L’Actu vue par Remaides : « Onusida : une nouvelle Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2026-2031 »
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- 07.03.2025
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Par Jean-François Laforgerie
Onusida : une nouvelle stratégie mondiale de lutte
contre le sida 2026-2031
Au cours des deux dernières décennies, les « décès liés au VIH ont été réduits de plus de moitié et des millions de personnes ont eu accès à un traitement salvateur », se félicite l’Onusida dans un communiqué. Cette avancée majeure a été rendue possible par les avancées scientifiques, un engagement politique fort et le leadership communautaire… qui ont transformé la riposte au VIH. Mais il reste bien des ombres au tableau.
Une riposte à la croisée des chemins
« Aujourd’hui, la riposte au VIH se trouve à la croisée des chemins. Les inégalités persistantes, les contraintes financières et les menaces sanitaires émergentes risquent de faire dérailler les progrès, craint l’Onusida. « Les gains durement acquis au cours des dernières décennies doivent non seulement être préservés mais accélérés », prévient l’agence onusienne qui se lance dans l’élaboration de sa nouvelle stratégie mondiale de lutte contre le sida 2026-2031 qui se veut être « un plan ambitieux, inclusif et axé sur l’action qui guidera la riposte mondiale au VIH pour les cinq prochaines années et contribuera à mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique ». Voilà pour l’objectif. « Pour mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d’ici 2030, nous devons agir avec urgence, ambition et innovation », a commenté, comme à son habitude, Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’Onusida. « Cette stratégie est l’occasion de repenser et de renforcer la riposte au VIH en écoutant les communautés, en s’attaquant aux inégalités, en appliquant les connaissances scientifiques, en garantissant un accès égal aux nouvelles innovations et en ne laissant personne de côté », soit la réaffirmation de la stratégie menée depuis des années. Reste que l’Onusida parle plutôt d’une « nouvelle stratégie ». Il explique d’ailleurs qu’un examen à mi-parcours de la stratégie mondiale actuelle de lutte contre le sida a mis en évidence « le besoin urgent d’accélérer la prévention du VIH », de « s’attaquer aux obstacles sociétaux » et de « soutenir les progrès en matière de traitement ». L’Onusida a convoqué une équipe spéciale mondiale, composée d’experts-es des gouvernements, de la société civile, d’organisations multilatérales et de la santé publique, pour recommander des « objectifs audacieux, mesurables et fondés sur des données probantes pour 2030 ».
Dans son communiqué, l’agence explique bien que cette « nouvelle stratégie » sera élaborée dans le cadre d’un processus ouvert et participatif qui réunira tous-tes les acteurs-rices de la lutte contre le VIH, notamment les gouvernements, la société civile, les personnes vivant avec le VIH et affectées par le virus, les donateurs-rices, les co-parrains et marraines de l’Onusida et le secteur privé.
Entre 29 et 46 millions de personnes vivront avec le VIH en 2020
L’Onusida estime que d’ici 2050, entre 29 et 46 millions de personnes vivront encore avec le VIH, et qu’elles auront toutes besoin d’accéder au traitement et à un soutien pour vivre en bonne santé et prévenir la transmission. « Il sera essentiel de combler les lacunes en matière de traitement, de surmonter la complaisance et de supprimer les obstacles structurels et sociétaux qui empêchent les personnes d’accéder aux services. Les pays doivent mettre en place des systèmes solides et durables pour fournir des soins adéquats (…) Cet effort nécessite une réponse véritablement multisectorielle réunissant les secteurs de la santé, des finances, de la justice, de l’éducation et de la protection sociale pour créer une approche globale. L’intégration des services liés au VIH dans des systèmes de santé plus larges doit être effectuée avec soin pour garantir des services de haute qualité et sans stigmatisation à tous ceux qui en ont besoin », explique l’agence.
Un moment crucial pour la riposte au VIH
« Les défis sont grands, mais notre détermination l’est tout autant », a souligné Winnie Byanyima. « Nous avons les connaissances, les outils et l’expérience. Maintenant, nous devons nous unir avec la volonté politique, les ressources adéquates et une action collective pour mettre fin au sida une fois pour toutes. » Et la responsable et militante d’expliquer : « L’élaboration de la Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2026-2031 est un moment crucial pour la riposte au VIH. L’Onusida invite toutes les parties prenantes à prendre part à ce processus, à partager leurs idées et à contribuer à façonner cette nouvelle stratégie, en veillant à ce qu’elle reflète la diversité des voix et des expériences. Mettre fin au sida n’est pas seulement une possibilité, c’est un choix. Les cinq prochaines années détermineront si nous saisissons cette occasion ou si nous laissons les progrès stagner. Il est temps d’agir maintenant. »
Pour aller plus loin :
"VIH : pour en finir avec l'épidémie, des efforts continus encore nécessaires
« Selon une récente étude scientifique, malgré les objectifs fixés par l’Onusida, un nombre important de nouvelles infections et de décès par le VIH est encore à craindre d’ici 2050 », explique la journaliste Kheira Bettayeb dans Transversal. L’étude dont parle cet article est celle, publiée en décembre 2024, dans les colonnes de la revue scientifique The Lancet. Dans celle-ci, plusieurs centaines de chercheurs-ses de différents pays, coordonnés par l’Institut américain de mesure et d’évaluation de la santé (IHME) mettent en garde contre les conséquences de l’inaction contre le VIH. « La communauté internationale devra faire preuve d’efforts soutenus et substantiels pour en finir avec le VIH », préviennent d’ailleurs les auteurs-rices. Pour tout comprendre, on vous recommande ce très bon article qui poise parfaitement les enjeux.