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    L'Actu vue par Remaides : « Florence Thune : une Légion d’honneur pour son engagement contre le VIH »

    • Actualité
    • 13.02.2025

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    De gauche à droite : Françoise Barré-Sinoussi et Florence Thune (© Cédric Daniel)

    Par Fred Lebreton

    Florence Thune : une Légion d’honneur pour son engagement contre le VIH

    Le 11 février dernier, Florence Thune a reçu les insignes de chevalier de la Légion d’honneur des mains de la Pre Françoise Barré-Sinoussi. Une distinction qui vient couronner un parcours marqué par un engagement sans faille dans la lutte contre le VIH et les inégalités. Émue, la directrice générale de Sidaction a tenu à partager cet honneur avec celles et ceux qui ont façonné son engagement, tout en rappelant l'importance de témoigner pour donner de l’espoir aux personnes vivant avec le VIH. La rédaction de Remaides était sur place.

    Une vie marquée par des engagements humanitaires

    Mardi 11 février 2025, 19h, ancien cloître de la maternité de Port-Royal, situé dans l'enceinte de l'hôpital Cochin à Paris. C’est dans ce lieu improbable que Florence Thune a donné rendez-vous à une centaine de personnes (famille, amis-es, collègues et camarades de la lutte contre le VIH). Ce lieu chargé d'histoire a été construit entre 1652 et 1655. Ce cloître faisait partie de l'abbaye de Port-Royal de Paris, fondée au XVIᵉ siècle pour décongestionner la maison-mère de Port-Royal des Champs. Après la Révolution française, l'abbaye a été transformée en prison, puis, en 1795, en hospice de la Maternité. Aujourd'hui, le cloître, avec ses galeries austères, offre un havre de paix au cœur de l'hôpital.

    Florence Thune a appris avec grande surprise en juillet dernier qu’elle faisait partie de la liste des personnes élevées au grade de chevalier de la légion d'honneur. Françoise Barré-Sinoussi, co-découvreuse du VIH en 1983, Prix Nobel de Médecine et Présidente de Sidaction, a remis la légion d’honneur à Florence Thune après un discours touchant qui est revenu sur le parcours professionnel de la directrice générale de Sidaction. Florence Thune a rejoint Sidaction en 2005 en tant que chargée de mission pour les programmes internationaux, avant de devenir responsable du pôle renforcement des capacités. En juin 2015, elle est nommée directrice des programmes France, puis accède au poste de directrice générale en mai 2017. Avant son engagement au sein de Sidaction, Florence Thune a travaillé pendant 18 ans avec Handicap International, une ONG française œuvrant sur les questions de handicap à l'échelle internationale. Elle a passé neuf ans sur le terrain en tant que cheffe de missions humanitaires à Djibouti, en Somalie, en Thaïlande et au Pakistan, puis a occupé des fonctions au siège en France, notamment en tant que responsable de programmes et directrice adjointe chargée des relations avec les bailleurs de fonds institutionnels. Dans son discours, Françoise Barré-Sinoussi a insisté sur les qualités humaines de Florence Thune : humilité, discrétion et… procrastination (avec une grande capacité à produire des documents brillants à la veille d’une deadline !).

    Visiblement émue après ce discours de la présidente de Sidaction et la diffusion d’un message audio de Line Renaud (qui n’a pas pu faire le déplacement), Florence Thune a pris la parole pour remercier ses proches : « C’est un honneur de recevoir cette décoration de Françoise, et je vous remercie Françoise d’avoir accepté de m’épingler comme vous le dites…. C’est un honneur ; mais c’est aussi un symbole tellement fort… Recevoir cette distinction de la personnalité scientifique qui a identifié il y a 42 ans maintenant le virus avec lequel je vis depuis 28 ans… » a commenté la militante ouvertement séropositive. Lorsqu’elle a appris la nouvelle, elle a d’abord cru à une blague, avant de mesurer l’importance de cette reconnaissance à travers l’émotion de ses proches. « C’est à leur réaction que j’ai réalisé ce que représentait cette décoration », a expliqué la directrice de Sidaction, rendant hommage à ses parents, sa sœur et ses nièces, présents-es dans la salle, qui ont toujours soutenu son parcours, depuis son départ de Normandie jusqu’à ses engagements à l’international.

    « Je me disais qu’il fallait que moi aussi, je recrée cet effet Magic Johnson »

    Dans son discours, la militante a rappelé à quel point son engagement a été façonné par les rencontres et les combats menés aux côtés de militants-es, de scientifiques, de médecins, mais aussi de personnalités du monde de la mode, des médias et de la littérature. « Je la partage avec chacun, chacune d’entre vous… vous faites partie de celles et ceux qui ont forgé mon parcours, qui m’ont inspirée, challengée et poussée à agir ». Son parcours, jalonné d’expériences à Djibouti, au Pakistan, au Somaliland, au Burundi ou encore au Burkina Faso, a été marqué par des moments de doute, mais aussi par des instants de partage inoubliables. « En me repenchant sur ce chemin, je repense avec beaucoup d’émotion à ces moments où vous vous dites : "mais qu’est-ce que j’ai fait pour vivre ce moment incroyable ?" ».

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    © Cédric Daniel

    Discrète sur sa vie personnelle, Florence Thune a évoqué avec pudeur son compagnon, saluant son soutien indéfectible depuis leur rencontre, il y a 18 ans. « Tu n’es pas parti en courant quand je t’ai annoncé sur Meetic que je vivais avec le VIH… et pourtant, on sait encore aujourd’hui que nombreux sont ceux ou celles qui fuient à cette annonce ». Enfin, la militante a tenu à adresser un message aux personnes vivant avec le VIH, soulignant leur résilience et leur courage. Témoigner de sa séropositivité lui est apparu comme une évidence, une manière de donner de l’espoir : « Je me disais qu’il fallait que moi aussi, je recrée cet effet Magic Johnson [star américaine du basket-ball vivant avec le VIH depuis 199, qui a souvent témoigné de sa vie avec le VIH, ndlr], que des personnes venant d’apprendre leur séropositivité reprennent vite confiance en voyant quelqu’un partager son expérience et ses espoirs ». Malgré les discriminations qui persistent, elle a toujours pu compter sur le soutien indéfectible de ses proches et de ses collègues. « Jamais je n’ai eu peur d’être stigmatisée, rejetée, regardée de travers… parce que même si cela a pu arriver, j’avais autour de moi ce bouclier d’amour et d’amitié ».