LA LOI AVIA NE NOUS RENDRA PAS MOINS MILITANTS-ES ! AIDES S'INDIGNE DE LA CENSURE SUBIE PAR LES ACTIVISTES LGBTQI+ ET LES TRAVAILLEUSES-EURS DU SEXE
- Communiqué
Depuis le vendredi 22 mai dernier, plusieurs militants-es travailleurs-ses du sexe, de la lutte contre les LGBTIphobies et de la lutte contre le VIH, ont été contraints-es à une censure soudaine sur les réseaux sociaux. Nous avons ainsi assisté à la suspension des comptes de plusieurs de nos membres et alliés-es. Avant même la mise en application de la loi Avia, censée lutter contre les contenus haineux sur Internet, nous constatons ses effets néfastes : bloquer les comptes militants, c’est censurer les messages de prévention et faire le jeu des LGBTIphobies et de la putophobie, complices du VIH. Devant ce constat intolérable, nous exigeons la révision de cette loi liberticide qui met en danger l’avenir de nos luttes.
Malgré nos alertes, la proposition de loi « Lutte contre le contenu haineux sur Internet » portée par la députée LREM Laetitia Avia a été votée mercredi 13 mai dernier. Il n’a pas fallu attendre longtemps pour voir les géants des réseaux, Facebook et Twitter en tête, « anticiper » la mise en application de la loi, prévue pour le 1er Juillet en suspendant quasi-automatiquement les comptes de militants-es comportant les termes « pédés », « pute », ou « gouine ». Alors que la réappropriation des insultes LGBTIphobes et le retournement du stigmate est une construction majeure de nos identités depuis plus de 50 ans, permettant aux personnes de s’affirmer, les algorithmes bêtes et méchants des réseaux les considèrent comme le « contenu haineux », contre lequel la loi Avia entend lutter.
Cette systématisation, vidée de tout contexte et interprétation a pour conséquence la suspension d’une quarantaine de comptes d’acteurs-ices de la lutte contre le VIH et les LGBTIphobies, ainsi que de travailleurs-ses du sexe, les empêchant de transmettre leurs messages de prévention ou leurs revendications. Comme nous le redoutions, cette censure n’est non seulement pas efficace puisque de nombreux comptes haineux n’ont pas subi ce traitement radical, mais surtout néfaste pour nos combats, qui vivent à travers ceux qui les incarnent et qui en transmette les messages. Les mails d’excuses standardisés adressés par Facebook aux comptes concernés ne sont évidemment pas une réponse satisfaisante.
Nous exprimons notre colère de voir ainsi nos membres et alliés-es bâillonnés-es de la sorte et leur exprimons toute notre solidarité. Nous redoutons l’amplification de ce phénomène dès lors que la mise en application de la loi sera effective. Aujourd’hui il s’agit d’une censure contre la façon dont nous nous définissons, demain, la censure des mots « sexe » ou « sexualité » pourrait enterrer toute possibilité d’expression de nos messages sur ces supports absolument nécessaires à leur transmission.
Nous exigeons d'une part la fin de toute suspension de comptes de militants-es LGBTQI+ et de travailleuses-eurs du sexe s'appropriant les termes « pédé », « pute » ou « gouine » et d'autre part la révision de cette loi qui, nous le constatons, entrave les luttes contre les LGBTQIphobies et le VIH.
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AIDES
Adèle Simon
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