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    L’Actu vue par Remaides : « Tecovirimat jugé sûr mais inefficace pour traiter le Mpox »

    • Actualité
    • 19.12.2024

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    © DR

    Par Fred Lebreton

     

    Tecovirimat jugé sûr, mais inefficace
    pour traiter le Mpox

    Une étude internationale, dont les résultats ont été publiés le 10 décembre denrier, remet en cause l'efficacité du tecovirimat dans la prise en charge des cas légers à modérés de Mpox de clade II. En France, on dispose de nouvelles données sur le nombre de cas : 209 cas de Mpox ont été déclarés à Santé publique France depuis le 1 er janvier 2024 (données arrêtées au 26 novembre 2024). L’actu vue par Remaides revient sur ces différentes infos.

    Une étude internationale financée par les National Institutes of Health (NIH, États-Unis) et publiée le 10 décembre remet en cause l'efficacité du tecovirimat dans la prise en charge des cas légers à modérés de Mpox de clade II. Bien que le médicament ait été jugé sûr, il n’a pas permis d’accélérer la guérison des lésions, ni de soulager la douleur, selon l’analyse intermédiaire de l’essai clinique STOMP (Study of Tecovirimat for Mpox). Face à ces résultats définitifs, le comité de surveillance de l’étude a recommandé l’arrêt de l’inclusion de nouveaux-elles participants-es qui étaient répartis-es dans deux groupes : l’un prenant le tecovirimat et l’autre un placebo. Le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID), branche des NIH et sponsor de l’étude, a accepté cette décision. Il a également fermé les inscriptions au groupe en accès libre pour les patients-es présentant des formes graves, un volet qui n’était pas destiné à évaluer l’efficacité du médicament.

    L’essai STOMP, lancé en 2022 dans plusieurs pays (Argentine, Brésil, Japon, Mexique, Pérou, Thaïlande et États-Unis), avait pour objectif de tester si un traitement de 14 jours par tecovirimat pouvait réduire la durée des lésions visibles et soulager la douleur associée au Mpox, un virus transmis principalement par contact rapproché. Cependant, les résultats montrent une efficacité comparable à celle d’un placebo. « Ces premiers résultats apportent des informations précieuses pour orienter les contre-mesures médicales contre le Mpox de clade II et soulignent l’importance cruciale des essais cliniques randomisés bien conçus en réponse aux épidémies », a déclaré Jeanne Marrazzo, directrice du NIAID. Avant 2022, aucun traitement n’avait été étudié chez les personnes atteintes de cette maladie. Cet essai constitue une étape clé pour évaluer les antiviraux existants tout en poursuivant le développement de nouvelles approches thérapeutiques.

    Le Mpox, historiquement limité à certaines régions d’Afrique, a connu une épidémie mondiale en 2022, principalement causée par le clade II (celui présent en France). Le virus continue de circuler à faible niveau, tandis qu’une épidémie de clade I en Afrique centrale et de l’Est a été déclarée « urgence de santé publique » par l’Organisation mondiale de la santé en 2024. Bien que le risque reste faible pour le grand public, les personnes immunodéprimées, les enfants et les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables. Aux États-Unis, le Center for Disease Control and Prevention (CDC) maintient un protocole d’accès élargi pour permettre l’utilisation du tecovirimat en dehors des cadres de recherche chez les personnes à risque élevé. Cependant, son efficacité chez ces populations n’a pas été démontrée de manière concluante. L’étude STOMP, mise en œuvre rapidement dans un contexte d’urgence, est saluée pour son inclusivité et sa collaboration internationale.

    Selon le directeur de l’étude, Timothy Wilkin, cette initiative pourrait servir de modèle pour les futures réponses aux épidémies en équilibrant la nécessité d’obtenir des preuves scientifiques solides tout en garantissant un accès équitable aux traitements. Les résultats concordent avec une autre étude menée en République démocratique du Congo (RDC), qui avait également conclu à l’absence d’efficacité du tecovirimat pour les cas de clade I. Des analyses supplémentaires sont en cours pour approfondir ces résultats, tandis qu’une étude similaire, UNITY, menée en Amérique latine et en Suisse, continue d’explorer l’efficacité du tecovirimat. Ces recherches illustrent l’importance des collaborations internationales pour répondre efficacement aux défis sanitaires globaux.

    Mpox : les données sur les cas en France au 11 décembre 2024

    Au total, 211 cas de Mpox ont été déclarés à Santé publique France depuis le 1 er janvier 2024 (parmi ces cas, dix n’ont pas été confirmés biologiquement), dont six sur les quatre derniers jours. Seuls des virus Mpox de clade II ont été détectés par le centre national de référence des orthopoxvirus. Tous les cas concernaient des personnes adultes âgées entre 18 et 65 ans (médiane d’âge de 36 ans). Huit cas concernaient des femmes, dont aucune n’avait voyagé dans les trois semaines ayant précédé le début des signes. Quatre d’entre elles ont déclaré avoir eu un contact dans les trois semaines avant le début des signes avec :
    - un cas confirmé de Mpox pour deux d'entre elles (un partenaire sexuel pour l'une et une personne du cercle familial pour l'autre) ;
    - un cas non confirmé biologiquement (partenaire sexuel) ;
    - un partenaire sexuel originaire d’un pays d’Afrique australe, non connu comme un cas de Mpox.
    Près de la moitié des cas résidaient en région Île-de-France, 33 en Auvergne-Rhône-Alpes, 31 en Occitanie, treize en Provence-Alpes-Côte d’Azur et onze en Nouvelle-Aquitaine. Parmi les 200 cas pour lesquels l’information était disponible, 13 (6 %) ont été hospitalisés, principalement en raison de douleurs intenses, associées ou non à une pathologie concomitante ou à des complications. Parmi les 137 cas dont le statut vaccinal antivariolique était connu à la fois dans l’enfance et depuis 2022, 104 n’ont reçu aucune vaccination, 22 n’ont été vaccinés que depuis 2022, six n’ont été vaccinés qu’avant 1984, et cinq ont été vaccinés depuis 2022 alors qu’ils l’avaient déjà été avant 1984. De plus, 40 cas ont été vaccinés depuis 2022, sans information sur une éventuelle vaccination dans l’enfance. Le nombre total de cas déclarés au 26 novembre 2024 est de 5 237, dont 83 % ont été confirmés biologiquement.

    Source : Santé publique France