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    BAISSE DES DÉCOUVERTES DE SÉROPOSITIVITÉS : UNE FAUSSE BONNE NOUVELLE ET DES RÉPONSES INSUFFISANTES

    • Communiqué

    Santé publique France a révélé ce 30 novembre les chiffres des nouvelles découvertes de séropositivité, les données de dépistage sur le VIH et l’ensemble des IST. Ces données, très partielles, semblent confirmer une baisse inquiétante du nombre de dépistages réalisés en France en 2020. Face à cette baisse, les propositions du second volet de la feuille de route en Santé Sexuelle, dévoilée ce jour par le Ministère, restent bien modestes. AIDES, première association de lutte contre le VIH/sida et les hépatites virales, tire la sonnette d’alarme pour éviter une recrudescence de l’épidémie de VIH.

    Santé publique France estime qu’en 2020, 4 856 personnes ont découvert leur séropositivité en France. C’est 22% de moins qu’en 2019. Ces chiffres qui pourraient sembler encourageants cachent en réalité une situation alarmante. En effet, la réduction de résultats positifs aux tests découle d’une chute inquiétante du nombre de dépistages effectué l’année dernière. Entre 2019 et 2020, le nombre de dépistages VIH a diminué de 14%. Sur la période correspondant au premier confinement, entre février et avril 2020, cette baisse a atteint 55%. Chez certaines populations particulièrement exposées au VIH (- 29% chez les personnes étrangères), la chute des découvertes de séropositivité traduit de façon évidente un accès au dépistage restreint sur 2020.

    Cette réduction du nombre de dépistages est d’autant plus préoccupante qu’elle concerne les tests effectués en laboratoires, en CeGIDD , et qu’elle s’étend également aux autotests qui ont vu leur vente diminuer de 22% par rapport à l’année 2019. Une baisse non compensée par les efforts des associations dont AIDES qui a mis en place une offre de click and collect et d’envoi d’autotests à domicile dès le mois de mars 2020.

    Si les raisons de ce ralentissement sont multifactorielles, celui-ci s’explique en grande partie par les conséquences de la crise sanitaire, notamment sur la saturation des laboratoires en France.

    Davantage de personnes ignorent leur séropositivité

    AIDES, comme l’ensemble des acteurs de la lutte contre le VIH, s’inquiète de la chute du nombre de diagnostics délivrés en France sur l’année 2020. Car qui dit « moins de recours au dépistage » dit « plus de personnes séropositives et qui l’ignorent ». Et vivre avec le VIH sans le savoir, c’est potentiellement risquer de transmettre le virus  et ne pas avoir accès à un traitement adapté.

    Les chiffres révélés par Santé publique France indiquent par ailleurs que parmi les découvertes de séropositivité au VIH en 2020, 30 % ont eu lieu en stade tardif (voire en stade sida), ce qui signifie souvent plusieurs années après l'infection. Pourtant, le dépistage du VIH associé à une mise sous traitement précoce en cas de séropositivité sont des armes indispensables pour mettre fin au sida.

    Depuis le début de la crise sanitaire, AIDES s’est adaptée pour  poursuivre ses actions au plus près des populations les plus exposées au VIH (hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, les personnes détenues, les usagers-es de drogues, les personnes trans, les femmes, les personnes migrantes, les travailleurs-ses du sexe.).Mais face aux conséquences de la crise sanitaire sur la prise en charge, le dépistage et la prévention du VIH, nous avons plus que jamais besoin de soutien. Malgré la généralisation de l’initiative « Au labo sans ordo » qui permet d’accéder à un dépistage sans ordonnance, les mesures en faveur du dépistage restent insuffisantes et le second volet de la feuille de route en santé sexuelle dévoilée ce jour montre des lacunes.

    Feuille de route en santé sexuelle 2021-2024 : une volonté à saluer mais des moyens trop limités

    Si l’ensemble des mesures présentées sont a priori encourageantes, nous constatons que les faibles budgets attribués aux différentes actions risquent de limiter leur déploiement effectif. AIDES sera particulièrement vigilante à ce qui est proposé sur papier soit mis en œuvre.  Aussi, si la feuille de route mentionne la mise en place de plateforme de dépistage à distance (article 10), il conviendra d’apporter en priorité un soutien aux dispositifs déjà existants et efficaces tels que jefaisletest.fr développé par AIDES.

    Globalement enfin, l’angle mort de ces propositions, c’est comme trop souvent l’implication des acteurs-rices communautaires dans les actions que nous savons indispensables pour que les publics les plus exposés au VIH puissent accéder et s’approprier l’ensemble des moyens de prévention.

    Il est aujourd’hui indispensable que des réponses plus fortes, plus franches, plus communautaires soient apportées pour freiner une reprise en force de l’épidémie de VIH. Nous demandons urgemment que l’accès aux autotests VIH, aux TROD (Tests Rapides d'Orientation Diagnostique) et au TPE (Traitement Post-Exposition) soit simplifié et accéléré. Pour ce second, la délivrance par des acteurs-rices communautaires doit être envisagée. Sans une prise en considération plus ambitieuse des autorités de santé publique et une implication accrue dans les politiques de dépistage, nous risquons demain de voir l’épidémie de VIH redevenir à son tour incontrôlable. Il est temps d’agir pour qu’une épidémie cesse d’en cacher une autre !

     

    Contact presse :

    Margot CHERRID
    06 42 02 72 09
    mcherrid@aides.org