Notre campagne sert à lutter contre les préjugés tenaces autour de la séropositivité
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AIDES lance une première campagne grand public sur le TASP (traitement comme prévention de la transmission). Président de AIDES, Aurélien Beaucamp en explique les ressorts et les objectifs. Interview.
AIDES lance une première campagne grand public sur le TASP. Quelles étaient vos consignes à l’agence lorsque cette campagne a été commandée ?
Aurélien Beaucamp : Nous avons demandé à l’agence de réfléchir au meilleur moyen de faire connaître au grand public cette information capitale : une personne séropositive sous traitement ne transmet plus le VIH. Nous avions besoin d’une campagne qui marque les esprits, qui permette d’ouvrir le débat mais sans choquer. C’est la première fois qu’un tel message fait l’objet d’une grande campagne nationale, il convenait donc de le délivrer avec sérénité… et un peu de légèreté aussi. Nous voulions également éviter un écueil potentiel : il ne fallait pas que cette campagne discrimine en creux les personnes séropositives qui ne sont pas sous traitement.
Quels sont les objectifs de cette campagne et quels publics sont visés ?
Cette campagne vise d’abord à informer le grand public et à lutter contre les préjugés tenaces autour de la séropositivité. Car un décalage considérable subsiste entre progrès thérapeutiques et perception sociale du VIH. En France, 86% des personnes dépistées et sous traitement ont une charge virale indétectable. Elles sont donc en bonne santé et ne transmettent plus. Pourtant elles continuent d’être victimes de rejets très importants dans la sphère affective et sexuelle. Selon notre dernière enquête "VIH, hépatites et vous" réalisée en mars 2016, 49,1 % des cas de discriminations déclarés ont lieu dans le contexte sexuel. Ces discriminations qui touchent à l’intime sont ressenties de façon extrêmement violente par les personnes séropositives et ont un impact désastreux sur leur qualité de vie. Le second objectif est de revaloriser l’image des personnes vivant avec le VIH, en donnant à voir des personnes heureuses, épanouies et talentueuses, loin du cliché misérabiliste qui entoure généralement la séropositivité.
L’intérêt du TASP est connu depuis longtemps et a été largement popularisé par l’avis suisse en 2008. Cette campagne peut sembler bien tardive. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour communiquer à grande échelle sur ce sujet ?
Depuis 2010, nous nous évertuons à faire connaître cette information au public, notamment à travers de multiples interventions dans les médias. Mais nous ne nous étions encore jamais lancés dans une campagne de communication sur cette thématique. D’abord parce que notre mission n'est pas de nous substituer à la puissance publique : l’achat d’espaces publicitaires coûte cher et nos moyens ne nous permettent pas de diffuser des campagnes nationales d'information et de prévention à très grande échelle. Je rappelle que nos campagnes sont toutes réalisées gracieusement. Ensuite parce que nous considérions peut-être qu’il revenait à la communauté scientifique, aux médecins et aux pouvoirs publics de faire ce travail d’information, afin de donner plus de force au message. Or huit ans après, malgré les données scientifiques qui s’accumulent, ce message reste encore méconnu du plus grand nombre. Nous avons donc décidé de lancer notre propre campagne.
On constate une méconnaissance du grand public, de certaines personnes vivant avec le VIH et même des réticences chez certains professionnels de santé concernant le TASP. Comment expliquez-vous un tel déficit et cette campagne est-elle suffisante pour le combler ?
Une campagne à elle seule ne suffit pas à changer les comportements et mentalités de toute une population. Mais c’est un premier pas et il était de notre responsabilité de le faire. En parallèle, nous continuerons à informer et sensibiliser les professionnels de santé sur cette question, comme nous le faisons déjà depuis plusieurs années.
Concrètement où et quand cette campagne sera-t-elle visible ?
Cette campagne sera visible en print et digital. Elle sera diffusée sous la forme d’encarts presse dans de nombreux titres de presse nationale. Et bien sûr, elle sera largement affichée dans nos 75 lieux de mobilisation et chez nos partenaires partout en France.