VIH et Prep : les dernières données
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Les derniers chiffres concernant l’épidémie de VIH et l’usage de la Prep sont encourageants… mais loin d’être satisfaisants. En France, le dépistage reste insuffisant et trop tardif, et l’utilisation de la Prep, seul nouvel outil disponible face au VIH, peine à atteindre un seuil intéressant pour infléchir les nouvelles contaminations.
C’est désormais traditionnel : autour de la Journée mondiale de lutte contre le sida (1er décembre), les nouvelles données sur l’épidémie sont livrées et analysées, tant par Santé Publique France que par Paris sans sida ou le Conseil national du sida. Cette année n’a pas fait exception, mais les chiffres présentés n’ont pas de quoi rassurer. En effet, il semble que certains messages aient toujours du mal à passer, qu’il s’agisse de l’utilité de la Prep, de l’accessibilité du dépistage ou de la non transmission par les personnes séropositives sous traitement.
Si on ne connaît pas les chiffres définitifs des nouvelles découvertes de séropositivité en 2017 (qui devraient être livrés dans le courant de l’année 2019), de nombreux éléments permettent d’observer l’évolution (ou la stagnation) de l’épidémie. Les populations concernées ne changent pas vraiment : 53% des découvertes de séropositivité se font chez des personnes hétérosexuelles (homme et femmes confondus-es) contre 45% chez les hommes gays, bis ou curieux, et les régions les plus touchées restent l’Ile-de-France, les départements et territoires d’Outre-mer et la région PACA.
Le gros point noir en France reste le dépistage, puisqu’on estime que la proportion de personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur statut sérologique serait (seulement) de 86%... Ainsi, entre 130 000 et 160 000 personnes vivraient avec le virus au total, parmi lesquelles près de 25 000 l’ignoreraient encore.
Les diagnostics tardifs voire en stade sida restent également trop nombreux, en particulier chez les personnes utilisatrices de drogues par injection et chez les hommes hétérosexuels nés à l’étranger. Même chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, le délai entre l’infection et le diagnostic reste de 3 ans en moyenne. Or on le sait, un dépistage précoce permet la mise sous traitement rapide, ce qui a pour double bénéfice de préserver la santé de la personne séropositive, et d’éviter de nouvelles transmissions, c’est à dire de protéger aussi son, sa ou ses partenaire-s.
Rendre le dépistage encore plus accessible (en multipliant les occasions et façons de se faire tester) et moins effrayant (en déstigmatisant le VIH et en parlant des effets bénéfiques des traitements) reste donc une priorité de premier ordre.
Du côté de la Prep, la bonne nouvelle est en demie teinte, puisque le cap des 10 000 personnes ayant initié le traitement préventif contre le VIH a été passé, avec une nette accélération depuis juillet 2017. Mais les femmes restent ultra minoritaires (2% seulement des personnes qui prennent la Prep) et la mise en œuvre dans les Outre-mer n’est pas à la hauteur de la dynamique de l’épidémie dans la région : seules 170 personnes sont concernées par cet outil, pourtant indéniablement efficace.