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Par Fred Lebreton

Prep en France : un ralentissement des initiations

Chaque année, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) révèle les chiffres des prescriptions de la Prep en France, à travers son enquête Epi-Phare. Les données actualisées de la Prep en France au 30 juin 2024 mettent en lumière un ralentissement dans la progression des initiations, malgré une augmentation globale des usagers-ères. Explications.

Combien de personnes prennent la Prep en France ?

Au 30 juin 2024, 103 407 personnes ont initié une Prep en France avec Truvada ou ses versions génériques, soit une hausse de 18 479 initiations par rapport à l'année précédente. Cependant, le nombre de nouvelles initiations a diminué de 8 % sur la dernière année, passant de 20 075 à 18 479. Cette baisse touche plusieurs régions, notamment l’Île-de-France (- 13 %), avec une diminution marquée à Paris (- 22 %), ainsi que les Hauts-de-France (- 16 %) et d'autres régions. L’Île-de-France reste la région avec le plus grand nombre d’initiations Prep (40 %), dont 22 % des personnes qui résident à Paris. Cependant, la proportion d’initiations dans la capitale continue de diminuer au profit d’autres régions comme la région Auvergne-Rhône-Alpes, le Grand Est et les Pays-de-la-Loire. Les territoires d’outre-mer (DROM) connaissent une légère hausse, mais ne représentent que 2,4 % des initiations au premier semestre 2024. La médecine de ville joue un rôle croissant dans les prescriptions. Entre 2021 et 2024, près de 49 % des premières prescriptions ont été effectuées en ville, contre 51 % à l’hôpital ou dans les Cegidd (centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic). Cette tendance s’accentue, avec la médecine de ville devenant majoritaire depuis le second semestre 2023.
Mais ces données ne tiennent pas compte des personnes qui ont arrêté la Prep entre 2016 et 2024. Pour avoir une photographie plus précise de la Prep en France en 2024, il faut donc se concentrer sur une autre donnée fondée sur les remboursements de Prep au premier semestre 2024. Le nombre total de personnes utilisant effectivement la Prep (en initiation ou en renouvellement) au premier semestre 2024 est de 59 326 personnes. Il s’agit là d’une augmentation de 12 % par rapport à l'année précédente. Les renouvellements représentent désormais 85 % des usagers-ères, contre 80 % en 2020, traduisant une fidélisation croissante des personnes sous Prep.

Qui prend la Prep en France ?

Entre janvier 2016 et juin 2024, la Prep a été majoritairement initiée en France par des hommes (97 %) âgés de 36 ans en moyenne. La plupart des usagers-ères résident dans des zones urbaines de plus de 200 000 habitants (70 %), avec un accès élevé aux médecins généralistes (4,5 consultations par an contre 4,1 au niveau national). Cependant, des évolutions significatives sont observées, notamment une augmentation légère, mais régulière de la part des femmes, qui atteint 5,7 % au premier semestre 2024, et des bénéficiaires de la Complémentaire Santé Solidaire (CSS), à 9,2 % sur la même période.
Depuis 2021, les primo-prescriptions en médecine de ville et en hôpital ou Cegidd révèlent des différences sociogéographiques. Les personnes qui initient la Prep en ville résident plus souvent dans de grandes agglomérations (70,1 % contre 63,4 % pour les hôpitaux et Cegidd), bien que cette disparité s’atténue avec le temps. De manière globale, les bénéficiaires de la CSS représentent une part similaire selon le lieu de prescription (environ 9 % en 2024). En parallèle, une légère progression est notée dans les zones rurales et les petites communes, où la part d’initiations passe de 14,7 % en 2022 à 17,7 % en 2024. L’âge médian au moment de l’initiation (33 ans) reste stable, reflétant une dynamique centrée sur une population jeune et urbaine, mais avec une ouverture croissante vers des territoires moins accessibles.

Qui prescrit la Prep en France ?

Entre juillet 2021 et juin 2024, près de la moitié des primo-prescriptions (49 %) et des renouvellements (47 %) de Prep en France ont été réalisés en médecine de ville, avec une montée en puissance constante. Cette proportion est passée de 45 % pour les primo-prescriptions et 37 % pour les renouvellements en 2021 à 52 % pour les deux catégories au premier semestre 2024. Les médecins généralistes jouent un rôle central, représentant près de 90 % des prescripteurs-rices libéraux-les, tant pour les initiations que pour les renouvellements depuis 2022. Parmi les prescripteurs-rices en ville, 41 % sont des médecins libéraux-les et 8 % des médecins salariés-es hors Cegidd pour les primo-prescriptions, des proportions similaires étant observées pour les renouvellements (41 % et 6 %, respectivement). Cette tendance souligne l’importance croissante des généralistes dans l’accès à la Prep, consolidant la médecine de ville comme un pilier essentiel dans la prévention du VIH.
Les données actualisées de la Prep en France au 30 juin 2024 mettent en lumière un ralentissement dans la progression des initiations malgré une augmentation globale des usagers-ères. En effet, le nombre de nouveaux et nouvelles usagers-ères  a chuté de 8 % par rapport à l’année précédente. Ce recul touche aussi bien les prescriptions en hôpital ou Cegidd (- 13 %) que celles en ville (- 3 %). « L’ensemble de ces résultats suggère que de nouvelles mesures seraient nécessaires pour permettre la diffusion de la Prep à toutes les catégories de population qui pourraient en bénéficier » concluent les auteurs-rices du Rapport.

Pour lire et télécharger le Rapport « Suivi de l’utilisation de la prophylaxie pré‐exposition (Prep) au VIH 2024 »