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    L'Actu vue par Remaides : TPE : le TRT-5 CHV lance son observatoire des refus et des renoncements

    • Actualité
    • 02.07.2025

    logo trt5

    Crédit photo : TRT-5 CHV

    Par Fred Lebreton

    TPE : le TRT-5 CHV lance son observatoire des refus et des renoncements

    Mal connu, mal distribué : le TPE (traitement post-exposition) ou traitement d'urgence contre le VIH peine à atteindre celles et ceux qui en ont le plus besoin. Face aux refus, aux retards et aux renoncements, le collectif TRT-5 CHV lance un observatoire national dédié au TPE. Objectif : documenter les obstacles, alerter les autorités sanitaires et relancer un plaidoyer pour que ce traitement sorte enfin de l’hôpital. Explications.

    « L’accès au TPE n’est ni simple, ni systématique »
    Après plusieurs années de mobilisation, le collectif TRT-5 CHV lance officiellement un observatoire dédié aux refus et renoncements au traitement post-exposition (TPE) contre le VIH. Objectif : documenter les freins dans l’accès à ce traitement d’urgence afin de pouvoir alerter les autorités sanitaires, les Coress (comités régionaux d’éducation à la santé sexuelle) et les institutions concernées. « Cet observatoire va nous permettre d’objectiver ce que nous observons depuis longtemps sur le terrain : l’accès au TPE n’est ni simple, ni systématique », souligne le collectif. Hébergé sur la plateforme Sexpoz, déjà connue pour ses outils d’orientation vers le TPE sous l’égide du Corevih Centre-Val de Loire, ce nouvel espace recueillera des témoignages à partir de juin 2025.

    Pour sensibiliser les acteurs-rices concernés-es, deux webinaires gratuits sont prévus les 1er et 2 juillet : l’un destiné aux professionnels-es de santé, l’autre aux acteurs et actrices associatifs-ves. Ces derniers-ères, en première ligne pour recueillir les récits de personnes confrontées à des obstacles, seront des relais essentiels de l’initiative. « Nous comptons sur une mobilisation massive du tissu associatif, car ce sont eux qui entendent en premier les récits de celles et ceux qui se heurtent aux murs de l’ignorance ou de la stigmatisation », insiste le TRT-5 CHV.

    Un plaidoyer pour sortir le TPE de l’hôpital
    Cette initiative fait directement écho à un précédent communiqué publié en novembre 2021, dans lequel le TRT-5 CHV dénonçait déjà les nombreux obstacles entravant l’accès au TPE. Un appel à témoignages, lancé à l’époque, avait mis en lumière des cas édifiants de renoncements injustifiés, souvent liés à l’ignorance ou à la stigmatisation. « Ne vous énervez pas, le traitement d’urgence n’est pas une urgence ! », aurait rétorqué un soignant à une personne exposée au VIH. D’autres récits faisaient état de l’absence totale de connaissance du TPE parmi les professionnels-les de garde ou de propos culpabilisants tels que : « Y a qu’à pas faire ça ! ». Une quinzaine de témoignages recueillis à l’époque démontraient que ces dysfonctionnements n’étaient ni anecdotiques, ni limités à un type de territoire : ils touchaient aussi bien les femmes que les hommes, en zones urbaines comme rurales.

    Face à ces constats alarmants, le TRT-5 CHV réclamait déjà des mesures fortes, parmi lesquelles la diversification des lieux de délivrance du TPE et l’autorisation pour les associations de fournir des « starter kits » à ceux et celles qui en ont besoin. L’enjeu est vital : le TPE, seul traitement capable d’éviter une infection au VIH après exposition, doit impérativement être initié dans un délai de 48 heures. Chaque retard constitue une perte de chance, parfois irréversible. Dans ce contexte, les associations jouent un rôle de « facilitateur » incontournable, en guidant les personnes exposées et en corrigeant les défaillances du système. Le collectif demandait également à la Direction générale de la santé d’organiser au plus vite une concertation entre les acteurs-rices impliqués-es pour simplifier les protocoles de prescription et de dispensation. Quatre ans plus tard et malgré le travail de plaidoyer des associations, le TPE n’est toujours pas disponible hors d’un hôpital ou d’un centre de santé. En documentant les difficultés d’accès à ce dispositif, le TRT-CHV se fixe un objectif clair : faire évoluer le plaidoyer vers une dispensation facilitée du TPE, y compris hors hôpital, dans les cabinets de ville, les pharmacies ou les associations. Une avancée attendue de longue date par les professionnels-les comme par les usagers-ères.

    Qu'est-ce que le traitement post-exposition (TPE) ?
    En cas de rupture, de glissement, de non-utilisation de préservatif, de blessure ou de coupure avec un objet souillé de sang ou de sperme, de partage du matériel d’injection de drogues, vous pouvez demander à suivre un traitement post-exposition (TPE) qui peut vous éviter d'être infecté-e par le VIH. On l'appelle aussi parfois « traitement d'urgence » ou « traitement prophylactique ». Le TPE consiste en une prise d’une trithérapie (trois molécules antirétrovirales) pendant un mois afin d’empêcher une éventuelle infection en bloquant immédiatement la réplication du VIH. Le TPE doit être instauré le plus tôt possible ; idéalement dans les quatre heures suivant l'exposition au risque. Il n’est efficace que s’il est débuté dans les 48 h suivant l’exposition.

    Où peut-on obtenir un TPE ?
    Actuellement, les traitements post exposition peuvent être prescrits en milieu hospitalier, en centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd) ou en centre de santé sexuelle d’approche communautaire (CSSAC). En dehors des heures d’ouvertures des services concernés ou si on en est éloigné, les structures d’urgence sont habilitées à prescrire et délivrer le TPE.  Si cela est possible, il est préférable de venir avec votre partenaire, ce qui facilitera pour le médecin l'évaluation du risque pris. Si votre partenaire est séropositif-ve, apporter ses derniers bilans sanguins est une bonne idée.

    Dans l’attente de la confirmation de l’indication médicale d’un TPE, un kit d’urgence comportant trois à cinq jours de traitement doit pouvoir être remis à la personne qui demande un TPE 24 h/24 et 7 j/7 par les structures habilitées à prescrire les antirétroviraux, afin de ne pas retarder la mise sous traitement. Dans les services d’urgences, le démarrage du TPE ne doit pas être conditionné à un entretien médical préalable, que des infirmiers-es devraient pouvoir délivrer.