L'Actu vue par Remaides : Mpox : Alerte mondiale sur une nouvelle souche
- Actualité
- 21.08.2024
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Par Jean-François Laforgerie
Mpox : Alerte mondiale sur une nouvelle souche
L’OMS a déclenché mercredi 14 août son niveau d’alerte le plus élevé à la suite d’une résurgence du Mpox (anciennement Monkeypox ou variole du singe). L’alerte est venue du continent africain ; de la République démocratique du Congo (RDC) plus particulièrement. Il faut dire que l’épidémie de Mpox qui y sévit actuellement en raison d’une nouvelle souche (clade 1b) est meurtrière. La rédaction de Remaides fait le point sur la situation dans le monde et en France.
RDC : 548 morts des suites du Mpox depuis le début de l’année.
L’épidémie actuelle de Mpox en RDC a fait 548 morts depuis le début de l’année et touche désormais toutes les provinces de ce pays d’environ 100 millions d’habitants-es. Un rapport épidémiologique, publié mi-août et commenté par le ministre de la Santé Samuel-Roger Kamba, expliquait : « Notre pays a enregistré 15 664 cas potentiels et 548 décès depuis le début de l’année ». Au 3 août, l’agence de santé de l’Union africaine, Africa CDC (Centres de contrôle et de prévention des maladies du continent), avait recensé 455 décès et 14 479 infections dans 25 des 26 provinces du pays. « Les provinces du Sud-Kivu, Nord-Kivu, Tshopo (est), Équateur, Nord-Ubangi, Tshuapa, Mongala (nord) et Sankuru (centre) sont les plus affectées », a indiqué le ministre de la Santé. Le pays indique travailler sur « l’amélioration et le renforcement des protocoles et des dispositifs de surveillance aux points de contrôle et aux frontières » ; d’autant que des cas ont été repérés dans des pays voisins ou proches de la RDC comme le Kenya, le Burundi ou encore le Rwanda et l’Ouganda. Vingt-huit cas de Mpox dont un décès ont été recensés en Côte d'Ivoire, a appris l'AFP, mardi 20 août, auprès de l'Institut national de l'hygiène publique (INHP). « La situation n'est pas alarmante. On est au début d'une épidémie naissante. Il n'y a pas de flambée », a expliqué le docteur Daouda Coulibaly de l’INHP. Comme dans d’autres pays, la stratégie de réponse à l’épidémie se fonde sur une « surveillance renforcée ». « Il faut casser les chaînes de transmission, identifier les contacts des cas, les isoler et les suivre ». Selon l’AFP, les premiers cas identifiés, cette année, en Côte d'Ivoire concernaient le clade 2, « des analyses sont en cours » pour trouver l’origine des nouveaux cas.
Mpox : l’OMS a déclenché son plus haut niveau d’alerte mondiale
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclenché mercredi 14 août son plus haut degré d’alerte au niveau international face à la résurgence des cas de Mpox en Afrique. Et cela pour la deuxième fois concernant cette maladie. La première fois, c’était en juillet 2022, lorsqu’une épidémie de Mpox s’était étendue à travers le monde, notamment dans des pays qui ne connaissaient pas cette maladie. L’alerte sanitaire avait été levée en mai 2023. « Aujourd’hui, le comité d’urgence s’est réuni et m’a fait savoir qu’à son avis, la situation constitue une urgence de santé publique de portée internationale. J’ai accepté cet avis », a déclaré, lors d’une conférence de presse, le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. Les quinze membres du comité d’urgence « ont tous » estimé que les critères étaient réunis pour déclarer une urgence de santé publique internationale face à la hausse des cas en Afrique, a affirmé le président de ce groupe ad hoc d’experts-es, le professeur Dimie Ogoina. « De nombreux membres du comité d’urgence sont d’avis que ce qui se passe en Afrique est en fait le sommet de l’iceberg, que le défi est plus grand et qu’en raison des faiblesses du système de santé, nous n’avons pas une vue d’ensemble du fardeau que représente le Mpox », a-t-il dit, appelant à renforcer la surveillance et soulignant le manque actuel de vaccins. En parallèle, l’agence de santé de l’Union africaine avait déjà déclaré l’« urgence de santé publique », son plus haut niveau d’alerte, face à cette nouvelle épidémie, lançant un « appel clair à l’action » pour enrayer sa propagation. Ces réactions rapides tiennent compte des données récentes concernant la RDC et des pays voisins, mais aussi de chiffres plus anciens qui montrent que le Mpox se maintient à un niveau élevé au long cours. Ainsi, un total de 38 465 cas a été recensé dans seize pays africains depuis janvier 2022, pour 1 456 décès, avec notamment une augmentation de 160 % des cas en 2024, comparé à l’année précédente, selon des données publiées mi-août par l’agence de santé Africa CDC. « L’OMS s’engage, dans les jours et les semaines à venir, à coordonner la riposte mondiale, en collaborant étroitement avec chacun des pays touchés et en tirant parti de sa présence sur le terrain, afin de prévenir la transmission, de traiter les personnes infectées et de sauver des vies », a affirmé le Dr Tedros aux journalistes.
Décréter l’alerte maximale au niveau mondial « peut permettre à l’OMS d’accéder à des fonds pour les interventions d’urgence. Pour le reste, les mêmes priorités demeurent : investir dans la capacité de diagnostic, la réponse de santé publique, l’aide au traitement et la vaccination. Cela ne sera pas facile », selon Marion Koopmans, professeur à l’université néerlandaise Erasmus de Rotterdam, interrogée par l’AFP.
Mpox : clade 1, clade 1b et clade 2
Le Mpox est une maladie virale qui se propage de l’animal à l’homme (on parle de zoonose). Elle se transmet aussi par contact physique étroit (dont les relations sexuelles) avec une personne infectée. En 2022, l’épidémie mondiale, portée par le clade 2, s’était propagée dans une centaine de pays où la maladie n’était pas endémique, touchant surtout des hommes ayant des relations sexuelles entre hommes (HSH). L’épidémie avait fait quelque 140 morts à l’échelle mondiale sur environ 90 000 cas confirmés. L’épidémie actuelle est partie de la RDC et gagne d’autres pays (voir plus bas). Elle est le fait d’un virus plus contagieux et plus dangereux. Elle est provoquée par le clade 1 et par une variante plus forte, le clade 1b. Son taux de mortalité est estimé à 3,6 %. Le clade 1b fait apparaître des éruptions cutanées sur tout le corps, quand les précédentes souches étaient caractérisées par des éruptions et des lésions localisées, sur la bouche, le visage ou les parties génitales.
Le Mpox « n’est pas le nouveau Covid », selon l’OMS
« Le Mpox n’est pas le nouveau Covid. Qu’il s’agisse du clade 1 du Mpox, à l’origine de l’épidémie actuelle en Afrique centrale et orientale, ou du clade 2 du Mpox, à l’origine de l’épidémie de 2022 » dans le monde, a déclaré Hans Kluge, directeur Europe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), lors d’un point de presse des agences de l’ONU. « Nous en savons déjà beaucoup sur le clade 2. Il nous reste à en apprendre davantage sur le clade 1 », a-t-il affirmé, en relevant que « nous savons comment lutter contre le Mpox ». Dans son intervention en visio, Hans Kluge a expliqué qu’il y a deux ans, l’Europe avait « maîtrisé le Mpox grâce à un engagement direct auprès des communautés les plus touchées, dont les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ». Une autre experte est intervenue durant cette visio : la Dre Catherine Smallwood, responsable des situations d’urgence au bureau européen de l’OMS. Elle a rappelé que « le clade 1a est ce que l’on appelait autrefois le clade du bassin du Congo » et les malades sont généralement infectés par des animaux malades. En revanche, a-t-elle dit, « nous n’avons pas isolé ou détecté de transmission zoonotique [de l’animal à l’homme, ndlr] du clade 1b ». Selon l’experte, « il semble donc s’agir d’une souche du virus qui circule exclusivement au sein de la population humaine, et certains des changements viraux identifiés par les virologues nous montrent qu’il est probable qu’elle se transmette plus efficacement entre humains ». « Nous savons que le clade 1 est plus dangereux que le clade 2 », a renchéri un porte-parole de l’OMS à Genève, Tarik Jasarevic, mais les spécialistes cherchent maintenant à savoir s’il existe une réelle différence entre le clade 1a et le clade 1b, en termes de gravité. « Ce n’est que récemment que nous avons découvert le clade 1b, qui se propage rapidement (...) mais nous ne sommes pas encore sûrs de sa gravité », a-t-il ajouté. Selon M. Kluge, le risque pour la population générale est « faible », même si les modes de transition du virus « ne sont pas encore très clairs ». « Allons-nous devoir nous confiner comme ce fut le cas en Europe face au Covid-19 ? La réponse est clairement non », a-t-il également dit. Le porte-parole de l’OMS a, lui, indiqué que l’organisation ne recommande pas le port du masque. Et, a-t-il dit, « nous ne recommandons pas la vaccination de masse. Nous recommandons d’utiliser les vaccins en cas d’épidémie pour les groupes les plus à risque ».
Des cas identifiés hors du continent africain… oui, mais quelle souche?
Jeudi 15 août, l’Agence suédoise de santé publique a annoncé qu’une personne vivant dans la région de Stockholm avait été diagnostiquée comme porteuse du sous-type clade 1 (voir plus bas) du virus du Mpox, une première hors d’Afrique. « La personne touchée a été infectée au cours d’un séjour dans une région d’Afrique où sévit une importante épidémie de Mpox du sous-type clade 1 », a expliqué Olivia Wigzell, la cheffe intérimaire de l’agence suédoise, lors d’une conférence de presse. L’agence a assuré dans un communiqué que le fait qu’« une personne soit traitée pour le Mpox dans le pays n’implique pas de risque pour le reste de la population ». Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) considère pour l’heure ce risque comme étant très faible, a-t-elle ajouté.
La personne infectée en Suède a reçu des soins et des recommandations conformes aux réglementations en vigueur, a assuré Olivia Wigzell. « Nous estimons que la Suède est bien préparée pour diagnostiquer, isoler et traiter les personnes atteintes de Mpox de manière sûre et efficace », a-t-elle ajouté.
Le Pakistan a fait état, vendredi 16 août, d’un « premier cas » sur son territoire. « Le premier cas de Mpox a été confirmé au Pakistan, la personne infectée vient d’un pays du Golfe », a annoncé, dans un communiqué, le porte-parole du ministère de la Santé, ajoutant que la souche du virus n’avait pas encore été confirmée. Le patient pakistanais, un homme de 34 ans, est traité dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, a déclaré Irshad Roghani, directeur de la Santé publique de cette province. « C’est le premier cas confirmé cette année », a-t-il déclaré, précisant que « des échantillons ont été envoyés à Islamabad [la capitale, ndlr] pour y réaliser le séquençage génétique de la souche ». Finalement, il ne s’agit pas du clade 1b, mais du clade 2… qui circule dans le monde depuis 2022 indique le compte X Monkeypoxtally. Il est important de savoir quel clade est à l’origine des infections car les répercussions ne sont pas les mêmes, notamment en termes de dynamique de l’épidémie. Pour l’OMS, « il est impératif que nous ne stigmatisions pas les voyageurs ou les pays ou régions ». « Ce n’est qu’en travaillant ensemble, en partageant les données et en prenant les mesures de santé publique nécessaires que nous pourrons contrôler la propagation de ce virus », a ajouté l’organisation, qui estime crucial d’éviter les restrictions de voyage et les fermetures de frontières.
L’Europe doit « se préparer » en vue d’une hausse des cas
Mise en garde. Les pays de l’Union européenne et de l’Espace économique européen doivent se préparer en vue d’une hausse des cas de Mpox, a déclaré, vendredi 16 août, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). L’agence « recommande aux autorités sanitaires de maintenir un niveau élevé de planification de leur préparation (...) afin de permettre une détection et une réponse rapides à tout nouveau cas », a-t-elle précisé dans un communiqué. Les premiers cas hors d’Afrique ont été détectés en Suède et au Pakistan, mi-août (voir plus haut), l’OMS avertissant que le continent européen devrait connaître davantage de cas importés dans les prochaines semaines. La probabilité d’infection pour les personnes en provenance d’Europe se rendant dans les zones touchées, et qui ont des contacts étroits avec les communautés touchées « est élevée », a averti l’ECDC. L’agence sanitaire européenne estime « très probable » que les pays européens soient confrontés à une augmentation de cas importés de clade 1 « actuellement en circulation en Afrique ». « En raison des liens étroits entre l’Europe et l’Afrique, nous devons nous préparer à un plus grand nombre de cas importés de clade 1 », a souligné Pamela Rendi-Wagner, directrice de l’ECDC.
Vaccins : une ébauche de solidarité internationale
L’année dernière, la lutte contre la première vague épidémique de Mpox avait oublié l’aide aux pays où la maladie est pourtant endémique. C’était notamment le cas de la RDC où le Mpox a été découvert pour la première fois chez des humains en 1970 (la RDC s’appelait alors le Zaïre), avec la diffusion du sous-type clade 1 (dont le nouveau variant qui circule actuellement est une mutation). Cette diffusion était alors principalement limitée aux pays de l’Ouest et du centre de l’Afrique, les personnes étant généralement contaminées par des animaux infectés. Depuis 2022, l’épidémie ne se limite plus à ce continent, mais tend à se mondialiser, du fait des déplacements internationaux. Cette mondialisation a pour conséquence de mobiliser la solidarité internationale. Les États-Unis ont ainsi indiqué avoir fait don de 50 000 doses de vaccins à la RDC, selon un communiqué du ministère américain de la Santé. « La vaccination sera un élément essentiel de la riposte à cette épidémie. Pour soutenir cet effort, les États-Unis font don de 50 000 doses du vaccin Jynneos approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) à la RDC », indique ce communiqué.
Le 19 août dernier, le ministre de la Santé de RDC, Samuel-Roger Kamba, a indiqué que son pays espérait recevoir les premières doses de vaccins à partir du 26 août. « Nous parlons d’une urgence continentale », a d’ailleurs souligné le ministre lors d’une conférence de presse. Il a notamment annoncé un nouveau don de vaccins par le Japon de « 3,5 millions de doses, uniquement pour les enfants ». Ils-elles sont aujourd’hui les plus exposés-es au risque de décès. Le pays « compte vacciner quatre millions de personnes dont 3,5 millions d’enfants », a ajouté une source ministérielle, citée par l’AFP. La maladie « touche de plus en plus de jeunes. Et on a beaucoup d’enfants de moins de quinze ans qui sont touchés », a d’ailleurs précisé Samuel-Roger Kamba.
« La Fédération internationale de l’industrie pharmaceutique (Ifpma) est profondément préoccupée par le nombre croissant de cas de Mpox dans la région africaine », a réagi son directeur général, David Reddy, cité par l’AFP.
Côté français, le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal a indiqué qu’un « don de vaccins aux pays les plus touchés » a été décidé, à la demande d’Emmanuel Macron. Il s’agirait de 100 000 doses. « Ces doses seront distribuées via l’Union européenne aux régions où le virus circule fortement », a indiqué le chef de gouvernement démissionnaire.
Bavarian Nordic prêt à produire dix millions de doses contre le Mpox
Mi-août, le laboratoire pharmaceutique danois Bavarian Nordic qui fabrique le vaccin contre le Mpox, homologué depuis 2019 (il est baptisé Jynneos aux États-Unis et Imvanex dans l’Union européenne), a annoncé qu’il était prêt à produire jusqu’à dix millions de doses de vaccins d’ici 2025. Rolf Sass Sørensen, le vice-président de Bavarian Nordic, attend les commandes des pays concernés. « Nous avons besoin de voir les contrats », a commenté le dirigeant avec la pointe de cynisme habituelle dans l’industrie pharmaceutique où l’on fait de la santé publique et aussi du commerce. D’ailleurs, les actions boursières de Bavarian Nordic ont augmenté à la suite de l’annonce de l’OMS (voir plus haut). Actuellement, le laboratoire a quelque 500 000 doses en stock ; trop peu pour faire face aux besoins. On notera que la firme a déjà commencé à commercialiser son vaccin en avril sur le marché américain.
France : le système de santé placé en « état de vigilance maximale » selon Gabriel Attal
Le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal a annoncé, vendredi 16 août, le placement du système de santé français en « état de vigilance maximale » face à l’épidémie de Mpox, dont des cas ont été détectés en Suède et au Pakistan (voir plus haut). Le chef démissionnaire du gouvernement avait tenu un point de situation avec la ministre du Travail, des Solidarités et de la Santé démissionnaire Catherine Vautrin et du ministre délégué à la santé démissionnaire, Frédéric Valletoux. « À la suite de cette réunion, nous plaçons notre système de santé en état de vigilance maximale », avait d’ailleurs expliqué Gabriel Attal sur X (ex-Twitter). Face à la propagation du nouveau variant de la maladie (le clade 1b) considéré comme plus dangereux, le Premier ministre a indiqué que des « mesures d’information et de recommandations nouvelles » seront instaurées pour les personnes voyageant dans les zones à risque. Il a indiqué avoir saisi les autorités sanitaires pour qu’elles statuent sur « l’actualisation des recommandations » de vaccination relatives aux « populations cibles ». Dans l’Hexagone, du 1er janvier au 30 juin 2024, 107 cas de Mpox ont été signalés à Santé publique France (SpF), selon un bilan épidémiologique, publié le 16 août. À ce jour, « seuls des virus (...) de clade 2 ont été identifiés et aucun décès n’a été observé » sur le territoire français, selon ce document. « Parmi les 101 cas pour lesquels l’information était disponible, cinq ont été hospitalisés, tous en raison de douleurs intenses, associées ou non à une pathologie concomitante ou à des complications », détaille le document de SpF. Parmi 80 cas renseignés, un quart (24 %) avaient voyagé dans un pays étranger au cours des trois semaines précédant la survenue des symptômes (éruption cutanée, pustules) alors que la durée d’incubation du virus est comprise entre cinq et 21 jours. Des vaccins contre le Mpox sont administrés en France depuis 2022 aux personnes les plus exposées au risque. Depuis septembre 2023, le nombre de personnes vaccinées oscille entre 250 et 450 par mois, selon les données de Santé publique France. Le ministère de la Santé précise que « dans l’idéal, le vaccin doit être administré dans les quatre jours après le contact à risque et au maximum 14 jours ». Dans une interview à La Tribune Dimanche (18 août), le ministre démissionnaire délégué à la Santé Frédéric Valletoux a dit s’attendre à ce que des « cas sporadiques » du nouveau variant de Mpox « apparaissent, et sans doute prochainement » en France. Dans un point de situation sur l'épidémie, Gabriel Attal a annoncé mardi 20 août sur X (ex-Twitter) que « 232 sites de vaccination » étaient « d’ores et déjà ouverts à travers le territoire » sur le territoire. Le système de santé français est en « état de vigilance maximale », a expliqué Gabriel Attal. « Le risque est réel » d'avoir des cas de Mpox en France, a expliqué de son côté, Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France, qui était l’invité de France Inter, le 20 août. « Les hôpitaux publics assureront la prise en charge de l'ensemble des patients atteints par le Mpox », a-t-il assuré. « Tous les acteurs doivent faire preuve de vigilance », a-t-il prévenu.
Mpox : l’Institut Pasteur prêt à « tester et vacciner »
Face à la recrudescence de l’épidémie de Mpox dans le monde, l’Institut Pasteur s’est dit prêt, lundi 19 août, à « tester et vacciner les patients à la demande des autorités » françaises, qui n’ont, à ce stade, recensé « aucune contamination » par le clade 1b sur le territoire. « Depuis ce week-end, après activation par la Direction générale de la Santé (DGS), la cellule d’intervention biologique d’urgence (CIBU) de l’Institut Pasteur analyse, sur demande des autorités sanitaires, les prélèvements suspects », a déclaré l’Institut dans un communiqué. Le centre médical de l’Institut Pasteur, spécialisé en médecine du voyage, qui avait pris en charge des patients-es atteints-es de Mpox lors de la précédente épidémie en 2022, « a déclenché son protocole interne lui permettant de tester les patients-es présentant des symptômes évocateurs de Mpox (...) dans des conditions optimales de sécurité ». Il se tient par ailleurs « à la disposition des autorités sanitaires pour vacciner dans ses murs toutes les personnes issues des populations ciblées par les recommandations sanitaires en cours de réévaluation », a-t-il assuré. « Il s’agit d’une situation sanitaire sérieuse », a commenté Yasmine Belkaid, directrice générale de l’Institut Pasteur, citée dans le communiqué. « Aujourd’hui, nous sommes prêts à tester et vacciner les patients à la demande des autorités ».
Les enjeux d’une réponse mondiale
À la suite de l’annonce de l’OMS, on a vu paraître des tribunes appelant à une réponse internationale à la hauteur des enjeux de la nouvelle épidémie, telle celle de la présidente de l’Alliance de l’Union africaine pour l’accès aux vaccins/Africa Vaccine Delivery Alliance, Ayoade Alakija. Dans un texte publié dans Le Monde (15 août), la responsable alerte sur la progression de l’épidémie en Afrique de l’Est. « Imaginez qu’une maladie de type variole se propage dans toutes les régions de France et que, en plus des milliers de cas, des centaines de personnes soient mortes, pour la plupart des enfants. Imaginez maintenant que des cas commencent à être détectés en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Ne s’agirait-il pas là d’une urgence sanitaire internationale majeure ? C’est exactement ce qui s’est passé en Afrique de l’Est cette année. Au cours des dernières semaines, le Kenya, le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda ont annoncé l’apparition d’une souche agressive de Mpox (…) la « variole du singe ») – le clade 1b – qui sévit cette année dans toute la République démocratique du Congo (RDC) et touche particulièrement les enfants », expose d’emblée l’experte. Dans sa tribune, elle explique qu’elle « convoque immédiatement l’Accélérateur ACT [Dispositif pour accélérer l'accès aux outils de lutte contre la Covid-19, ndlr], qui a été créé dans le cadre de la Covid-19 et qui réunit des chefs d’agences de santé et des experts, pour veiller à ce que les leçons soient tirées de la pandémie, y compris le partage équitable des outils de santé. Il est en outre essentiel de commencer à travailler avec des groupes communautaires pour briser la stigmatisation et sensibiliser à la prévention et au traitement des virus. ». Son texte pose aussi les enjeux de la réponse à l’épidémie actuelle (comme à d’autres éventuelles pandémies, d’ailleurs) : « Il existe un besoin urgent d’enquêtes plus approfondies pour mieux comprendre la dynamique de transmission du Mpox, afin d’orienter les contrôles et les plans de réponse, ainsi que d’améliorer la surveillance et d’assurer un accès équitable aux vaccins, aux diagnostics et aux traitements de toutes les populations touchées. La plupart des vaccins et des traitements ont été précommandés par les pays riches, et il n’existe encore qu’un seul test de diagnostic. Sans un accès équitable au dépistage, on ne sait pas non plus comment des maladies comme le sida peuvent avoir un impact sur la gravité et la transmission de la Mpox. Ne pas se concentrer sur la lutte contre le virus en RDC a presque inévitablement des répercussions sur les pays voisins, et plus l’action est retardée, plus il est probable qu’il se propage en Afrique et au-delà. Nous pouvons soit mobiliser des ressources et combattre l’épidémie mortelle de Mpox dès maintenant en RDC, soit la laisser se propager et la combattre lorsqu’elle sera importée dans d’autres pays ». Et Ayoade Alakija de conclure : « Cette épidémie n’affecte actuellement pas les pays riches, mais cela ne devrait pas empêcher les dirigeants d’agir sans tarder pour l’endiguer. S’ils n’agissent pas, une épidémie à l’intérieur de leurs frontières devient de plus en plus probable. Les déclarations d’urgence constituent une première étape, mais doivent être suivies d’une action concertée et cohérente aux niveaux mondial, régional et national, afin de briser les chaînes de transmission et d’arrêter net cette épidémie ».
En attendant la suite
L’OMS a publié, lundi 19 août, des lignes directrices actualisées sur la lutte contre la nouvelle flambée de Mpox, notamment par « l’adaptation souple des stratégies et des plans de vaccination aux zones concernées ». Elle a appelé les pays à « intensifier leurs efforts pour enquêter de manière approfondie sur les cas et les flambées de variole » afin de comprendre sa transmission et d’empêcher sa propagation « aux membres de la famille et aux communautés ». L’OMS a ajouté que les pays doivent être prêts à fournir de la nourriture et d’autres formes de soutien aux patients atteints de variole « y compris, si cela est justifié et possible, l’isolement dans des centres de soins ». Par ailleurs, l’OMS a déclaré qu’il fallait renforcer la « collaboration transfrontalière » pour surveiller et traiter les cas suspects « sans recourir à des restrictions générales sur les voyages et le commerce qui auraient un impact inutile sur les économies ».
S'informer, se vacciner, se soutenir
Pour toute information sur le Mpox, vous pouvez contacter le numéro du « Mpox info service » (08 01 90 80 69), service téléphonique d’information gratuit « ouvert tous les jours de 8 heures à 23 heures ».
AIDES a mis en ligne une page intitulée « Mpox : 10 informations pour réduire les risques ».
Act Up-Paris a aussi mis en ligne une page très complète.
Les coordonnées des lieux de vaccination et modalités de prise de rendez-vous sont disponibles sur les sites internet des agences régionales de santé (ARS) de votre région, ou en cliquant sur ce lien.
Un groupe d’auto-support a été créé par un volontaire de AIDES sur l'app Telegram (non anonyme sauf si on cache son numéro et met un pseudo) accessible en cliquant sur ce lien.