L'Actu vue par Remaides : Résultats prometteurs pour un traitement VIH en un comprimé par semaine
- Actualité
- 31.10.2024
© STUDIO CAPUCHE
Par Fred Lebreton
Résultats prometteurs pour un traitement VIH en un comprimé par semaine
On en finit plus de parler du lénacapavir. La molécule à longue durée d’action développée par Gilead a le vent en poupe. Après les très bons résultats des essais en Prep injectable, de nouveaux résultats prometteurs d’un essai de phase II ont été présentés le 19 octobre lors du congrès scientifique IDWeek 2024 à Los Angeles. L’essai évaluait la bithérapie lénacapavir + islatravir en un comprimé une fois par semaine chez des personnes vivant avec le VIH. Explications.
Le lénacapavir en Prep injectable tous les six mois
Commercialisée par Gilead sous le nom de Sunlenca, le lénécapavir est un nouvel inhibiteur de capside, soit une nouvelle cible du cycle viral du VIH. La molécule a une longue demi-vie (six mois) et une forte puissance antivirale. Elle n’a pas de résistance croisée connue avec d’autres classes d'antirétroviraux disponibles et offre donc une nouvelle option de traitement, que ce soit en traitement VIH ou en Prep, à longue durée d’action. Pour les personnes vivant avec le VIH dont le virus est multi-résistant, elle est administrée en injection sous-cutanée, tous les six mois, associée à un traitement ARV oral (en comprimés quotidiens). Ce traitement est déjà commercialisé.
La molécule est également testée en monothérapie Prep avec une injection tous les six mois. Dans un communiqué publié le 20 juin dernier, la firme pharmaceutique Gilead a dévoilé les premiers résultats de l’essai de phase 3 PURPOSE 1, qui évalue le lénacapavir en Prep chez 5 300 jeunes femmes cisgenres, âgées de 16 à 25 ans, en Afrique-du-Sud et en Ouganda. Dans les résultats intermédiaires, il n'y a eu aucune nouvelle infection parmi les 2 134 femmes ayant reçu des injections de lénacapavir, tous les six mois ; 16 nouvelles infections sont survenues parmi les 1 068 participantes ayant pris le Truvada en comprimés quotidiens et 39 nouvelles infections parmi les 2 136 femmes ayant reçu le Descovy en comprimés quotidiens. Les trois méthodes de Prep qui étaient comparées dans cet essai ont généralement été bien tolérées, et aucun problème de sécurité n'a été identifié.
Trois mois plus tard, le 12 septembre dernier, la firme américaine a rendu publics les premiers résultats de l'essai PURPOSE 2. Cet essai testait la Prep injectable tous les six mois sous lénécapavir chez les hommes gays et bisexuels, ainsi que les personnes transgenres et non binaires. L'essai, PURPOSE 2, lancé en 2021, a recruté 3 250 hommes cisgenres et transgenres, femmes transgenres et personnes non binaires ayant des relations sexuelles avec des hommes, dans plus de 80 sites de recherche aux États-Unis, en Argentine, au Brésil, au Mexique, au Pérou, en Afrique du Sud et en Thaïlande. Ils-elles ont été répartis-es aléatoirement dans deux groupes pour recevoir : soit des injections de lénacapavir tous les six mois ; soit des comprimés de Truvada pris une fois par jour. Selon Gilead, il y a eu deux nouveaux diagnostics de VIH parmi les 2 180 participants-es du groupe prenant le lénacapavir, ce qui signifie que 99,9 % des participants-es sont restés-es séronégatifs-ves. Il y a eu neuf nouveaux diagnostics de VIH parmi les 1 087 personnes dans le groupe prenant le Truvada (en général dans ces essais les infections sont dues à une mauvaise observance de la Prep orale). Le lénacapavir a réduit le risque d'acquisition du VIH de 96 % par rapport à l'incidence chez les personnes ne prenant pas de Prep et de 89 % par rapport au schéma de Prep avec Truvada pris quotidiennement.
Lénacapavir + islatravir en un seul comprimé par semaine?
En attendant de trouver une molécule suffisamment efficace pour être la « partenaire » du lénacapavir en bithérapie injectable tous les six mois chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH), d’autres options sont actuellement testées. Un essai clinique de phase II teste cette molécule en bithérapie orale (par comprimés) une fois par semaine en combinaison avec islatravir, une autre molécule à longue durée d’action développée par Merck (MSD). Il faut se souvenir qu’islatravir a connu des déconvenues dans le passé. Alors que beaucoup d’espoirs reposaient sur cette nouvelle molécule à très longue durée d’action (implant de Prep annuel, par exemple), le 13 décembre 2021, le laboratoire Merck (MSD) annonçait dans un communiqué que tous les essais cliniques contenant l’islatravir étaient mis en pause sur demande de la FDA (Food and Drug Administration, l’agence américaine du médicament). Cette décision est intervenue après le constat d’une lymphopénie (taux anormalement bas des lymphocytes CD4, cellules jouant un rôle immunitaire important) que ce soit dans le cadre d’un traitement anti-VIH ou en Prep. Depuis, le laboratoire a revu les dosages de la molécule à la baisse et de nouveaux essais sont en cours comme la bithérapie en prise orale quotidienne associant islatravir + doravirine qui amontré une bonne efficacité chez les personnes n'ayant jamais été traitées auparavant.
Des résultats prometteurs ont été présentés le 19 octobre lors du congrès scientifique IDWeek 2024 à Los Angeles. L’essai évaluait la bithérapie lénacapavir + islatravir en comprimé une fois par semaine comme nouveau traitement pour les personnes prenant actuellement la trithérapie Biktarvy (bictégravir/ténofovir alafénamide/emtricitabine) en une prise orale quotidienne. L'essai de phase II a recruté 104 PVVIH avec une charge virale indétectable sous Biktarvy pris quotidiennement, sans antécédents d'échec virologique et avec un taux d’au moins 350 CD4/mm3. L'âge médian était de 40 ans, environ 80 % des participants-es étaient des hommes. En terme d’origines ethniques, 50 % des PVVIH étaient blanches, 36 % noires, 29 % latinos et 7 % asiatiques, amérindienness ou insulaires du Pacifique.
Les participants-es ont été assignés-es de façon aléatoire dans deux groupes : un groupe de personnes qui restaient sous Biktarvy une fois par jour et un groupe de personnes qui passaient (switchaient) au lénacapavir (300 mg) + islatravir (2 mg) en comprimés une fois par semaine. Les résultats à 48 semaines confirment l’efficacité de la combinaison hebdomadaire lénacapavir + islatravir qui n’est pas inférieure au Biktarvy en prise orale quotidienne. Au total, 94, 2 % des personnes dans ce groupe avaient conservé une charge virale indétectable et aucune des personnes ayant changé pour le lénacapavir + islatravir n'avait une charge virale de 50 copies/ml ou plus à ce moment-là. Le taux de personnes en charge virale indétectable dans le groupe sous Biktarvy était de 92,3 %. En ce qui concerne les effets indésirables, 19, 2 % des participants-es dans le groupe lénacapavir + islatravir ont relevé des effets, les plus courants étaient la sécheresse buccale et les nausées contre 5, 8 % des participants-es dans le groupe Biktarvy. Deux participants-es ont interrompu le schéma hebdomadaire en raison d'effets indésirables non liés aux médicaments. Une surveillance attentive des taux de CD4 et du nombre total de lymphocytes n’a révélé aucune diminution cliniquement significative, ni de différences entre les deux groupes de traitement.
Un comprimé à dose fixe contenant les deux molécules est actuellement testé dans les essais de phase III ISLEND-1 et ISLEND-2. En parallèle, les essais sur le lénécapavir en Prep injectable tous les six mois continuent. À suivre…