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    L'Actu vue par Remaides : Dispensation trimestrielle des ARV : un enjeu pour la qualité de vie des PVVIH

    • Actualité
    • 03.01.2025

     

    TRT5

    © DR

    Par Fred Lebreton

     Dispensation trimestrielle des ARV : un enjeu de qualité de vie des PVVIH

     

    Le 12 décembre dernier, le TRT-5 CHV et la SFLS (Société française de lutte contre le sida) ont publié une tribune commune sur la dispensation trimestrielle des antirétroviraux (ARV). Forts-es de données montrant un plébiscite unanime de l’ensemble des parties prenantes aux parcours de soin les personnes vivant avec le VIH (PVVIH), les deux collectifs appellent la Direction générale de la santé à mettre en place des mesures concrètes pour assurer la dispensation trimestrielle de tous les ARV par voie orale (comprimés). La rédaction de Remaides fait le point.
     

    Malgré les progrès dans la prise en charge du VIH, la dispensation mensuelle des ARV reste la norme en France, obligeant les personnes vivant avec le VIH  (PVVIH) à des déplacements réguliers en pharmacie. Un système jugé contraignant et déconnecté des besoins des personnes. Le TRT-5 CHV et la SFLS (Société française de lutte contre le sida) militent pour une évolution majeure : la dispensation trimestrielle de tous les ARV par voie orale.

    Des enquêtes menées en 2020 par la SFLS et le TRT-5 CHV montrent que la majorité des PVVIH et des usagers-ères de Prep plébiscitent cette mesure. L’allongement de la durée de dispensation des traitements, cité pour son intérêt pratique, le gain d’autonomie, la confidentialité et les économies générées, est perçu comme une amélioration significative de la qualité de vie. Les professionnels-es de santé partagent cet avis : selon une enquête de la SFLS, 99,6 % des médecins et 86,4 % des pharmaciens-nes interrogés-es sont favorables à la dispensation trimestrielle. « Ce mode de dispensation n’a pas d’impact négatif sur le suivi ou la santé des patients, à condition de prendre certaines précautions, comme pour les charges virales non contrôlées ou les comorbidités », précisent-ils. Cependant, la réglementation actuelle limite la dispensation à un mois, sauf exceptions pour les contraceptifs oraux ou les traitements disposant d’un conditionnement trimestriel. Une contrainte qui engendre des inégalités : seuls deux traitements ARV, Bikarvy (Bictégravir/emtricitabine/ténofovir alafenamide) et Dovato (Dolutégravir/lamivudine) sont actuellement disponibles en conditionnement trimestriel sur une cinquantaine de spécialités commercialisées dans cette indication. Les laboratoires, jugeant non rentables certains conditionnements, préservent ainsi une logique économique au détriment du bien-être des patients-es.

    Des initiatives locales et internationales montrent pourtant la voie. En Guyane, un programme pilote mené depuis 2021 par AIDES et le Corevih a permis à des PVVIH en zones isolées de bénéficier d’une dispensation trimestrielle avec des résultats concluants. À l’échelle mondiale, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) préconisent une organisation de soins différenciée, incluant des dispensations plurielles adaptées aux besoins locaux. Les avancées thérapeutiques ont rendu le suivi des personnes vivant avec le VIH moins dépendant des structures hospitalières, renforçant l’urgence d’adapter les règles de dispensation. « La dispensation mensuelle des ARV n’a jamais eu aussi peu d’arguments en sa faveur », insistent le TRT-5 CHV et la SFLS, qui appellent la Direction générale de la santé (DGS) à autoriser la dispensation trimestrielle de tous les ARV. Une mesure qui répondrait non seulement aux attentes des patients-es, mais aussi aux exigences d’équité et de qualité de vie.