L'actu vue par REMAIDES : "Covid-19, grippe : vigilance encore"
- Actualité
- 23.01.2024
Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton
Covid-19, grippe : vigilance encore
Cet hiver, les virus de la Covid-19 et de la grippe ont toujours un impact sur notre santé. Sélection d’actus récentes sur ces deux infections respiratoires par la rédaction de Remaides.
L’épidémie de grippe s’étend à presque tout l’hexagone
Extension du domaine de la grippe. Cette dernière a gagné du terrain dans l’hexagone à la fin de l’année 2023 avec une forte augmentation des indicateurs « particulièrement à l’hôpital », indique Santé publique France (SpF) dans son Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH). Quatre nouvelles régions — Centre-Val de Loire, Nouvelle-Aquitaine, Corse et Guadeloupe — sont passées au stade épidémique, portant à dix le nombre total, les trois autres (Bretagne, Normandie, Pays de la Loire) étant au stade pré-épidémique. Outre-mer, la Guadeloupe est passée en phase épidémique, rejoignant la Guyane et Mayotte, indique le Quotidien du Médecin. Cette progression a concerné toutes les classes d’âge. Les cas ayant nécessité une hospitalisation concernent des très jeunes (moins de 14 ans) et les personnes de 65 ans et plus.
Covid : la circulation du Sars-CoV-2 reste élevée
Le Sars-CoV-2 est fortement détecté dans les eaux usées, mais comme le note le Quotidien du Médecin, les indicateurs en ville et à l’hôpital tous âges confondus sont en diminution. Et le bulletin de SpF sur les infections respiratoires aiguës (IRA) sur la dernière semaine de 2023 d’expliquer : « Concernant la Covid-19, les indicateurs syndromiques se stabilisaient ou continuaient de baisser en ville et à l'hôpital mais restaient à des niveaux élevés (…) Le taux de positivité était en diminution en ville et à l'hôpital. Les indicateurs virologiques issus des tests réalisés en laboratoires de biologie médicale étaient également en diminution dans toutes les classes d'âge ». Si la tendance est favorable, il faut noter que, depuis la semaine 40, le nombre de cas de Covid en réanimation se révèle assez élevé (au moins 369 cas, des adultes à 92 %, en majorité des hommes avec des comorbidités dans 89 % des cas) avec 61 décès signalés (50 chez les plus de 65 ans). Concernant la vaccination, SpF explique : « À l’issue de la semaine 52 [dernier semaine de décembre 2023, ndlr], la couverture vaccinale Covid-19 de la campagne d’automne 2023 pour les personnes âgées de 65 ans et plus est de 28,7 % (21 % des 65-69 ans, 26,4 % des 70-74 ans, 34,2 % des 75-79 ans et 34,5 % des 80 ans et plus). Depuis le 17 octobre 2023, 30,2 % des vaccinations contre la Covid-19 ont été réalisées en même temps qu’un vaccin contre la grippe chez les personnes âgées de 65 ans et plus ».
« Masque solidaire » : une campagne pour protéger les plus fragiles
Lancée début janvier à l’initiative de trois associations de patients-es - Renaloo, AIDES et ELLyE (Ensemble Leucémie Lymphomes Espoir), la campagne « Masque solidaire » se déroule jusqu’au 14 janvier 2023. Son objectif est d’encourager chacun-e à porter un masque, en particulier dans les espaces publics clos, pour protéger les personnes les plus fragiles. Dans un communiqué, les trois structures expliquent que « la Covid-19 (…) circule toujours, en même temps que d’autres infections respiratoires. Ces virus continuent de frapper durement les personnes vulnérables et en particulier les personnes sévèrement immunodéprimées. Ces personnes immunodéprimées répondent faiblement ou pas du tout à la vaccination et courent un risque accru de formes graves, d’hospitalisation et de décès. En France, 300 000 personnes environ sont concernées (patients-es greffés-es d’organes, dialysés-es, personnes traitées pour certains cancers, notamment hématologiques…) ».
Les associations rappellent d’ailleurs qu’une personne dialysée sur 20 est décédée de la Covid et une personne greffée du rein sur huit a été hospitalisée pour Covid grave. En dépit de ce contexte, le port du masque dans les lieux publics clos reste très marginal : 15 % des Français-es portent le masque en présence de personnes vulnérables, 14 % dans les transports en commun et seulement 50 % ont l’intention de le porter en cas d’apparition de symptômes. La campagne « Masque solidaire » rappelle qu’en portant le masque, on est solidaire en protégeant les plus fragiles, et l’on se protège aussi soi-même. Cette campagne est soutenue par le ministère de la Santé et de la prévention, en partenariat avec l’Assurance Maladie, Santé publique France, le Comité d'éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française (Cespharm), l’Union de syndicats de pharmaciens d'officine (Uspo) et de nombreux-ses autres acteurs-rices.
Covid-19 : hydroxychloroquine et décès
Une étude publiée mardi 2 janvier 2023 dans la revue Science estime, pour la première fois, que la surmortalité chez les patients-es atteints-es de la Covid-19 et soignés-es à l'hydroxychloroquine représente près de 17 000 décès, dans six pays dont la France, lors de la première vague de l'épidémie de Covid-19 en 2020. L'hydroxychloroquine, médicament initialement utilisé contre le paludisme, avait été présentée par certains-es (notamment le professeur Didier Raoult, ancien patron de l’IHU à Marseille) comme un « remède miracle ». Elle s’est révélée inefficace, voire même dangereuse. Ce chiffre provient d’une nouvelle étude, menée par des chercheurs-ses du CHU de Lyon. Elle dénombre sur ce total près de 13 000 morts aux États-Unis et 200 en France.
Ces dernières années, plusieurs travaux d'ampleur avaient notamment démontré une surmortalité de 11 % chez les patients-es atteints-es de la Covid traités-es avec ce médicament. Comme l’explique l’AFP, les scientifiques ont analysé la surmortalité chez des personnes traitées par l'hydroxychloroquine dans six pays au total (la France, les États-Unis, la Belgique, l'Italie, l'Espagne et la Turquie) pour lesquels les données sur l'administration de ces traitements étaient disponibles, à savoir le nombre de patients-es hospitalisés-es avec la Covid, leur taux de mortalité et le taux de prescription de l’hydroxychloroquine, afin de calculer le nombre de patients-es décédés-es de la Covid et ayant été traités-es avec ce médicament. Ils-elles ont ensuite appliqué le taux de surmortalité chez les personnes concernées pour arriver à cette estimation de près de 17 000 décès. Ce nombre « met en lumière les dangers de la réutilisation des médicaments avec des preuves de faible niveau », dénoncent les auteurs-rices de l'étude. Ce chiffre est d'ailleurs sans doute en deçà de la réalité. En effet, il n'inclut pas des pays comme l'Inde et le Brésil, où ce traitement a été massivement utilisé, et pour lesquels les chiffres ne sont pas disponibles. Cette donnée « confirme que les patients souffrant d'un Covid et qui reçoivent ce médicament ont plus de risque de mourir que ceux qui ne le reçoivent pas », souligne l'épidémiologiste Pierre Tatevin, chef du service des Maladies infectieuses du CHU de Rennes, interrogé sur France Inter (3 janvier). Ce spécialiste qui a été l'un des premiers à contester l'usage de ce médicament rappelle que : « quand c'est mal dosé, donné à trop forte dose ou sur des cœurs fragiles peut donner des troubles du rythme cardiaque » et que « donner un traitement inutile et potentiellement toxique à des patients déjà fragile est quelque chose de dangereux ».