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    Remaides 107 : disponible

    • Remaides

    remaides 107Calibrage des concombres. Taille des cages à poules, etc.
    Depuis des années, on nous serine le mythe que 80 % de nos lois et réglementations nous seraient imposées par Bruxelles. On prête beaucoup à l’Europe, trop, et bien souvent de façon caricaturale voire injuste. Cela fait désormais partie du jeu politique que de dénigrer l’Europe, tout spécialement à l’approche des élections européennes (tous les cinq ans), comme si elle constituait davantage un fardeau qu’un avenir, plus un handicap qu’un espoir. Entendons-nous bien, les instances européennes sont largement perfectibles. Elles ont, dans bien des domaines, atteint leurs limites. L’écart qui se creuse entre les opinions publiques dans l’Union européenne et la sphère politique européenne est très largement imputable à cette dernière. Un certain flou juridique et politique entretient l’idée d’une influence excessive du droit communautaire sur le droit national. En matière de santé, ce sont entre 20 et 30 % des lois pour lesquelles on assiste à une « européanisation » (1). Un fonctionnement descendant, des règles empêchant le consensus, paralysant la décision, ternissent l’image d’une institution qui paraît lointaine et hautaine, et guère en phase avec les préoccupations et les aspirations des citoyens-nes. Nous en sommes là ; las aussi, d’ailleurs ! Las que l’on parle en boucle de l’Europe du libre-échange, ou de celle de la défense et que l’on réduise ce projet commun à ces seules ambitions. Nous en avons d’autres pour notre continent et notre avenir commun, dont celle d’une Europe de la santé. AIDES, avec d’autres organisations de la société civile, associations de patients-es et de personnes concernées (2), s’engage aujourd’hui pour que s’installe durablement dans l’agenda politique de l’Union européenne, de ses États membres et même des pays voisins, cette Europe de la santé. Nous l’avons imaginée et la défendons avec plusieurs ambitions. 

    Cette Europe de la santé — dont peu de personnalités politiques parlent, soit dit en passant — vise à renforcer les dimensions sociales du développement durable. C’est le moyen de réduire les inégalités sociales qui sont fortes, de mettre en place des systèmes de santé pérennes, universels et plus justes ; ce qui permettra d’améliorer les bons résultats en matière de santé pour toutes et tous. Nous la voulons respectueuse des droits humains, défendant un accès universel à la santé pour tous-tes. Une Europe de la santé qui renforcera la capacité des États et des citoyens-nes à accéder aux outils de prévention et aux traitements nécessaires pour mettre fin aux épidémies de VIH, d’hépatites et de tuberculose. Il ne faut pas voir dans notre démarche de l’opportunisme, ni la volonté de faire coïncider artificiellement nos revendications à la période politique qui s’ouvre avec les élections de mai prochain. Nous le faisons parce que personne d’autre ne le fait, ou ne s’y intéresse vraiment. Cette volonté s’appuie aussi sur une réalité qu’illustrent des données épidémiologiques inquiétantes et incontestables — dont peu de personnalités politiques parlent. En Europe, chez nous donc, l’épidémie de sida est très active. En 2017, pour l’ensemble de la région, ce sont 160 000 personnes qui ont découvert leur séropositivité. Plus de 53 % étaient à un stade avancé de l’infection. Le VHC fait également des ravages : 14 millions de personnes sont atteintes d’une hépatite C chronique en Europe et 112 500 personnes en décèdent chaque année. Pour ces deux épidémies, les populations les plus vulnérables figurent de façon disproportionnée parmi les nouveaux cas d’infection (3). De ce point de vue, l’Europe de la santé que nous voulons doit oeuvrer contre toutes les discriminations, qui contribuent à ces épidémies. De la même façon, cette Europe de la santé n’est pas uniquement tournée sur elle-même. Elle doit assurer sa vocation en matière de solidarité internationale dans le combat contre l’épidémie de sida au niveau mondial. Elle doit pleinement jouer son rôle pour que l’on atteigne les objectifs internationaux de fin de l’épidémie. En 2016, l’Union européenne était le sixième contributeur au Fonds mondial. Elle peut et doit faire mieux à l’occasion de la prochaine conférence de reconstitution des financements du Fonds mondial qui se déroule, cet automne, en France. Ces dernières années, l’Europe a été très secouée, faisant face à des défis majeurs qu’elle a bien souvent mal gérés. On peut citer la crise migratoire et sa gestion dramatique ; les choix politiques faits qui ont nui à la santé et aux droits des personnes. Ces prochaines années, elle devra faire face à d’autres défis en matière de politiques des drogues, d’accès universel aux médicaments, d’accès à la santé pour toutes et tous en Europe, etc. Ce sont quelques-uns des sujets qui sont abordés dans la campagne que nous lançons, avec d’autres, à l’occasion de ces élections européennes. Une campagne qui conduit à un objectif accessible : une Europe sans sida, ni hépatites en 2030. Un objectif dont aucune personnalité politique ne parle, encore une fois !
    Aurélien Beaucamp, président de AIDES

     

    Notes de bas de page :
    (1) : Cela concerne huit pays dont la France pour la période 1986-2005. Source : www.institutdelors.eu

    (2) : Coalition PLUS, AIDES, Aras, GAT, Groupe sida Genève, Actions Traitements, Abraco, AIDS Action Europe, Deutsche AIDS Hilfe, Fédération Addiction, HIV Danmark, HIV Finland, médecins du Monde, Nova +, Positive Voice, Praksis, Sidaction, etc.
    (3) : 30 % sont des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, 15 % des personnes injectrices, etc.

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