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    L’Actu vue par Remaides : « Mpox et VIH : l’OMS recommande un traitement antirétroviral immédiat »

    • Actualité
    • 18.09.2025

     

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    DR. IAS

    Par Fred Lebreton

    Mpox et VIH : l'OMS recommande un traitement antirétroviral immédiat 

    Face au risque accru de formes graves et de mortalité chez les personnes vivant avec le VIH (non contrôlé) et co-infectées par le Mpox, l’OMS préconise désormais la mise sous traitement antirétroviral le jour même du diagnostic, et au plus tard dans la semaine. Les autorités sanitaires rappellent également l’importance de la vaccination préventive, qui réduit fortement le risque de décès, ainsi que la nécessité d’une prévention combinée pour freiner la circulation du virus. Explications.

    Mise sous traitement le jour même si possible
    Les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) qui contractent le Mpox doivent débuter un traitement antirétroviral (ARV) sans délai, selon les nouvelles recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (). Les PVVIH dont le VIH n’est pas contrôlé sont, en effet, disproportionnellement touchées par la Mpox, avec des formes plus sévères et des taux de mortalité supérieurs à ceux observés chez les personnes séronégatives. Qu’entend-on par un VIH non contrôlé ? Il s’agit des personnes dont la charge virale reste détectable (supérieure à 200 copies/ml) et un taux de CD4 inférieur à 350/mm³ (sous 200/mm³, le risque d’infections opportunistes devient élevé). Le standard prévoit de commencer les ARV dans les sept jours suivant le diagnostic du VIH, un délai que l’OMS souhaite réduire au maximum grâce à un accès direct au traitement, « les avantages étant très clairs » pour la survie et la santé, selon l’OMS. L’absence de traitement spécifique contre le Mpox rend la prise en charge du VIH d’autant plus cruciale, notamment pour les personnes dont le taux de CD4 est inférieur à 200 cellules/mm³, particulièrement vulnérables aux formes graves et aux décès. L’OMS émet donc une forte recommandation pour initier rapidement les ARV chez les personnes vivant avec le VIH et atteintes de Mpox, qu’elles n’aient jamais été traitées ou qu’elles aient interrompu leur traitement. En pratique, un dépistage précoce du VIH doit être systématiquement proposé en cas de suspicion ou de confirmation de Mpox, avec mise sous traitement le jour même si possible, et au plus tard dans la semaine. Les personnes qui déjà sous ARV doivent poursuivre leur traitement sans interruption ni modification si leur charge virale est indétectable, et bénéficier d’un ajustement adapté si leur charge virale est détectable. Cette approche, insiste l’OMS, vise à limiter les complications et à réduire la mortalité liée à la co-infection.

    L’épidémie n’est pas finie !

    Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré vendredi 5 septembre que la propagation du Mpox n’était plus une urgence de santé internationale. La levée de cette alerte ne signifie pas pour autant la fin de la menace. Dans son bulletin épidémiologique du 1er août 2025, l’ECDC (European Centre for Disease Prevention and Control) indique qu’entre le 19 juin et le 28 juillet 2025, 94 nouveaux cas de Mpox ont été signalés dans douze pays de l’UE/EEE, principalement en Allemagne (56 cas), en Espagne (14 cas) et en France (six cas), portant le total, depuis le début de l’épidémie, à 24 995 cas confirmés dans 29 pays européens. Depuis août 2024, 23 infections par le clade I du virus ont été recensées en Europe, majoritairement du sous-clade Ib, sauf un cas en Irlande de sous-clade Ia. La Turquie a, par ailleurs, rapporté rétroactivement un cas de clade Ia datant d’octobre 2024. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) estime que le risque reste faible pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) comme pour les autres populations, mais souligne que la saison estivale et les événements liés aux Pride peuvent accroître la transmission. L’organisme recommande donc de renforcer la sensibilisation des HSH dans le cadre d’une communication globale sur les infections sexuellement transmissibles.

    Sur le plan mondial, les clades I et II du Mpox continuent de circuler dans plusieurs pays, avec une situation épidémiologique globalement stable. En Afrique, la majorité des cas de clade I provient de République démocratique du Congo (RDC), d’Ouganda et du Burundi, où les tendances se stabilisent voire sont en baisse. Des cas sporadiques de clade I ont également été détectés hors du continent africain au cours du dernier mois, sans signe de transmission communautaire étendue. « L’ECDC poursuit la surveillance et l’évaluation de la situation, en s’appuyant notamment sur son évaluation rapide des risques publiée en août 2024 et ses avis scientifiques sur les mesures de santé publique ».

    La vaccination Mpox sauve des vies !
    Pour rappel, lors de la conférence de la Croi, en février 2023, Chloe Orkin, une médecin britannique et professeure spécialisée dans le VIH à l'Université Queen Mary de Londres, avait présenté une étude sur les liens entre la mortalité liée au Mpox et le taux de CD4 chez des PVVIH co-infectées. Sur la base de cette étude, la Dre Orkin et ses collèges pensaient que la forme nécrosante sévère, avec maladie systémique liée au Mpox, était une condition définissant le stade sida causée par un pathogène opportuniste chez les personnes en stade avancé de l’infection à VIH. La Dre Okin plaidait pour que le Mpox soit ajouté à la classification des maladies opportunistes liées au VIH/sida. Précision importante : seules, 21 personnes en stade sida avaient fait le vaccin Mpox préventif, mais aucun décès n’a eu lieu chez ces personnes. Un plaidoyer imparable pour que les PVVIH à risque d'infection par le Mpox soient prioritaires dans l’accès aux vaccins préventifs. La vaccination Mpox sauve des vies !

    Vivre avec le VIH ne remet pas en cause l’indication vaccinale
    Pour les personnes vivant avec le VIH avec des CD4 inférieurs à 200/mm³ (ou stade sida), le nombre de doses recommandé peut être supérieur au nombre de doses habituel (à confirmer avec votre infectiologue). La vaccination ne confère pas une protection immédiate. Aussi, il est important de continuer à éviter tout contact exposant à un risque avec une personne infectée par le virus Mpox ou suspectée de l’être. Par ailleurs, il est important de rappeler que quelle que soit l’efficacité du vaccin après une ou deux doses, celle-ci ne sera jamais de 100 %. La prévention doit être combinée. « En France, la vaccination contre la variole était obligatoire jusqu'en 1979 et la maladie a été déclarée comme éradiquée en 1980, grâce à une campagne de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Vous pouvez vérifier cette vaccination dans votre carnet de santé, mais dans le doute, il n'y a pas de problème à faire les deux doses de vaccination », expliquait le Pr Jean-Daniel Lelièvre, dans un entretien accordé à Remaides en février 2024.

     

    Trois clades pour un même virus
    Le virus du Mpox, anciennement connu sous le nom de variole du singe ou Monkeypox, se divise en trois clades, ou branches génétiques, qui diffèrent par leur gravité et leur capacité de transmission. Le clade I, majoritairement observé en Afrique centrale, est le plus sévère : dans les zones dépourvues d’accès rapide aux soins, il peut entraîner un taux de mortalité proche de 10 % et se transmet plus facilement d’une personne à l’autre. Le clade IIa, identifié en Afrique de l’Ouest, provoque des formes en général moins graves, avec une létalité estimée autour de 1 %. Le clade IIb, génétiquement proche du IIa, mais porteur de mutations spécifiques, est responsable de l’épidémie mondiale déclarée en 2022. Plus apte à se propager dans certaines communautés via des contacts rapprochés, il reste associé à une mortalité faible dans les pays bénéficiant d’un système de santé performant, mais peut représenter un risque accru dans les régions à ressources limitées.