Conférence AIDS2018 : Les activistes ouvrent la voie à Amsterdam
- Actualité
- 24.07.2018
Lundi 23 juillet, la conférence internationale ouvrait officiellement ses portes avec la cérémonie d’ouverture le soir et de grandes annonces des Pays-Bas en matière de lutte contre le sida. Mais dès l’après-midi, des milliers d’activistes avaient marché les quelques kilomètres séparant le cœur de la ville au centre de conférence.
Sous un soleil brûlant, les activistes de la lutte contre le VIH se sont rassemblés-es au centre d’Amsterdam avant le départ de la marche militante pour des prises de parole pleines de force et de sens. Lors du discours inaugural, Olave Basabose, militante trans née au Burundi, scande à ses camarades de combat, aux exclus-es, aux invisibles, aux marginalisés-es, aux discriminés-es : « Je vous salue. Je vous honore. Je vous chéris. Je vous célèbre. Vous importez. Je me bats avec vous. Je vous vois. » Puis la jeune Annah Sango de Zimbabwe Young Positives plaide pour qu’une place plus importante soit donnée aux jeunes séropositifs-ves dans la lutte tout en rendant un hommage appuyé aux premiers-ères qui se sont battus-es. « Nous sommes prêts-es à prendre le relais! » assure-t-elle. La Princesse Mabel, portant un t-shirt « HIV positive » par solidarité avec toutes les personnes touchées par le virus a quant à elle averti : face à l’épidémie « nous ne sommes qu’à mi-chemin, et si nous n’accélérons pas, nous pourrions perdre du terrain. »
Si la plupart sont partis-es de la place Amstelveld ce lundi midi, quelques activistes avaient pris de l’avance, puisqu’ils s’étaient lancés la semaine précédente de Bruxelles pour rallier, à pieds s’il vous plaît, la conférence internationale à Amsterdam. Les « HIVsters » ont parcouru 225 kilomètres en 9 jours, pour faire valoir des revendications cruciales pour les personnes vivant avec le VIH, et un mot d’ordre : Together Towards Zero. Ensemble, donc, les militants-es du monde entier ont marché vers zéro nouvelle contamination, vers zéro discrimination, vers zéro sida, vers zéro criminalisation… Chez AIDES et Coalition Plus, les militants-es étaient réunis-es pour porter haut et fort « Just Say No to the War On Drugs », piez de nez à la célèbre campagne moralisatrice et stigmatisante endossée par Nancy Reagan dans les années 80. Un appel à mettre fin aux politiques répressives à l’égard des usagers-ères de drogues pour mieux promouvoir leurs droits humains, et notamment celui à la santé.
Le soir, la cérémonie d’ouverture a été marquée par plusieurs temps fort. La ministre des affaires étrangères néerlandaise Sigrid Kraag a annoncé le financement de la Prep pour les populations les plus exposées au risque VIH dans le pays ainsi qu’une dotation de 10 millions d’euros pour la financer à l’étranger. Une vingtaine de femmes a interrompu le discours du directeur exécutif de l’ONUSIDA Michel Sidibé. Elles ont pris la parole pour demander que les femmes soient plus et mieux entendues dans les très hautes instances de lutte contre le sida, y compris lorsqu’elles dénoncent des cas de harcèlement sexuel, comme cela a été le cas à l’ONUSIDA.
Trois militantes ont aussi fait forte impression, en dehors de la divine diva Conchita Wurst qui a plaidé « Les personnes séropositives peuvent vivre aussi longtemps que celles qui sont négatives. Vous pouvez nous toucher. Vous pouvez nous embrasser. Vous pouvez nous aimer. Juste comme vous le feriez avec n’importe qui d’autre. »
Dinah de Riquet-Bons, activiste trans et travailleuse du sexe séropositive, diagnostiquée séropositive à 21 ans, a parlé d’une époque où ce diagnostic sonnait si souvent la fin de l’espoir « mais voyez-moi maintenant, à 48 ans, une femme trans de couleur fière et survivante historique ! ». De quoi commander le respect. Il en va de même pour Dorothy Onyango, une des leadeuses des combats des femmes dans la lutte contre le sida, et qui se remémore avoir posé les bases de cette convergence 26 ans auparavant avec une soixantaine de militantes du monde entier… « Aujourd’hui, seules 24 sont encore là pour en parler. Et seulement 3 des 24 femmes africaines présentes. »
L’histoire, à la fois douloureuse et puissante, ne doit pas faire oublier l’actualité de la lutte et son énergie. Et qui pourrait mieux en parler que la jeune Mercy Ngulube, arrivée au micro d’un pas décidé pour évoquer la responsabilité des jeunes de se mobiliser, mais aussi la nécessité d’élaborer de vraies solutions en incluant les personnes concernées : « Casser les barrières et construire des ponts » dit-elle en citant le slogan de la conférence « mais il ne faut pas que ce soit un pont pour nulle part » avertit-elle !