LGBTIphobies : en période de crise, toujours plus de violences, aucune réponse adaptée !
- Communiqué
A l’occasion du 17 mai, Journée internationale de lutte contre les LGBTI-phobies, AIDES exige l’abolition de toutes les discriminations ou entraves légales qui restreignent l’accès à la santé des personnes LGBTI. Qu’elles soient inscrites dans la loi ou profondément ancrées dans la société, les violences à l’encontre des personnes LGBTI constituent un terreau fertile pour l’épidémie de sida, parce que ces stigmatisations favorisent les vulnérabilités, notamment face au VIH et aux hépatites virales. Ce cumul de vulnérabilités concerne particulièrement les personnes LGBTI étrangères et trans, largement invisibilisés-es dans les lois et la société. Cette année particulièrement, les violences ont été exacerbées dans la situation de crise sanitaire liée à la Covid-19, et le confinement décrété pour y faire face.
Le confinement, contexte aggravant les violences à l’encontre des personnes LGBTI
À l’instar des violences sexistes, le confinement favorise le nombre de violences subies par les personnes LGBTI1 et notamment les jeunes de moins de 25 ans qui ont subi la fermeture imposée des locaux associatifs et des structures d’accueil, contraints-es alors de rester dans un environnement nocif. Face à cette situation dramatique, AIDES avec de nombreuses associations ont adressé le 28 avril dernier une lettre à Marlène Schiappa, lui demandant la mise en place de mesures concrètes pour protéger les personnes. Parmi ces demandes, celles d’un financement aux associations indispensable à la poursuite des actions à destination de ces publics et le renforcement de la prise en charge et l’hébergement d’urgence des jeunes LGBTI.
Un gouvernement déconnecté des réalités
Les réponses apportées à ces demandes démontrent, sinon le mépris, le manque de clairvoyance du gouvernement sur les réalités que nous connaissons. Et pour cause, ni les personnes concernées, ni les associations et pas même le secteur médico-social n’ont été consultés pour construire ce semblant de réponse. Avec 300 000 € pour 6 000 nuitées d’hôtel, on nous propose de mettre à l’abri 200 personnes au total pour un mois d’hébergement d’urgence. Un montant largement insuffisant et une « solution » totalement inadaptée. Certes, il faut mettre les personnes urgemment à l’abri, mais durablement et avec une prise en charge sociale et psychosociale à long terme.
Une crise qui révèle les lacunes des institutions dans la lutte contre les LGBTIphobies
En France, en 2019, plus d’une personne LGBTI sur deux déclare avoir déjà subi une agression homophobe ou transphobe au cours de sa vie !2 Sans changement de cap politique, nous pouvons craindre pire encore. l’ILGA vient d’ailleurs de rétrograder la France à la 13e place des pays d’Europe sur le respect des droits LGBTI. Un recul historique de la neuvième à la treizième place. L’adoption d’une loi bioéthique excluant les personnes trans et intersexes ou la précarisation du statut des personnes réfugiées via l’instauration prévue d’une liste des « pays sûrs » pour limiter l’immigration justifient notamment cette rétrogradation.
Il est indispensable que l’État mette en place des outils d’accompagnement, d’orientation et de prise en charge des victimes de violence LGBTI en période de crise, mais surtout de façon permanente. Le succès de la lutte contre le VIH et les hépatites virales passera par une reconnaissance des violences subies par les personnes LGBTI et des mesures adaptées pour y mettre fin. Nous demandons en ce sens et en complément des mesures spécifiques au contexte de crise :
- La mise en place d’un accès rapide, libre et gratuit au changement d’état civil pour les personnes trans, françaises et étrangères pour un accès sans entraves à la santé et aux prestations sociales, aujourd’hui impossible compte tenu de la complexité des procédures.
- L'abolition des discriminations légales comme celle annoncé dans le projet de loi de bioéthique qui laisse de côté les personnes trans et intersexes, violant ainsi leurs droits fondamentaux.
- L’amélioration de l'accès aux droits et à la santé des personnes LGBTI étrangères en annulant la création d’une liste des pays dits « sûrs » et en facilitant les demandes d’asile. Quand les menaces et persécutions proviennent autant de la famille, du voisinage, de la société dans son ensemble que des autorités et des États, aucun pays ne peut être a priori considéré comme sûr.
1 Défenseur des droits : Etude sur les violences intra-familiale – avril 2020
2 enquête Ifop pour la Fondation Jasmin Roy-Sophie Desmarais réalisée en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès et la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT+ - 2019
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