Je fais un don

    L’actu vue par Remaides : « VIH : des données épidémiologiques européennes »

    • Actualité
    • 25.11.2025

    capture_decran_2022-10-21_a_15.02.23.png

    Crédit : DR

    Par Stéphan Vernhes et Jean-François Laforgerie

    VIH, Mpox des données épidémiologiques européennes

    D’ici quelques jours, l’Onusida rendra public son rapport annuel sur les données mondiales concernant les personnes vivant avec le VIH dans le monde, le nombre de nouvelles infections, le nombre de cas parmi les populations et groupes les plus exposés, etc. Les données françaises ont été publiées le 23 octobre. En attendant voici quelques données parues dans le récent rapport ECDC/OMS sur la surveillance des données du VIH/sida en Europe 2024 – données 2023. Les données ne sont pas rassurantes en particulier dans l'est de la région Europe continentale, telle que définie par l’Organisation mondiale de la Santé.

    En 2023, 112 883 diagnostics de VIH, au total, ont été signalés dans 47 des 53 pays de l’Europe continentale (au sens de l’Organisation mondiale de la Santé, voir encart en fin d’article), dont 24 731 dans les pays de l'Union européenne (UE/EEE). Cela correspond à un taux brut de 12,7 diagnostics de VIH pour 100 000 habitants-es dans l'ensemble de la région, soit une légère augmentation (2,4 %) par rapport au taux de 2022 (12,4 diagnostics pour 100 000 personnes), mais toujours une baisse de 19,6 % par rapport au taux de 2019 (15,8 diagnostics pour 100 000 personnes), avant la période précédant la pandémie de (Covid-19).

    Sur les 112 883 personnes diagnostiquées séropositives en 2023, 69 % l'ont été dans l'Est de la région (77 601), 24 % dans l'Ouest (27 043) et 7 % dans le centre de la région (8 239). Le taux était également le plus élevé dans l'Est (30,6 cas pour 100 000 habitants-es), soit un taux disproportionnellement plus élevé que dans l'Ouest (6,2 cas pour 100 000 habitants-es) et le centre (4,2 cas pour 100 000 habitants-es). 

    Les taux les plus élevés pour 100 000 habitants-es (> 15 cas pour 100 000 personnes) ont été observés en Russie (37,9 cas), suivie de l'Ukraine (31,7 cas), de la Moldavie (27 cas), de Malte (21 cas), du Kazakhstan (20,6 cas), l'Arménie (18 cas), Chypre (17,6 cas), l'Irlande (17,3 cas), la Géorgie (16,4 cas), le Kirghizistan (15,6 cas) et la Bélarus (15,4 cas). Les taux les plus bas (< 3 cas pour 100 000 habitants et moins) ont été enregistrés en Suède (2,9 cas), en Slovaquie (2,6 cas), en Croatie (2,5 cas), en Hongrie (2,4 cas), en Macédoine du Nord (2,4 cas), en Serbie (2,2 cas), en Autriche (2,1 cas) et en Slovénie (2,1 cas).

    Pour les pays de l'UE/EEE, le taux en 2023 était de 5,3 cas pour 100 000. En se concentrant uniquement sur les nouveaux cas signalés et en excluant les diagnostics positifs antérieurs, le taux a augmenté de 11,8 % entre 2022 et 2023 (passant de 3,4 à 3,8 cas pour 100 000 habitants-es).

    Lorsque l'on compare le nombre de diagnostics de VIH posés au nombre estimé de nouvelles infections au VIH contractées au cours de la dernière décennie, il apparaît clairement qu'un nombre de plus en plus important de personnes contractent le VIH que de personnes sont diagnostiquées. Cela indique une augmentation du nombre de personnes vivant avec le VIH sans avoir été diagnostiquées dans la région. 

    Comment s’explique l’augmentation du nombre de diagnostics de VIH en 2023 ?
    Les facteurs explicatifs varient selon les différentes sous-régions.
    Dans l'est de la région européenne de l'OMS, les pays ont signalé une reprise des tests de dépistage du VIH et de la détection des cas depuis la fin de la pandémie de Covid-19, en mettant l'accent sur l'augmentation de la détection des cas et l'introduction de nouvelles politiques de dépistage afin de combler le retard dans le diagnostic des personnes non diagnostiquées. 

    Dans l’UE/EEE et à l'ouest de la région, l'augmentation peut être le résultat d'une augmentation des diagnostics chez les personnes migrantes, en particulier ceux provenant de pays à forte prévalence, et de l'extension des services de dépistage du VIH. 

    En revanche, le nombre de diagnostics de VIH dans le centre de la région a diminué en 2023 par rapport à 2022, principalement en raison d'une réduction des diagnostics positifs antérieurs. Cependant, six des 15 pays du centre ont encore signalé une augmentation en 2023 par rapport à 2022.

    Remerciements à Stéphan Vernhes (Coordinateur - Plateforme Europe) pour les infos et la traduction française des données du rapport ECDC/OMS sur la surveillance des données du VIH/sida en Europe 2024 – données 2023.

    Qu’est-ce-que l’OMS Europe ?
    L’organisation mondiale de la Santé (OMS) est l’autorité chargée de la santé publique dans le système des Nations Unies. Le bureau régional de l’OMS pour l’Europe (OMS/Europe) est l’un des six bureaux régionaux de l’OMS dans le monde. Il sert la Région européenne de l’OMS qui comprend 53 pays et couvre une vaste région géographique s’étendant de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique. Cela va de l’Albanie à l’Ouzbékistan. On y trouve les pays membres de l’Union européenne et la Grande-Bretagne, la Turquie et la Russie, Israël et la Suisse, le Turkménistan, le Tadjikistan, l’Azerbaïdjan, etc.

    ECDC appelle à la vigilance à la suite de cas de Mpox clade Ib acquis localement au sein de l'Union européenne
    Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) travaille aussi sur la surveillance du Mpox. Le 24 octobre, l’agence a appelé à une « vigilance accrue » à la suite de cas de transmission locale du Mpox de clade 1b détectés dans l'Union européenne. C’est-à-dire de cas de Mpox clade Ib acquis localement au sein de l'Union européenne et de l'Espace économique européen (UE/EEE) et non contractés lors de voyages à l’étranger. « Des cas de transmission locale du Mpox ont été confirmés dans quatre pays. L'Espagne a signalé son premier cas le 10 octobre 2025 et les Pays-Bas le 17 octobre 2025, explique l’ECDC. D'autres cas ont ensuite été signalés en Italie (2) et au Portugal (1). Cette évolution est distincte des cas de clade Ib liés aux voyages, signalés précédemment entre août 2024 et octobre 2025, principalement chez des voyageurs de retour de zones endémiques de Mpox hors de l'UE. » Ces nouveaux cas concernent des hommes, dont certains s'identifient comme HSH, sans antécédent récent de voyage dans des zones endémiques de Mpox. « Cela suggère une possible transmission au sein des réseaux sexuels entre hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes dans les pays européens », explique le bulletin de l’ECDC. « Bien que le risque immédiat de contracter la maladie soit faible pour la population générale, le risque global d'infection est modéré chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Le risque de forme grave de la maladie peut être plus élevé chez les personnes vivant avec le VIH non traitées (et avec des CD4 inférieurs à 350), explique l’agence. Et l’ECDC de rappeler que des « incertitudes persistent quant à la transmissibilité et à la gravité clinique du clade Ib par rapport au virus du clade IIb qui circule depuis 2022. Parmi les 29 cas de clade Ib signalés à l'ECDC avant les cas actuels, sept ont nécessité une hospitalisation. Cependant, compte tenu du faible nombre de cas, toute estimation de la gravité par rapport au clade IIb demeure incertaine. 
    Pour prévenir toute nouvelle propagation, l’ECDC recommande de « garantir un accès facile aux tests, en particulier dans les centres de santé sexuelle », et de « proposer activement la vaccination contre le Mpox aux hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ». Doivent aussi être mis en œuvre : l'identification et l'isolement rapides des nouveaux cas, ainsi que le traçage des contacts afin d'identifier les personnes ayant été en contact avec le virus et de leur proposer la vaccination. Ce sont des éléments essentiels pour contrôler la transmission.
    Le Mpox se transmet généralement par contact direct ― notamment lors de rapports sexuels ou par contact peau à peau ― avec une personne infectée. La vaccination offre la meilleure protection.