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    L’Actu vue par Remaides : « Le Défi de janvier – Dry January : ça repart en 2025 »

    • Actualité
    • 28.12.2024

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    © DR Dry January 2025

    Par Jean-François Laforgerie

     

     

    Le Défi de janvier - Dry January :
    ça repart en 2025 !

     

    Sans alcool la fête est plus folle ? Créé en 2013 au Royaume-Uni par l’ONG Alcohol Change UK, le Défi de janvier ou Dry January s’est implanté en France depuis 2020 à l’initiative d’un consortium d’associations. Le principe de cette opération de santé publique, que ne soutient pas l’État, est simple : ne pas boire d’alcool à partir de l’heure de lever le 1er janvier, jusqu’à la fin du mois de janvier, voire plus pour ceux-celles qui veulent, peuvent. Une sixième édition est proposée, début janvier 2025. Explications.
     

    Défi de janvier - Dry January, une sixième édition en 2025

    Cette campagne invite les Français-es à faire une pause d’alcool durant tout le mois de janvier. En 2024, 61 % des personnes consommatrices d’alcool connaissaient l’initiative et plus de 4,5 millions de personnes ont relevé le défi, selon les premiers résultats de l’étude JANOVER (voir encart). « Ces premiers chiffres soulignent la popularité du Dry January – Défi de Janvier dans la population et son rôle dans la promotion d’habitudes de consommation d’alcool plus maitrisées », explique la Fédération Addiction.

    Comment participer à cette "dynamique collective pour la santé publique ?"

    Cette opération est bien plus qu’une simple pause de l’alcool : c’est un mouvement mondial, initié par l’ONG britannique Alcohol Change UK en 2013, qui s’est étendu à la France grâce au soutien de nombreuses associations, sociétés savantes, mutuelles, collectivités… En janvier, les participants-es peuvent suivre le défi avec les applications TryDry et MyDéfi. Il est aussi possible de bénéficier de conseil par mail et d’échanger sur les réseaux sociaux et sur un groupe d’entraide dédié sur Facebook.
    « Il n’y a pas de bon point si on ne boit pas, ni de mauvais si on boit : c’est à chacun-e de voir et d’en constater les effets. Mais si vous relevez le défi durant tout le mois, vous aurez des bénéfices nettement supérieurs. Le plus beau d’entre eux sera sans doute d’avoir trouvé du plaisir à sortir, dîner chez soi, se relaxer, voir ses proches… sans y associer l’alcool et ainsi repérer les verres qui ne correspondent pas à un choix délibéré mais plutôt à une routine », expliquent les organisateurs-rices de l’événement.

    Qui organise cet événement ?

    Des ONG, des société savantes, des organismes de prévention et de recherche comme Addict’AIDE, Association Addictions France, Camerup, Fédération Addiction, Fédération française d’addictologie, France Assos Santé, France Patients Experts Addictions, Ligue contre le cancer, Société française d’alcoologie, Respadd. En différentes occasions, les services de l’État ont été sollicités pour soutenir, notamment financièrement, l’opération. Refus.

    Pourquoi l'Etat ne soutient-il pas cette action de santé publique ?

    Depuis la création de l’événement en France, l’État a refusé de le soutenir.  Fin 2019, juste avant le lancement de la première édition, Santé publique France avait retiré son soutien financier, sur pression de l’Elysée, laissant les associations porter seules le premier Défi de janvier avec un budget dérisoire, rappelle une enquête de Radio France. En 2023-2024, des experts-es étaient montés-es au créneau, sans succès, pour demander un soutien à cette opération. « Le message est contradictoire » regrettait Yana Dimitrova, responsable de la prévention à la Ligue contre le cancer, dans un article de RCF, en janvier 2024. « En termes de santé publique, la prévention contre l’alcool devrait être une priorité après le tabac » ajoutait le docteur Bernard Basset, président d’Addictions France. Le 12 décembre 2023, 48 addictologues avaient adressé une lettre à Aurélien Rousseau, alors ministre de la Santé (il est aujourd’hui député NFP) demandant au gouvernement de soutenir le Dry January, sans succès.

    « Nous savons, bien évidemment, que le soutien à cette mobilisation sociale par Santé publique France a été suspendu. Cependant, depuis 2020 la reprise par un collectif inter associatif a rencontré l’opinion, comme les sondages le confirment régulièrement. Elle est consensuelle et il serait plus que dommage que le ministère de la Santé et de la Prévention, et son agence sur ce champ, continuent de s’en tenir à l’écart », alertaient les addictologues. Rien n’avait changé.

    Le 13 décembre dernier, la cellule investigation de Radio France a diffusé le résultat de son enquête sur la « stratégie d’influence du lobby de l’alcool qui tente de peser dans l’élaboration du budget de la sécurité sociale [PLFSS] et dans les campagnes de prévention » dont le Défi de janvier – Dry January, grâce à ses « nombreux relais dans la classe politique ». Et cela tous partis confondus. Le lobby alcoolier, très opposé au Dry January, a même ses relais au gouvernement. La cellule investigation de Radio France explique ainsi : « Cette année, lors des discussions sur le PLFSS (…) les producteurs d’alcool et surtout de vin, pouvaient compter sur un soutien de poids. Nathalie Delattre, ministre sortante des Relations avec le Parlement, ancienne vigneronne et ex-sénatrice de Gironde, a multiplié les gestes à leur égard. Déplacements officiels dans des domaines viticoles qui ne relèvent pourtant pas de son portefeuille et discours d’ouverture lors de la réunion annuelle de l’Association nationale des élus de la vigne et du vin, l’Anev, dont elle fut la coprésidente avant son entrée au gouvernement. Ce colloque s’est tenu au Sénat (!), le 7 novembre dernier. Voici ce qu’a dit la ministre : « Soyez assurés que depuis que je suis ministre, je n'ai pas changé. Je continue fièrement à porter les couleurs de la viticulture (…) Je continue à visiter des exploitations viticoles et des caves, à porter haut et fort le fait que je suis contre le Dry January. Je continuerai à être en soutien. J'ai lu quelques articles de presse pour dire que j'étais encore une affreuse lobbyiste des alcooliers, eh bien oui, j’assume. » Et selon Radio France, la ministre de conclure son intervention par le fait qu’il y a « une très belle cave au ministère ». Applaudissements nourris.
    Glaçant, quand on sait que chacun année près de 41 000 personnes décèdent des conséquences d’une consommation excessive d’alcool.

    Dry January : une étude inédite confirme les bénéfices pour la santé

    La campagne de prévention alcool « Défi de janvier – Dry January » portée par la société civile revient en 2025 pour sa 6e édition et cette action de santé a des effets bénéfiques, pointe une information publiée sur le site de la Fédération Addiction. Pour la première fois, une étude menée en France atteste des « effets positifs durables pour les personnes ayant relevé le Dry January - Défi en janvier 2024 », indique l’article.

    Une campagne qui touche efficacement les personnes consommatrices à risque

    Les premiers résultats de l’étude JANOVER ont été publiés le 2 décembre 2024 dans la revue Frontiers in Public Health. Ils indiquent que le Défi de janvier – Dry January « atteint particulièrement bien les personnes identifiées comme buveurs et buveuses à risque ». En effet, 32 % des participants-es se reconnaissent comme ayant une consommation d’alcool potentiellement à risque, contre seulement 17 % chez les non-participants-es.

    Des effets bénéfiques sur la santé et un impact qui perdure

    Le Défi de janvier- Dry January permet à ses participants-es d’expérimenter des bénéfices concrets : sommeil amélioré, regain d’énergie, meilleure concentration, et des économies non négligeables, indiquent les experts-es. Les retours des éditions précédentes indiquent que ces effets bénéfiques se prolongent bien au-delà du mois concerné par l’opération, avec des habitudes de consommation plus maîtrisées sur le moyen terme et le long terme. « Les résultats définitifs de l’étude JANOVER, attendus dans les prochaines semaines, devraient venir confirmer ces observations », précise la Fédération Addiction.

    "Un défi populaire auprès des jeunes adultes"

    Les données de JANOVER montrent que la participation est plus élevée chez les jeunes adultes (18-34 ans) : 29 % des jeunes ont pris part à l’édition 2024, un taux bien plus élevé que chez les 35-54 ans (20 %) et les plus de 55 ans (15 %). Ces chiffres témoignent d’une prise de conscience accrue des jeunes sur les effets de l’alcool, souligne la Fédération Addiction. Autre élément : si la participation au Défi de janvier – Dry January est équivalente parmi les catégories sociales, la connaissance de la campagne reste plus importante parmi les CSP+ (77 % versus 58 % chez les autres).

    L'étude JANOVER : pour comprendre les effets du Dry January

    En 2024, pour la première fois en France, une équipe de chercheurs-ses s’est penchée sur le profil des personnes participantes au Dry January et l’effet de la campagne sur leur consommation d’alcool. Les questions ont porté sur le profil sociodémographique des participants-es, leur bien- être et leur consommation d’alcool. Elle a été menée par une équipe de centre hospitalier Le Vinatier (centre hospitalier Psychiatrie universitaire Lyon Métropole) avec le soutien de l’Institut national du cancer. Pourquoi faire cette étude ? Plusieurs objectifs : connaître le profil des participants-es ; identifier les facteurs de « réussite » du défi ; évaluer l’impact du défi sur la consommation d’alcool et le bien-être. Jusqu’à présent, l’efficacité du Dry January a été positivement évaluée à l’étranger, notamment au Royaume-Uni. C’était la première fois qu’une telle étude était proposée aux participants-es en France.

    Alcool : qui trinque ?

    La consommation d’alcool et ses conséquences en France en 2023 ont récemment fait l’objet d’une publication de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives. L’OFDT y indique un paradoxe. En effet, « alors même que la consommation d’alcool et les volumes mis en vente continuent de diminuer en 2023, le nombre d’hospitalisations liées à l’alcool a pourtant augmenté l’année dernière ».
    Le rapport de l’OFDT a le grand intérêt de proposer une vue d’ensemble de l’offre de boissons alcoolisées, de la consommation et des conséquences sanitaires et sociales induites, en France pour l’année 2023. 
    L’année 2023 marque, une fois de plus, une baisse de la plupart des indicateurs liés à la vente et à l’usage d’alcool. Les volumes d’alcool pur mis en vente ont de nouveau diminué en 2023 (− 3,8 % par rapport à 2022), s’établissant désormais à une moyenne de 10,35 litres d’alcool pur par habitant de plus de 15 ans. Cette baisse est principalement due au recul des ventes de vins (− 4,2 % entre 2022 et 2023), qui représentent toujours la majorité des boissons alcoolisées vendues en France (52 %). Cependant, la structure des ventes montre un report vers les bières, dont les ventes sont en hausse continue depuis 2018 et dépassent désormais un quart des volumes d’alcool mis en vente. Quant à la consommation d’alcool, elle baisse autant chez les jeunes que chez les adultes, qu'il s'agisse d'usage dans l'année, hebdomadaire ou quotidien. Quelques chiffres :
    - chez les adultes, la diminution la plus marquée concerne la consommation quotidienne (− 13 % entre 2021 et 2023). On constate également une baisse significative (− 7,5 % par rapport à 2022) du nombre de personnes tuées dans des accidents mortels avec un conducteur ayant une alcoolémie positive ;
    - chez les adolescents-es de 17 ans, la baisse de consommation est encore plus prononcée entre 2017 et 2022, avec un usage quotidien qui a diminué de 31 %, et un usage dans le mois qui a diminué de 14 %. Quant aux alcoolisations ponctuelles importantes mensuelles, bien que toujours notables et touchant près d’un tiers des jeunes, elles sont également en diminution (−16,8 % par rapport à 2017).
    Une augmentation du nombre des hospitalisations est constatée.
    En revanche, le nombre des hospitalisations en lien avec l’alcool, croît : + 4,1 % de séjours et + 2,5 % de patients-e en 2023 par rapport à l’année dernière. Ces séjours concernent 307 676 patients, qui sont en majorité des hommes (73 %) et dont l’âge moyen est de 56 ans.

    En France, près d'un tiers des journalistes consomment davantage de "produits nocifs" du fait de leur métier

    Quelque 30 % des journalistes français déclarent consommer plus d’alcool, de produits stupéfiants ou de médicaments anxiolytiques du fait de leur métier, selon les résultats d’une étude menée à l’occasion des États généraux de l’information et publiée jeudi 28 novembre. Parmi ces journalistes, 7 % estiment consommer « beaucoup » plus de ces produits potentiellement nocifs et 23 % « un peu plus », d’après cette consultation de l’institut Ipsos auprès de 6 363 journalistes détenteurs-rices de la carte de presse. Sur ce total de professionnels interrogés, 87 % trouvent que le niveau de stress est élevé dans le métier et 23 % déclarent avoir vécu un burn-out.