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    L’Actu vue par Remaides : « Après les coupes budgétaires américaines, l’OMS réduit son équipe de direction »

    • Actualité
    • 22.05.2025

     

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    DR.

    Par Jean-François Laforgerie

    Après les coupes budgétaires américaines, l'OMS réduit son équipe de direction

    Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a annoncé mercredi 14 mai à son personnel une réduction de l’équipe de direction ; une mesure qui s’inscrit dans la réorganisation de l’agence sur fond de réduction des financements américains. Explications.
    En fin d’article, d’autres infos Monde et d’autres infos Droits des étrangers-ères

    Dans un bref courriel vu par l’AFP, Tedros Adhanom Ghebreyesus « annonce la composition » de la nouvelle « équipe de direction » au siège de l’OMS à Genève (Suisse), qui passe de onze à six membres. La mesure « prendra effet à partir du 16 juin 2025 », précise-t-il. Cinq des anciens-nes membres de l’équipe restent, dont le Britannique Jeremy Farrar, scientifique en chef, qui prend le poste de sous-directeur général chargé de la promotion de la santé ainsi que de la prévention et du contrôle des maladies. Il sera remplacé par la Française Sylvie Briand, qui a longtemps travaillé pour l’OMS, notamment comme directrice du département de préparation et prévention des épidémies et des pandémies. Deux grandes figures de la lutte de l’OMS contre la Covid-19 quittent la direction : le docteur irlandais Michael Ryan, à la tête du programme de gestion des situations d’urgence sanitaire, et le Canadien Bruce Aylward, chef du département chargé de la couverture sanitaire universelle. Le 22 avril, le chef de l’OMS avait annoncé aux États membres de l’organisation une vaste réorganisation et des licenciements à venir sur fond de réduction des financements des États-Unis, alors que les coupes budgétaires américaines ont laissé les comptes de l’agence onusienne dans le rouge. Dès son retour au pouvoir fin janvier, le président américain Donald Trump a ordonné le retrait des États-Unis de l’OMS. L’agence de santé des Nations unies se prépare depuis un certain temps à ce retrait total des États-Unis, historiquement de loin son plus grand donateur. L’administration Trump a également refusé de payer ses cotisations convenues pour 2024 et 2025, tout en gelant pratiquement toute l’aide étrangère américaine, y compris une aide considérable aux projets de santé dans le monde entier. Un certain nombre d’autres pays ont également réduit leurs dépenses d’aide au développement.
    Face à cette situation, l’OMS a lancé une réflexion concernant sa nouvelle organisation, prévoyant notamment de réduire de plus de moitié le nombre de départements (ces départements ont, par exemple, la Division « Information, veille et systèmes de surveillance pour les urgences sanitaires au sein du Programme de gestion des situations d’urgence sanitaire » ou celui de la « Couverture sanitaire universelle/Amélioration de la santé des populations » ou celui de « l’Accès aux médicaments et aux produits de santé » ou encore celui de la « Résistance aux antimicrobiens », etc.) de l’institution.
    Le déficit concernant la masse salariale « représente environ 25 % des coûts du personnel » actuellement, avait précisé le patron de l’OMS le 22 avril, en soulignant toutefois que « cela ne signifie pas nécessairement une réduction de 25 % du nombre de postes ». Il n’a pas indiqué combien d’emplois seraient supprimés, mais a précisé que l’impact le plus important était attendu au siège de l’organisation. L’élaboration du prochain budget révisé à la baisse sera au programme de la réunion annuelle des membres de l’OMS en mai à Genève.
     

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    Californie : volte-face sur la couverture santé des personnes sans-papiers
    Le démocrate Gavin Newsom assure que l’État de la Californie, dont il est gouverneur, n’a pas d’autre choix que de geler l’expansion de la couverture santé pour les personnes sans-papiers. La Californie fait face à un déficit de 12 milliards de dollars.  Ce gel de « l'expansion de la couverture santé pour les sans-papiers » est un des moyens d’équilibrer le budget de l'État ; cela contraint Gavin Newsom a renoncé à son ambition de créer une couverture maladie universelle. Largement vu comme un prétendant sérieux à la présidentielle américaine de 2028 pour le camp démocrate, le gouverneur signe ainsi un revirement remarqué, au moment où l'administration Trump met la pression sur les États démocrates, comme la Californie, en matière d'immigration. La Californie avait étendu l'an dernier l'accès à Medi-Cal ― la version californienne de Medicaid ―, sa couverture santé pour les personnes les plus précaires, aux personnes sans-papiers. Une décision polémique, dans une Amérique où l'immigration est un sujet hautement inflammable et où l'assurance-maladie repose largement sur le secteur privé, souligne l’AFP. Gavin Newsom souhaite désormais que Medi-Cal refuse les nouvelles inscriptions des personnes sans-papiers à partir du 1er janvier 2026. Il propose également de facturer 100 dollars par mois aux personnes immigrées en situation irrégulière déjà bénéficiaires du programme, à partir de 2027. Cela permettrait à la Californie d'économiser 5,4 milliards de dollars d'ici l'année fiscale 2028/2029. « Je suis très fier des avancées et des progrès que nous avons réalisés, mais il faut être réaliste », a expliqué le gouverneur démocrate. Medi-Cal couvre les soins des 15 millions de Californiens-nes les plus précaires. Environ 1,6 million de personnes sans-papiers en bénéficient actuellement, selon Gavin Newsom, un chiffre largement supérieur aux prévisions officielles. Gavin Newsom a insisté sur le fait qu'il concevait toujours la couverture maladie comme un « droit universel » à défendre.

    Robert F. Kennedy Jr attaqué verbalement au Sénat américain
    Protestation. Lors d’une audience devant le Sénat, le secrétaire américain à la Santé, le très controversé Robert F. Kennedy Jr. (RFK), a été interrompu à plusieurs reprises par des manifestants-es. Les interpellations portaient sur les nombreux licenciements, les réductions d’effectifs dans son ministère et plus largement toutes les décisions de l’administration Trump qui ont un impact sur la santé des Américains-es ou qui en auront. L’audience sénatoriale a été interrompue à plusieurs reprises en raison de l’ingérence du public. « RFK tue des gens avec le sida », était l’un des slogans. Avocat spécialisé dans le droit de l’environnement, Robert F. Kennedy Jr., connu comme un anti-vaccin, est une figure controversée de la politique américaine. Il s’est exprimé à plusieurs reprises contre la vaccination contre la rougeole, mais après une vaste épidémie dans plusieurs États, il a fini par changer d’avis.

    États-Unis : le nombre de morts par surdoses en baisse de 27 %
    Bonne nouvelle. Le nombre de décès liés au fentanyl a chuté d’environ 76 000 cas en 2023 à 48 422 l’année passée aux États-Unis. La baisse est forte, mais le nombre de décès reste malgré tout très élevé. De meilleurs accès à des traitements de substitution et à la naxolone (en traitement des surdoses) expliquent en partie cette chute. Le nombre de morts par surdoses a connu une baisse importante aux États-Unis en 2024, atteignant son plus bas niveau en cinq ans et offrant un peu d'espoir dans la crise des opioïdes que connaît le pays, selon des données publiées mercredi 14 mai et rapportées par l’AFP. En 2024, 80 391 personnes sont mortes en raison d'une surdose de drogue aux États-Unis, une chute de 27 % par rapport aux 110 035 décès enregistrés l'année précédente. Il s'agit du chiffre le plus bas depuis 2019. Le nombre de morts lié au fentanyl, un puissant opioïde de synthèse qui a fait de nombreuses victimes ces dernières années, a aussi plongé. Seuls deux États ont connu une augmentation, le Nevada et le Dakota du Sud. Cette amélioration est intervenue sous la présidence de Joe Biden, dont l'administration avait facilité l'accès à des traitements de substitution et avait fait de la naxolone, une des pierres angulaires de sa politique antidrogue. L'administration de Donald Trump, de retour aux affaires depuis le mois de janvier 2025, n'a toutefois pas hésité à s'approprier les mérites de ces bons chiffres pourtant antérieurs à son retour à la Maison Blanche. « Depuis que le président Trump a déclaré la crise des opioïdes comme une urgence de santé publique en 2017, le soutien du Congrès a permis aux Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) de renforcer les capacités de prévention des overdoses dans tous les États », a expliqué le CDC dans un communiqué. « Malgré ces améliorations générales, les overdoses restent la principale cause de mortalité pour les Américains âgés de 18 à 44 ans, ce qui souligne le besoin de poursuivre les efforts pour continuer à améliorer la situation », poursuit le communiqué. La crise des opioïdes trouve ses racines dans les années 1990 quand des fabricants de médicaments ont inondé le marché avec des analgésiques sur ordonnance tels que l'Oxycontin. La vague actuelle est alimentée par un autre opioïde, le fentanyl, fabriqué et introduit illégalement. Les États-Unis mettent en cause la Chine pour la fabrication et le Mexique pour le trafic vers les États-Unis. Plus d'un million d'Américains-es sont morts-es suite à des surdoses ces vingt dernières années.
     

    En bref, d'autres infos Droits des étrangers-ères

    Le Royaume-Uni envisage des « centres de retour » pour les migrants-es hors de ses frontières
    Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé jeudi 15 mai avoir entamé des discussions pour la mise en place hors du Royaume-Uni de « centres de retour » pour les personnes demandeuses d’asile déboutées, une formule comparable à celle envisagée par l’Union européenne. « Nous sommes en discussions avec un certain nombre de pays à propos de centres de retour, je les considère comme une innovation vraiment importante », a déclaré le dirigeant travailliste en déplacement à Tirana (Albanie), lors d’une conférence de presse avec son homologue albanais Edi Rama. Il n’a pas donné de détails sur la façon dont ces « hubs » fonctionneraient, indiquant simplement qu’il s’agissait de rendre plus efficaces les expulsions des personnes n’ayant pas le droit de rester au Royaume-Uni. Il n’a pas non plus précisé avec quels pays ces pourparlers étaient menés. « Cela s’appliquera essentiellement aux personnes qui ont épuisé toutes les voies légales pour rester au Royaume-Uni », a indiqué un porte-parole de Keir Starmer.

    Immigration : le Sénat veut écarter les associations des centres de rétention
    Le Sénat a voté lundi 12 mai pour retirer aux associations présentes dans les centres de rétention administrative (CRA) leur mission de conseil juridique aux personnes étrangères retenues en vue de leur expulsion. Cette idée est très vivement soutenue par Bruno Retailleau qui l’a inspirée. Elle est critiquée à gauche. « Il est grand temps de se dire que ce ne sont pas les associations qui définissent la politique de l’État », a expliqué la sénatrice Les Républicains Marie-Carole Ciuntu, qui a présenté la proposition de loi devant la chambre haute. Son texte, adopté à 227 voix contre 113, vise à écarter les associations des CRA pour confier « le rôle d’information sur l’accès au droit de l’étranger » à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), organisme placé sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. À l’heure actuelle, cinq associations dont la Cimade, France terre d’asile ou encore Forum réfugiés, sont mandatées par l’État dans le cadre d’un marché public pour intervenir dans les CRA, où elles accompagnent les personnes retenues en leur octroyant information et assistance juridiques. Mais ces dernières, prétend Bruno Retailleau, « outrepassent leurs missions et les retournent en réalité contre l’État en entravant son action par pur militantisme », a martelé le ministre de l’Intérieur. Le transfert de cette compétence vers l’Ofii d’une part ― pour informer les étrangers-ères retenus-es ― et dans un deuxième temps vers les avocats-es ― pour l’assistance juridique ― offrirait, par ailleurs selon elle, plus « d’impartialité », et entraînerait des économies pour l’État, chiffrées à 6,5 millions d’euros par les services de Bruno Retailleau. L’ensemble de la gauche, et une poignée de centristes, se sont opposés au texte durant des débats assez vifs, craignant une atteinte « aux principes fondamentaux du droit » et à la liberté d’association. Le sénateur communiste Ian Brossat a dénoncé « une véritable régression, un recul organisé et assumé du droit des personnes enfermées à disposer d’une information juridique indépendante, neutre et effective ». Les associations concernées par ce texte sont, elles aussi, vent debout : dans une tribune au Monde publiée dimanche 11 mai, elles ont craint « un coup fatal à l’exercice des droits des personnes privées de liberté et à la transparence démocratique ». Cette proposition de loi est désormais transmise à l’Assemblée nationale avec une « procédure accélérée » d’examen activée par le gouvernement, qui pourrait permettre un parcours parlementaire plus rapide. Ce texte fait partie d’un triptyque d’initiatives des sénateurs-rices LR sur l’immigration ces dernières semaines, une manière de donner à leur ancien chef de file Bruno Retailleau des résultats, faute de grand projet de loi sur le sujet. L’une d’elles vise à étendre la durée maximale de rétention dans les CRA de 90 à 210 jours aux personnes étrangères condamnées pour un crime ou un délit puni d’au moins cinq ans d’emprisonnement. L’autre à conditionner l’octroi de certaines prestations sociales aux étrangers-ères à une durée de résidence en France d’au moins deux ans.

    Le gouvernement britannique dévoile un plan « radical » pour réduire l’immigration
    Under pressure. Le gouvernement travailliste britannique de Keir Starmer a dévoilé lundi 12 mai une feuille de route aux « mesures radicales » pour réduire l’immigration ; et cela, au moment où le Royaume-Uni voit l’extrême droite grimper dans les sondages et s’implanter dans le pays. Preuve de l’enjeu, le Premier ministre lui-même a pris la parole lors d’une conférence de presse, peu avant que sa ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, ne dévoile la feuille de route devant le Parlement. « Tous les domaines du système d’immigration, y compris (les visas) de travail, de regroupement familial, d’étude, seront renforcés afin que nous puissions mieux les contrôler. La mise en œuvre sera plus stricte que jamais et le nombre d’immigrants diminuera », a expliqué Keir Starmer, selon des extraits de son discours communiqués par Downing Street. « Nous créerons un système qui est contrôlé, sélectif et juste », a-t-il insisté, alors que l’immigration nette a atteint 728 000 personnes entre juin 2023 et juin 2024, et près d’un million l’année précédente.
    Afin de s’assurer que les étrangers-ères désireux-ses de s’installer au Royaume-Uni « méritent » de rester, il sera désormais plus difficile d’obtenir un titre de résident-e permanent, a détaillé Downing Street. Pas moins de 162 000 personnes l’ont obtenu l’an dernier, en hausse de 35 % sur un an. Il faudra dix ans de présence sur le territoire, contre cinq actuellement. Les infirmiers-ères, médecins, ingénieurs-es et dirigeants-es dans l’intelligence artificielle pourront toutefois candidater avant. Et les dépendants-es adultes d’une personne titulaire de visa devront démontrer un niveau d’anglais suffisant pour être autorisés-es à venir au Royaume-Uni, avec l’objectif de réduire le nombre de visas familiaux. Les entreprises du secteur du soin (auxiliaire de vie, etc.), qui dépendent fortement de la main d’œuvre étrangère, ne pourront plus recruter directement à l’étranger. Outre l’immigration légale, le gouvernement est également sous pression pour endiguer l’arrivée de migrants-es traversant la Manche sur de petites embarcations. Quelque 36 800 migrants-es sont arrivés-es l’an dernier, et plus de 11 000 depuis le début de l’année.