L'Actu vue par Remaides : Bryan C. Jones : une vie consacrée à la lutte contre le VIH
- Actualité
- 22.01.2025
© Capture écran du site The Body.com/Courtesy of Aaron Webster
Par Fred Lebreton
Bryan C. Jones : une vie consacrée à la lutte contre le VIH
Noir, ouvertement gay, musulman et séropositif (depuis 1984), Bryan C. Jones est décédé d'un cancer du côlon le 29 décembre dernier à l'âge de 64 ans. Cet activiste américain a marqué la communauté de la lutte contre le VIH par son engagement, sa détermination et sa volonté de briser les tabous. Le site TheBody lui rend hommage.
"Un des militants les plus inventifs et généreux que j'ai jamais connus"
Diagnostiqué séropositif au VIH en 1984, Bryan C. Jones a consacré sa vie à lutter contre la stigmatisation sociale et les lois obsolètes criminalisant les personnes séropositives, tout en promouvant le message crucial de I = I (Indétectable = Intransmissible). Ses efforts se sont étendus à de nombreux domaines : garantir un logement, offrir une autonomie financière et sensibiliser les communautés marginalisées, notamment les Noirs-es américains-es, sur la prévention et la gestion du VIH. Teresa Sullivan, militante et amie proche, le décrit comme « l'activiste le plus inspirant », ajoutant : « Il partageait son histoire personnelle avec humour, mais restait très sérieux quand il s’agissait de se battre pour la justice sociale. »
Les accomplissements du militant dans le domaine du VIH sont nombreux. Diplômé en journalisme audiovisuel, il était membre fondateur du mouvement Ohio Health Modernization. Cette organisation continue de militer pour l'abrogation des lois criminalisant le VIH dans l'Ohio, ou du moins leur modernisation, afin de reconnaître que les personnes ayant une charge virale indétectable sous traitement ne peuvent pas transmettre le virus lors de relations sexuelles non protégées par préservatif. Bryan C. Jones était également l’un des premiers ambassadeurs de l'initiative « I = I » pour la campagne Prevention Access, qui diffuse des informations sur le pouvoir préventif du Tasp à l’échelle mondiale. Il a également créé le modèle DIRT pour éduquer les communautés noires.
Bruce Richman, fondateur de la campagne Prevention Access, a écrit ce texte pour TheBody : « Bryan a joué un rôle énorme dans la fondation, le lancement et l'expansion de I = I à l'échelle nationale et mondiale, en travaillant étroitement avec moi et en tant que membre du comité directeur de I = I, notamment lors des moments les plus difficiles du mouvement. Il était l'un des militants les plus inventifs généreux que j'ai jamais connus et, surtout, l'un des amis les plus gentils, résilients, authentiques et généreux que j'ai rencontré. L'activisme peut être brutal, et Bryan a aidé ceux qui l'entouraient à continuer le travail avec humour et amour. »
"Ce qui me manquera, c'est sa capacité à motiver les autres"
Bryan C. Jones, qui s'identifiait comme musulman, était membre du conseil d'administration du groupe national Reaching All HIV+ Muslims in America (RAHMA). De plus, il avait créé un spectacle solo intitulé AIDS...And I Die Slowly destiné à éduquer le public sur le VIH. Malgré ses propres défis de santé, dont cinq cancers, le militant n'a jamais faibli dans son combat pour les droits des personnes vivant avec le VIH. À Cleveland, Michelle Jackson-Rollins, fondatrice du groupe de sensibilisation au VIH We Think 4 A Change, a collaboré avec Bryan C. Jones sur divers projets. L'un d'eux était le projet « Get, Stay and Thrive in Care » qui fournit nourriture et transport pour les rendez-vous médicaux aux personnes vivant avec le VIH dans la région. Dans une vidéo réalisée pour TheBody il y a plusieurs années, le militant avait parlé du pouvoir de l'activisme de terrain : « Beaucoup de gens qui essaient de contrôler le récit sur le VIH et le sida n'ont aucune idée et transforment tout cela en un jeu de chiffres et un jeu politique », avait-il déclaré. « [Mon groupe] DIRT n'attend pas de financement, il fait simplement bouger les choses. » Son conjoint, Derek Barnett, qui était à ses côtés jusqu’à son décès, raconte que Bryan C. Jones était toujours impeccablement habillé et qu'il préparait soigneusement plusieurs tenues percutantes avant de se rendre à une conférence sur le VIH. « Il me faisait un défilé de mode avec ses sélections. Ce qui me manquera, c'est sa capacité à motiver les autres, sa façon d'illuminer une pièce… et son amour, aussi. ».