L’Actu vue par Remaides : « VIH/sida : faute de fonds américains, le monde risque de retourner 20 ans en arrière »
- Actualité
- 11.07.2025
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Par Jean-François Laforgerie
VIH/sida : faute de fonds américains,
le monde risque de retourner
20 ans en arrière
Régression. L’interruption de l’aide internationale américaine risque d’« effacer » plus de vingt ans de progrès dans la lutte contre la pandémie de sida, indique un rapport présenté jeudi 10 juillet en Afrique du Sud par l’Onusida. L’agence onusienne dénonce une « bombe à retardement ». Explications.
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Environ 31,6 millions de personnes bénéficient d’un traitement antirétroviral selon un chiffre de 2024 et le nombre de décès liés au sida a été plus que divisé par deux comparé à 2010, rappelle le rapport. Le document ravive les craintes pesant sur les programmes de prévention et d’accès aux traitements. Historiquement plus grand donateur humanitaire, les États-Unis ont brutalement et drastiquement réduit leur aide internationale après l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, en janvier 2025. « Nous sommes fiers de nos résultats, mais inquiets de cette soudaine interruption, qui est en train d’effacer les progrès réalisés », a déclaré à l’AFP la directrice exécutive de l’agence, Winnie Byanyima, avant la présentation du rapport.
« Nous sommes passés d’une situation où les gens mourraient tous les jours à un point où [le sida] s’apparente réellement à une maladie chronique », salue-t-elle, donc « la question de savoir si l’investissement valait le coup ne se pose pas, et ça continue de valoir la peine. Cela sauve des vies ».
En avril, l’Onusida avait évalué les conséquences d’une interruption permanente du plan d’urgence présidentiel de lutte contre le sida porté par les Etats-Unis (Pepfar) et calculé que cela provoquerait plus de six millions de nouvelles infections et 4,2 millions de décès liés au sida en quatre ans, ramenant la pandémie à des niveaux qu’elle n’avait plus connu depuis le début des années 2000.
« Ce n’est pas juste un manque d’argent, c’est une bombe à retardement », a souligné Winnie Byanyima, dans un communiqué. Plus de 60 % des organisations de lutte contre le sida ont déjà perdu des fonds, ou suspendu des services, précise le rapport. Au Nigeria, par exemple, le nombre de personnes sous Prep pour prévenir la transmission du virus a chuté de 85 % sur les premiers mois de 2025. « La manière dont le monde a réussi à s’unir (contre le sida) est l’une des pages les plus importantes des progrès en matière de santé publique mondiale », a commenté la directrice de l’Onusida. « Mais cette fantastique histoire est fortement mise à mal » par la décision « cruelle » et « sans précédent » de Donald Trump, a-t-elle taclé. « Les priorités peuvent changer, mais on ne retire pas juste comme ça un soutien vital à des populations ». Des recherches médicales cruciales sur la prévention et les traitements ont déjà été stoppées, y compris en Afrique du Sud, pays où la prévalence du sida est l’une des plus élevée au monde et alors même que le pays est à la pointe des recherches en matière de VIH.
Un objectif qui s'éloigne de plus en plus
La lutte mondiale contre le sida, appuyée par un militantisme de terrain, reste « résiliente par nature », veut espérer la dirigeante, et dans 25 pays à faibles ou moyens revenus sur soixante étudiés par l’Onusida pour ce rapport, les gouvernements ont réussi à compenser en partie le manque à gagner par des financements locaux. « Nous devons aller vers des réponses financées nationalement et propres à chaque pays », avance Winnie Byanyima, tout en appelant à des allègements de dette et à une réforme des institutions financières internationales afin de « dégager une marge de manœuvre budgétaire pour que les pays en développement puissent financer leur propre réponse ».
Pour lire le rapport en intégralité (en anglais), c'est ici.
En bref, d'autres infos Monde
Trump a promulgué sa loi budgétaire XXL qui coupe dans la santé
Donald Trump a promulgué sa loi budgétaire, le 4 juillet, à l’occasion de la fête nationale américaine. Le dirigeant américain avais mis la pression sur les élus-es républicains-es pour que le Congrès adopte sa « grande et belle loi », comme il l’a baptisée, avant le 4 juillet. Des experts-es, des élus-es dans la majorité présidentielle, des électeurs-rices ont manifesté publiquement leur inquiétude concernant des dispositions du texte. Elle et ils craignent que ce projet ne fasse gonfler la dette publique et n’affaiblisse les aides à la santé et à la protection sociale. Après le Sénat, qui l’avait approuvé de justesse, la Chambre des représentants a adopté définitivement ce texte par 218 voix contre 214, un vote très serré, précédé de multiples pressions et tractations. Cette nouvelle loi budgétaire tentaculaire honore bon nombre des promesses de campagne de Donald Trump : augmentation des dépenses militaires, financement d’une campagne d’expulsion massive de migrants-es et engagement de 4 500 milliards de dollars pour prolonger les crédits d’impôt accordés lors du premier mandat du républicain, détaille l’AFP. Pour compenser le creusement de la dette publique, la nouvelle loi réduira le programme fédéral d’aide alimentaire et imposera d’importantes coupes au Medicaid, régime d’assurance santé pour les Américains-es à revenus modestes ; ce seront les coupes les plus importantes depuis le lancement du dispositif dans les années 1960. Selon certaines estimations, jusqu’à 17 millions de personnes pourraient perdre leur couverture d’assurance santé et des dizaines d’hôpitaux ruraux pourraient fermer leurs portes. Les démocrates espèrent que le mécontentement provoqué par les conséquences de la loi les aidera à renverser la Chambre des représentants aux élections de mi-mandat de 2026. Il s’agira pour eux de montrer qu’il s’agit d’une énorme redistribution de richesses des Américains les plus pauvres vers les plus riches.
Trump menace d’une nouvelle volée de droits de douane
Hausse. Le président américain Donald Trump a montré mardi qu’il n’avait pas l’intention d’adoucir sa politique douanière, en disant vouloir imposer de nouvelles surtaxes, particulièrement sur les produits pharmaceutiques. Répondant à des questions de journalistes en plein Conseil des ministres, le chef de l’État a dit qu’il envisageait d’imposer une surtaxe de 200 % sur les produits pharmaceutiques. Il a ajouté qu’il attendrait au moins un an pour la mettre en place, pour laisser aux entreprises le temps de construire des usines sur le sol américain. Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, le milliardaire républicain a fait des droits de douane un axe central de sa politique économique : levier de négociation pour obtenir des concessions de l’extérieur, moyen de défendre l’industrie nationale ou encore source de nouvelles recettes publiques. Il a déjà instauré des droits de douane spécifiques sur certains secteurs (50 % sur l’acier et l’aluminium, 25 % sur l’automobile) et une surtaxe plancher de 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis. Il compte relever cette surtaxe à compter du 1er août pour pénaliser encore plus les exportations de dizaines de pays ayant un excédent commercial avec les États-Unis.
Médicaments, vaccins, nourriture : l’UE veut des stocks de produits essentiels en cas de guerre ou d’épidémie
Précautions. L’Union européenne a présenté mercredi 9 juillet un plan qui vise à garantir que les Européens-nes disposent de stocks suffisants de produits de base, nourriture, vaccins et médicaments, en cas de catastrophe naturelle, épidémie ou guerre. « Plus vous vous préparez, moins vous paniquez », a résumé la commissaire européenne chargée des situations de crise, Hadja Lahbib, lors d’une conférence de presse au Parlement européen à Strasbourg. Cette stratégie baptisée « préparation 2030 » coïncide avec les avertissements lancés par l’Otan sur une attaque possible de la Russie contre un pays européen dans les trois ou cinq ans à venir. La Commission européenne veut donc améliorer la coordination, l’échange d’informations et la planification entre les États membres pour s’assurer que des stocks suffisants soient disponibles, en nourriture, vaccins, masques ou médicaments, en évitant les doublons inutiles.
En bref, d'autres inofs LGBT+
Hong Kong propose de reconnaître des droits aux couples homosexuels mariés à l’étranger
Avancée. Hong Kong va proposer un cadre légal reconnaissant certains droits aux couples homosexuels légalement mariés à l’étranger, notamment lors de l’hospitalisation du-de la conjoint-e, a annoncé le gouvernement de cette région administrative spéciale chinoise. « Le gouvernement recommande d’avoir une législation pour permettre aux couples de même sexe de déposer une demande d’enregistrement, afin que leur relation soit légalement reconnue », a indiqué le gouvernement dans un document officiel, précisant que seuls les couples légalement mariés à l’étranger y auront droit, indique l’AFP. L’ancienne colonie britannique n’autorise pas le mariage homosexuel. En 2023, la plus haute juridiction hongkongaise avait jugé que le mariage restait « restreint aux couples hétérosexuels » tout en donnant deux ans au gouvernement pour créer un « cadre légal alternatif » pour reconnaître certains droits des couples homosexuels. Le document officiel paru mercredi en limite l’étendue aux questions de santé comme les visites d’hôpital, les décisions médicales, le partage d’informations médicales et don d’organe ― et des droits lors du décès du-de la conjoint-e.
La Cour suprême américaine va se pencher sur les athlètes transgenres
Crainte. La Cour suprême américaine, à majorité conservatrice, a fait savoir jeudi 3 juillet, qu’elle allait se saisir de deux litiges sur la présence d’athlètes transgenres dans les équipes sportives féminines. La haute cour, régulièrement amenée à trancher sur les grandes questions de société, va se pencher, entre octobre prochain et l’été 2026, sur des lois de deux États républicains qui ont interdit aux « personnes assignées au sexe masculin à la naissance » de rejoindre des équipes féminines. Il y a quelques semaines, la majorité conservatrice de la Cour a permis à l’État du Tennessee d’interdire aux mineurs-es transgenres l’accès aux traitements de transition, estimant que cette mesure ne présentait pas de caractère discriminatoire. Elle a aussi temporairement autorisé le gouvernement de Donald Trump à exclure les personnes transgenres de l’armée, souligne l’AFP. Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président républicain a mis un coup d’arrêt aux avancées des droits des personnes transgenres dans la société. Dès son investiture, il avait d’ailleurs proclamé qu’il n’y a que « deux sexes, masculin et féminin », et une seule « vérité biologique ». Le milliardaire de 79 ans a ensuite menacé de couper les subventions fédérales aux organisations qui laisseraient des sportives transgenres participer à des compétitions féminines. C’est aussi sous la pression de son gouvernement que la prestigieuse université de Pennsylvanie s’est engagée mardi à ne plus accepter de sportives transgenres dans ses équipes féminines. La Cour suprême se saisira donc de deux affaires. La première concerne une loi de l’Idaho qu’une université de l’État a réussi à bloquer devant un tribunal, estimant qu’elle viole une clause antidiscrimination de la Constitution. La seconde porte sur une loi de la Virginie-Occidentale, jugée illégale par une cour d’appel. « Nous pensons que ces tribunaux avaient raison en bloquant ces lois discriminatoires », a réagi Joshua Block, avocat au sein de l’association de défense des libertés ACLU. « Les programmes sportifs scolaires doivent être accessibles à tous, quel que soit leur statut de genre ». La Cour suprême devrait rendre une décision à ce sujet d’ici l’été 2026.