Loi Prostitution de 2016 : 250 travailleuses-eurs du sexe en France saisissent la Cour européenne des droits de l’homme
- Communiqué
- 18.12.2019
(Paris, le 19/12/2019) Suite à la décision du 1er février dernier du Conseil constitutionnel de ne pas invalider la pénalisation des clients prévue dans la loi Prostitution, 250 travailleuses-eurs du sexe exerçant en France ont décidé de saisir la Cour européenne des droits de l’homme. Elles et ils sont soutenues-us par 19 organisations communautaires, de santé et féministes qui défendent la santé et les droits de toutes les personnes concernées par le commerce du sexe.
Depuis des années, les travailleuses-eurs du sexe alertent sur les conséquences dramatiques de la pénalisation des clients et des politiques répressives à leur endroit. Qu’elles-ils soient victimes d’exploitation ou de travail forcé, quel que soit le degré d’autonomie dans l’activité, ces personnes dénoncent une mesure qui les précarise, les fragilise et les expose à des violences et des risques élevés pour leur santé. Tous les jours, elles subissent les conséquences de cette loi qui restreint fortement leur accès aux droits et à la santé.
Dans ce contexte inacceptable, 250 travailleuses-eurs du sexe saisissent la Cour européenne des droits de l’homme pour faire reconnaître l’atteinte à leurs droits fondamentaux : droit à la santé et à la sécurité, droit au respect de la vie privée. Elles et ils exigent l’abrogation de cette mesure dangereuse. Face à un gouvernement et à des institutions qui nient leur vie, restent sourds aux violences de leur politique, elles et ils décident d’attaquer l’État.
Que ce soit en Suède, en Irlande, au Canada ou en France, nous avons le recul nécessaire pour affirmer que le modèle suédois mettant en œuvre la pénalisation des clients met en danger toutes les personnes exerçant le travail du sexe. C’est pourquoi, nous, associations, leur apportons un soutien sans faille dans ce combat pour que la France cesse, conformément aux recommandations des plus hautes instances de l’ONU, d’adopter des lois répressives. Nous n’avons de cesse de le répéter, celles-ci génèrent des effets contre-productifs dans la lutte contre l’exploitation, le travail forcé et mettent en danger la santé, la sécurité et la vie des personnes concernées. Nous exigeons que les moyens alloués servent à la lutte contre toutes les formes de violences, à permettre d’accompagner effectivement les personnes en difficulté dans toutes les dimensions sociales, sanitaires et juridiques et à garantir une réorientation de carrière pour les personnes qui le souhaitent.
Il est urgent que le sacrifice des travailleuses-eurs du sexe sur l’autel de la moralité cesse !
C’est pourquoi ce combat judiciaire se poursuit au niveau européen devant la Cour européenne des droits de l’homme, appuyé de nouveau par Maître Spinosi.
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