L’Actu vue par Remaides : « Mpox : l’OMS maintient son alerte face à la recrudescence du virus »
- Actualité
- 03.03.2025
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Par Fred Lebreton
Mpox : l'OMS maintient son alerte face
à la recrudescence du virus
Où en est l’épidémie de Mpox ? L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a confirmé le 27 février 2025 le maintien de son niveau d’alerte maximale face à la progression du virus, notamment en République démocratique du Congo (RDC). En France, dix cas ont été signalés depuis janvier dernier. La vaccination reste ciblée sur les communautés qui sont les plus exposées à un risque de contracter ce virus. La rédaction de Remaides fait le point.
Un manque de financements en RDC
Dans un communiqué publié jeudi 27 février 2025, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a décidé de maintenir l’urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) pour l’épidémie de Mpox, en raison de l’augmentation continue des cas et de son expansion géographique. Le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a suivi les recommandations d’un comité d’experts-es, soulignant notamment la violence persistante dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), qui entrave les efforts de riposte, ainsi qu’un manque de financements. Depuis son émergence en 1970 en RDC, le Mpox (causé par un virus apparenté à la variole) a longtemps été endémique en Afrique centrale. Toutefois, en mai 2022, le clade II du virus s’est propagé mondialement, touchant principalement les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH). À ce jour, près de 128 000 cas ont été confirmés dans 130 pays, entraînant 281 décès.
Après une première alerte levée en mai 2023 grâce aux campagnes de vaccination et grâce à la mobilisation des communautés concernées, une nouvelle flambée a éclaté en RDC avec la souche du clade I et une nouvelle variante, le clade Ib. Ce rebond a conduit l’OMS à réactiver son niveau d’alerte maximale en août 2024. La RDC reste l’épicentre de cette crise, avec plus de 13 000 cas et 43 décès en 2024, et déjà 2 000 cas signalés depuis janvier 2025. Désormais, la souche clade Ib est confirmée dans cinq autres pays africains et des cas ont été détectés dans une quinzaine de pays à travers le monde, souvent liés à des voyages vers les zones les plus touchées. Face à cette situation préoccupante, l’OMS appelle à renforcer les financements et la coopération internationale pour endiguer cette crise sanitaire mondiale.
France : une dizaine de cas depuis le 1er janvier 2025
Quid de la situation en France ? Dans son dernier bulletin publié le 5 février 2025, Santé publique France rapporte que dix cas de Mpox ont été signalés en France entre le 1er janvier et le 4 février 2025. Tous concernent des hommes adultes, principalement en Île-de-France, avec une médiane d'âge de 32 ans. Parmi eux, six avaient reçu au moins une dose de vaccin depuis 2022, tandis que deux n’avaient aucun antécédent vaccinal connu. Un seul patient a été hospitalisé pour une éruption généralisée. Aucune exposition à risque avérée, ni voyage à l’étranger n’a été identifié pour ces cas récents. L’analyse virologique a révélé que les virus appartiennent au clade II, à l’exception d’un cas détecté en décembre 2024, confirmé comme clade Ib. Sur une période plus large, entre mars 2024 et février 2025, 204 cas ont été recensés, une baisse significative par rapport aux 4 976 cas signalés lors du pic de l’épidémie en 2022. Depuis le début de la crise, 5 259 cas ont été enregistrés en France, dont 84 % confirmés biologiquement. Ces données mettent en lumière un ralentissement de l’épidémie, bien que la vigilance reste de mise pour limiter la transmission du virus.
Qui peut se faire vacciner ?
Pour l’instant, la vaccination contre le Mpox ne concerne pas la population générale, mais plutôt certaines communautés qui sont les plus exposées à un risque de contracter ce virus. Dans sa mise à jour des recommandations, le 2 septembre dernier, la HAS recommande que soient éligibles à une vaccination avec le vaccin MVA-BN (Imvanex ou Jynneos) les personnes à haut risque d’exposition au virus, soit :
- Les hommes multipartenaires ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) ;
- Les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples ;
- Les travailleurs-ses du sexe ;
- Les personnels des lieux de consommation sexuelle ;
- Les femmes vivant avec un HSH.
Combien de doses ?
Note de la rédaction : La HAS utilise le terme « personnes immunodéprimées ». Ce terme désigne notamment les personnes vivant avec le VIH avec des CD4 inférieurs à 200/mm3. Inversement, le terme « personnes immunocompétentes » désigne les personnes qui ne sont pas immunodéprimées.
Quatre cas de figure sont détaillés par la HAS :
Personnes éligibles à la vaccination n’ayant jamais été vaccinées avec un vaccin MVA-BN (celui utilisé depuis 2022) :
Chez les personnes immunocompétentes : Une seule dose de rappel pour les personnes vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ; deux doses pour les personnes non vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ;
Chez les personnes immunodéprimées :
Trois doses pour les personnes vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ; trois doses pour les personnes non vaccinées dans l’enfance (avant 1980)
Personnes éligibles à la vaccination n’ayant reçu qu’une seule dose du vaccin MVA-BN (celui utilisé depuis 2022) :
Chez les personnes immunocompétentes : Aucune dose de rappel pour les personnes vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ; une seule dose de rappel pour les personnes non vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ;
Chez les personnes immunodéprimées : Deux doses pour les personnes vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ; Deux doses pour les personnes non vaccinées dans l’enfance (avant 1980).
Personnes éligibles à la vaccination ayant reçu un schéma complet du vaccin MVA-BN (celui utilisé depuis 2022) :
Chez les personnes immunocompétentes : Aucune dose de rappel pour les personnes vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ; une dose de rappel pour les personnes non vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ;
Chez les personnes immunodéprimées : Une dose de rappel pour les personnes vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ; Une dose de rappel pour les personnes non vaccinées dans l’enfance (avant 1980).
Personnes éligibles à la vaccination ayant contracté le Mpox entre 2022 et aujourd’hui :
Chez les personnes immunocompétentes : Aucune dose de rappel pour les personnes vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ; aucune rappel pour les personnes non vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ;
Chez les personnes immunodéprimées : aucune de rappel pour les personnes vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ; aucune dose de rappel pour les personnes non vaccinées dans l’enfance (avant 1980).
« En France, la vaccination contre la variole était obligatoire jusqu'en 1979 et la maladie a été déclarée comme éradiquée en 1980, grâce à une campagne de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Vous pouvez vérifier cette vaccination dans votre carnet de santé, mais dans le doute, il n'y a pas de problème à faire les deux doses de vaccination », expliquait le Pr Jean-Daniel Lelièvre, dans un entretien à Remaides en février 2024.
Important : Vivre avec le VIH ne remet pas en cause l’indication vaccinale. Pour les personnes vivant avec le VIH avec des CD4 inférieurs à 200/mm3 (ou stade sida), le nombre de doses recommandé peut être supérieur au nombre de doses habituel (à confirmer avec votre infectiologue). La vaccination ne confère pas une protection immédiate. Aussi, il est important de continuer à éviter tout contact exposant à un risque avec une personne infectée par le virus Mpox ou suspectée de l’être. Par ailleurs, il est important de rappeler que quelle que soit l’efficacité du vaccin après une ou deux doses, celle-ci ne sera jamais de 100 %. La prévention doit être combinée.