Je fais un don

    L’Actu vue par Remaides : « VIH : les jeunes confrontés-es aux fausses informations et à l’exposition au risque »

    • Actualité
    • 21.03.2025

    franchises_medicales.jpeg

     

    DR

    Par Jean-François Laforgerie

    VIH : les jeunes confrontés-es aux fausses informations et à l'exposition au risque 

    À quelques jours du week-end du Sidaction 2025 (qui court du 21 au 23 mars), Sidaction a publié une nouvelle enquête réalisée par OpinionWay auprès des jeunes âgés-es de 15 à 24 ans. C’est désormais un constat régulier, hélas, mais les résultats sont alarmants. Les idées reçues à propos du VIH/sida sont en « forte progression », toute comme la « méconnaissance des moyens de prévention ». En hausse, aussi, le « trop faible recours au dépistage » et la « stigmatisation persistante à l’égard des personnes vivant avec le VIH ». En voici les points clefs.

    Si trois jeunes sur quatre se déclarent bien informés-es sur le VIH (76 %, un chiffre en baisse néanmoins de trois points), les idées reçues et fausses informations n’ont jamais été aussi répandues, depuis la première année de cette l’enquête en 2015, notent Sidaction et l’institut OpinionWay.
    Ainsi, 40 % des jeunes pensent qu’il existe un vaccin pour empêcher la transmission du virus du sida. C’est trois points de plus par rapport à la même question posée dans l’enquête de 2023.
    De plus, 39 % pensent que l’on guérit du VIH/sida (plus trois points par rapport à 2023) ; 78 % croient qu’une personne séropositive sous traitement peut transmettre le virus lors d’un rapport sexuel non protégé (par préservatif).
    Certaines idées fausses sur les modes de transmission ont la vie dure.
    Ainsi, 42 % des jeunes pensent que le VIH peut se transmettre par un baiser (plus douze points par rapport à 2023) et 31 % des répondants-es en buvant dans le verre d’une personne vivant avec le VIH ― plus six points par rapport à 2023.

    Invitée à commenter ces résultats, Florence Thune, directrice générale de Sidaction, explique : « Ces chiffres traduisent un recul inquiétant des connaissances sur le VIH et ses modes de transmissions. Avec toutes ces fausses croyances, les jeunes sont exposés à une plus grande prise de risque au début de leur vie sexuelle ». Et d’ajouter : « Par ailleurs, les discriminations demeurent un problème majeur quand on sait qu’un jeune sur deux aurait honte d’apprendre qu’il est séropositif au VIH et six jeunes sur dix ne se mettraient jamais en couple avec une personne vivant avec le VIH. »

    Des lacunes dans le champ de la prévention
    Parmi celles et ceux ayant un-e ou des partenaires sexuels-les en dehors du couple, 33 % n’utilisent pas de préservatif, augmentant ainsi l’exposition aux risques. Le dépistage, bien que progressant, reste encore trop peu fréquent : seulement 36 % des jeunes sexuellement actifs-ves ont réalisé un test de dépistage du VIH dans l’année (plus quatre points par rapport à 2023).
    « Sept jeunes sur dix considèrent comme peu probable, voire complètement improbable, de contracter un jour le virus. C’est cette perception erronée qui entraîne une banalisation du risque. La confiance que les jeunes déclarent avoir envers leur nouveau partenaire sexuel comme une raison pour ne pas se faire dépister ne peut pas et ne doit pas être un gage de protection », souligne Florence Thune.
    Concernant les infections sexuellement transmissibles (IST), le port du préservatif et le dépistage sont loin d’être des automatismes, « mettant en péril la santé sexuelle des jeunes », comme le pointe Sidaction.
    Ainsi, 40 % des jeunes pense que les IST sont en baisse chez les 15-24 ans, alors qu’elles sont en forte augmentation ; 38 % des jeunes estiment que seules les personnes ayant une « sexualité intense » sont concernées par les IST. Enfin, moins d’un jeune sur trois (29 %) a réalisé un test de dépistage des IST dans l’année.

    Face à ces constats, Sidaction appelle à une « intensification de la prévention et du dépistage auprès des jeunes ». Il est absolument nécessaire d’appliquer et de déployer le programme « Éduquer à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) » tout au long de la scolarité, dès la rentrée prochaine. Plus d’infos sur ce programme sur le site officiel du ministère de l’Éducation nationale.

    Les principaux enseignements du sondage pour OpinionWay
    Les auteurs-rices de l’étude pour le compte de Sidaction ont bien évidemment largement commenté les résultats : trois pages y sont consacrées dans leur rapport. Parmi les enseignements qu’ils-elles en retiennent, c’est le fait que les jeunes de 15 à 24 ans sont pour la majorité actifs-ves sexuellement : plus de la moitié d’entre eux-elles ont eu des rapports ces 12 derniers mois (59 %, plus deux points par rapport à 2023). C’est le recours à la prévention qui pose problème (voir plus haut). À l’occasion de ces rapports sexuels récents, les 15-24 ans sont une majorité à reconnaître ne pas avoir systématiquement utilisé de préservatifs (65 %, plus un point par rapport à 2023. Lors des « rapports sexuels avec des partenaires non réguliers, qui s’ajoutent à leur partenaire régulier, 33 % des jeunes n’ont pas utilisé de préservatifs ».

    Une partie de l’analyse a porté sur les « idées reçues grandissantes, en particulier concernant les traitements mais plus encore sur la transmission ». Les auteurs-rices expliquent ainsi que si « une large majorité sait qu’il existe des traitements permettant de vivre avec le virus (79 %), elle tend à diminuer de manière importante cette année (recul de sept points par rapport à 2023) ». Par ailleurs, le fonctionnement de ces traitements reste encore mal compris par les 15-24 ans (voir plus haut).

    Un motif d’inquiétude est la persistance de certaines croyances – dont certaines s’amplifient – concernant la transmission du VIH. La plus répandue concerne le risque supposé lié aux rapports sexuels non protégés par un préservatif avec une personne vivant avec le VIH sous traitement : trois jeunes sur quatre pensent à tort que le virus peut être transmis dans cette situation (78 %, plus deux points) comme on a vu. Par ailleurs, plus d’un-e jeune sur trois considère que le VIH peut se transmettre en embrassant une personne séropositive (42 %, plus douze points), en s’asseyant sur un siège de toilettes publiques (36 %, plus onze points), par contact avec la transpiration (33 %, plus huit points) ou en buvant dans le même verre (31 %, plus six points). Enfin, partager une assiette (27 %, plus quatre points) ou serrer la main d’une personne séropositive (21 %, plus cinq points) sont également des idées fausses ancrées chez près d’un jeune sur quatre.  Comme l’explique l’équipe d’OpinionWay : « Au-delà des modes de transmission, ce sont aussi les populations concernées par cette transmission qui font l’objet d’idées reçues : un jeune sur quatre croit que le virus ne circule qu’en Afrique (24 %, plus quatre points) ; un sur cinq qu’il ne touche que les homosexuels et les « toxicomanes » (20 %, un score en très légère baisse par rapport à 2023). Ils sont dans les mêmes proportions à estimer qu’en observant bien une personne, on peut savoir si elle a le sida (20 %). Fait notable, la méconnaissance est plus marquée chez ceux qui se disent très bien informés, avec des écarts de 8 à 16 points par rapport à la moyenne. »

    Dans le même temps, les jeunes Français-es s’estiment de moins en moins concernés-es par le VIH : pour la moitié d’entre eux-elles, il y a de moins en moins de contamination du virus parmi les 15-24 ans en France aujourd’hui (49 %, c’est 24 points de plus par rapport à 2009). Plus personnellement, sept jeunes sur dix considèrent comme peu probable voire improbable de contracter un jour le VIH (69 %, dont 37 % peu probable et 32 % improbable). En outre, la séropositivité demeure auréolée de considérations sociales fortes : s’ils venaient à apprendre qu’ils-elles étaient concernés-es, 86 % des jeunes ressentiraient de la peur et 51 % de la honte. Se voulant globalement préservés-es, 63 % des jeunes estiment qu’il est peu, voire pas probable que leur famille proche contracte le virus. L’amitié avec une personne séropositive n’est pas exclue par les 15-24 ans : 84 % arrivent à se figurer cette situation. En revanche, la vie intime et familiale est moins facilement envisagée : 38 % déclarent qu’ils pourraient se mettre en couple avec une personne séropositive et 34 % avoir des enfants avec elle.

    Qui a répondu au « Sondage OpinionWay pour Sidaction »
    Le profil de l’échantillon portait sur la population française âgée de 15 à 24 ans. Il y avait 51 d’hommes et 49 % de femmes. La répartition par âges était la suivant : 32 % de personnes âgées de 15 à 17 ans, puis 30 % pour les 18 à 20 ans et 38 % pour les 21 à 24 ans. Par ailleurs, 30 % avaient un travail et 27 % étaient des étudiants-es avec travail ; 27 % étaient des étudiants-es ou lycéens-nes sans activité salariée. La répartition géographique était la suivante :  Île-de-France 20 % ; Nord-ouest 22 % ; Nord-est 23 % ; Sud-ouest 11 % ; Sud-est 24 %. Enfin, 12 % vivent dans une commune rurale ; 17 % dans une commune de 2000 à 19 999 habitants-es ; 14 % dans une ville de 20 000 à 99 999 habitants-es ; 39 % dans une ville de 100 000 habitants-es et plus ; 18 % vivent dans l’agglomération parisienne.

     

    sexualite.jpg

    Méthode du « Sondage OpinionWay pour Sidaction »
    Échantillon de 1 561 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 à 24 ans. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. L’échantillon a été interrogé par questionnaire auto-administré en ligne sur système CAWI (Computer Assisted Web Interview). Les interviews ont été réalisées du 24 février au 3 mars 2025.

    Pour faire un don à Sidaction
    Par téléphone : en appelant le 110 (numéro d’appel gratuit)
    Par Internet : www.sidaction.org
    Par SMS au 92110 : en envoyant le mot « DON » pour faire un don de 10€ (coût d’envoi du SMS gratuit ou inclus dans les forfaits SMS)
    Par courrier : Sidaction – 228, rue du Faubourg Saint-Martin. 75010 Paris.