2019 : certains-es ont pu crier victoire, nous préférons parler d’espoir
- Actualité
- 31.12.2019
Certains-es ont pu crier victoire, nous préférons parler d’espoir.
L’année 2019 a été marquée par deux temps forts dans la lutte contre le VIH/ sida. La tenue du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme à Lyon les 9 et 10 octobre et l’annonce d’une baisse, qualifiée d’historique des découvertes de séropositivités.
A Lyon, le 10 octobre, sous l’impulsion de la France, les pays contributeurs se sont engagés sur un montant global de 13,92 milliards de dollars, permettant de sauver 16 millions de vies. Notre mobilisation et celle des toutes les associations de lutte contre le VIH/sida tout au long de l’année 2019, nous a permis d’atteindre cette somme conséquente. Une nouvelle encourageante, mais les 13,92 milliards de dollars constitue un minimum pour éviter la reprise des épidémies. Les associations internationales et l’ONU avaient évalué qu’il faudrait entre 16,8 et 18 milliards pour mettre un terme aux épidémies en 2030.
En octobre également, Agnès Buzyn a annoncé une baisse historique des découvertes de séropositivités en France. Encore un fois, cette nouvelle est porteuse d’espoirs et nous indique que nos 35 années de militantisme constant portent leurs fruits. Mais cette baisse est relative. Elle ne concerne pas tout le monde et reste en deçà des objectifs intermédiaires pour mettre fin au VIH en France d’ici 2020 fixés par le ministère de la santé.
Il reste encore beaucoup à faire pour pouvoir offrir à toutes et tous un accès égal à la santé. Tout au long de l’année nous avons dû prendre la parole pour défendre les droits des personnes les plus vulnérables, des personnes concernées directement par l’épidémie qui se sont vues menacées par des lois répressives. Restriction de l’accès aux soins des personnes étrangères y compris des demandeurs-euses d’asile, loi de pénalisation des clients des travailleurs-euses du sexe ou encore politiques répressives contre les drogues. Des lois qui entravent les personnes concernées, particulièrement vulnérables au VIH, dans leur accès au dépistage, mais également aux soins et aux traitements.
Quels que soient leur origine, leur profil, leur statut administratif, leur profession, c’est le droit à la santé qui a guidé toutes nos prises de parole et actions au fil de l’année. C’est dans la lutte contre toutes les inégalités que se joue le combat pour éradiquer l’épidémie ! En 2020, nous continuerons de lutter contre les lois incohérentes pour mettre enfin un terme à l’épidémie de VIH !
Janvier
Fonds mondial : l'Elysée annonce un objectif fixé à 14 milliards de dollars
L’année 2019 s’est ouverte avec une annonce alarmante. Les objectifs financiers communiqués par la France et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ne correspondaient pas aux investissements préconisés par l’ONU pour mettre fin aux trois pandémies d’ici à 2030. Aux côtés d'Action Santé Mondiale, Coalition +, Equipop et Médecins du Monde, nous avons alerté sur les conséquences dramatiques d'un tel désengagement pour les personnes concernées par les trois pandémies.
"L’avis suisse" a 11 ans
C'est le 30 janvier 2008 que trois médecins a publient dans un bulletin leur avis sur un risque "quasi nul" de transmission du VIH chez les personnes séropositives dont le traitement est efficace. Ce sont les prémices du TaSP (Treatment As Prevention soit le "traitement comme prévention") et du fameux Indétectable = Intransmissible, que l'on connaît aujourd'hui. En mars 2014, une étude nommée PARTNER sur les couples sérodifférents confirmera définitivement cette bonne nouvelle : aucune transmission du virus par les personnes séropositives sous traitement, avec une charge virale indétectable. Pourtant, aujourd'hui encore, le message semble ne pas trouver l'écho qu'il mérite dans nos communautés. En 2019 encore, nous n'avons eu de cesse de répéter : I = I !
Février
Le Conseil constitutionnel se positionne en faveur de la pénalisation des clients
Le mois de février 2019 s'est ouvert dans la colère. Le Conseil constitutionnel a rejeté la demande de travailleurs-eurs du sexe d'abroger la pénalisation des clients, de la loi prostitution d'avril 2016. Aux côtés de Médecins du Monde, d'Acceptess-T, du Bus des femmes, de Cabiria, de la Fédération parapluie rouge, de Grisélidis, de Paloma, du Strass, d'Act Up Paris, d'Act Up Sud Ouest, d'Arap Rubis, d'Arcat, d'Autres Regards, de Avec nos Ainées, des Elus Locaux Contre le Sida, de l'Inter-LGBT, du Planning familial, Des roses d’Acier, de Sidaction et de Trans Inter Action, nous avons dénoncé cette décision qui favorise les contaminations, la précarisation des travailleurs-eurses du sexe et les violences à leur encontre.
Une RéLOVution dans la prévention
Forts-es des avancées en matière de prévention qui, combinées, offrent une réelle chance de se débarrasser du virus pour de bon, nous avons décidé de mener une campagne à destination des hommes gays et bisexuels, les HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes). Pourquoi ? Parce que ces derniers ont 250 fois plus de risques d'être contaminés qu'un homme hétéro. Nous avons donc décidé de mettre l'accent sur la combinaison de plusieurs stratégies de prévention (capotes, dépistages, Prep, traitement antirétroviral) en rappelant qu'elles permettaient déjà une diminution inédite du nombre de contaminations à San Francisco, New York, Londres et Sydney. Avec un ton enjoué, nous avons résumé ces informations clés dans une série de quatre vidéos aux couleurs très vives pour insister sur le fait que nous nous avons désormais les moyens d'avoir une sexualité apaisée et épanouie, quel que soit notre statut sérologique !
Femmes et VIH : des témoignages précieux
En amont du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, nous avons diffusé plusieurs vidéos témoignages de femmes sur la question du VIH, puisqu'elles demeurent encore invisibilisées sur cette question qui, pourtant, les touche encore aujourd'hui de plein fouet. Retrouvez les précieuses paroles de Gys, Joséphine, Nadine, Victoir, Safia, Brenda et Maëlys ici.
Mars
Femmes : plus de droits moins de VIH !
Pour lutter efficacement contre le VIH/sida, il faut s'attaquer de front aux inégalités de genre, avons-nous martelé dès le début du mois de mars 2019. À l'occasion du 8 mars, nous avons tenu à rappeler que la première cause de mortalité pour les femmes de 15 à 49 ans dans le monde était encore, en 2019, le sida. "La France, qui affiche une diplomatie “féministe”, doit assumer sa position en promouvant et en finançant des politiques appliquant l’approche genre, notamment en matière de lutte contre le VIH/sida, avec l’objectif de transformer la société et d’agir sur les rapports de pouvoir inégalitaires entre les femmes et les hommes. L’implication de la société civile, en particulier féministe, est primordiale pour répondre à ces enjeux. Sa présence dans tous les processus de gouvernance est essentielle, à commencer par la Présidence française du G7 et la reconstitution du Fonds mondial", avons-nous alors conclu dans notre communiqué inter-associatif daté du 8 mars.
Encore 10 ans de perdus avec la guerre aux drogues...
En réaction à la Déclaration politique de l'ONU en ouverture de la 62e Commission des stupéfiants (CND), qui annonçait poursuivre et même accélérer la voie de la répression pour les 10 années à venir, nous avons décidé de rappeler à quel point les politiques répressives étaient contre-productives en matière, notamment, de santé publique. Non seulement l'application de cette posture morale est vouée à l'échec, mais en plus, ses conséquences sont désastreuses : contaminations, overdoses, emprisonnement massif, demande en hausse continue et développement du crime organisé ! Aux côtés du think tank FAAAT, de la Fédération Addiction, de Médecins du monde et de NORML France, nous avons rappelé aux États membres en quoi cette approche nuisait aux missions de promotion de la paix et des droits humains énoncés dans la Charte des Nations Unies.
Désintox : la Prep fonctionne, il faut le dire
En mars 2019, nous avons signé une importante tribune, aux côtés des plus grands noms de la médecine et de la recherche, en faveur de la Prep. Nous appuyant sur des données scientifiques, ainsi que sur les premiers retours encourageants sur le terrain et le soutien de l'OMS, nous avons tenu à rappeler ce fait très simple : la Prep marche. Nous avons également pris le temps de rappeler que la hausse des IST que certains-es reprochent à la prophylaxie pré-exposition, est antérieure à la Prep.
"Nous médecins, chercheurs-ses et militants-es de la lutte contre le sida, ne croyons pas aux miracles. Nous défendons une palette de prévention adaptée à toutes les pratiques, à tous les parcours de vie, à toutes les personnes, au Nord comme au Sud, sans stigmatiser ni juger aucune sexualité, aucune origine. [....] Combattre la Prep, c'est faire le choix de la peur et de la morale, plutôt que celui de la science et de la santé publique."
"C'est bon, vous avez le mariage, ça n'existe plus l'homophobie, laissez-nous tranquille avec ça". Lassés-es d'entendre ce type de discours, alors que 2019, on recensait encore une agression homophobe ou transphobe toutes les 33 heures, et une agression verbale LGBTQIphobe toutes les huit heures, nous avons décidé de visibiliser cette violence. À l'aide d'un pansement arc-en-ciel, d'un filtre reproduisant le dit pansement sur Facebook et du hashtag #LHomophobieFrappeToujours, nous avons mobilisé la communauté ainsi que nos alliés-ées pour dénoncer la persistance des violences faites aux minorités de genre et d'orientation sexuelle.
Avril
Plouf plouf ce-trai-te-ment-ne-se-ra-pas-pour-toi...
"Des médicaments c'est bien. Y avoir accès c'est mieux", avons-nous souligné au mois d'avril 2019, avec notre campagne Alerte Médicaments. Saviez-vous qu'un-e français-e sur quatre a déjà fait les frais d'une pénurie de médicaments ? Avez-vous constaté que les nouveaux médicaments sont toujours plus chers ? En tant qu’association de personnes qui se sont battues pour l’accès pour tous-tes aux traitements contre le sida, nous avons lancé l’alerte pour que l’accès aux médicaments ne devienne pas un luxe réservé à certains-es. Via cette campagne, nous avons appelé les laboratoires et l'État à plus de transparence, à la prise en compte systématique des patients-es dans le cycle du médicament, à briser les monopoles abusifs, à promouvoir la recherche publique, réviser les législations européennes qui obstruent l'accès au médicament et à renforcer les obligations des entreprises pharmaceutiques.
Nous avons obtenu à l’issue de notre mobilisation, l’adoption par l’Assemblée nationale d’une avancée majeure pour la transparence des prix. Un amendement oblige désormais les firmes pharmaceutiques à rendre public le montant des investissements publics de recherche et développement dont elles ont bénéficié pour le développement des médicaments. Cette mesure permet de saisir l’écart entre le prix réel du médicament et celui fixé par les laboratoires pharmaceutiques. C’est une grande avancée vers des négociations de prix plus justes et soutenables pour le médicament.
Mai
Laurent Kerusoré s'engage à nouveau contre le sida avec AIDES
Très impliqué dans la lutte contre les LGBTQIphobies, et soutien enthousiaste de notre association, l'acteur Laurent Kerusoré a lancé une tombola solidaire, via Karmadon, entièrement au profit de AIDES. Le gros lot ? Passer une journée sur le tournage de Plus Belle La Vie à ses côtés ❤
Le mot "transphobie" entre au dictionnaire
Il était temps ! Il aura fallu attendre la très médiatisée agression transphobe de Julia Boyer, et ses réactions exemplaires face à l'interprétation raciste que l'on a voulu faire de son expérience, pour que le mot "transphobie" entre, enfin, au dictionnaire, en mai 2019. Merci au Petit Robert de s'être mouillé, donc. Une annonce qui a souligné le besoin d'expliciter le mot "cisgenre", inverse de "transgenre", donc, dans l'édition suivante du célèbre dictionnaire, pour continuer de questionner et de déconstruire la norme.
Pour continuer de préparer le terrain pour le Fonds Mondial, prévu à Lyon en octobre 2019, nous sommes partis-es à la recherche d’un certain Emmanuel. Nous avons lancé une campagne aux couleurs néons, incitant les internautes à se mobiliser pour trouver cette personne et lui faire part d’un message : la fin du sida dans le monde est entre ses mains ! Nous avons déployé tous les moyens pour trouver ce fameux Emmanuel, via un site dédié je-connais-un-emmanuel.com et une offre d’emploi de Responsable de la fin du sida est disponible sur LinkedIn et dans l’espace recrutement aides.org.
Juin
Première marche des fiertés en banlieue à Saint-Denis
Chaque année, le mois de juin voit défiler les prides des villes, grandes et petites, les unes après les autres... Et elles sont de plus en plus nombreuses chaque année. Pour nous, ne pas prendre part à la première marche des fiertés de Saint-Denis,le 9 juin, n'était pas une option. Dans la volonté de lutter contre les LGBTQIphobies partout où elles se trouvent, et de déconstruire l'imaginaire raciste qui voudrait que les violences LGBTQIphobes soient spécifiquement le fait "des étrangers", nous avons été nombreux-ses à porter les couleurs d'AIDES dans cette manifestation.
« LE SPOT » a trois ans
Lancés le 30 juin 2016, deux centres novateurs de prévention et de santé sexuelle « LE SPOT » à Paris et à Marseille ont fêté leur troisième anniversaire et font le point sur les avancées réalisées. Le pari ? Proposer dans un cadre intimiste et cosy une offre globale en prévention et en santé sexuelle : dépistage du VIH et des IST, mise à disposition de matériel de réduction des risques (préservatifs, lubrifiant, kits d’injection, etc…) de traitement préventif et d'urgence contre le VIH, vaccination contre les hépatites A et B, mais aussi des consultations psy, sexo, addicto... Chacune et chacun peut bénéficier d'un accompagnement personnalisé, assuré par nos militants-es : conseils en réduction des risques, entretiens individuels, groupes de parole, éducation thérapeutique... ET bien sûr le tout gratuitement, avec toutes les garanties de confidentialité.
Les 50 ans de Stonewall
Les marches des fiertés 2019 marquaient cette année le cinquantenaire des émeutes de Stonewall, fondatrices des luttes LGBTQI modernes. La première commémoration de ce soulèvement de la contre-allée contre le harcèlement policier en 1969 à New York, une année plus tard, était la toute première pride ! L'occasion de célébrer les batailles remportées mais aussi de se rappeler l'importance de continuer à se battre pour ne pas se contenter des miettes. Afin de rappeler que les oppressions faites aux minorités de genre et d'orientation sexuelle font, encore aujourd'hui, le lit de l'épidémie de VIH, notre mot d'ordre pour les prides de 2019 était "LGBTphobies = sida".
Juillet
Action au Louvre contre la crise des opioïdes
Afin d'interpeller la France sur la crise sanitaire majeure des opioïdes, nous avons rejoint les membres de l'association américaine PAIN (Prescription Addiction Intervention Now) dans une action de grande ampleur devant le Louvre. En effet, la restauration de plusieurs salles du musée parisien sont financées par la famille Sackler, propriétaire des laboratoires Purue et Mundipharma, qui commercialisent l'oxycontin, médicament opiacé à l'origine d'une grave crise en Amérique du Nord. Nous avons saisi cette opportunité pour visibiliser l'inquiétude de 90 médecins addictologues et de l'Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies, face à la montée d'un phénomène semblable en France. "Avant que la France ne soit le terrain d’un drame similaire à celui de l’Amérique du Nord, il est urgent que les pouvoirs publics réagissent et réforment la politique des drogues, inefficace, incohérente et qui porte atteinte à la santé des usagers-es. D’un côté, une guerre aux drogues illicites est menée via une politique répressive qui ne réduit pas les consommations. De l’autre, il existe des drogues licites, comme les analgésiques à base d’opiacés qui ne sont pas distribués avec toutes les précautions requises et qui peuvent générer des addictions et overdoses", avons-nous alerté dans notre communiqué du 1er juillet 2019.
Les tests de dépistage gratuits en laboratoires
Le mois de juillet 2019 a été le théâtre d'une expérience réjouissante, prévue sur une année entière à Paris et dans les Alpes Maritimes et financée par l'Assurance Maladie. Afin de redonner une impulsion au dépistage, et donc de contribuer à faire baisser les contaminations au VIH, de nombreux laboratoires de ces deux départements se sont mis à proposer des dépistages gratuits, sans ordonnance, sur simple présentation d'un numéro de sécurité sociale. Des solutions ont également été prévues pour les personnes n'ayant pas de couverture santé, ou souhaitant rester anonymes.
Pour se faire dépister ? Juste un doigt !
Puisque la question du dépistage suscitait un réjouissant regain d'intérêt durant cet été 2019, nous avons réalisé puis partagé une vidéo expliquant l'intérêt et le fonctionnement des Tests Rapide d'Orientation Diagnostique (TROD). Si vous ne l'avez pas encore regardée, nous vous souhaitons un bon visionnage !
Moussa obtient ENFIN le droit d’asile
Après une bataille acharnée de plus de 466 jours et une mobilisation sans faille de AIDES et d'associations partenaires, Moussa, militant nîmois d'AIDES, enfin pu obtenir l'asile en France et éviter l'expulsion vers la Guinée, où il était persécuté en raison de son orientation sexuelle. Une bonne nouvelle que nous avons pris le temps de célébrer, avant de poser la question qui continue encore à ce jour à nous tarauder : combien faudra-t-il encore de cas comme celui de Moussa avant que les procédures d'accueil cessent de remettre en cause la sincérité et la bonne foi des exilés-es ?
Août
L'Aide Médicale d'État en danger
Si Emmanuel Macron s'était engagé à ne pas toucher à l'AME, son gouvernement nous a sérieusement inquiétés-es à ce sujet au mois d'août 2019. Nous avons donc tenu à rappeler, dans un communiqué interassociatif que restreindre l'Aide Médicale d'État, c'était menacer la santé publique. Dans ce texte, nous avons aussi tenu à démystifier l'imaginaire xénophobe entourant l'AME : "Contrairement à certaines idées reçues portées par certaines personnalités de droite et circulant dans les cercles d’extrême droite, l’Aide Médicale d’État n’est pas un motif de migration. Nos associations rappellent que la méconnaissance du système et les contraintes d’accès au dispositif sont telles que dire qu’il incite à l’immigration est pure démagogie ! L’AME est plutôt le derniers recours à une situation de santé devenue dangereuse [...] Baser cette décision sur une spéculation d’« abus » serait faire preuve d’une mauvaise foi manifeste. Il est plus que temps que cette politique délétère cesse."
Septembre
À la recherche d'Emmanuel Macron
Après avoir lancé une grande recherche en mai, et avoir écumé les nombreuses candidatures, AIDES, première association de lutte contre le sida et les hépatites en France, a trouvé son Emmanuel pour mettre fin au sida. Il s'agit d'Emmanuel Macron, et désormais nous lui demandons d'augmenter la contribution de la France au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Puisqu'il est le président du pays hôte du Fonds mondial, nous lui avons également demandé d'exhorter ses pairs à en faire autant dans l'engagement contre ces trois pandémies.
Coming out séropostif de Gareth Thomas
Le 14 septembre 2019, l'ancien footballeur gallois ouvertement gay Gareth Thomas a décidé d'annoncer publiquement qu'il était séropositif... Hélas, cela s'est fait sous la contrainte, puisque le sportif britannique a fait l'objet de menaces à ce sujet. Pour Aides, cette histoire est très révélatrice des discriminations subies par les personnes vivant avec le VIH. Des discriminations qui ne sont basées que sur une chose : l’ignorance. Nous avons réagi à l'occasion d'une tribune dans Têtu.
Paris met une claque au Sida !
Que de bonnes nouvelles pour cette rentrée 2019 ! Nous avons en effet appris qu'à Paris, entre 2015 et 2018, il y a eu une baisse de 16 % des nouvelles découvertes de séropositivité ! Chez les HSH, cette baisse représente 28 %. Ce recul était une première en 10 ans, et nous avons été extrêmement fiers-ères de la partager avec vous, en redisant combien l'accès à l'information, au dépistage, aux traitements et à la Prep était crucial pour enrayer l'épidémie. « Ces résultats communiqués aujourd’hui pour Paris démontrent très clairement que notre stratégie d’approche communautaire porte ses fruits et fait reculer l’épidémie. Malgré cela cette baisse est nettement moins notable chez les femmes (- 3 %) et les HSH nés à l’étranger (- 13 %, soit 15 points de moins que chez les HSH nés en France ! » a commenté Aurélien Beaucamp, président de AIDES. Et d’ajouter « Cette inégalité est frappante et révoltante. Et, à quelques semaines du débat sur l’immigration qui pourrait notamment remettre en question l’Aide Médicale d’État, ces résultats devraient au contraire inciter les décideurs-es à améliorer les conditions d'accueil et de prise en charge des personnes migrantes pour leur permettre d’accéder au soin. Un enjeu de santé publique ! »
Octobre
Le chiffre exact de la baisse des découvertes de séropositivité en 2018
Le 9 octobre 2019, Santé Publique France a publié ses chiffres sur l'épidémie de VIH. On y a appris avec joie que le nombre de séroconversions diagnostiquées avait baissé de 7% sur l'année 2018. On y a également eu la confirmation que les inégalités et l'isolement continuent d'avoir une grande influence sur la propagation du virus. En effet, chez les HSH de plus de 50 ans, les contaminations ont augmenté, en 2018. Et chez les personnes nées à l'étranger, on a noté que les contaminations grimpaient chez les HSH alors qu'elles ont diminué chez les hommes hétérosexuels et qu'elles stagnent chez les femmes.
Dernière ligne droite pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme : les 9 et 10 octobre 2019. Les militants-es d'AIDES et de Coalition Plus étaient sur place, et ont organisé plusieurs interventions et actions. Ce que nous avons demandé à Emmanuel Macron ? Revoir à la hausse l'engagement de la France de 25 %, pour atteindre les 14 milliards annoncés. Ces 270 millions supplémentaires permettant de sauver 16 millions de vies en plus. Résultat ? 13,92 millions levés, un minimum, pour éviter la reprise de épidémies. Nous avons également pris acte de l'engagement de Bill Gates et d’Emmanuel Macron de lever d’ici le 1er décembre 2019 les 100 millions d’euros manquants pour atteindre la cible des 14 milliards qui avait été fixée comme un minimum par le Fonds mondial et la France.
Tandis que revoilà la Love Baguette
Pour la troisième année consécutive, les boulangers-ères se sont mobilisés-ées contre le sida aux côtés de AIDES pour l’opération Love Baguette. Du 5 au 15 octobre, près de 1000 boulangeries en France ont proposé à la vente cette baguette solidaire façonnée en forme de ruban. Chaque Love Baguette était vendue au prix de 2 euros, dont 1 euro était reversé à AIDES pour ses actions de prévention et de dépistage du VIH sur le terrain. Ce fût, cette année encore, un très beau rendez-vous qui a permis de mettre en valeur un savoir-faire que le monde entier nous envie, et de (re)parler prévention du VIH dans les foyers !
L'accès à la santé menacé pour les personnes étrangères
Le 24 octobre dernier, aux côtés des associations ARCAT, Bamesso et ses amis, Envie, Sidaction, TRT-5, Acceptess-T, Dessine-moi un mouton et Sol en si, nous avons participé au congrès de la Société Française de Lutte contre le sida qui se tenait à la Rochelle. Nous nous y sommes rassemblés-es pour contester l’orientation actuelle des débats sur la santé des étrangers-ères, notamment la mise en danger de l'Aide Médicale d'État. Le mot d’ordre ? "SOINS DES ÉTRANGERS-ERES MENACÉS = SANTÉ EN DANGER".
Le 31 octobre, nous avons à nouveau poussé un cri d'alerte suite à une déclaration inquiétante d'Agnès Buzyn. L'instauration d'un délai de carence pour les demandeurs-ses d'asile et un accord préalable de soin pour les personnes sans papiers menace grandement l'accès aux soins des personnes éxilées !
Novembre
Donnez plus qu'un avis
Avec la volonté d'insister sur la nécessité de tous et toutes nous faire dépister, puisqu'il y aurait encore 24 000 personnes ignorant être séropositives en France à ce jour, nous avons lancé une campagne de collecte et de sensibilisation « Donnez plus qu'un avis ». Elle réaffirme le rôle du dépistage dans la stratégie de lutte contre le VIH/sida. Quatre visages, quatre profils, quatre parcours, quatre mystères, et une même question : à votre avis, cette personne vit-elle avec le VIH ? Une seule réponse : elle n'a pas besoin d'un avis, mais d’un test de dépistage.
Inauguration de la promenade Clews Vellay, présidentE d'Act Up-Paris, mort du sida en 1994
Le 30 novembre 2019, veille de la journée mondiale de lutte contre le sida, la ville de Paris et les militants-es de la lutte contre le sida ont inauguré la promenade Cleews Vellay, ainsi qu'une plaque à son nom sur l'immeuble qui a abrité les locaux d'Act Up-Paris de 1992 à 1995, dans le 10e arrondissement de Paris. Les prises de paroles ont été riches en émotions, en particulier celles de Gwen Fauchois et de Christophe Martet, qui ont été ses camarades dans l'association. La lecture du texte "Des quetsches pour les sidéens !" par Patachtouille, drag queen qui sévit notamment chez Madame Arthur, a également marqué les esprits.
Décembre
AIDES en action le 1er décembre 2019
Comme chaque année, nos militants-es étaient présents-es partout en France pour des actions de prévention, d'information, de sensibilisation, de solidarité et de fêtes autour du 1er décembre. Si nous sommes sur le terrain toute l'année, la journée mondiale de lutte contre le sida est toujours un temps fort. Nous réunir en grand nombre, nous recueillir pour nos morts-es, faire le bilan des avancées et des combats qui restent à mener fait toujours partie intégrante du 1er décembre. Voici un récapitulatif en images de nos actions pour cette journée emblématique de la lutte contre le sida :
La Grande Braderie de la Mode
Après l'édition parisienne de la Grande Braderie de le Mode du 29 au 1er décembre, ce fût au tour de celle de Marseille d'égayer les courses de fin d'année. Ces séances géantes de shopping solidaires au profit de AIDES se sont tenues du 29 novembre au 1er décembre aux Magasins Généraux à Pantin et du 12 au 14 décembre aux Docks Village de Marseille. « La Grande Braderie de la Mode est l’un des temps forts de l’association, et un moment clé pour le financement de nos actions. Nous remercions cette année encore toutes les marques partenaires qui permettent le succès de cette opération. Un immense merci également à Vincent Desailly pour son implication, et à notre partenaire historique BETC et son entité́ BETC Etoile Rouge » a déclaré Aurélien Beaucamp, président de AIDES.
Frank Ocean & la Prep, épisode 2
Le rappeur noir américain ouvertement gay a une nouvelle fois usé de sa notoriété pour faire de la sensibilisation au sujet de la Prep. Après avoir organisé plusieurs soirées queer "Prep+" aux États-Unis, dans l'esprit des années 80, à New York, l'artiste a fait du teasing sur les réseaux sociaux au sujet d'un dépliant informatif sur la Prep à paraître prochainement...
Mise en danger des associations avec la modification du régime de mécénat
Dans une tribune publiée sur le site de Têtu, le président d'AIDES, Aurélien Beaucamp, a expliqué en quoi la modification du régime de mécénat allait entraver la générosité des entreprises et, en conséquence, le financement des associations et leurs actions. Et donc, en quoi ce changement législatif serait lourd de conséquences pour les populations les plus vulnérables face au virus.
264 travailleuses-eurs du sexe saisissent la Cour européenne des droits de l'homme
Une démarche d'ampleur inédite. Ce mois de décembre, les TDS ont continué de s'auto-organiser avec poigne pour venir à bout des politiques répressives qui les isolent, les précarisent et les mettent en danger. Dans le viseur ? Toujours cette terrible pénalisation des clients, prévue par la loi prostitution d'avril 2016, dont les conséquences sont désastreuses pour les premiers-ères concernées, notamment en matière de santé, et de sécurité. Ainsi, 264 travailleurs-euses du sexe et les 11 associations qui les soutiennent — et dont nous faisons évidemment partie — ont saisi la Cour européenne des droits de l'homme contre ce texte, après la déception qu'a été leur recours auprès du Conseil constitutionnel.
Un compte Instagram contre la sérophobie
À l'initiative des militants Fred Colby et Julien Ribeiro, un nouveau compte Instagram de sensibilisation a vu le jour : @seropos_vs_grindr. Sur le même modèle que @pracisees_vs_ grindr, @ptrans_vs_grindr, @tds_vs_grindr et @gros_vs_grindr (également créé en décembre) qui dénoncent respectivement le racisme, la transphobie, la putophobie et la grossophobie sur les applis de rencontres gays, ce compte a été créé pour illustrer la violence des propos sérophobes qui gangrènent encore nos communautés. Un outil de sensibilisation nécessaire pour déconstruire les préjugés qui persistent sur le VIH et propager la sérofierté !