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    L’Actu vue par Remaides : « Tensions sur l’approvisionnement du Truvada : un questionnaire en ligne »

    • Actualité
    • 30.01.2025

     

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    DR

    Par Fred Lebreton et Jean-François Laforgerie

    Tensions sur l'approvisionnement du
    Truvada : un questionnaire en ligne

    L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a alerté, dans un communiqué publié le 28 janvier, sur des tensions d’approvisionnement concernant le médicament emtricitabine/ténofovir disoproxil (Truvada). Explications.
    D’autres infos en bref dans le champ de la santé vous sont proposées suite à cet article.

    Ce traitement, indispensable dans la lutte contre le VIH, est concerné par un « contingentement quantitatif en ville et à l’hôpital », avec une remise à disposition prévue pour fin février 2025. Utilisé à la fois pour traiter l’infection par le VIH en association avec d’autres antirétroviraux et en prophylaxie pré-exposition (Prep) pour prévenir les transmissions, le Truvada est un outil clé pour les personnes vivant avec le VIH ou celles exposées au VIH. Cependant, la situation actuelle entraîne des restrictions strictes sur sa distribution. L’ANSM a interdit la vente et l’exportation du médicament par les grossistes répartiteurs à l’étranger, conformément à la loi de santé publique de 2016. Cette mesure vise à préserver les stocks pour garantir un approvisionnement continu sur le marché national.
    Pour mieux comprendre l’impact de ces pénuries, AIDES a lancé un questionnaire anonyme destiné à recueillir les témoignages des usagers-ères ayant rencontré des difficultés à se procurer ce traitement en pharmacie en janvier. « Vous avez été plusieurs à signaler des difficultés d’approvisionnement en Prep ce mois-ci », précise l’association, qui souhaite collecter des données pour interpeller les autorités sanitaires. Ce questionnaire est anonyme, comporte six questions et ne devrait pas prendre plus de cinq minutes. Ces tensions soulèvent des inquiétudes, car elles touchent un médicament essentiel dans la prévention et le traitement du VIH.

    D'autres infos en bref...

    L'Union européenne veut protéger les hôpitaux des cyberattaques

    La Commission européenne a proposé (15 janvier) un plan d’action pour protéger les hôpitaux et l’ensemble du secteur de la santé des cybermenaces, s’inquiétant en particulier pour la sécurité des patients-es et de leurs données médicales, indique l’AFP. Ces menaces incluent les rançongiciels (« ransomwares »), une forme de chantage numérique dans laquelle les pirates cryptent les données des victimes (particuliers, entreprises, ONG ou institutions) et bloquent des services, en exigeant que les utilisateurs-rices paient pour retrouver l’accès. En novembre 2024, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et une cinquantaine d’États s’étaient inquiétés de la prolifération des attaques aux rançongiciels contre les hôpitaux. Le directeur général de l’institution onusienne, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait averti qu’elles pouvaient représenter « une question de vie ou de mort ».
    Une cyberattaque peut « retarder » des actes médicaux, « créer des embouteillages dans les salles d’urgence », souligne Bruxelles qui alerte sur la nécessité de créer un environnement sécurisé pour les patients-es et professionnels-les de santé. La menace s’est accrue ces dernières années. En 2023, « 309 cyberattaques de grande ampleur » ciblant des établissements de santé ont été signalées par les États membres de l’Union européenne, selon la Commission. « Les patients doivent avoir l’assurance que leurs informations les plus sensibles sont sécurisées », a déclaré Oliver Varhelyi, le commissaire européen à la Santé. Parmi les mesures proposées, la Commission souhaite la création d’un centre paneuropéen de soutien à la cybersécurité pour aider les hôpitaux et professionnels-les de santé à réagir en cas d’attaque en leur fournissant « des outils, des services et des formations sur mesure ». Ce centre pourrait aussi, d’ici à 2026, mettre en place un service d’alerte en temps réel à l’échelle de l’UE, en cas de menace.
    La Commission veut aussi encourager les hôpitaux à adopter des systèmes de sauvegarde robustes pour protéger les données critiques, les inciter à former le personnel pour mieux répondre aux cybermenaces et aider les victimes à éviter de payer des rançons. Un plan d’action détaillé devrait être présenté d’ici à la fin de l’année.

    Grippe : quels sont les freins à la vaccination des seniors-es ?

    C’est ce qu’a cherché à comprendre une étude de l’Académie de médecine. L’institution a d’ailleurs publié un communiqué à ce sujet. L’Académie de médecine y rappelle que : « Malgré la prise en charge annuelle par l’Assurance maladie de la vaccination contre la grippe saisonnière et la Covid-19, et malgré la mise à jour régulière du calendrier vaccinal par le ministère en charge de la Santé, les recommandations sont peu suivies et la couverture vaccinale des seniors stagne à faible niveau pour les vaccins contre la grippe (54 %), la Covid-19 (30 %), le pneumocoque (5 %) et le zona (4 %), selon Santé publique France. Au cours de la sévère épidémie de grippe actuelle, 79 % des personnes hospitalisées en réanimation pendant la première semaine de janvier 2025 n’étaient pas vaccinées. »
    « Très insuffisante », bien en-deçà de l’objectif de 75 % fixé par les autorités sanitaires, et « marquée par les inégalités sociales et territoriales de santé » : une photographie de la couverture anti-grippe des 65/85 ans a été analysée par Santé publique France concernant la saison vaccinale 2020/2021. En métropole, 65,1 % de ces seniors-es étaient alors vaccinés-es. Outre-mer, beaucoup moins : 39,4 % à La Réunion, 38,1 % en Guyane, 37,2 % en Guadeloupe, 26,2 % en Martinique, note l’agence à partir de données de son baromètre 2021 ― pour lequel 6 216 personnes de 65 à 85 ans ont été interrogées par téléphone dans l’Hexagone et 1 156 en Outre-mer. La situation s’est encore dégradée les années suivantes. Cet hiver, la couverture vaccinale contre la grippe ne dépassait pas 41 % chez les personnes âgées d’au moins 65 ans à fin novembre, plus d’un mois après le début de la campagne de vaccination couplée grippe-Covid. En janvier 2025, où a sévi une sévère épidémie de grippe, parmi les personnes hospitalisées en réanimation dans toute la France, huit sur dix ne sont pas vaccinées. Interrogés-es sur leurs raisons de ne pas se vacciner, les seniors-es concernés-es en métropole ont le plus souvent déclaré juger ce vaccin inutile (41,6 %) ― comme en Outre-mer (32 % à 39 %) ―, sans intérêt (9,6 %) ou redouter ses effets indésirables (13,5 %), selon l’étude. Seuls 5,9% s’y sont dits opposés. Comme pour d’autres vaccinations, l’étude montre d’importantes variations révélatrices d’inégalités sociales : les personnes ayant fait des études (au moins bac+5) sont plus vaccinées (71,5 %) que celles de niveau bac ou inférieur (64,3 %), tout comme celles plus aisées (71 %) comparé aux personnes aux revenus modestes (60,8 %). Les personnes âgées vivant dans de grandes agglomérations (69,1 %), où « les risques d’exposition au virus sont plus importants du fait d’interactions sociales nombreuses », se font davantage vacciner que celles de milieu rural (62 %). Les seniors-es les plus âgés-es sont plus enclins-es à se faire vacciner (73,2 % des 80-85 ans contre 55,4 % des 65-69 ans), ceux-celles ayant une maladie chronique (71,1 %) qui les expose à une grippe sévère davantage que ceux-celles qui n’en ont pas (57,8 %). Enfin, ceux-celles vivant en couple (68,3 %) sont plus vaccinés-es que ceux-celles vivant seuls-es (59,7 %), probablement « en raison d’une position altruiste » afin d’éviter de transmettre la grippe au-à la conjoint-e, et les hommes (67,9 %) davantage que les femmes (62,8 %). Par rapport au reste de l’Europe, la couverture vaccinale des seniors-es français-es était comparable, en 2020/21, à celles de l’Italie (65,3 %), l’Espagne (68 %), la Norvège (65,5 %) ou les Pays-Bas (61,4 %). Mais le Portugal (70 %), l’Irlande (70,5 %), la Grande-Bretagne (81 %) ou les États-Unis (69,8 %) faisaient mieux. Pour l’Académie de médecine, la vaccination des seniors-es doit devenir un « objectif prioritaire de santé publique », car elle augmente « la durée de vie active et autonome », évite formes graves et complications des maladies, ainsi que le « déclin fonctionnel post-infectieux » notamment. Actuellement, « le temps limité de la consultation médicale d’une personne âgée, déjà largement consacré au suivi de maladies chroniques », peut jouer « en défaveur de l’attention portée à la vaccination » par les médecins traitants-es, a-t-elle jugé, pointant aussi « l’isolement de certains seniors et le manque de coordination entre les différents acteurs de santé ».

    Cancer du sein : une loi pour améliorer la prise en charge des soins et limiter les restes à charge

    Avancée. Les députés-es ont approuvé à l’unanimité mardi 28 janvier dans la soirée une loi visant à améliorer la prise en charge des soins liés au cancer du sein afin d’atténuer le reste à charge souvent élevé des patientes, indique l’AFP. Cancer le plus fréquent et le plus meurtrier chez les femmes, il place nombre d’entre elles dans une situation financière fragile, avec un reste à charge souvent élevé et de nombreux soins annexes non-remboursés. Avec un reste à charge de « 1 400 euros en moyenne », les patientes « les plus précaires renoncent aux soins ou aux produits non pris en charge ou insuffisamment remboursés qui s’avèrent trop onéreux », selon le rapporteur du texte à l’Assemblée, le député communiste Yannick Monnet. Ce « texte répond aux attentes très concrètes de 700 000 femmes qui vivent avec le cancer (du sein) et pour elles, qui sont dans l’urgence, cette loi constitue une réelle avancée », selon le député qui a salué une « mobilisation transpartisane » pour adopter un texte de « compromis ». Le texte, voté dans les mêmes termes qu’au Sénat, va désormais pouvoir entrer en vigueur. Initialement portée par Fabien Roussel, cette proposition de loi communiste avait été adoptée à l’Assemblée en mai, avant que le Sénat, dominé par une alliance de la droite et du centre, ne la modifie, puis le vote fin octobre, également à l’unanimité. Le texte vise une prise en charge intégrale du renouvellement des prothèses mammaires, du tatouage médical de l’aréole et du mamelon ou de soutiens-gorges adaptés. Un forfait spécifique, dont le montant doit être arrêté par décret, doit aussi permettre l’achat de produits prescrits par les médecins, mais qui ne sont aujourd’hui pas remboursés, comme l’achat de crèmes contre les sécheresses, ou encore de vernis pour prévenir la chute des ongles induite par les traitements. Une autre enveloppe permettant de financer des soins psychologiques, des séances de nutrition ou des séances d’activités physiques a été acté pour les malades en cours de traitement. C’est aussi un encadrement des dépassements d’honoraires des médecins qui pratiquent les reconstructions mammaires après une mastectomie qui a été adopté. Le niveau du plafond sera négocié dans la convention médicale entre l’Assurance maladie et les médecins. Pour Yannick Monnet, il s’agit « d’une avancée majeure » puisque les dépassements d’honoraires représentent le premier poste dans le reste à charge. Et alors que 15 % des femmes renoncent à cette chirurgie de réparation pour des raisons financières. « Oui, nous aurions peut-être pu aller plus loin », a concédé le député communiste, mais il faut permettre une « application rapide » de mesures « très attendues par les associations » de lutte contre le cancer du sein. Le gouvernement qui a soutenu cette proposition de loi a aussi salué un « texte porteur d’avancées concrètes et attendues par toutes les femmes touchées par le cancer du sein », selon les mots du ministre de la Santé Yannick Neuder. Il en a profité pour réaffirmer la volonté du gouvernement de mieux prévenir ces cancers avec des dépistages systématiques. Le gouvernement « proposera rapidement de pouvoir étendre et intensifier les campagnes de dépistage pour cibler particulièrement les populations à risque et de diminuer la strate d’âge pour pouvoir aller chercher plus tôt ces cancers qui sont guérissables quand on les dépiste au plus tôt », a-t-il affirmé.

    Loi Handicap : des avancées et des "chantiers colossaux", selon la ministre Charlotte Parmentier-lecocq

    Vingt ans après son adoption, la loi Handicap de 2005 a permis des « avancées significatives » mais il demeure encore « des chantiers colossaux », a déclaré mardi 28 janvier la ministre déléguée au Handicap, Charlotte Parmentier-Lecocq. « Force est de reconnaître que cette loi a été porteuse d’une approche radicalement différente du handicap et a permis des avancées significatives », a-t-elle déclaré devant la commission des affaires sociales du Sénat, citée par l’AFP. « Pour autant et encore plus dans le contexte des Jeux olympiques et paralympiques de l’été dernier, nous devons maintenir un haut niveau d’exigence pour parvenir véritablement à une société inclusive », a-t-elle ajouté. Un prochain comité interministériel du handicap « permettra de garantir le suivi de l’ensemble des travaux déjà engagés et de voir comment nous pouvons aller encore plus loin, y compris d’un point de vue législatif », a-t-elle encore indiqué. Concernant le remboursement intégral des fauteuils roulants ― promis par Emmanuel Macron ― la ministre a assuré que tout le monde était « à la tâche » pour y parvenir, espérant une mise en œuvre en « septembre 2025 ». Principale loi sur le handicap depuis 1975, la loi du 11 février 2005 « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » visait notamment à rendre les lieux publics et transports accessibles dans un délai de dix ans. Elle créait également un droit à compensation, permettant la prise en charge par la collectivité de dépenses liées au handicap et comportait des mesures pour l’intégration scolaire et l’insertion professionnelle. « Il y a la nécessité de simplifier le dossier » de demande de la prestation de compensation du handicap (PCH) et d’améliorer « l’harmonisation entre les départements », a estimé Charlotte Parmentier-Lecocq, évoquant des « lourdeurs administratives ». Concernant l’accès à l’emploi, elle a reconnu que l’ensemble des employeurs-ses n’étaient « pas au rendez-vous sur l’obligation » pour les entreprises de 20 salariés-es ou plus d’employer au moins 6 % de travailleurs-ses handicapés-es. « Nous devons collectivement être plus pro-actifs et ouvrir les portes de l’entreprise », a-t-elle dit. Un appel à la « mobilisation générale » a été lancé pour le 10 février par une cinquantaine d’associations de défense des droits des personnes handicapées qui déplorent une application de la loi « loin d’être satisfaisante ».