L'Actu vue par Remaides : VIH et travailleurs-ses du sexe : ce que dit le rapport 2024 de l’Onusida
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- 25.08.2024
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Par Jean-François Laforgerie
VIH et travailleurs-ses du sexe : ce que dit le rapport 2024 de l'Onusida
Les travailleuses et travailleurs du sexe (TDS) sont exposés-es au VIH et touchées par le VIH de façon disproportionnée par rapport à la population générale — or UNAIDS epidemiological estimates, 2024 —, mais le chiffre est en baisse, explique le nouveau rapport mondial sur le VIH (2024) de l’Onusida : « L’urgence d’aujourd’hui, le sida à la croisée des chemins ». L’actu vue par Remaides vous donne les infos clefs sur le sujet.
En 2022, le risque d’être infecté par le VIH était neuf fois plus élevé chez les travailleurs et travailleuses du sexe (TDS) que dans le reste de la population adulte générale. Bonne nouvelle, ce chiffre décroit : il a baissé de 35 % entre 2010 et 2022 (New HIV infections among key populations and their partners in 2010 and 2022, by world region : a multisources estimation ; 2024). Reste que cette baisse ne se produit pas partout. Ainsi en Afrique sub-saharienne, le nombre de TDS avec un diagnostic récent de VIH a augmenté de 50 % entre 2010 et 2022, selon de nouvelles estimations. En revanche, globalement, le nombre de nouvelles infections est resté stable en dehors de la zone africaine sub-saharienne, même s’il a monté dans quelques pays.
Pas de mystère ; d’un point de vue général, la criminalisation de certains aspects du travail du sexe (par exemple, le racolage, l’achat d’actes sexuels par les clients, etc.), les lois punitives, les violences interpersonnelles ou institutionnelles, la stigmatisation et les discriminations, etc. constituent des barrières à « la justice sociale et à l’égalité » pour les TDS et des « obstacles » aux services de santé (VIH, santé sexuelle et reproductive). Le rapport de l’Onusida indique que 26 % (en médiane) des TDS ont rapporté un épisode de violence dont ils-elles ont été victimes au cours des douze derniers mois (données sur 20 pays).
On sait désormais que la criminalisation du travail du sexe a un impact direct sur le risque d’exposition au VIH. En observant ce qui se passe dans dix pays d’Afrique sub-saharienne, les probabilités de vivre avec le VIH sont sept fois plus élevées pour les TDS qui vivent dans des pays qui pénalisent le travail du sexe comparativement aux TDS qui vivent dans des pays qui ont partiellement légalisé cette activité. Dans le monde, en juin 2024, 170 pays étaient dotés de lois punitives pénalisant au moins un aspect du travail du sexe. L’Onusida rappelle que la notion de TDS prend en compte tous les genres. Elle inclue les hommes et femmes cisgenres, les personnes transgenre et celles qui ne se retrouvent pas dans les groupes cités. Prenons l’exemple de la Thaïlande. Selon les estimations officielles, si on prend la population TDS au global, la répartition se fait ainsi : 62 % de femmes cisgenres, 13 % d’hommes cisgenres et 25 % de personnes transgenre. Cela signifie que le sur-risque d’exposition au VIH lorsqu’on est TDS va s’ajouter au sur-risque (par rapport à la population générale) lorsqu’on est aussi une personne trans.
Qu’en est-il de la couverture en ARV des TDS ? Le chiffre est bas. Il est en moyenne de 66 % (données sur 32 pays). La couverture est plus basse parmi les TDS âgés-es de moins de 25 ans, avec une moyenne de 55 % des TDS vivant avec le VIH recevant un traitement ARV. Cette couverture est bien plus haute chez les TDS plus âgés-es (77 %), mais les données ne portent que sur sept pays, indique l’Onusida. Que se passe-t-il en matière de prévention ? Ce n’est pas idéal non plus. La couverture en prévention chez les TDS est basse : 50 % des personnes concernées ont bénéficié d’au moins deux actions (services, matériel…) de prévention au cours des trois derniers mois en 2023 (données sur 32 pays). Un indice a été pris en compte concernant la prévention : l’utilisation du préservatif avec les clients. Parmi les 64 pays qui ont fourni des données à ce sujet, 27 indiquent une utilisation du préservatif chez 90 % des professionnels-les. Ce chiffre global, très satisfaisant, cache néanmoins de fortes disparités puisque cinq pays (la RDC, le Honduras, la Sierra Leone, la Zambie, le Sud-Soudan) rapportent une utilisation inférieure à 50 %. Le critère étant, ici, l’utilisation ou non d’une capote avec le dernier client au moment de l’enquête.
Le rapport indique enfin une forte expérience de la discrimination et de la violence. En moyenne, 26 % des TDS ont connu la stigmatisation ou la discrimination au cours des six derniers mois (données sur 20 pays). En moyenne, 14 % ont connu des difficultés d’accès aux services de santé du fait de la stigmatisation ou la discrimination au cours des douze derniers mois (données sur 34 pays). En moyenne, 21 % des TDS ont connu un épisode de violence dont ils-elles ont victimes au cours des douze derniers mois (données sur 31 pays).