L'Actu vue par Remaides : « Disco, I’m coming out » : entre fêtes, luttes et émancipation
- Actualité
- 20.02.2025
© Fred Lebreton
Par Fred Lebreton
"Disco, I'm coming out" : entre fêtes, luttes et émancipation
Plongée scintillante dans l’univers du disco à la Philharmonie de Paris ! L’exposition « Disco, I’m coming out » retrace les origines sociales et politiques d’un mouvement musical bien plus profond que la simple fête. De la lutte pour les droits civiques aux revendications LGBT+ et féministes, en passant par l’arrivéé du VIH/sida, l’exposition célèbre les icônes et l’héritage de ce genre révolutionnaire. Remaides vous fait la visite.
Quand on pénètre dans la première salle de l’expo « Disco, I’m coming out », « Don’t Stop Til You Get Enough » (« Ne t'arrête pas tant que ce n'est pas assez »), le tube de 1979 de Michael Jackson, envahit la pièce. Une profusion de paillettes, de pochettes d’albums et de boules à facettes nous entoure. On ne sait plus où donner de la tête ! Sur la gauche, un écran diffuse un extrait de « Saturday Night Fever », le film culte de 1977 où un jeune John Travolta se déhanche sur les tubes des Bee Gees. Sur la droite, des portraits de Grace Jones et Diana Ross par Andy Wharhol ornent un mur. Plus loin, une réplique de la boule à facettes du Studio 54 est suspendue au milieu d’une pièce… N’en disons pas plus pour laisser le plaisir de la découverte…
La Philharmonie de Paris ouvre ses portes à cette exposition inédite consacrée au disco, une musique qui dépasse largement le simple cadre de la fête pour s’inscrire dans une histoire sociale et politique forte. L’exposition met en lumière comment la piste de danse a été un espace de catharsis, d'hédonisme et d’émancipation des corps, mais aussi un lieu de revendications pour les minorités, notamment les communautés LGBT+, afro-américaines et féministes. « Le disco, c’est avant tout un acte politique, » souligne l’équipe curatoriale. L’exposition revient ainsi sur ses premières années aux États-Unis et son enracinement dans les luttes pour les droits civiques. En coïncidant avec le 55e anniversaire de la première soirée disco organisée par David Mancuso dans son loft new-yorkais, la Philharmonie entend rappeler que la naissance du disco s’est faite loin des clubs commerciaux, dans un espace de liberté et d’émancipation.
L’exposition se structure en quatre sections thématiques :
-« Let's Groove » met en avant les icônes du disco, notamment les grandes voix féminines afro-américaines comme Donna Summer dont les paroles résonnent d’une forte dimension sociale et politique.
-« I am what I am » s’intéresse à l’impact des mouvements militants sur le disco, évoquant Stonewall et la façon dont cette musique a accompagné les combats pour l’égalité des droits LGBT+ et féministes. C’est dans cette section qu’on peut retrouver le tout premier Rainbow Flag (drapeau arc en ciel, le symbole des luttes LGBT+). Un peu plus loin, une salle est consacrée à la lutte contre le VIH qui coïncide avec la fin de l’ère disco. On peut y voir, entre autres, des œuvres de Keith Harring « Ignorance = Fear » (« Ignorance = Peur ») ou encore la fameuse main ensanglantée « You’ve Got Blood On Your Hands » (« Vous avez du sang sur les mains » de Ed Koch, en 1988 (Collectif Gran Fury).
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-« Night Fever » explore l’univers des discothèques, des technologies sonores et lumineuses, mais aussi des rituels sociaux liés à la nuit. On peut y voir des photos rares du Studio 54, discothèque mythique des nuits new-yorkaises.
-« Celebration » met en perspective l’héritage du disco jusqu'à aujourd’hui, de Madonna aux Daft Punk
Un mix exclusif de Dimitri from Paris accompagne cette visite, plongeant le public dans l'essence du son disco, de ses racines afro-américaines à ses multiples renaissances. Le catalogue « Disco. I’m Coming Out » prolonge l’exposition présentée à la Philharmonie de Paris avec des archives photos impressionnantes et des textes inédits de plusieurs journalistes experts-es du disco, dont Patrick Thévenin qui a écrit plusieurs chapitres et coordonné l’ouvrage.
Alors que les idées conservatrices tentent de réécrire l’histoire de cette musique (la présence des Village People à l’investiture de Donald Trump par exemple), l’exposition rappelle que le disco n’a jamais été qu’une simple invitation à la danse : il est aussi une revendication de liberté et un symbole de résistance.
Infos pratiques :
Quand ? Du 14 février au 17 août 2025
Où : Philharmonie de Paris, 221 Av. Jean Jaurès, 75019 Paris
Commissariat : Jean-Yves Leloup, commissaire
Marion Challier, commissaire-associée
Patrick Thévenin, conseiller
Direction artistique : GGSV (Gaëlle Gabillet et Stéphane Villard)