20 ans du Fonds mondial : une conférence de reconstitution décisive pour mettre fin au VIH/sida !
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La 7ème Conférence de reconstitution du Fonds mondial, c’est quoi ?
Tous les trois ans, la communauté internationale se retrouve pour financer la lutte mondiale contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme à travers le Fonds mondial.
La 7e Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial se tiendra du 19 au 21 septembre à New York. Un moment crucial pour la lutte contre les trois maladies et d’autant plus décisif qu’il se tient dans un contexte sanitaire, géopolitique, social et économique contraint.
Si le Fonds mondial a permis de faire considérablement progresser la lutte en réduisant la mortalité combinée des trois maladies par plus de la moitié , nous sommes encore loin du compte et de l’éradication des trois maladies de la surface de la planète. La réunion onusienne de haut-niveau sur le VIH/sida a notamment établi à 29 milliards de dollars l’investissement annuel nécessaire dans les pays à faibles et moyens revenus pour revenir sur le chemin des objectifs 2030 de fin du VIH/sida . Un objectif aussi vertigineux que nécessaire dans lequel la France doit prendre ses responsabilités. Les outils, stratégies et méthodes pour mettre fin au VIH/sida sont entre nos mains, il faut désormais y mettre les moyens financiers et la volonté politique.
C’est pourquoi AIDES demande au Gouvernement de faire le nécessaire en contribuant à hauteur de 2 milliards d’euros lors de la Conférence de reconstitution du Fonds mondial.
2022, une année décisive dans la lutte contre le VIH/sida
Dans son rapport de résultats 2021 retraçant les indicateurs de la lutte contre les trois maladies durant l’année 2020, le Fonds mondial fait état de reculs inquiétants voire catastrophiques. Les dépistages au VIH ont chuté de 22% et la prévention a baissé de 11% par rapport à 2019 . Ces chiffres représentent 29 millions de personnes dépistées et 1,2 million de personnes touchées par des programmes de prévention en moins en l’espace d’une seule année.
Le risque d’une recrudescence de l’épidémie de VIH/sida n’a jamais été si élevé.
2022 marque aussi les 20 ans du Fonds mondial, un partenariat innovant qui a su porter ses fruits. C’est aussi l’année de sa 7e Conférence de reconstitution des ressources, prévue du 19 au 21 septembre à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Le monde est à un carrefour et les décisions qui seront prises cette année façonneront le futur de la lutte comme rarement auparavant. Un sous-financement du Fonds mondial grèvera pour des années la lutte contre le VIH/sida. Le moindre manque de courage politique de la communauté internationale, notamment des pays dits grands donateurs, tel que la France, fera peser la lourde responsabilité d’infections à la hausse et inévitablement d’une reprise de la mortalité liées au sida, pour la première fois depuis 2004, l’année la plus meurtrière de l’épidémie.
Une reprise de l’épidémie aurait des conséquences concrètes sur la vie de millions de personnes et endommagerait durablement la sécurité sanitaire, alimentaire et sociale de nombreuses régions du globe.
2 milliards d'euros : notre exigence pour la France !
La France doit contribuer à hauteur des besoins de la lutte. Elle en a les moyens !
La France doit contribuer à hauteur de 2 milliards d’euros à la 7ème Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial. Ce qui représente une augmentation de plus de 50% de l’engagement financier français par rapport à la précédente conférence de reconstitution.
Cette cible financière pour la France apparaît comme la seule solution pour assurer le respect des objectifs 2030 de fin du VIH/sida tels que fixés par les Nations Unies et pour lesquels s’est engagée la communauté internationale.
Face aux reculs alarmants liés à la crise sanitaire du COVID-19, face aux signaux inquiétants de retrait de la part de plusieurs grands Etats donateurs (Royaume-Uni, Allemagne, Canada), toute contribution inférieure à 2 milliards d’euros devra être payée au double, voire au triple dans les prochaines années. Le chiffre peut paraître exorbitant mais devient vite assez dérisoire quand on le compare aux dépenses françaises liées au COVID-19 qui atteignent plusieurs centaines de milliards d’euros (de la prévention et des vaccins aux subventions et prêts garantis par l’Etat). Des leviers budgétaires existent déjà pour financer cette contribution. Les financements dits innovants, et en particulier la taxe sur les transactions financières (TTF) et la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) ont été créées pour faire contribuer les bénéficiaires de la mondialisation à la lutte contre les inégalités mondiales. Ces deux taxes rapportent près de 2 milliards d’euros annuellement. Valoriser ces mécanismes justes et efficaces (en augmentant leur assiette, leur taux et leur allocation au développement international) et les considérer comme ils ont été pensés (c’est-à-dire additionnels à l’aide publique au développement et non partie de cette dernière) permettrait de contribuer de façon ambitieuse au Fonds mondial sans menacer le budget général de l’Etat ou les autres postes de dépense de la solidarité internationale.
Enfin, une contribution accrue au Fonds mondial permettrait à la France de s’aligner davantage sur ses propres priorités en santé mondiale. En effet, la nouvelle stratégie 2023-2027 du Fonds mondial coïncide avec les engagements législatifs et les nouvelles priorités en santé mondiale fixées par le Gouvernement : une approche centrée sur l’individu et les communautés, la défense des droits humains et du genre (notamment par et pour les populations clés) qui participe au respect des objectifs de développement durable – Agenda 2030 des Nations unies.
Le président Macron, durant sa campagne de réélection, s’est engagé à investir davantage dans la santé mondiale pour lutter contre les inégalités d’accès aux soins . Il lui revient de passer aux actes et de donner l’exemple.
Nos revendications
- Une augmentation de plus de 50% de la contribution française pour atteindre 2 milliards d’euros, en phase avec les engagements du Président et les besoins de la lutte tels que fixés par le Fonds mondial, l’ONUSIDA et les associations de la société civile internationale.
- Une augmentation générale des contributions des Etats donateurs pour dépasser les 18 milliards de dollars, strict minimum établi par le Fonds mondial et cible non suffisante pour mettre fin aux trois pandémies d’ici 2030.
- Une affirmation du leadership et des priorités françaises au sein des instances multilatérales en santé, dont le Fonds mondial :
- Un renforcement des systèmes de santé public et communautaire pérenne, inclusif et transversal ;
- La reconnaissance et l’inclusion des agents de santé communautaires, chevilles de la lutte contre le VIH/sida ;
- La défense des droits humains et du genre en levant les barrières visant les populations clés et luttant contre la stigmatisation et la discrimination ;
- Un réel engagement politique, passant notamment par un accompagnement accru à la transition des pays desquels le Fonds mondial se désengage progressivement.
- Une inclusion constante et effective des besoins et revendications des communautés affectées, des populations clés et des sociétés civiles concernées dans les mécanismes de prise de décision en santé mondiale.
- Un renforcement du système de solidarité internationale et de lutte contre les inégalités mondiales en valorisant les financements innovants (augmentation du taux, de l’assiette et de l’allocation au développement de la TTF) et en garantissant leur complémentarité à l’aide publique au développement (APD).