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    Remaides 110 : disponible

    • Remaides

    remaides 110 couverture magazine revue refus de soins municipales 2020Cause commune(s) !

    Des ambitions pour les villes en France, les candidats-es aux municipales n’en manquent pas. Ça tombe bien, nous aussi ! Nous voulons qu’il n’y ait plus de nouvelles infections au VIH en 2030. Nous voulons la fin de toutes formes de discrimination et de stigma pour les personnes vivant avec le VIH et les hépatites virales, comme pour celles qui appartiennent aux populations ou groupes qui y sont exposés. Voici plus de 35 ans que AIDES et ses militants-es, comme d’autres associations partenaires, se battent sans relâche contre le VIH/sida et les hépatites virales. Des avancées, parfois gagnées de haute lutte, ont marqué la dernière décennie. Elles ont conforté notre espoir de mettre fin à l’épidémie de VIH en France à l’horizon 2030, mais nous sommes encore loin du compte.

    En 2020, pour atteindre l’objectif d’une fin de l’épidémie dans dix ans, nous devons parvenir à un palier, fixé par le ministère de la Santé en France. D’ici à la fin de l'année : 95 % des personnes vivant avec le VIH doivent connaître leur statut sérologique ; 95 % des personnes vivant avec le VIH diagnostiquées doivent recevoir un traitement anti-VIH ; 95 % des personnes qui reçoivent un traitement anti-VIH ont une charge virale durablement indétectable. C’est à cette triple condition, par un effet de cascade, que nous mettrons fin à cette épidémie. L’objectif est réaliste et atteignable. Au-delà, il nous faut exiger aussi zéro discrimination à l’encontre des personnes les plus exposées au VIH, condition sine qua non pour atteindre l’ensemble de ces objectifs. Des progrès ont été faits, c’est indéniable. On ne peut que le constater avec les exemples de Paris et de Nice. Ces deux grandes villes, l’une gérée par le PS, l’autre par Les Républicains, ont vu le nombre de découvertes de séropositivités chuter. Elles y sont parvenues parce qu’elles s’en sont donné les moyens. Mais ces progrès ne sont pas suffisants au regard de notre ambition commune. Ces deux exemples, prometteurs, ne doivent pas faire oublier que la fin du VIH n’est pas encore acquise dans ces deux villes, comme d’ailleurs dans d’autres grandes métropoles, dans l’hexagone comme dans les Outre-mer.

    Nous avons démarré, il y a quelques semaines, l’année 2020. Sera-t-elle couronnée de succès dans la lutte contre le sida ? Dans un avis publié en novembre dernier (1), le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) est catégorique. Au rythme actuel de baisse des découvertes de séropositivités (baisse qui ne concerne d’ailleurs pas tous les groupes exposés au VIH), nous n’allons pas y arriver. Nous voilà prévenus-es. Il faut faire plus, mieux, y aller plus fort encore.

    Il nous reste donc encore beaucoup à faire et cela commence dès maintenant ! De ce point de vue, cette année, les élections municipales, des 15 et 22 mars, sont un enjeu majeur. Cette échéance donnera aux candidats-es l’occasion de montrer leur implication concernant la santé, y compris sexuelle, de leurs administrés-es. Cela sera également l’opportunité, pour elles et eux, de développer leur offre d’accompagnement communautaire en prenant en compte les besoins de l’ensemble de leurs citoyens et citoyennes, y compris les personnes les plus précaires et isolées. Ce sera l’occasion pour les nouvelles équipes de s’engager sur ce sujet et pour les exécutifs sortant de faire leur bilan.

    Ce sera l’occasion d’avoir de l’audace. Comment expliquer que deux villes seulement se soient dotées d’une salle de consommation à moindre risque ? Les besoins se limitent-ils à Strasbourg et Paris ? Que feront désormais Bordeaux ou Marseille dont les projets et les engagements sont restés lettre morte ? L’occasion aussi de se rappeler que des maires ont censuré une campagne officielle de prévention du VIH, en 2016, pour des raisons « morales » dans un pays, où les nouvelles contaminations stagnent à un niveau élevé. À Paris, différentes associations, engagées de longue date dans la lutte contre le VIH et les discriminations, se sont associées, à l’initiative de AIDES, pour battre la campagne. À l’occasion du 1er décembre, elles ont rendu publique une plateforme de revendications sur la santé, les enjeux spécifiques qui se posent aux personnes vivant avec le VIH et les hépatites virales, et ceux qui se posent aux personnes appartenant à des groupes exposés au virus, éloignées du soin et souvent exposées aux discriminations. Personnes LGBTQI+, personnes migrantes, travailleurs et travailleuses du sexe, personnes usagères de drogues, personnes en situation de grande précarité tiennent le haut de l’affiche de nos revendications pour cette campagne. Car, c’est là que se joue le succès du combat. Cette mobilisation, particulière à Paris, où le VIH est un enjeu de santé majeur (2), AIDES la conduit partout en France où elle est présente. Elle le fait parce que c’est sur l’ensemble du territoire que nous devons nous donner les moyens de réussir.

    Aurélien Beaucamp, président de AIDES.

     

    (1) : https://cns.sante.fr/rapports-et-avis/nva-depistage-2019
    (2) : En 2018, à Paris, environ 900 personnes ont découvert leur séropositivité, soit 15 % des nouveaux diagnostics VIH en France métropolitaine. (3) : Remaides 110, hiver 2019, pages 54 à 67.

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