Je fais un don

    L’Actu vue par Remaides : « Des caractéristiques génétiques associées à une rémission durable du VIH après interruption du traitement »

    • Actualité
    • 19.05.2025

     

    POSTER ROOM3.jpeg

     



    Photo : Fred Lebreton.

    Par Jean-François Laforgerie

    Des caractéristiques génétiques associées à une rémission durable du VIH après interruption de traitement

    La persistance de réservoirs viraux dans l’organisme lorsqu’on vit avec le VIH nécessite, en l’état de la recherche actuelle, un traitement antirétroviral à vie. C’est d’ailleurs un des enjeux de la recherche aujourd’hui. Cependant, comme l’explique une récente publication de l’institut Pasteur, certaines personnes, appelées « contrôleurs post-traitement », parviennent à maintenir une charge virale indétectable même après l'arrêt du traitement. Des chercheurs-ses de l’Institut Pasteur, de l’Inserm et de l’AP-HP, dans une étude financée par l’ANRS Maladies infectieuses émergentes (ANRS MIE), sont parvenus-es à identifier des caractéristiques génétiques immunitaires particulières d’un groupe de ces personnes. Explications.

    Ces travaux offrent des renseignements inédits sur les mécanismes immunitaires associés au contrôle du VIH sans traitement antirétroviral. Ils ouvrent de nouvelles perspectives pour le développement d’immunothérapies visant la rémission ou la guérison de l’infection par le VIH. Ces travaux ont été publiés dans la revue Med, le 28 avril 2025. Ils ont fait l’objet d’un article sur le site de l’Institut Pasteur;

    On le sait : en dépit d’un traitement antirétroviral efficace pour contrôler le virus, des cellules infectées par le VIH persistent dans l’organisme, formant ce qu’on appelle les réservoirs viraux. Ceux-ci sont à l'origine du rebond viral qui se produit en cas d'interruption du traitement ARV. Cependant, certaines personnes contrôlent durablement le virus après l'arrêt du traitement. « Il s’agit des "contrôleurs post-traitement" qui ont été décrits dans le cadre de l’étude Visconti en 2013. « Ces personnes sont considérées en rémission virologique durable de l’infection par le VIH. Dans certains cas, la durée du contrôle dépasse déjà les 25 ans sans traitement ». Comme l’explique l’article publié par l’Institut Pasteur, l’initiation d’un traitement précoce, dans les premiers jours suivant l’infection, pendant l’infection aigüe (primo-infection), semble favoriser un tel contrôle post-traitement du VIH, mais les mécanismes immunitaires restaient encore mal compris jusqu’à présent.

    Cette étude, coordonnée par Asier Sáez-Cirión, responsable de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur, a identifié que certaines caractéristiques génétiques associées à des cellules de l’immunité innée (les cellules Natural Killer ou NK) sont très fréquemment retrouvées chez les contrôleurs-ses post-traitement de la cohorte Visconti. Et l’institut Pasteur d’expliquer : « Dans une analyse rétrospective de la cohorte ANRS CO6 Primo (où les caractéristiques génétiques de plus de 1 600 participants-es suivis-es depuis le début de leur infection ont été analysées), les scientifiques ont confirmé que la présence de ces marqueurs génétiques semble favoriser la rémission durable du VIH chez des personnes qui ont initié un traitement précocement et qui l’ont interrompu par la suite pour des raisons diverses. »
    Les scientifiques montrent que la présence de ces marqueurs génétiques est accompagnée par l’existence de populations particulières de cellules NK qui ont une capacité accrue à contrôler l’infection. « Ces résultats soutiennent le rôle des cellules NK dans la rémission prolongée du VIH et pourraient orienter le développement de nouvelles immunothérapies, » a commenté Asier Sáez-Cirión.

    Pour valider ces découvertes, un essai clinique intitulé ANRS 175 Rhiviera01 promu par l’Inserm/ANRS|MIE, a été lancé en mars 2023. Cet essai vise à étudier l’association entre les marqueurs génétiques des cellules NK et le contrôle post-interruption du traitement. Dans le cadre de l'essai, il a été proposé une interruption du traitement étroitement surveillée à 16 personnes portant ces caractéristiques génétiques et qui étaient traitées depuis leur primo-infection. Les analyses sont en cours. « En parallèle, les scientifiques sont en train de caractériser l’influence précise de ces caractéristiques génétiques associées à la rémission sur le programme et la fonction des cellules NK. Cette approche permettrait de développer des immunothérapies pour mobiliser ces cellules particulières chez d'autres personnes vivant avec le VIH », explique l’Institut Pasteur. « Cette découverte représente une étape cruciale dans la poursuite de la rémission durable de l’infection par le VIH. Dans un contexte où les programmes d’accès aux antirétroviraux sont fortement menacés, des nouvelles thérapies qui permettront aux personnes vivant avec le VIH de mener une vie normale sans devoir prendre de traitement deviennent encore plus nécessaires et urgentes », conclut Asier Sáez-Cirión.