L’Actu vue par Remaides : « Droits LGBT+ : recul en Géorgie, avancée majeure en Thaïlande »
- Actualité
- 08.10.2024
Par Jean-François Laforgerie
Droits LGBT+ : recule en Géorgie, avancée majeure en Thaïlande
Des avancées (la promulgation par le roi de la loi sur le mariage pour tous), des reculs (notamment en Géorgie), des condamnations… ces dernières semaines ont encore été marquées par des infos concernant les personnes LGBT+. La rédaction de Remaides fait le point sur l’actu LGBT+
Géorgie : le Parlement adopte une loi restreignant les droits LGBT+
Le Parlement géorgien a adopté mardi 17 septembre un texte de loi sur les « valeurs familiales » et contre la « propagande des relations homosexuelles », dénoncé par l’Union européenne, les États-Unis et des organisations de défense des droits humains comme restreignant les droits de la communauté LGBT+. Cette législation, similaire à ce qui existe en Russie, a été approuvée par les députés-es du parti au pouvoir, Le Rêve géorgien, lors d’un vote boycotté par l’opposition, en plein virage conservateur et anti-occidental du gouvernement. L’adoption du texte pourrait alimenter les tensions dans ce pays du Caucase à l’approche d’élections législatives cruciales prévues le 26 octobre, indique l’AFP. Au total, 84 députés-es ont voté pour et 0 contre, selon un décompte officiel. Le projet de loi avait été voté, fin juin, en première lecture et a donc été validé définitivement le 17 septembre. Il doit désormais être signé par la présidente pro-occidentale Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement, ou, si elle refuse, par le président du Parlement. Le texte interdit « la propagande des relations homosexuelles et de l’inceste » dans les établissements d’enseignement et les émissions de télévision, et restreint aussi les « rassemblements et manifestations ». Des groupes de défense des droits ont critiqué cette formulation mettant sur le même plan « l’inceste » et « l’homosexualité ». Début septembre, l’Union européenne avait estimé que le texte « porte atteinte aux droits fondamentaux des Géorgiens et risque de renforcer la stigmatisation et la discrimination d’une partie de la population ». Le président du Parlement, Chalva Papouachvili, qui a soutenu le projet de loi, a assuré que le texte visait à « renforcer les mécanismes de protection des mineurs et les valeurs familiales fondées sur l’union d’une femme et d’un homme ». Ce quasi copier-coller de la loi russe est un signal de plus. Le parti Rêve géorgien a déjà été accusé par ses détracteurs-rices de se tourner de plus en plus vers Moscou, malgré la guerre que la Russie a menée au pays en 2008, et de s’inspirer de législations répressives russes. La Géorgie a été ainsi secouée ces derniers mois par des manifestations massives contre une loi sur « l’influence étrangère », vertement critiquée en Occident et là encore proche de la législation de la Russie sur les « agents de l’étranger » qui a concouru à la répression de toute opposition dans ce pays. Les opposants-es accusent le parti du Rêve géorgien de mettre en péril l’adhésion espérée de leur pays à l’Union européenne. Le pays de confession majoritairement chrétienne orthodoxe a obtenu en décembre 2023 le statut de candidat à l’UE, mais les négociations d’adhésion n’ont pas encore commencé. Le pays aspire également à rejoindre l’Otan. Les dirigeants-es de l’UE ont décidé avant l’été d’« un arrêt » « de facto » du processus d’adhésion dans l’attente d’un changement de politique à Tbilissi. Le parti du Rêve géorgien accuse, de son côté, l’Occident de saper les « valeurs traditionnelles », une formule également employée régulièrement par Vladimir Poutine. Le 16 septembre, les États-Unis ont annoncé « prendre des mesures supplémentaires pour imposer des restrictions en matière de visas à plus de 60 Géorgiens et aux membres de leur famille qui sont responsables ou complices de l’affaiblissement de la démocratie en Géorgie ». « Nous restons préoccupés par les violations des droits humains et les actions antidémocratiques en Géorgie », a déclaré le secrétaire d’État Antony Blinken dans un communiqué, cité par l’AFP.
LGBT+ : Josep Borrell (UE) appelle la Géorgie à renoncer à sa loi homophobe
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a appelé mercredi 18 septembre, la Géorgie à renoncer à sa loi restreignant les droits LGBT+, un texte qui « éloigne encore » le pays dans son processus d’adhésion à l’Union européenne. Cette loi portera « atteinte aux droits fondamentaux et augmentera la discrimination et la stigmatisation », a estimé le diplomate espagnol sur X, au lendemain de l’adoption de cet texte par le Parlement géorgien. L’adoption du texte par le Parlement pourrait alimenter les tensions dans le pays à l’approche d’élections législatives cruciales prévues le 26 octobre, indique l’AFP. Les opposants-es à Tbilissi accusent le parti du Rêve géorgien de vouloir se rapprocher de Moscou et de mettre en péril l’adhésion espérée de leur pays à l’Union européenne.
Berlin appelle la Géorgie à renoncer à la saloi LGBTphobe
Après le chef de la diplomatie de l’UE, c’est au tour du ministère allemand des Affaires étrangères d’appeler la Géorgie à renoncer à sa loi restreignant les droits LGBT+, estimant que cela « l’éloigne un peu plus de l’UE ». « Nous demandons à la Géorgie de respecter les standards de l’Union européenne sur les libertés civiles », a déclaré une porte-parole du ministère, Kathrin Deschauer, lors d’un point presse, citée par l’AFP. « Le paquet législatif adopté par le parlement géorgien est conçu pour discriminer les personnes LGBTQI », a constaté, sur X, le ministère. Le Parlement géorgien a adopté mardi un texte de loi sur les « valeurs familiales », dénoncé par l’Union européenne et des organisations de défense des droits humains comme restreignant les droits de la communauté LGBT+.
Géorgie : une influenceuse transgenre tuée parès le vote d'une loi anti-LGBT
Les autorités géorgiennes ont annoncé jeudi 19 septembre qu’elles ouvraient une enquête sur la mort d’une célèbre influenceuse transgenre. Elles suspectent un assassinat lié à son identité de genre. Cette affaire a trouvé un écho particulier, deux jours après le vote d’une loi restreignant les droits LGBT+. Kesaria Abramidzé, actrice, mannequin et influenceuse, a succombé à « de multiples coups de couteaux » mercredi 18 septembre à son domicile, a indiqué le ministère de l’Intérieur. Il a indiqué avoir arrêté un suspect, identifié par des médias locaux comme le « petit ami » de l’influenceuse âgée de 37 ans, qui était suivie par plus de 500 000 personnes sur Instagram. « Une enquête est menée sur un meurtre prémédité commis avec une cruauté particulière et des circonstances aggravantes liées au genre », a ajouté le ministère dans un communiqué, cité par l’AFP. Le meurtre de Kesaria Abramidzé est survenu au lendemain de l’adoption par le Parlement d’une loi contre la « propagande des relations homosexuelles », dénoncée comme répressive par l’Union européenne et les États-Unis. Rien n’indique pour l’heure que cette mort soit directement liée à cette législation. La Géorgie, ex-république soviétique de confession majoritairement chrétienne orthodoxe, s’était rapprochée de l’Occident au cours des dernières décennies et ambitionne de rejoindre l’UE et l’Otan. Mais le parti au pouvoir, le Rêve Géorgien, opère un virage conservateur et anti-occidental qui prend modèle sur la Russie de Poutine. Ses détracteurs-rices soupçonnent d’ailleurs de parti de vouloir se rapprocher de la Russie, qui possède, elle aussi, une législation contre la « propagande LGBT ». La présidente Salomé Zourabichvili, pro-occidentale et en rupture avec le gouvernement du Rêve géorgien, a condamnée « l’horrible meurtre » de Kesaria Abramidzé. « Cette tragédie doit réveiller la société géorgienne », a-t-elle écrit sur Facebook. Kesaria Abramidzé avait accusé par le passé les pouvoirs publics de ne pas lutter efficacement contre la violence conjugale. En avril, elle avait écrit sur les réseaux sociaux qu’elle subissait la violence de son partenaire, prise dans une « relation toxique depuis deux ans ». Affirmant craindre pour sa vie, elle assurait avoir été contrainte de se réfugier temporairement à l’étranger. « Non au féminicide qui est devenu si fréquent dans notre pays ! », avait-elle dit. Première personnalité publique à avoir évoqué ouvertement sa transition de genre, elle avait représenté le pays au concours Miss Trans Star International en 2018. Le bureau du commissaire géorgien aux droits humains a estimé, dans un rapport daté de 2022, que la communauté LGBT+ était victime de « discrimination et de violences persistantes ». La législation votée récemment, qui doit encore être signée avant d’entrer en vigueur, interdit « la propagande des relations homosexuelles et de l’inceste » dans les établissements d’enseignement et les émissions de télévision, et restreint aussi les « rassemblements et manifestations ». Des groupes de défense des droits ont critiqué cette formulation mettant sur le même plan l’inceste et l’homosexualité.
Thaïlande : le roi promulgue la loi sur le mariage pour tous
Le roi de Thaïlande, Maha Vajiralongkorn, a promulgué 24 septembre) la loi sur le mariage homosexuel, a annoncé la Royal Gazette, journal officiel du pays, faisant de la Thaïlande le premier pays d’Asie du Sud-Est à reconnaître l’égalité devant le mariage. Le roi a donc donné l’assentiment royal à la nouvelle loi, qui a été adoptée par le parlement en juin. Elle entrera en vigueur dans 120 jours, ce qui signifie que les premiers mariages devraient être célébrés en janvier 2025. La Thaïlande devient le troisième pays en Asie à légaliser le mariage pour tous, après Taïwan et le Népal. Le texte de la loi modifie les références aux « hommes », « femmes », « maris » ou « épouses » pour les remplacer par des termes non genrés, en l’occurrence « individus » et « partenaires de mariage ». Il accorde aussi aux couples homosexuels les mêmes droits qu’aux couples hétérosexuels en matière d’adoption et d’héritage, rappelle l’AFP. La promulgation par le roi de la loi, un acte formel, marque l’aboutissement d’années de campagne pour faire reconnaître légalement le mariage homosexuel, et de plusieurs tentatives de légalisation. « La loi est un pas monumental vers l’égalité des droits en Thaïlande », a déclaré à l’AFP Waaddao Chumaporn, militante des droits des LGBTQ. La militante compte organiser un mariage de masse pour plus d’un millier de couples LGBTQ à Bangkok le 22 janvier, jour de l’entrée en vigueur de la loi. La Première ministre, Paetongtarn Shinawatra, a exprimé ses félicitations sur le réseau social X. « Merci pour le soutien de tous les secteurs. C’est un combat commun pour tous », a-t-elle écrit avec le hashtag « lovewins ». La Thaïlande bénéficie depuis longtemps d’une réputation de tolérance envers les personnes LGBTQ, et les sondages d’opinion publiés par les médias mettent en évidence un soutien majoritaire des Thaïlandais-es au mariage pour tous. La loi avait été soumise au parlement par l’ancien Premier ministre Srettha Thavisin, un soutien de la communauté LGBTQ. Srettha Thavisin a été destitué en août en lien avec un dossier de corruption et remplacé par Paetongtarn Shinawatra, la fille du milliardaire et ex-Premier ministre controversé, Thaksin Shinawatra. « Une autre étape importante pour la Thaïlande. La loi sur le mariage entre personnes du même sexe est adoptée. L’égalité est une (réalité) concrète ici en Thaïlande », s’est félicité Srettha Thavisin dans un message sur X. Plus de 30 pays ont légalisé le mariage pour tous. Les Pays-Bas ont été en 2001 le premier pays à célébrer des unions homosexuelles.