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    L’actu vue par REMAIDES : « Covid-19, hépatite C : découverte clé vers des traitements médicamenteux efficaces »

    • Actualité
    • 14.09.2024

     

    image covid 19

     

    Par Jean-François Laforgerie

     

    Covid-19, hépatite C : une découverte clé vers des traitements médicamenteux efficaces

    L’actualité a été chargée ces dernières semaines dans le champ des infos de santé. On en sait désormais un peu plus sur un éventuel impact des vaccins anti-Covid-19 sur la survenue de myocardites. Les résultats d’une étude du GIS Epi-phare donnent de nouvelles infos à ce sujet. Autre nouvelle, le lancement d’une application, Eat’s OK, sur les interactions aliments et médicaments. C’est une initiative privée, le service est donc payant ; dommage. Du côté de la Covid-19, et de l’hépatite C, on notera une découverte clé vers des traitements médicamenteux efficaces faite par une équipe de recherche du CNRS. Enfin, on peut signaler la sortie d’un ouvrage important : le Guide des intox sur notre système de santé, que l’on doit au Dr Olivier Milleron et au Pr André Grimaldi, deux médecins engagés pour la défense du service public. La rédaction de Remaides fait le point sur l’actu Santé.

    Vaccins Covid-19 et myocardites : les résultats d'une étude du GIS-Epi-phare

    Le Journal of the American Medical Association (Jama) a récemment publié les résultats d’une étude réalisée par le GIS Epi-Phare (groupement d’intérêt scientifique en épidémiologie des produits de santé ANSM-Cnam) sur l’évolution à 18 mois des cas de myocardite (inflammation du muscle du cœur) attribuables à la vaccination par ARNm contre la Covid-19 ou à d’autres causes. Menée à partir des données du Système national des données de santé (SNDS), cette étude montre que les personnes ayant développé une myocardite à la suite d’une vaccination contre la Covid-19 par un vaccin à ARNm (Comirnaty ou Spikevax) présentent moins de complications cardiovasculaires à moyen terme que celles atteintes de myocardites d’autres origines, expliquent les auteurs-rices de l’étude. Les vaccins à ARN messager contre la Covid-19 présentent une forte efficacité dans la réduction du risque d’hospitalisations et de décès du fait de la Covid-19. Une augmentation du risque de myocardite dans la semaine suivant l’administration du vaccin a été mise en évidence, en particulier chez les jeunes hommes après la deuxième dose, même si le nombre de cas apparaît peu fréquent au regard du nombre élevé de doses administrées. L’évolution de ces inflammations du muscle cardiaque est favorable à court terme, le plus souvent à l’issue d’une brève période d’hospitalisation. Toutefois, les conséquences des myocardites post-vaccinales n’ont pas été évaluées sur le moyen et long terme. Entre le 27 décembre 2020 et le 30 juin 2022, 4 635 cas confirmés de myocardite ont été identifiés chez des personnes âgées de 12 à 49 ans hospitalisées en France. Parmi ces cas, 558 sont survenus après l’administration d’un vaccin ARNm, 298 sont survenus suite à une infection par le Sars-CoV-2 (l’agent qui cause la Covid-19) et 3 779 myocardites étaient liées à d’autres causes. Les patients-es atteints-es de myocardite après une vaccination ARNm contre le Covid-19 présentaient moins de complications cardiovasculaires (5,7 %) à 18 mois que les patients-es atteints-es de myocardites attribuables à la Covid-19 ou à d’autres causes (respectivement 12,1 % et 13,2 %). Par ailleurs, les myocardites post-vaccinales concernaient principalement de jeunes hommes en bonne santé pouvant nécessiter une prise en charge médicale jusqu'à plusieurs mois après leur sortie d’hospitalisation. La fréquence de réalisation des actes diagnostics et de dispensation des médicaments dans les 18 mois suivant la sortie de l'hôpital n’était pas différente, quel que soit le type de myocardite. Ces résultats permettent d’évaluer à moyen terme les éventuelles conséquences cliniques des rares cas - au regard du nombre de personnes qui ont été vaccinées - de myocardites associées aux vaccins à ARNm contre la Covid-19. Ils viennent en complément des nombreuses données internationales rapportant la forte efficacité de la vaccination, qui a permis une diminution significative des hospitalisations et des décès du fait de la Covid-19. L’ensemble de ces éléments  pourra être pris en compte dans le cadre des recommandations en cours et futures concernant les vaccins à ARNm, souligne un communiqué du GIS Epi-Phare.

    Eat's OK : une application sur les interactions aliments et médicaments

    Parmi l’ensemble des médicaments disponibles en France, plus de 50 interactions seraient connues entre des aliments et des médicaments, explique le Quotidien du Médecin (26 août 2024). De ce constat est né le projet Eat’s OK (lancé par la société Pharmacodietetics). Il s’agit d’une « application d’accompagnement nutritionnel personnalisé » qui prévient les risques d’interactions et aide les personnes usagères à avoir une alimentation adaptée à leurs besoins. Et le journal médical d’expliquer : « L’objectif d’Eat’s OK est ainsi d’améliorer la qualité de vie des patients et de leurs aidants, de prévenir les risques iatrogènes [effets indésirables, ndlr] et d’augmenter l’observance médicamenteuse ». Cette appli s’appuie sur différentes bases de données des médicaments et propose des « recommandations exhaustives sur les interactions et la nutrition ». Cette appli est disponible sur les stores. Elle nécessite (hélas) un abonnement à partir de quatre euros par mois.

    Covid-19, hépatite C : une découverte clé vers des traitements médicamenteux efficaces

    En décryptant, le processus d’activation du bemnifosbuvir, un médicament initialement mis au point pour traiter l’hépatite C, une équipe de recherche du CNRS vient de lever de nouveaux verrous pour démultiplier l’efficacité de ce type de médicament face à d’autres virus à ARN, notamment ceux responsables de la Covid-19, de la grippe ou encore de la dengue, explique un communiqué de l’agence de recherche. « En effet, une fois ingéré sous forme de pilule, le bemnifosbuvir, comme tous les antiviraux de la même famille [Le bemnifosbuvir est une molécule analogue de la guanosine, l’un des composés constitutifs de l’ARN nécessaire à la réplication du virus dans l’organisme infecté, ndlr], nécessite de subir une série de modifications dans les cellules infectées avant d’obtenir la forme qui lui permettra d’inhiber la multiplication du virus », explique le CNRS. Les scientifiques ont ainsi découvert que cette série de modifications est dépendante de cinq enzymes différentes. Les scientifiques sont parvenus-es à décrire à l’échelle atomique la structure tridimensionnelle de ces enzymes et leurs zones d’interaction avec le médicament. Ils-elles ont également identifié le motif chimique du bemnifosbuvir responsable de son efficacité renforcée dans les cellules du foie. Cette découverte ouvre ainsi la voie à une amélioration possible de l’efficacité du médicament dans d’autres organes touchés par l’infection, le poumon dans le cas de la Covid-19 par exemple. Ces résultats ont fait l’objet d’une publication dans la revue scientifique PLOS Biology le 27 août.

    Biblio : Guide des intox sur notre système de santé

    Pour défendre notre système de santé, il faut le connaître, comprendre son fonctionnement, son histoire et les rapports de force qui en découlent. Dans un système de questions et réponses, le Dr Olivier Milleron et le Pr André Grimaldi, deux médecins engagés pour la défense du service public, donnent des infos et des outils à ceux-celles qui veulent mener le combat pour un système de santé solidaire de qualité pour toutes et tous.
    Guide des intox sur notre système de santé, par André Grimaldi et Olivier Milleron, Éditions Textuel, 18,90 euros.