En finir avec la guerre contre les drogues : 56 associations formulent leurs recommandations aux parlementaires européens-nes
- Publication
- 23.04.2024
© « Just say no to the war on drugs », Coalition PLUS (2018)
En finir avec la guerre contre les drogues en Europe et dans le monde :
notre vision de l'Europe de la santé
À l’approche des élections européennes de 2024, qui auront lieu du 6 au 9 juin, AIDES et plusieurs associations partenaires du réseau international de lutte contre le sida de Coalition PLUS publient un Manifesto assorti de recommandations à destination des futurs-es parlementaires européens-nes. Dépénalisation des drogues, déploiement de la réduction des risques liés à la consommation de produits psychoactifs à l'échelle européenne, valorisation de l’approche communautaire… nous appelons l’Union Européenne (UE) à mettre en place une politique des drogues centrée sur la santé et le respect des droits humains, qui lutte contre toutes les formes répressives de discrimination et de stigmatisation.
Dans l’un de ses domaines d'intervention « Sauver des vies : décriminaliser », l'ONUSIDA affirme une position forte selon laquelle « la décriminalisation est un élément essentiel pour mettre fin au sida d'ici à 2030 ». De plus, contrairement aux idées reçues, la décriminalisation n’incite pas à la consommation de drogues. En effet, depuis la dépénalisation en 2011, les niveaux de consommation observés au Portugal sont restés en-deçà de la moyenne européenne, quel que soit le produit. C’est particulièrement le cas parmi les jeunes : au sein de l’UE, le Portugal enregistre les niveaux de consommation parmi les plus bas dans la classe d’âge des 15-34 ans.
La dépénalisation favorise la réduction des risques et diminue les risques de transmission à VIH et VHC
La pénalisation de la consommation de produits psychoactifs marginalise les usagers-ères de drogues. Elle les contraint à cacher leur consommation par crainte d’être criminalisés-es ou stigmatisés-es, et les éloigne de fait du système de santé et de la réduction des risques. Ces constats sont partagés par l’OMS, l’ONUDC et par l’ONUSIDA. Cette dernière déclare : « il a été démontré que les lois punitives bloquent l'accès aux services liés au VIH et augmentent le risque de contracter le VIH » et que « les pays qui criminalisent les populations clés [y compris les personnes qui consomment des drogues] ont moins progressé vers les objectifs de dépistage et de traitement du VIH au cours des cinq dernières années ». Les politiques répressives représentent donc un frein au recul des épidémies VIH et VHC.
Quand on considère les pays de l’Union européenne, on retrouve chez ceux ayant dépénalisé la consommation et redoublé d’efforts sur la réduction des risques, une prévalence du VIH et du VHC beaucoup moins importante. C’est par exemple le cas de la Croatie et de la République Tchèque, dont les consommateurs-rices ont environ cent fois moins de risques d’être infectés-es par le VIH et deux fois moins par le VHC qu’en Pologne ou encore en Roumanie. De plus, le nombre de programmes de réduction des risques déployés est en moyenne 20 fois plus élevé dans les pays qui ont dépénalisé.
au Parlement européen de mettre fin à la guerre visant les usagers et les usagères de drogues :
- d'adopter une position forte pour que soient supprimées les lois criminalisant la consommation et la possession de drogues pour usage personnel ;
- de favoriser l'implication de la société civile et des personnes concernées dans l'élaboration des politiques, leur mise en œuvre et leur évaluation ;
- de permettre le renforcement des dispositifs de recueil de données, de veille sanitaire et des programmes de recherche dans le suivi de la dépénalisation ;
- de porter une voix progressiste et humaniste sur la scène internationale en demandant à ce que les politiques de drogues s’inscrivent dans les objectifs de développement durable et les recommandations du Groupe Pompidou.
une mise en œuvre et un financement des interventions fondées sur des données probantes, en matière de réduction des risques, suivant les recommandations officielles de l'OEDT, de l’OMS et de l’ONUSIDA, avec :
- des politiques de réduction des risques ambitieuses pour tous-tes et qui prennent en compte les besoins spécifiques des femmes, des personnes en migration, des personnes trans, des travailleurs-ses du sexe, des personnes en prison, des personnes sans-abris, des jeunes et des personnes consommant des produits dans un contexte sexuel (chemsex) ;
- l’accès gratuit et universel aux différents traitements de substitution, l’accès gratuit à la Naloxone® (traitement d'urgence des surdoses) sous toutes ses formes (spray nasal et injection intramusculaire) et sa délivrance communautaire ;
- le renforcement de la mise à disposition gratuite de matériel de réduction des risques ;
- la promotion des salles de consommation à moindre risque offrant des installations d’injection supervisée ;
- le renforcement de l’éducation et l’accompagnement à l’injection ;
- le développement de l’analyse et du testing de drogues comme outil de réduction des risques (RDR).
Les signataires du Manifesto
100 % LIFE ; Abraço ; ACATHI ; ACCEPT ; Actions Traitements ; Adhara ; AIDES ; AIDS Action Europe ; APDES ; Apoyo Positivo ; Arcoiris Entiende LGTBI ; ABD ; ARAS ; Asociación Siloé ; AVACOS ; Coalition PLUS ; Col.lectiu Punt 6 ; Colectivo San Blas ; ComitéVLC ; CALCSICOVA ; C-EHRN ; DPNSSE ; EATG ; EuroNPUD ; Exæquo ; Existencias ; FCD ; féda BXL ; Fédération Addiction ; FBMN ; Gais Positius ; GAT ; IDPC ; INPUD ; Lambda col.lectiu ; Médecins du Monde ; MozaiQ ; Odyseus ; Omsida ; PARADA ; PFSCD ; Positive Voice ; PREKURSOR ; RHRN ; Romanian Angel Appeal ; SAFE ; Ser+ ; Sida Studi ; Stop. ; The Love Tank CIC ; TpT ; UNAD ; UNOPA ; Vila-diversitat ; WHRIN ; Young Wave.