L'Actu vue par Remaides : La moitié des personnes vivant avec le VIH dans les pays développés ont 50 ans ou plus
- Actualité
- 25.04.2024
© DR
Par Fred Lebreton et Jean-François Laforgerie
La moitié des personnes vivant avec le VIH ont plus de 50 ans
Le VIH sera-t-il une pathologie de personnes séniors dans les décennies à venir ? C’est ce que semble indiquer une étude publiée sur le site Medical Express. Cette étude indique que la moitié des personnes vivant avec le VIH dans les pays développés ont 50 ans ou plus. Autre info importante de la période : une hausse des cas de Mpox aux États-Unis ; ce qui ne semble pas le cas en Europe, dont la France. Explications.
La moitié des personnes vivant avec le VIH dans les pays développés ont 50 ans ou plus
Le VIH sera-t-il une pathologie de personnes séniors dans les décennies à venir ? Probablement selon la littérature scientifique, du moins dans les pays dits développés. Le 27 mars dernier, le site Medical Express rapportait une nouvelle étude sur le vieillissement des PVVIH, présentée lors du Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses (ECCMID 2024). L’étude menée par le Professeur Giovanni Guaraldi, de l’Université de Modène (Italie), se concentre sur la prévalence croissante du VIH chez les personnes adultes plus âgées, en utilisant l'Angleterre comme exemple ; pays où la moitié des PVVIH recevant des soins ont désormais 50 ans ou plus. Environ une personne vivant avec le VIH sur onze est âgée de 65 ans ou plus. Des tendances similaires existent en Italie et dans d'autres pays d'Europe de l’Ouest. Les personnes adultes plus âgées vivant avec le VIH dans tous ces pays sont également plus susceptibles d'avoir des comorbidités et de devenir « fragiles » plus tôt que les personnes adultes plus âgées qui sont séronégatives au VIH.
L’étude aborde également le problème d'un nombre croissant de personnes âgées diagnostiquées avec le VIH (un cinquième des nouveaux diagnostics chez les personnes âgées de 50 ans et plus) et des diagnostics tardifs chez ces personnes âgées. En utilisant à nouveau l'exemple de l'Angleterre, environ la moitié de ces nouveaux diagnostics chez les plus de 50 ans présentent un taux de lymphocytes CD4 inférieur à 350 cellules par mm3 de sang dans les trois mois suivant le diagnostic, ce qui multiplie par cinq leur risque de mortalité au cours de l'année suivante.
Malgré ces défis, cette étude met également en évidence les progrès réalisés, avec la différence d'espérance de vie restante entre les personnes vivant avec le VIH et celles qui sont séronégatives au VIH. Aujourd'hui, signe de progrès, une personne jeune diagnostiquée avec le VIH rapidement après l’infection et mise sous traitement dans la foulée (le Test and Treat) peut s'attendre à une espérance de vie similaire aux personnes séronégatives au VIH.
Cependant, à l'âge de 65 ans, environ 70 % des personnes qui vivent avec le VIH depuis 20 ans ou plus vivent avec plusieurs autres affections (ou co-morbidités), contre environ 50 % pour celles infectées depuis moins de 20 ans et près de 40 % pour celles ne vivant pas avec le VIH. Ces chiffres augmentent régulièrement avec l'âge des personnes vivant avec le VIH, mais l'écart se réduit entre les PVVIH et les personnes séronégatives au VIH. Une tendance similaire est observée pour la poly-pharmacie (prise de plusieurs médicaments prescrits) chez les personnes vivant avec le VIH.
Cette étude aborde également le phénomène caché du vieillissement accéléré, ou « fragilité précoce », chez les personnes vivant avec le VIH. La « fragilité » est un syndrome clinique fondé sur la présence de signes et de symptômes spécifiques, notamment la perte de poids, l'épuisement, le manque d'activité physique ou la diminution de la vitesse de marche. Des niveaux de fragilité plus élevés ont été observés chez les PVVIH par rapport à celles ne vivant pas avec le VIH, dans tous les groupes d'âge à partir de 50 ans et plus, avec des taux jusqu'à cinq fois plus élevés chez les personnes de 65 ans et plus. La fragilité n’est pas un phénomène inévitable et des moyens existent pour s’en prémunir comme un diagnostic précoce du VIH et le début du traitement antirétroviral (pour éviter le risque de progression rapide et de déficience cognitive). Par ailleurs, une analyse minutieuse de tous leurs autres médicaments est nécessaire chez les personnes âgées vivant avec le VIH afin d’éviter des interactions médicamenteuses qui peuvent augmenter les risques de fragilité. Des exemples de cette liste étendue comprennent la classe de médicaments utilisés pour traiter l'hypertension artérielle, et les benzodiazépines (calmants, tranquilisants) qui peuvent augmenter le risque de chutes.
Le Pr Giovanni Guaraldi reste optimiste : « Nous sommes désormais dans une ère entièrement nouvelle où vivre jusqu'à 70, 80, voire 90 ans avec le VIH est désormais possible et devient de plus en plus courant. Nous devons nous assurer de faire tout ce que nous pouvons, socialement, physiquement et médicalement, pour garantir que les personnes vivant avec le VIH mènent une vie aussi saine que possible en atteignant leurs dernières années ».
Mpox : des cas en hausse aux Etats-Unis
Un article récent de VIH.ORG indique que « du 1er janvier au 16 mars 2024, 511 cas de Mpox ont été recensés aux États-Unis, selon les données des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), contre moins de 300 cas fin mars 2023 ». « Si ces chiffres restent très en deçà des dizaines de milliers de cas rapportés lors de la flambée épidémique de 2022, chercheurs et médecins mettent en garde contre une nouvelle augmentation de la transmission », commente le site. Une des explications à ce phénomène est l’absence d’un schéma vaccinal complet chez un nombre important de personnes exposées à un risque élevé d’être infectées. Et le site d’expliquer que dans « la plupart des États, moins d’un quart des personnes éligibles ont reçu un schéma vaccinal complet » à deux doses de vaccin. « Aux États-Unis, les autorités appellent donc à la vigilance et à la vaccination pour éviter une résurgence des cas de Mpox. L’État de Virginie, qui a connu autant de cas depuis janvier que sur toute l’année 2023, a ainsi publié le 25 mars 2024 une note pour faire savoir qu’il existe toujours un risque lié à ce virus et donner aux gens le temps de se protéger avant la saison des mois des Fiertés », souligne VIH.ORG.