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    L'Actu vue par Remaides : Les Français-es et la prévention contre le VIH

    • Actualité
    • 16.08.2024

     

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    © DR

    Par Jean-François Laforgerie

    Les Français-es et la prévention contre le VIH

    En juin dernier, une étude réalisée par Toluna et Harris Interactive pour le compte de Gilead revenait sur les connaissances des Français-es sur le VIH (et plus largement les IST). « À l’approche des festivités estivales (Jeux Olympiques et paralympiques, nouvelles rencontres…) », dixit Gilead Sciences dans un communiqué, la firme pharmaceutique a choisi de mettre en avant un chiffre : « 53 % des Français déclarent ne pas se protéger systématiquement contre le VIH lors d’un rapport avec un nouveau partenaire ». Une façon pour le labo de montrer qu’un bon niveau d’information (ce que semble confirmer l’étude) ne « rime pas encore avec bons réflexes de prévention ». La rédaction de Remaides revient sur ces chiffres.

    Si on parlait du VIH
    Aujourd’hui, six Français-es sur dix estiment que l’on ne parle pas assez du VIH. Un chiffre qui peut surprendre.  Plus globalement, plus de la moitié des Français-es estiment que l’on ne parle pas assez des différents sujets liés à la sexualité mentionnés dans l’étude, qu’il s’agisse des différentes IST, des troubles sexuels, du consentement ou encore des violences sexuelles. Paradoxe, les Français-es estiment que l’on ne parle pas assez du VIH, mais les résultats de l’enquête expliquent néanmoins que les IST autres que le VIH (chlamydia, gonorrhée, syphilis, papillomavirus, etc.) apparaissent au premier rang des thèmes dont il faudrait parler davantage aux yeux des Français-es, devant le VIH lui-même.
    « Quant à l’idée que l’on parlerait « trop » de ces différents sujets, elle apparaît aujourd’hui marginale (moins d’une personne sur dix pour la plupart des sujets). Les moins de 35 ans, et en particulier les femmes de cette tranche d’âge, ne montrent pas les mêmes préoccupations que leurs aînés-es, mettant d’abord l’accent sur les troubles sexuels avant les IST et le VIH. Enfin, on remarque que les hommes de moins de 35 sont plutôt en retrait sur l’ensemble de ces questions par rapport au reste de la population », commentent les responsables de l’étude.

    Des Français-es bien informés-es sur le VIH ?
    De prime abord, les Français-es se sentent bien informés-es à propos du VIH (82 %, dont 22 % « très bien informés » même). Une opinion relativement stable depuis trois ans, et particulièrement forte chez les générations plus âgées, souligne l’institut de sondage. Bien informés-es ? Tout n’est pas si simple. Dans le détail, les moyens de transmission du virus, pourtant connus de longue date, ne sont pas toujours bien identifiés. Les relations sexuelles non protégées (par traitement anti-VIH ou préservatifs) avec pénétration et le contact du sang sont les situations perçues comme les plus à risque, devant la transmission de la mère à l’enfant pendant la gestation. Mais surtout, notent les responsables de l’étude, les Français-es « font peu la différence entre les situations avec et sans traitement, comme si le traitement n’avait pas d’impact sur la transmission à leurs yeux ». Et pour cause, ils-elles « connaissent encore assez mal la Prep, puisque seuls 28 % indiquent en avoir déjà entendu parler ». Quant aux autres moyens de prévention possibles, ils-elles identifient bien le préservatif (perçu comme le moyen de prévention le plus efficace derrière l’abstinence !), mais voient peu les autres mesures évoquées (dépistage, traitement d’urgence post-exposition, Prep, effet Tasp) comme des moyens de se protéger et d’être protégé-e. Néanmoins, lorsqu’ils-elles considèrent ces « différentes mesures comme des moyens de prévention, les Français se montrent conscients que celles-ci ne peuvent offrir une protection infaillible contre le virus. Même le préservatif est perçu comme un élément qui « protège mais pas à 100% » par une majorité (53 %) ».

    Une image « effrayante » du VIH/sida qui demeure
    Le VIH/sida garde aujourd’hui l’image d’une maladie effrayante (82 %), et dont on meurt encore beaucoup (66 %), indiquent les résultats de l’étude. Rares sont ceux-celles qui la caractérisent comme une maladie du passé (13 %). Le sida conserve également l’image d’une maladie qui ne se guérit pas auprès d’une majorité de la population (63 %), même si 33 % pensent le contraire. « L’image de la maladie n’est que peu influencée par l’orientation sexuelle, mais diffère en revanche selon l’âge, avec une peur plus marquée chez les générations les plus âgées, et une distance plus grande chez les plus jeunes qui y voient davantage une maladie du passé. Ainsi, l’idée qu’avoir un rapport non protégé est moins dangereux que par le passé, certes minoritaire dans l’ensemble (23 %), s’avère nettement plus répandue chez les moins de 35 ans (39 %) », notent les responsables de l’étude. Par ailleurs, l’idée que la plupart des IST aujourd’hui ne sont pas graves et se soignent facilement est également plus répandue chez les plus jeunes que leurs aînés-es (41 % contre 36 % en moyenne), tout comme l’idée que les préservatifs sont aujourd’hui utilisés pour éviter une grossesse plutôt que contre le VIH et les IST (63 % contre 55 % en moyenne). Quant au risque perçu d’être touché par le virus, « si un Français sur trois le considère élevé pour la population française en général, seuls 13 % considèrent ce risque élevé pour eux personnellement. Un chiffre plus élevé chez les moins de 35 ans, mais sans différence très nette selon l’orientation sexuelle. Cependant, l’impression d’avoir un risque « très faible » d’être infecté concerne davantage les personnes hétérosexuelles (58 %) que les personnes homosexuelles (29 %), qui évoquent plus souvent un risque « plutôt faible ».

    Des comportements de protection réels, mais pas toujours systématiques
    Face au VIH, les Français-es montrent des comportements de protection réels, mais pas toujours systématiques. En effet, chez les 52 % des Français-es qui indiquent avoir rencontré au moins un nouveau partenaire sexuel au cours des dernières années, plus de la moitié indiquent ne pas s’être protégés-es systématiquement (53 %). Un chiffre en hausse par rapport à 2020 (+ 4 points) et plus fréquemment rapporté chez les homosexuels que la moyenne. La raison la plus souvent avancée est la confiance accordée au- à la partenaire, et ce, chez toutes les tranches d’âge. Le confort et le fait de ne pas avoir de préservatifs sur soi sont également souvent mentionnés comme explications. En revanche, la question du coût des préservatifs n’apparaît pas parmi les premières raisons invoquées – d’ailleurs, la gratuité des préservatifs pour les moins de 26 ans n’est que partiellement connue de la population, même chez les premiers-ères concernés-es : seul un jeune de 15 à 25 ans sur deux indique être au courant de cette mesure. Concernant le dépistage, s’il est appliqué, il est encore loin d’être un réflexe infaillible. Près d’un-e Français-e sur trois admet ne pas se faire dépister systématiquement en cas de rapport exposant à un risque, et davantage encore chez les personnes homosexuelles et les moins de 35 ans. Parmi les premières raisons invoquées, l’impression de ne pas se sentir concerné-e, l’absence de symptômes et le fait de procrastiner.

    À qui parler du VIH ?
    Pour parler du VIH, les interlocuteurs-rices privilégiés-es des Français sont d’abord les professionnels-les de santé, avec qui il apparaît facile, voire très facile, d’aborder le sujet. Chez les femmes, le-la gynécologue apparaît comme l’interlocuteur-rice avec qui il est le plus facile d’en parler. Chez les moins de 35 ans, le sujet semble légèrement plus délicat à aborder d’une manière générale, et notamment avec le-la médecin de famille, tandis que les parents apparaissent comme les derniers interlocuteurs envisagés, explique l’enquête. Et pourtant, de leur côté, les parents semblent aborder le sujet plutôt facilement avec leurs enfants : près des trois quarts d’entre eux indiquent en avoir déjà parlé avec leur enfant âgé de 10 à 25 ans, dont 47 % déclarent l’avoir fait spontanément. Enfin, parmi les différents canaux possibles pour s’informer sur le VIH, quel que soit leur âge, les Français-es privilégient nettement les sites institutionnels, loin devant les articles de revues spécialisées, les émissions TV, les forums ou les vidéos d’influenceurs. Cependant, notons que les moins de 35 ans s’appuient légèrement davantage sur les forums, leur entourage ou encore les vidéos d’influenceurs par rapport à leurs aînés-es.

    Des commentaires d’experts
    Dans son communiqué, Gilead a sollicité des avis d’experts du VIH. « Il est inquiétant de constater qu’environ 20 % des Français pensent encore en 2024, 40 ans après la découverte du virus, que le VIH peut être transmis par une piqûre de moustique. Cette réalité, observée au quotidien sur le terrain, souligne le besoin persistant de pédagogie, de campagnes ciblées et en population générale, » explique le Pr Gilles Pialoux. De son côté, le Dr François Durand, directeur médical VIH de Gilead France, a expliqué : « Pour atteindre l’objectif de zéro nouvelle contamination à l’horizon 2030 en France, il est crucial que l’ensemble des acteurs impliqués dans la lutte contre le VIH poursuivent les efforts d’information et de sensibilisation à la prévention du VIH pour amener les Français à de meilleurs réflexes, notamment en matière de dépistage. Près de un cas de VIH sur trois est diagnostiqué à un stade tardif de l’infection : c’est une perte de chance considérable à titre individuel pour le patient dont la santé se dégrade, mais aussi à titre collectif, car en absence de connaissance du statut sérologique, le risque de transmission est très important ».
    Enquête réalisée en ligne du 7 au 11 juin 2024 par Toluna et Harris Interactive pour le compte de Gilead. Échantillon de 2 051 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).