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    L’Actu vue par Remaides : « Usaid, Pepfar : les gels des financements américains font déjà des dégâts »

    • Actualité
    • 10.03.2025

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    Des activistes dénoncent l'inaction contre le VIH lors d'une des éditions de la conférence AIDS,
    organisée par l'IAS. Crédit : Photo IAS DR.

    Par Jean-François Laforgerie

    Usaid, Pepfar : les gels des financements américains
    font déjà des dégâts

    La décision des États-Unis en janvier, confirmée en février, de geler la quasi-totalité des financements de l'aide étrangère américaine, y compris du Plan d'urgence du président américain pour la lutte contre le sida (Pepfar), a d’ores et déjà eu un impact critique dans plusieurs pays du monde. C’est le cas en Amérique latine et dans les Caraïbes, « exacerbant les défis existants dans la réponse au VIH », analyse une récente contribution de l’Onusida.
    En bref, en fin d’article, d’autres infos Monde.

     

    Gel des financements du Pepfar : impact critique sur le VIH en Amérique latine et dans les Caraïbes

    Plus de vingt pays de cette région dépendent des fonds du Pepfar pour fournir des services de traitement, de prévention et de soins du VIH.
    Après la décision de geler tous les financements américains pour l'aide étrangère, le gouvernement américain a émis une dérogation permettant de financer certains « services vitaux ». Mais tout cela reste confus, changeant et critique pour bien des projets. Cela représente « un risque sérieux de revers dans la réponse au sida dans la région. Si certains services de traitement clés et la prévention de la transmission de la mère à l’enfant ont progressivement repris leurs activités, la plupart des pays ont été confrontés à des perturbations dans leurs programmes de traitement du VIH, note l’Onusida.
    Les baisses brutales de financement ont entraîné une diminution significative des efforts de prévention du VIH menés par les communautés, une réduction de l’observance aux traitements, des conseils, du soutien social et des activités de suivi. « Par conséquent, les risques de nouvelles infections par le VIH, les taux de mortalité plus élevés et la détérioration de la qualité des soins pour les personnes vivant avec le VIH ont augmenté, ce qui a un impact direct sur leur capacité à accéder au traitement et à atteindre la suppression virale – des étapes cruciales vers l’objectif mondial d’éliminer le sida en tant que problème de santé publique d’ici 2030 », dénonçait déjà, mi-février, l’Onusida.

     

    En Colombie et au Pérou, le gel a gravement affecté les personnes migrantes et les réfugiés-es, dont la prévalence pour le VIH est estimée deux fois supérieure à celle de la population générale. Environ 4 000 migrants-es et réfugiés-es reçoivent un traitement antirétroviral en Colombie grâce aux efforts du gouvernement et aux fonds de coopération, mais le retrait de ces ressources a un impact direct sur ce groupe vulnérable et sur la capacité du pays à les inclure dans le système de santé, mentionne l’Onusida. « Une organisation communautaire soutenant les services VIH parmi les communautés migrantes et LGBT a dû mettre fin aux contrats de 40 des 70 membres de son équipe, réduisant considérablement sa capacité à fournir des services essentiels pour atteindre ces populations », explique l’institution onusienne.

    En République dominicaine, même si le gouvernement garantit l’accès au traitement antirétroviral, la suspension du financement du Pepfar a privé des milliers de personnes des services essentiels de lutte contre le VIH, explique l’Onusida. Le plan américain finance environ un tiers des services de soins du VIH, notamment les services de Prep, les ressources humaines en santé et les réseaux de laboratoires. « La réduction de l’aide communautaire a rendu difficile l’accès aux médicaments pour les personnes, en particulier celles qui vivent loin des soins. La qualité des services offerts par les services de soins complets en République dominicaine a été fortement compromise, de nombreux personnels et services dépendant entièrement des fonds du Pepfar », dénonce l’institution.

    Le Salvador a également été touché. Dans ce pays, le Pepfar soutenait des projets de cliniques de soins complets du VIH. Il sont désormais suspendus. Au Guatemala, l’épidémie de VIH est principalement concentrée parmi les populations clés telles que les personnes transgenres, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), et les travailleurs-ses du sexe. La distribution de la Prep à ces groupes a été gravement perturbée, de nombreuses organisations qui dépendent du financement du gouvernement américain ayant suspendu leur travail. La réduction du personnel, notamment du personnel médical et des travailleurs de proximité financés par le Pepfar, a eu pour conséquence que les gens n’ont plus accès aux services de prévention et de traitement du VIH, indique l’Onusida. La situation n’est pas plus enviable en Haïti où le Pepfar couvre environ 60 % de la réponse nationale au VIH. « L’ordre d’arrêt de travail [des personnels sur les projets VIH, ndlr] a semé le « désordre dans la réponse [à l’épidémie], provoquant l’anxiété des 127 000 Haïtiens-nes vivant avec le VIH qui suivent un traitement. Dans le contexte de la crise humanitaire et de la violence des gangs, plus d’un million de personnes sont désormais déplacées à l’intérieur du pays (…) L’escalade de la violence a également entraîné la fermeture de 39 % des établissements de santé, dont deux des trois principaux hôpitaux de la capitale. L’accès aux soins n’a jamais été aussi limité. La qualité des services de livraison de médicaments a également été affectée, environ 5 000 agents de santé ayant reçu l’ordre de cesser de travailler. »

    En Jamaïque, 70 % des ressources consacrées au VIH proviennent de sources externes, le Pepfar couvrant environ 50 % des services. » La suspension du financement a suscité des inquiétudes quant à la fourniture de services de prévention du VIH aux populations à risque par l’intermédiaire d’organisations de la société civile. Les groupes de la société civile ont signalé que leur stabilité institutionnelle et leur survie étaient menacées, nombre d’entre eux étant incapables de garantir l’emploi continu de leur personnel de terrain chargé d’assurer la liaison avec les populations les plus discriminées et les plus touchées qui ont besoin de services liés au VIH », explique l’institution.

    Au Panama, la suspension d’une étude sur les récents diagnostics du VIH et l’arrêt du transport des échantillons de laboratoire ont encore limité les services essentiels de diagnostic et de suivi. Et l’Onusida d’expliquer : « Le pays était déjà confronté à des perturbations importantes, en particulier au sein de la population autochtone Ngäbe-Buglé, qui devrait faire face à des obstacles accrus pour accéder aux services liés au VIH. En 2023, bien qu’il ne représente que 5 % de la population du Panama, le territoire, qui abrite environ 225 000 habitants, a enregistré 30 % des décès liés au sida du pays chez les personnes âgées de 29 ans ou moins, selon le rapport du ministère panaméen de la Santé. »

    Au Brésil, le Système de santé unifié (SUS) garantit un accès universel et gratuit aux services de santé, y compris le diagnostic, le traitement et la prévention du VIH, pour toutes les personnes vivant au Brésil. Reste que certains projets locaux dépendent du Pepfar. Aujourd’hui, la réponse nationale au VIH n’a pas été affectée par la réduction des ressources, explique l’Onusida, mais qu’en sera-t-il demain ?
    L’Amérique latine est l’une des trois régions du monde où les nouvelles infections au VIH ont augmenté depuis 2010, avec une hausse de 9 %, ce qui souligne l’urgence de remédier à ces perturbations. La région des Caraïbes a réalisé des progrès significatifs dans la réduction des nouvelles infections au VIH et l’amélioration de l’accès au traitement. Pourtant, le gel des fonds du Pepfar « menace d’annuler ces gains » et le « processus en cours de création de feuilles de route durables pour augmenter le financement national de la riposte au VIH ».
    L’Onusida indique continuer de travailler avec divers partenaires pour aider à « atténuer l’impact et trouver les meilleures solutions et appelle à la continuité de tous les services essentiels de lutte contre le VIH dans la région. »

    L'Onusida aux côtés des communautés
    pour la Journée Zéro Discrimination 

    Chaque 1er mars, se tient la Journée Zéro Discrimination ; elle réaffirme le droit de chacun-e à « vivre une vie pleine et productive dans la dignité ». Cette initiative a pour ambition de mettre en lumière la manière dont les gens peuvent « s’informer et promouvoir l’inclusion, la compassion, la paix et, surtout, c’est un mouvement pour un changement positif ». Cette année, la journée a revêtu un caractère particulier. Cela a été démontré : les communautés sont essentielles à la durabilité de la riposte au VIH et aux efforts mondiaux plus vastes en matière de santé. Ces communautés doivent être financées et soutenues dans leur engagement constant à garantir que toutes les personnes vivant avec le VIH et affectées par le virus aient accès aux services dont elles ont besoin et soient traitées avec dignité et respect. À cette occasion, Christine Stegling, directrice exécutive adjointe de l’Onusida, a d’ailleurs rappelé que la « seule façon de mettre fin au sida est de collaborer avec les communautés ». Ce que, manifestement, l’administration Trump se refuse à comprendre. Pourtant, les communautés « instaurent la confiance » et « atteignent les personnes que de nombreux établissements de santé traditionnels ont du mal à atteindre : les plus marginalisées et les personnes confrontées à la stigmatisation et à la discrimination ». « Pour mettre fin au sida d’ici 2030, il est essentiel d’investir et de soutenir durablement les ripostes menées par les communautés », a d’ailleurs rappelé Christine Stegling.
    « La crise actuelle provoquée par le changement de financement du gouvernement américain a aggravé la situation et provoqué une profonde anxiété et une profonde souffrance chez de nombreuses organisations communautaires, avance l’Onusida, car l’avenir des programmes communautaires de prévention, de traitement, de soins et de soutien du VIH, qui sauvent des vies, est en danger, malgré les preuves évidentes de l’impact positif des services communautaires. »
    Les services communautaires sont essentiels à la durabilité de la réponse au sida jusqu’en 2030 et au-delà, mais les réponses communautaires sont trop souvent méconnues, sous-financées et, dans certains endroits, même attaquées, comme on le voit aujourd’hui. Le sous-financement des initiatives communautaires les empêche de continuer à fonctionner et de se développer. « Si ces obstacles sont levés, les organisations communautaires peuvent donner un élan encore plus fort pour mettre fin au sida en tant que menace de santé publique d’ici 2030 », affirme l’Onusida.

    Arrêt de l'Usaid : premières conséquences en Afrique, l'exemple ivoirien

    Les récentes coupes budgétaires de l'Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid) ont mis en « berne les programmes de lutte contre le VIH en Afrique, notamment en Côte d'Ivoire », explique un article d’Aziz Djomande (4 mars). Fin février, l’administration Trump décide la suppression de plus de 90 % des contrats d'aide étrangère de l'Usaid, soit une réduction représentant environ 60 milliards de dollars. Cette décision a pour effet immédiat l'arrêt de milliers de programmes, notamment de lutte contre le VIH, financés par les États-Unis à travers le monde. Interrogé, Nicholas Enrich, administrateur adjoint par intérim pour la santé mondiale à l'Usaid, a averti que ces réductions pourraient entraîner une augmentation des décès évitables, des incapacités, une déstabilisation et des risques accrus pour la sécurité nationale. « La Côte d'Ivoire, avec plus de 400 000 personnes vivant avec le VIH et une prévalence de 4,8 % chez les travailleuses du sexe et de 7,7 % chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), dépend fortement des financements américains pour ses programmes de lutte contre le VIH, explique Aziz Djomande. Depuis 2004, le Plan présidentiel d'urgence de lutte contre le sida (Pepfar) a investi 2,4 milliards de dollars dans la réponse nationale contre le VIH, représentant 50 à 60 % des dépenses totales dans ce domaine. Interrogé par le journaliste, Elvis Gnao, directeur de l'association Arc-en-Ciel à Abidjan, décrit la situation actuelle comme une « mort silencieuse » pour les bénéficiaires de ces programmes. À la suite de l’annonce américaine, l'association a dû licencier une cinquantaine de personnes, réduisant drastiquement ses activités de prévention et de soutien aux populations vulnérables. D’autres ONG ne sont pas mieux loties. C’est le cas pour Conscience et Vie (COVIE) et Espace Confiance, qui sont également gravement affectées. Pour la première, les fonds américains couvraient 40 % du fonctionnement. La seconde fait face à des « restrictions sévères ». Camille Anoma, directeur d'Espace Confiance, a indiqué que leur organisation, qui offre des services à environ 50 000 personnes, dépendait à 80 % de l'aide américaine. Les acteurs et actrices de la lutte contre le VIH craignent que ces coupes ne compromettent les progrès réalisés ces dernières décennies, voire qu’elles fassent revenir en arrière. « La réduction des activités de sensibilisation, de prévention et de suivi communautaire pourrait entraîner une augmentation des nouvelles infections et une détérioration de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH », craignent militants-es et experts-es.

    En bref, d'autres infos Monde

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    VIH : Donald Trump méprise le Lesotho devant le Congrès

    Face à la peur, le mépris. Le Lesotho est un pays d’Afrique australe. Comme d’autres sur le continent africain, le pays s’inquiète de l’arrêt brutal et unilatéral de l’aide américaine, les programmes de lutte contre le VIH risquant de s’effondrer. Cette crainte est portée par les autorités locales et une trentaine de structures de la société civile. Face à ces craintes, Donald Trump a jugé bon de tacler ce pays dans son discours devant le Congrès américain sur l’état de la nation. « Personne n'en a jamais entendu parler [du pays, ndlr] », a lancé Donald Trump dans son discours au Congrès où il a justifié les coupes budgétaires massives dans l'aide des États-Unis au développement. « Il suffit d'écouter certains des gaspillages effroyables que nous avons déjà identifiés », a-t-il dit-il en citant, en exemple, les « huit millions de dollars pour promouvoir les LGBT+ dans la nation africaine du Lesotho, dont personne n'a jamais entendu parler ». Evidemment, ce n’est pas si simple car ce type de projets vise à lutter contre les discriminations dont on sait depuis des lustres qu’elles sont un frein à l’accès à la santé, à la prévention et plus largement à la lutte contre le sida. Dans son discours, Donald Trump a encore énuméré d'autres aides qu'il juge inutiles, concernant la Birmanie ou l’Amérique centrale.

    Trump devant le Congrès : "Nous allons forger la civilisation la plus dominante qui ait jamais existé"

    Dr Folamour. « Nous ne faisons que commencer », a asséné Donald Trump lors de son discours sur l’état de la Nation au Capitole devant des élus-es républicains-es exaltés-es et des démocrates abasourdis-es. Les États-Unis sont « sur le point de connaître un retour en force comme le monde n’en a jamais connu et n’en connaîtra peut-être jamais plus », a affirmé le président américain, dans le discours le plus long jamais prononcé devant le Congrès : 1 heure 40. « Nous allons forger la civilisation la plus libre, la plus avancée, la plus dynamique et la plus dominante qui ait jamais existé sur la surface de la Terre », a-t-il osé dans son style tonitruant et d’une grande violence. Comme le rapporte l’AFP, le président américain a énuméré des dépenses selon lui inutiles voire frauduleuses, affirmant, sans qu’il soit possible de le vérifier (ce qui est aussi une de ses marques de fabriquer), qu’une personne âgée de 360 ans (!) était, par exemple, enregistrée comme bénéficiaire d’aides sociales. Enfin, Trump a expliqué que le « "wokisme" c’est fini », se glorifiant de supprimer des initiatives visant à réduire les inégalités ethniques et sexuelles dans le pays.

    Tuberculose : le gel de l'aide américaine met en danger des millions de vie, selon l'OMS

    Le gel des versements américains aux programmes de lutte contre la tuberculose met en danger des « millions de vie », a averti mercredi 5 mars l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’OMS estime que les efforts déployés à l’échelle mondiale pour lutter contre la tuberculose ― maladie infectieuse la plus mortelle au monde ― ont permis de sauver plus de 79 millions de vies au cours des deux dernières décennies, selon un communiqué. Mais ces avancées sont menacées par la fin de l’aide américaine, dont dépendent de nombreuses organisations, en particulier dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires. « Des coupes budgétaires soudaines menacent aujourd’hui de réduire à néant » les « progrès durement acquis » dans la lutte contre la tuberculose, « mettant en grand danger des millions de personnes, en particulier les plus vulnérables », a asséné l’OMS. Cet avertissement intervient alors que la Cour suprême américaine a rétabli mercredi 5 mars une décision de justice sommant l’administration américaine de reprendre les versements dus à des organisations d’aide internationale, d’un montant estimé entre 1,5 et 2 milliards de dollars. Le président Donald Trump a signé le 20 janvier un décret ordonnant un gel de l’aide étrangère américaine pour 90 jours, avant des coupes sombres et le démantèlement de l’Usaid.
    Selon les données communiquées par les programmes nationaux de lutte contre la tuberculose à l’OMS et les informations fournies par les États-Unis à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), « le gouvernement américain a fourni environ 200 à 250 millions de dollars par an en financement bilatéral pour la lutte contre la tuberculose au niveau des pays », indique l’OMS. « Ce financement représentait environ un quart du montant total du financement des donateurs internationaux pour la lutte contre la tuberculose », précise l’organisation. « Toute interruption des services de lutte contre la tuberculose ― qu’elle soit financière, politique ou opérationnelle ― peut avoir des conséquences dévastatrices et souvent fatales pour des millions de personnes dans le monde », a souligné Tereza Kasaeva, qui dirige le programme mondial de lutte contre la tuberculose de l’OMS, indique l’AFP. « Sans une action immédiate, les progrès durement acquis dans la lutte contre la tuberculose sont menacés. Notre réponse collective doit être rapide, stratégique et dotée de toutes les ressources nécessaires pour protéger les plus vulnérables et maintenir l’élan vers l’éradication de la tuberculose », a-t-elle poursuivi.

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    Côté d'Ivoire : la prise en charge du sida "pleinement garantie", malgré la défection américaine

    Rassurer. La décision américaine d’arrêter un certain nombre de financements internationaux dévolus à la lutte contre le sida, dont l’accès aux ARV, sème la panique. Certains pays se voient contraints de rassurer les patients-es sur la disponibilité des traitements anti-VIH chez eux. C’est le cas de la Côte d'Ivoire. La prise en charge des personnes vivant avec le VIH dans le pays est « pleinement garantie » bien que les financements des États-Unis aient été suspendus, a assuré mercredi 5 mars le ministère ivoirien de la Santé. « La prise en charge du VIH/sida est assurée et le restera », a-t-il dit dans un communiqué en réponse à des « inquiétudes relayées concernant une prétendue rupture des antirétroviraux (ARV) » après la suspension des financements américains. Début février, le président Donald Trump a annoncé son intention de fermer l'Agence américaine pour le développement international (Usaid), chargée du développement économique et de l'aide humanitaire dans le monde. En 2024, l'Usaid a débloqué 115 millions de dollars d'aide à la Côte d'Ivoire où la prise en charge du sida est gratuite depuis 2008. De plus, le Plan d'urgence présidentiel américain de lutte contre le sida (Pepfar), qui fournit un approvisionnement de 75 % des antirétroviraux en Côte d'Ivoire, et qui apporte également une aide technique et financière à plusieurs dizaines de partenaires de mise en œuvre et à des centaines de sous-partenaires locaux, est également menacé. L'annonce américaine a fait donc craindre une rupture dans la prise en charge des personnes vivant avec le virus du sida et un arrêt des activités des acteurs-rices locaux-les engagés-es dans la lutte contre la pandémie.
    « Aucune rupture des antirétroviraux, l'approvisionnement en ARV est assuré et aucune rupture n'est à déplorer en Côte d'Ivoire », a soutenu le ministère de la Santé, cité par l’agence de presse chinoise Xinhua. D'après lui, le gouvernement ivoirien a « immédiatement déployé un plan de contingence » afin d'assurer la continuité des soins aux personnes vivant avec le virus du sida. « Actuellement, les stocks disponibles couvrent une période de quatre mois et un suivi rigoureux est mis en place pour éviter toute rupture », a-t-il assuré non sans préciser que, « de plus, un mécanisme de financement a été activé afin de compenser l'impact de la suspension des financements extérieurs ». Le ministère de la Santé a dit travailler en « étroite collaboration » avec les organisations de la société civile et les partenaires engagés dans la lutte contre le sida et fait savoir que plusieurs rencontres avaient déjà eu lieu afin « d'apporter des clarifications et de renforcer les stratégies en place ».
    « Le gouvernement demeure pleinement mobilisé pour garantir l'accès ininterrompu aux traitements, au dépistage et à l'accompagnement des patients », a conclu le ministère. Quelque 400 000 personnes vivaient avec le VIH en 2024 en Côte d'Ivoire. Ce pays d'Afrique de l'Ouest a enregistré des progrès dans la lutte contre le sida marqués par une réduction de 70 % de la mortalité liée au virus depuis 2010 et une réduction du taux de prévalence de 2,4 % à 1,8 % entre 2020 et 2024.

    L'Onu débloque 110 millions d'aide pour compenser les coupes dans l'assistance humanitaire

    Plan B. L'ONU a débloqué (jeudi 6 mars) 110 millions de dollars (102 millions d'euros) de son fonds d'aide d'urgence pour compenser « la baisse précipitée » des montants consacrés à l’aide humanitaire dans le monde, selon un communiqué, notamment par les États-Unis. Ces fonds d'urgence doivent « renforcer l'assistance vitale dans dix des crises les plus sous-financées et négligées au monde, en Afrique, Asie et Amérique latine », souligne le communiqué, cité par l’AFP. Les fonds débloqués renforceront les réponses humanitaires dans différents pays, dont l’Afghanistan, la République centrafricaine, le Honduras, la Mauritanie, le Niger, la Somalie, le Venezuela, la Zambie, etc. En 2025, plus de 300 millions de personnes vont dépendre de l’aide humanitaire « mais le financement diminue chaque année », et « devrait tomber à un niveau historiquement bas cette année ». De manière générale, les grandes agences humanitaires de l’ONU et les ONG ont vu les budgets se réduire comme peau de chagrin, rappelle l’AFP. Reste que c’est la décision des États-Unis de geler la quasi-totalité de l’aide étrangère puis d’en supprimer une part importante, qui a provoqué une crise sans précédent dans de très nombreuses organisations d’aide dans beaucoup de secteurs et régions du monde. L’ONU rappelle dans son communiqué qu’elle a estimé à 45 milliards de dollars les besoins dans l’humanitaire pour venir en aide à 185 millions des personnes les plus vulnérables prises dans des crises dans le monde entier. « À ce jour, seulement 5 % de ce financement a été reçu, laissant un déficit de plus de 42 milliards de dollars », insiste le communiqué, alors que le premier trimestre de l’année sera bientôt écoulé.