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    L’Actu vue par Remaides : « VIH : un suivi hospitalier allégé pour la bithérapie Vocabria + Rekambys »

    • Actualité
    • 07.01.2025

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    Par Fred Lebreton et Jean-François Laforgerie

     

    VIH : un suivi hospitalier allégé pour la bithérapie Vocabria + Rekambys

    Un suivi hospitalier allégé pour la bithérapie Vocabria + Rekambys dans le traitement du VIH ; des notices de médicaments via un QRCode expérimentées par l’ANSM ; l’étude « fondatrice » de Didier Raoult sur l’usage de l’hydroxychloroquine contre la Covid-19 officiellement invalidée ; l’ouverture de l’Académie de l’Organisation mondiale de la Santé à Lyon ; les données 2023 concernant le VIH et les IST bactériennes en Guyane ; arrêt de commercialisation de l’ARV Fuzeon… voici quelques-unes des informations santé de ces dernières semaines. La rédaction de Remaides y revient.

    VIH : un suivi hospitalier simplifié pour la bithérapie Vocabria + Rekmabys

    Depuis sa commercialisation en France fin 2021, la bithérapie cabotégravir  + rilpivirine (noms commerciaux : Vocabria et Rekambys) s’est imposée comme un traitement innovant dans la lutte contre le VIH. Ce traitement injectable offre une alternative aux traitements oraux grâce à leur longue durée d’action, permettant des injections espacées de deux mois. Ils s’adressent aux personnes vivant avec le VIH, dont la charge virale est stable et contrôlée depuis au moins six mois. Initialement, les trois premières séries d’injections devaient être administrées en milieu hospitalier. Cette exigence, établie par l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM), visait à assurer une surveillance étroite des effets indésirables et de l’observance, en raison du caractère novateur de ces traitements. Toutefois, ce suivi hospitalier impliquait des contraintes organisationnelles et des déplacements parfois lourds pour les patients-es. En novembre 2024, l’ANSM, soutenue par les retours des associations de patients-es comme le TRT-5 CHV et des professionnels-les de santé, a assoupli cette obligation. Désormais, seule la première série d’injections doit être effectuée à l’hôpital. Cette décision repose sur les données, rassurantes, recueillies en vie réelle depuis 2021 et les résultats intermédiaires de l’étude européenne COMBINE-2, qui n’ont pas révélé de problèmes d’adhésion ou d’émergence de résistances nécessitant un suivi hospitalier prolongé. Dans un communiqué publié le 18 décembre dernier, le TRT-5 CHV salue cette avancée, qui devrait significativement améliorer la qualité de vie des usagers-ères de cette bithérapie : « À l’heure de la démocratisation des injectables, la prise en compte des données de préférence des usagers-ères, aux côtés de celles d’efficacité, de tolérance et d’observance, est primordiale pour favoriser l’accès et la prise des traitements ARV. »  Ce changement souligne aussi l’urgence de développer une offre de soin adaptée en ville. Cela inclut la formation de professionnels-les de santé non spécialisés-es pour administrer ces traitements en toute sécurité et la lutte contre les discriminations, comme la sérophobie, qui pourraient freiner l’accès aux soins.

    Notices des médicaments via une QRCode : lancement d'une phase pilote par l'ANSM

    L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a lancé (18 décembre) une phase pilote qui vise à faciliter l’accès des patients-es et des professionnels-les de santé aux versions numériques des notices de certains médicaments à usage humain. « Ce dispositif devrait ainsi améliorer d’une part l’accès à des informations actualisées, d’autre part leur compréhension : les notices numériques seront accompagnées de nouveaux supports d’informations, telles que des vidéos qui expliquent comment bien utiliser le médicament », explique l’ANSM. Deux principes prévalent dans cette expérimentation :
    - une information dématérialisée : les utilisateurs-rices pourront accéder à la notice numérique à tout moment, où qu’ils-elles soient, en flashant le QR code avec leur smartphone ou tablette. Une réflexion spécifique sera par ailleurs menée sur l’accès à cette information pour les patients-es hospitalisés-es ;
    - une information actualisée : les notices numériques disponibles seront régulièrement actualisées, ce qui garantit que les utilisateurs-rices disposent toujours des informations les plus récentes.
    La première étape de cette phase pilote a débuté le 17 décembre 2024. Elle doit durer deux ans à partir de la mise à disposition effective de boites de médicaments modifiées, soit au 1er octobre 2025. Cette durée de deux ans permettra, en lien avec les associations de patients-es, les professionnels-les de santé, les industriels du médicament, d’évaluer l’utilisation des notices dématérialisées, leur accessibilité et l’intérêt de nouveaux supports d’information.
    Quels sont les médicaments qui feront partie de la phase pilote ?
    En ville, 93 médicaments devraient faire partie de la phase pilote : du paracétamol (formes orales destinées à l’adulte), des statines (utilisées notamment dans le traitement du cholestérol ou des maladies cardiovasculaires), des vaccins ou encore des inhibiteurs de la pompe à protons (médicaments utilisés pour réduire la sécrétion acide gastrique).
    Concernant l’hôpital, 474 médicaments devraient faire partie de la phase pilote.
    Les industriels du médicament volontaires pour participer devront modifier les boites de leurs médicaments pour ajouter un QR code sur les boites en ville et supprimer la notice papier pour l’hôpital. Les QR code permettront d’accéder aux notices numériques en renvoyant vers la base de données publique des médicaments (BDPM).
    Plus d’infos ici.
     

    Hydroxychloroquine contre la Covid-19 : l'étude "fondatrice" de Dider Raoult, officiellement invalidée

    Après plus de quatre ans de controverses, une étude phare sur le « traitement » de la Covid-19 par l’usage de l’hydroxychloroquine menée par le professeur Didier Raoult, a été officiellement invalidée, a annoncé mardi 17 décembre 2024 l’éditeur de la revue qui l’avait publiée en mars 2020. « Des inquiétudes ont été soulevées » liées au respect de « l’éthique de publication » de l’éditeur de la revue, à « la conduite appropriée de la recherche impliquant des participants humains, ainsi que des inquiétudes soulevées par trois des auteurs concernant la méthodologie et les conclusions », a indiqué Elsevier, l’éditeur de la revue scientifique International Journal of Antimicrobial Agents, dans une longue note justifiant cette rare rétractation. L’article, signé de dix-huit auteurs, notamment de Philippe Gautret, alors professeur à l’IHU de Marseille (sud-est de la France), et de Didier Raoult, qui dirigeait cet institut, entendait démontrer l’efficacité de l’hydroxychloroquine, associée à un antibiotique – l’azithromycine – contre la Covid-19. La parution avait alimenté des espoirs de traitement. Emmanuel Macron, lui-même, était allé rendre visite à Didier Raoult à Marseille pour saluer son travail. Mais rapidement cette « étude » avait été épinglée par d’autres scientifiques et des spécialistes de l’éthique pour de potentielles erreurs, voire des manipulations, ce qu’ont ensuite prouvé les enquêtes de plusieurs autorités sanitaires et de certains médias. Des études scientifiques ont plus tard toutes démontré l’inefficacité de l’hydroxychloroquine contre la Covid-19, dont l’usage a parfois été associé à de graves effets indésirables, notamment cardiovasculaires. Elsevier, qui s’est adjoint les services d’un « expert impartial agissant en tant que conseiller indépendant en matière d’éthique de l’édition », a exposé en détail mardi son enquête fouillée sur l’article, et ses conclusions accablantes sur le non-respect des règles autant que sur la manipulation ou l’interprétation des résultats, souligne l’AFP. L’éditeur affirme aussi que les auteurs n’ont pas argumenté de manière convaincante pour leur défense. L’étude Gautret (du nom de son premier signataire) était « la pierre angulaire d’un scandale mondial » et sa rétractation « constitue une reconnaissance tardive mais essentielle des dérives scientifiques qui ont mené à la mise en danger des patients », a salué dans un communiqué la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT). La SFPT a appelé à une remise en question plus large des travaux menés sous la tutelle de Didier Raoult. Retraité depuis l’été 2021 de son poste de professeur d’université-praticien hospitalier, Didier Raoult a été remplacé un an plus tard à la tête de l’IHU. La justice française enquête sur des soupçons d’essais cliniques non autorisés qui auraient été réalisés sous sa mandature à la tête de l’IHU. En octobre 2024, la chambre disciplinaire nationale de l’Ordre des médecins lui a interdit d’exercer la médecine pendant deux ans à partir du 1er février 2025.

    Macron inaugure l'Académie de l'OMS à Lyon

    Emmanuel Macron a inauguré mardi 16 décembre à Lyon l’Académie de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), un centre de formation continue qu’il a qualifié de « temple des savoirs » et de « maison commune » au service des soignants-es du monde entier. Il s’agit d’un campus flambant neuf de 11 000 m2, financé à hauteur de 120 millions d’euros par la France. Il manquera dix millions de professionnels-les de santé en 2030 dans le monde, dont cinq millions en Afrique, selon l’OMS. « Les recruter, les former, les former mieux, permettre de démultiplier les découvertes les plus récentes, utiliser les nouvelles technologies : c’est tout l’objectif de cette Académie », a expliqué Emmanuel Macron.
    « Sa mission est simple mais ambitieuse », a renchéri le chef de cette agence de l’ONU, Tedros Adhanom Ghebreyesus : donner à ces professionnels-les « les savoirs et les compétences dont ils-elles ont besoin pour soigner les gens, y compris face aux épidémies, aux pandémies et aux autres risques émergents ». L’Académie de l’OMS mise sur les nouvelles technologies. Son site lyonnais intègre ainsi la réalité virtuelle et l’intelligence artificielle. Quelque 16 000 personnes viendront chaque année s’y former. Une plateforme numérique permettra de toucher un public plus large et l’OMS vise trois millions d’apprenants-es d’ici 2028, grâce à des cours en ligne dans les six langues officielles de l’organisation : l’anglais, l’arabe, le français, le chinois, l’espagnol et le russe. Accessibles sur ordinateur mais aussi sur téléphone, les formations virtuelles, qui ont déjà débuté, s’adressent d’abord aux professionnels-les de santé, mais aussi aux agents-es de l’OMS, aux chercheurs-ses et aux décideurs-ses du secteur.

    VIH et IST bactériennes en Guyane : les données 2023

    Le 29 novembre dernier, Santé publique France a publié les données 2023 sur le VIH et les IST en Guyane. Si l’exhaustivité de la déclaration obligatoire (DO) du VIH augmente en Guyane en 2023, elle reste insuffisante pour estimer de façon fiable le taux de découvertes de nouvelles séropositivités et pour décrire les caractéristiques des personnes diagnostiquées sur le territoire. Reste que le taux de dépistage des infections à VIH en Guyane augmente en 2023 et qu’il est le plus élevé du pays. Le taux de dépistage le plus faible concerne les hommes de 15 à 24 ans. Bien qu’il ne soit pas possible d’estimer de façon fiable le nombre de découvertes de séropositivité, le nombre de DO VIH est en légère baisse en 2023. Une tendance à la baisse du nombre de nouveaux diagnostics est également observée chez les personnes prises en charge à l’hôpital (données du Corevih). D’après l’enquête LaboVIH, le taux de sérologies confirmées positives diminue en 2023 alors que le taux de dépistage augmente ce qui est en faveur d’une tendance à la baisse des sérologies positives. Dans la file-active des centres hospitaliers de Guyane, le Corevih dénombre dix patients-es passés-es au stade sida en 2023.
    Quelles données pour l’infection à Chlamydia trachomatis, gonocoque et syphilis ?
    Les taux de dépistage des infections à Chlamydia, gonocoque et syphilis augmentent légèrement en Guyane en 2023 et sont plus de deux fois plus élevés que ceux observés au niveau national. Les dépistages des infections à Chlamydia, gonocoque et syphilis concernent majoritairement les femmes de 26 à 49 ans. Les hommes de 15 à 25 ans sont ceux qui se font le moins dépister. Les taux de diagnostic des infections à Chlamydia, gonocoque et syphilis sont globalement en hausse en Guyane en 2023. On observe cependant une baisse des diagnostics de syphilis chez les hommes de 26 à 49 ans et d’infections à Chlamydia chez les hommes de 15 à 25 ans. Les taux de diagnostic des infections à Chlamydia, gonocoque et syphilis les plus élevés sont observés chez les femmes de 15 à 25 ans suivies par les femmes de 26 à 49 ans. La totalité des quatre Cegidd de Guyane ont transmis leurs données en 2023 dans le cadre de la surveillance SurCeGIDD. Les personnes ayant consulté en Cegidd pour infection à Chlamydia, gonocoque ou syphilis avaient en majorité moins de 26 ans et étaient nées pour la plupart à l’étranger.
    Plus d’infos ici.

    Arrêt de commercialisation du Fuzeon (ARV)

    Dans un communiqué (2 décembre), l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) indique avoir été informée par le laboratoire pharmaceutique Roche de l’arrêt de commercialisation du Fuzeon (enfuvirtide), un ARV dispensé en poudre et solvant pour solution injectable. En France, moins de dix personnes sont actuellement traitées par Fuzeon, pointe l’ANSM. L’agence sanitaire indique que : « Désormais, Fuzeon ne doit plus être prescrit en initiation de traitement. » Fuzeon est un antirétroviral indiqué en association avec d'autres antirétroviraux, chez des personnes infectées par le VIH en échec à un traitement comprenant au moins un médicament de chacune des classes antirétrovirales suivantes : inhibiteurs de protéase, analogues non nucléosidiques de la transcriptase inverse et analogues nucléosidiques de la transcriptase inverse, ou présentant une intolérance à ces traitements. Un autre traitement antirétroviral adapté à la situation de chaque personne concernée sera prescrit en remplacement de Fuzeon selon les recommandations des experts-es de la prise en charge du VIH (ANRS ǀ MIE, CNS et Haute autorité de santé).
    Afin de laisser le temps aux personnes prenant ce traitement de consulter leur médecin et d’échanger avec lui-elle sur les alternatives adaptées à leur situation, cet arrêt de commercialisation prendra effet le 30 septembre 2025. Parmi ces nouvelles alternatives citons le lénécapavir (commercialisé sous le nom Sunlenca). Le lenacapavir a une longue demi-vie et une forte puissance antivirale. Cette molécule n’a pas de résistance croisée connue avec d’autres classes d'antirétroviraux disponibles et offre donc une nouvelle option de traitement, administrable tous les six mois, aux personnes vivant avec le VIH dont le virus n'est plus contrôlé efficacement par leur traitement.

    Dengue ; la vaccination recommandée pour certaines personnes dans les Outre-mer

    Les autorités sanitaires françaises recommandent de vacciner à Mayotte, à la Réunion, aux Antilles et en Guyane, les adultes vulnérables et les enfants infectés auparavant. Sur les huit premiers mois de 2024, il y a eu près de 13 millions de cas de dengue dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), presque le double du record de toute l’année 2023. Transmise par les piqûres de moustiques tigres infectés, cette maladie virale peut provoquer une forte fièvre et des courbatures. Si elle est généralement bénigne, elle peut se révéler parfois grave (en cas de comorbidités), voire mortelle, notamment en cas d’infection antérieure La dengue fait partie des 17 agents pathogènes pour lesquels « des vaccins sont urgemment nécessaires », recensés le 5 novembre par l’OMS. Dans les Outre-mer, « plusieurs vagues épidémiques se succèdent ces dernières années », entraînant « un fardeau important sur le système hospitalier », constate la Haute autorité française de santé (HAS) qui a rendu un avis, assorti de recommandations. Pour protéger les populations des Outre-mer, la HAS préconise d’y vacciner « les enfants âgés de 6 à 16 ans présentant un antécédent d’infection par la dengue ainsi que les adultes de 17 à 60 ans présentant des comorbidités, avec ou sans antécédent d’infection ».  La vaccination est toutefois contre-indiquée chez « les sujets immunodéprimés, la femme enceinte » ou « allaitante », indique la HAS. Autorisé sur le marché européen depuis décembre 2022, le vaccin Qdenga du laboratoire japonais Takeda a montré son efficacité chez les enfants et adolescents-es de 6 à 16 ans précédemment infectés-es par le virus. Son efficacité contre les dengues sévères n’a pas pu être démontrée, et le vaccin s’est montré inopérant contre deux des quatre sérotypes de la maladie, chez les personnes n’ayant jamais été infectées, note la HAS.
    Le schéma vaccinal recommandé consiste en deux doses de vaccin, espacées de trois mois. Le risque de développer une forme sévère de la dengue - moins de 5% des cas symptomatiques - est accru par la grossesse et des maladies chroniques. Les adultes - principalement touchés à La Réunion et à Mayotte, dans l’océan Indien - présentant des comorbidités sont particulièrement concernés par les formes graves ou les décès, alors que les enfants sont aussi affectés aux Antilles et en Guyane.
    Les recommandations de la HAS pourront être actualisées en fonction de l’évolution des connaissances scientifiques et des indicateurs épidémiologiques. Pour les connaitre, c’est ici.