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    L’Actu vue par Remaides : « VIH et risques du tabac : les personnes vivant avec le VIH ne font pas le lien »

    • Actualité
    • 24.05.2025

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    Image : Anthony Leprince pour Studio Capuche, pour Remaides.

    Par Jean-François Laforgerie

    VIH et risques du tabac : les personnes vivant avec le VIH ne font pas le lien

    Réalisée entre juillet et octobre 2024 par l’institut Ipsos, une enquête nationale initiée par Actions Traitements et ses partenaires, dont AIDES, a été menée auprès des personnes vivant avec le VIH (fumeuses ou l’ayant été) et des professionnels-les de santé qui les prennent en charge. Cette enquête, dont les résultats sont riches visait à mettre « en évidence les bons leviers, les bons messages pour accompagner celles et ceux qui le souhaitent dans une démarche d’arrêt du tabac ». Dans ce premier article, quelques résultats marquants ; un second article reviendra plus précisément sur les enjeux de prise en charge et ce qui est désormais proposé comme accompagnement par certaines associations de lutte contre le sida. À suivre.

    Quels liens entre VIH et tabac ?
    La prévalence du « tabagisme » chez les personnes vivant avec le VIH est « plus de deux fois plus élevée que celle de la population générale, toutes régions et tous niveaux de revenu confondus », rappelle un document de synthèse de l’Organisation mondiale de la santé sur tabac et VIH (juillet 2024). C’est notamment vrai sur le continent africain. L’OMS cite l’exemple du Lesotho (ce pays d’Afrique australe dont se moque avec cruauté Trump !), qui présente la deuxième prévalence mondiale du VIH, estimée à 19,3 %, et une prévalence du tabagisme de 41,1 % chez les hommes vivant avec le VIH. Des recherches récentes menées dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, indiquent que parmi les femmes vivant avec le VIH : 1,3 % fument, 2,1 % consomment du tabac sans fumée (tabac à macher, à priser) et 3,6 % consomment une forme ou une autre de tabac. Plusieurs études montrent (le document de l’OMS en cite plusieurs) que le « tabagisme » chez les personnes vivant avec le VIH « augmente considérablement le risque de morbidité et de mortalité par rapport aux personnes qui n’en consomment pas ou qui n’en ont jamais consommé. » « Le taux de surmortalité chez les fumeurs vivant avec le VIH est en moyenne trois fois plus élevé que celui de la population générale », assène d’ailleurs l’OMS ; histoire de bien pointer l’enjeu d’une prise en charge conduisant vers l’arrêt de la consommation. Enfin, on sait que le tabac a un impact sur le système immunitaire. Par ailleurs, chez les personnes vivant avec le VIH, la consommation de tabac est responsable de 30,6 % des cancers non liés au VIH, 25,5 % des infections respiratoires, 25,3 % des maladies cardiovasculaires et 24 % de la mortalité toutes causes confondues.

    Qui a répondu à l’enquête ?
    Principalement des hommes cis (83 %) et des femmes cis (14%). Sur l’ensemble des répondants-es, 75 % se disaient homosexuels-les et 18 % hétérosexuels-les. L’âge était dans la tranche 45 à 64 ans, pour 63 % des répondants-es. Une grande partie vivait en Île-de-France (42 %), suivait l’Occitanie (11 %).  Une forte proportion vivait en zone urbaine : 41 % dans l’agglomération parisienne et 31% dans des villes de plus de 100 000 habitants-es. Quelque 78 % des répondants-es avaient un parcours de vie avec le VIH de plus de dix ans. Les professionnels-les de santé les plus consultés-es au cours des douze derniers mois étaient les pharmaciens-nes (93 %), les médecins infectiologues (92 %), les médecins généralistes (86 %).

    Quels étaient les profils concernant la consommation de tabac ?
    Près de 54 % de personnes fumaient actuellement et 46 % étaient d’anciens-nes fumeurs-ses. Le produit le plus utilisé était les cigarettes en paquet : 84 % de personnes usagères. L’âge de début de la consommation de tabac se situait vers 18 ans . Compte tenu de la tranche d’âge avancée des répondants-es (voir plus haut) la durée du parcours avec le tabac est longue ; en moyenne, les personnes qui consomment encore fument depuis 32,2 années.

    Quelques résultats marquants ?
    Dans leur rapport consacré à cette enquête nationale, Actions Traitements et ses partenaires constatent que la population interrogée est « sensible à l’arrêt du tabac », puisque 88 % des fumeurs-ses actuels-les ont déjà essayé d’arrêter de fumer pendant au moins une semaine et 79 % envisagent sérieusement d’arrêter de fumer. Les résultats font état d’un « faible niveau de connaissance des personnes vivant avec le VIH sur les liens entre tabac et VIH » ; En effet, seulement 28 % considèrent que le tabac a « certainement » un impact négatif sur leur système immunitaire. En revanche, « vivre avec » a peu d’impact sur les motivations à fumer des personnes vivant avec le VIH : seuls 20 % des personnes qui fument actuellement déclarent fumer pour « oublier le VIH et ses traitements. » Les résultats indiquent, par ailleurs, des poly-consommations fréquentes : 78 % des personnes vivant avec le VIH interrogées consomment actuellement des substances psychoactives, que ce soit de l’alcool, des drogues, ou pratiquent le chemsex ou consomment des médicaments détournés de leur usage.

    Une nouvelle proposition d’accompagnement
    À la suite de cette étude, débute en avril un dispositif d'accompagnement à l'arrêt du tabac en partenariat avec AIDES à Paris. Ce programme est réalisé avec le soutien financier de Santé publique France et le fonds de lutte contre les addictions (Caisse Nationale d'Assurance Maladie). À suivre.