans l’intérêt de la santé et du bien-être de millions de personnes dans le monde. » Le retour des États-Unis est crucial alors que l’OMS a lancé (16 janvier) un appel d’urgence pour la santé de 1,5 milliard de dollars pour faire face à des crises sanitaires mondiales sans précédent.
    L’OMS constate que « l’effet conjugué des conflits, des changements climatiques, des épidémies et des déplacements de populations a donné lieu à une crise sanitaire mondiale sans précédent, 305 millions de personnes ayant un urgent besoin d’aide humanitaire en 2025. » L’institution a donc lancé un appel de fonds de 1,5 milliard de dollars dans le cadre d’une procédure d’urgence portant sur les financements 2025.
    Selon l’OMS, alors que les systèmes de santé ont atteint leurs limites et que les ressources financières mondiales s’amenuisent, le montant de 1,5 milliard demandé est « nécessaire pour venir en aide aux personnes confrontées aux situations les plus difficiles. » C’est donc dans ce contexte que s’inscrit l’abandon américain.
    Il est d’autant plus préoccupant que Trump a également pris une décision radicale concernant le Pepfar. Celle-ci affecte la lutte contre le sida.

    L'arrêt brutal du financement du Pepfar met des millions de vie en péril

    Dans un communiqué publié le 25 janvier, l’IAS – Société internationale de lutte contre le VIH/sida – tire la sonnette d’alarme : « L’interruption soudaine du financement du Plan d’urgence du président américain pour la lutte contre le sida (Pepfar) met en danger la vie de millions de personnes à travers le monde ». Ce gel, imposé par un décret de Donald Trump interdisant toute nouvelle dépense gouvernementale dans l’aide étrangère, touche même les subventions et contrats déjà en cours. Beatriz Grinsztejn, présidente de l’IAS, a dénoncé une décision lourde de conséquences : « C’est une question de vie ou de mort. Le Pepfar fournit des antirétroviraux vitaux à plus de 20 millions de personnes ― et l’arrêt de son financement interrompt leur traitement contre le VIH. Si cela se produit, des gens vont mourir et l’épidémie de VIH va rebondir. »
    Créé en 2003, par le président républicain George W. Bush, le Pepfar représente l’engagement le plus important jamais pris par un pays pour lutter contre une maladie unique. Avec plus de 110 milliards de dollars investis, ce programme américain a permis de sauver 26 millions de vies et d’éviter des millions de nouvelles infections dans plus de 50 pays. Ces résultats remarquables reposent sur une mobilisation constante des ressources américaines et sur la générosité du peuple américain. Malgré cet impact colossal, le décret signé le 24 janvier impose un « ordre de suspension des travaux » qui paralyse le programme. Beatriz Grinsztejn déplore cette décision, qualifiant le Pepfar de « catalyseur incroyable de nos progrès mondiaux vers l’élimination du VIH en tant que menace pour la santé publique et le bien-être individuel ».
    Face à ce recul sans précédent, l’IAS exhorte les décideurs-ses politiques à rétablir rapidement le financement du Pepfar. « Des vies en dépendent, dès maintenant », a insisté l’organisation, rappelant que l’interruption des traitements antirétroviraux entraînerait une recrudescence dramatique de l’épidémie de VIH.  Sur les réseaux sociaux, les réactions à ce gel du Pepfar sont nombreuses. Florence Thune (directrice de générale de Sidaction) ne cache pas ses inquiétudes sur son compte Bluesky : « Suspension des subventions Pepfar qui financent les traitements ARV dans plusieurs pays d’Afrique, retour du global gag rule interdisant tout soutien aux actions liées à l’avortement, les décisions de l’administration Trump qui menacent la vie de millions de personnes sont prises jour après jour. »

    Mise à jour au 29/01/2025 : Rétropédalage sur l'aide humanitaire vitale :

    Dans une dépêche de l’agence Reuters émise le 29 janvier, on apprend que le secrétaire d'État américain (l’équivalent du ministre des Affaires étrangères en France) Marco Rubio a émis « une dérogation pour permettre l'aide humanitaire vitale pendant une suspension de 90 jours de l'aide étrangère ». La dérogation, émise mardi 28 janvier, pour l'aide vitale fait suite à une première exemption accordée vendredi 24 janvier par Marco Rubio pour l'assistance alimentaire d'urgence. Le secrétaire d'État américain a défini l'aide humanitaire vitale comme des médicaments essentiels, des services médicaux, de la nourriture, des abris, une aide de subsistance, des fournitures et les frais administratifs raisonnables nécessaires à la fourniture de cette assistance. « Cette dérogation ne s'applique pas aux activités impliquant des avortements, des conférences sur la planification familiale, des programmes liés au genre ou à la diversité, équité et inclusion, des chirurgies pour personnes transgenres, ou toute autre assistance non essentielle à la survie », précise la note de Marco Rubio. Il semble donc que le programme Pepfar bénéficie (temporairement ?) d’un peu de répit. Florence Thune, directrice générale de Sidaction a commenté cette annonce sur son compte BlueSky : « L’administration Trump semble revenir un peu à la raison et permet au moins la reprise d’activités humanitaires dont la dispensation des traitements ARV pour les personnes vivant avec le VIH… ». 
     

     

    Le droit d'arrêter des personnes immigrées dans des écoles et des églises

    Des menaces, l’administration Trump en exercice contre les personnes immigrées ; elle passe même à l’acte.
    Il s’appelle Tom Homan. Il a été choisi par Donald Trump comme responsable de la politique d’expulsions massive d’immigrés en situation irrégulière, voulue par la nouvelle administration. À l’instar de Trump, il ne semble avoir que peu de limites. Le 26 janvier, il a expliqué qu’il « assumait la possibilité d’arrestations [de personnes immigrées en situation irrégulière, ndlr] dans des écoles ou des églises. » Le ministère de la Sécurité intérieure a annulé, il y a quelques jours, une directive de la précédente administration démocrate qui encadrait l’action des agents-es de l’agence fédérale pour le contrôle de l’immigration (ICE) et de la police des frontières autour des zones dites « sensibles », dont les écoles et les lieux de culte. « Les agents de l’ICE doivent avoir le pouvoir de décider que, si une menace pour la sécurité nationale ou la sûreté publique existe dans un de ces lieux, ils ont la possibilité d’effectuer une arrestation », a plaidé Tom Homan sur ABC. Plusieurs responsables d’institutions catholiques se sont alarmés dans un communiqué des intentions affichées par l’administration Trump. « Transformer des lieux de soin, de guérison et de réconfort en lieux de peur et d’incertitude pour ceux qui sont dans le besoin, en sapant la confiance entre les pasteurs, les soignants, les éducateurs et ceux auxquels ils prêtent assistance ne rendra pas nos quartiers plus sûrs », écrivent-ils. Le vice-président J.D. Vance a critiqué dans une interview dimanche à CBS la conférence des évêques catholiques, lui reprochant de « ne pas avoir été un bon partenaire dans la politique d’immigration de bon sens pour laquelle les Américains ont voté ». Les responsables de l’ICE ont reçu samedi 25 janvier instruction de parvenir à un quota quotidien de 1 200 à 1 500 arrestations, le président américain étant déçu par les résultats obtenus jusqu’à présent, rapporte le Washington Post, citant des sources proches du dossier.

    Tirs à vue sur les politiques de diversité

    L’administration Trump a demandé vendredi 25 janvier aux agences fédérales américaines de fermer l’ensemble de leurs bureaux chargés de promouvoir la diversité et la justice environnementale et de licencier les fonctionnaires qui y travaillent d’ici deux mois. Pour le moment, l’ensemble de ces personnels ont été
     placés en congés forcés. Ce limogeage à grande échelle d’employés-es fédéraux-les chargés-es de lutter contre les discriminations au sein de l’appareil d’État est intervenu au cinquième jour du second mandat de Donald Trump. Toutes les branches de l’État fédéral américain « doivent prendre des mesures pour mettre fin, dans la mesure permise par la loi, aux bureaux et emplois » chargés de promouvoir la diversité et la justice environnementale « d’ici 60 jours », relève une note du ministère chargé des fonctionnaires publiée le 24 janvier. C’est une étape qui vient ajouter à la décision (22 janvier) de placer en congés forcés tous-tes les employés-es travaillant au sein de l’administration fédérale dans des programmes de DEIA (Diversité, Équité, Inclusion et Accessibilité), cela désigne les efforts de recrutement de personnes issues de minorités ethniques ou sexuelles ; un des épouvantails de la droite dure américaine. En plus des programmes de DEIA, la nouvelle consigne présidentielle inclut désormais la justice environnementale. Cette expression correspond « au traitement juste et à l’implication réelle de tous, quel que soit son revenu, sa race, sa couleur de peau, sa nationalité, son affiliation tribale ou son handicap » dans la prise de décision au sein du gouvernement fédéral « de ce qui touche à la santé et à l’environnement », selon une définition de l’Agence fédérale de protection de l’environnement, l’EPA, qui disposait ― jusqu’à présent ― d’une branche dédiée.

    Trump prend des mesures anti-avortement, des milliers de manifestants-es anti-IVG le soutiennent à Washington

    C’est une autre obsession trumpiste : la lutte contre le droit à l’avortement.
    Donald Trump a pris vendredi 25 janvier une série de mesures contre l’IVG. Il a, parallèlement, adressé un message de soutien aux dizaines de milliers de manifestants-es anti-IVG qui ont défilé cette même journée à Washington. Le président américain a abrogé deux décrets pris par son prédécesseur démocrate Joe Biden en 2022, quand la Cour suprême des États-Unis est revenue sur la protection fédérale du droit à l’avortement. Ces décrets visaient à protéger certains accès à la santé reproductive des femmes. Son chef de la diplomatie, Marco Rubio, a, dans le même temps, ordonné l’arrêt de toute subvention publique américaine en faveur de l’avortement à l’étranger et décidé de rejoindre une déclaration internationale s’opposant au droit à l’avortement initiée lors du premier mandat de Donald Trump. Ces décisions de la nouvelle administration républicaine interviennent le jour de la 52e édition de la « Marche pour la vie », défilé annuel du mouvement anti-avortement aux États-Unis. Les manifestants-es ont eu droit à un message vidéo de Trump. « Pendant mon second mandat, nous nous battrons à nouveau fièrement pour les familles et la vie », leur a-t-il promis. « Nous protégerons les acquis historiques que nous avons obtenus ». Cette manifestation est intervenue au lendemain de la grâce accordée par le nouveau président républicain à 23 personnes qui avaient participé à des manifestations contre l’interruption volontaire de grossesse et étaient poursuivies sous la précédente administration du démocrate Joe Biden. Ces initiatives s’inscrivent dans un paysage profondément modifié depuis la décision en juin 2022 de la Cour suprême américaine, qui a annulé l’arrêt « Roe v Wade » et ainsi la garantie fédérale du droit à l’avortement. Donald Trump, qui lors de son premier mandat a nommé trois juges conservateurs à la Cour suprême, se félicite souvent d’y avoir contribué. À la suite de ce revirement de jurisprudence, de nombreux États conservateurs ont interdit ou très sévèrement limité le recours à l’IVG. Aujourd’hui, près d’une Américaine sur trois entre 18 et 44 ans vit dans un de ces États, selon le site Politifact. Les deux décrets de Joe Biden abrogés vendredi 24 janvier par Donald Trump protégeaient notamment les données personnelles de santé des femmes et un certain accès à des moyens de contraception.

    VIH, LGBT+ : censure à tout va

    Un article de Numerama (24 janvier), sous la plume de Marcus Dupont-Besnard, explique que « Donald Trump [a] fait supprimer des pages officielles sur le VIH et les LGBT+ » de différents sites, dont celui de la Maison-Blanche. C’est l’association GLAAD — ONG dédiée à la défense des droits LGBTQ+ — qui l’administration Trump a fait supprimer toute mention des termes LGBTQIA+ sur le site de la Maison-Blanche. « Des contenus et ressources de santé publique portant sur le VIH ont également été supprimés du site gouvernemental. Le site de la Maison-Blanche n’est pas le seul concerné. D’autres sites gouvernementaux aussi. Plus largement, les pages liées à la diversité et même à l’accessibilité sont peu à peu purgées », a expliqué Marcus Dupont-Besnard. « Le président Trump prétend être un fervent défenseur de la liberté d’expression, alors qu’il est clairement engagé dans la censure de toute information sur le sujet ou liée aux Américains LGBTQ et aux problèmes auxquels nous sommes confrontés », a commenté la présidente de GLAAD, Sarah Kate Ellis, citée dans Numerama.

    Cela à l’air à peine croyable, mais l’ensemble de ces mesures ont été prises en moins de deux semaines. Une façon de frapper l’opinion publique, de sidérer les minorités et les activistes, de renverser la table sans se préoccuper des personnes sur lesquelles elle est tombée. Et dire que cela va durer quatre ans !