L'Actu vue par Remaides : Vaccigay : une étude sur l’hésitation vaccinale des HSH
- Actualité
- 03.07.2024
© DR
Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton
Vaccigay : une étude sur l'hésitation vaccinale des HSH
Actualité chargée ces dernières semaines dans le champ de la santé (au sens large) et de l’actu sociale… c’est souvent le cas. Cette fois, il y a le prix des consultations en hausse. Côté prévention, la société civile interpelle Nicole Belloubet sur l’éducation sexuelle. De son côté, L’OMS appelle à réduire la consommation de sel à laquelle 10 000 décès quotidiens de maladies cardiovasculaires sont imputés. SOS hépatites & maladies du foie lance la deuxième édition de son opération « Juin sans sucres ajoutés ». Les résultats de l’étude Vaccigay sont sortis. Cette étude porte sur l’hésitation vaccinale des HSH. Côté cancer du sein : la prise en charge intégrale des soins a été adoptée en commission à l’Assemblée nationale. Par ailleurs, en France, les riches sont moins nombreux-ses, mais plus riches. La rédaction de Remaides fait le point sur l’actu santé et sociale.
Et si les hommes gays et bisexuels qui ont une sexualité « généreuse » (comprendre : qui sont multipartenaires) étaient ceux qui se vaccinaient le plus contre les IST ? C’est ce que laissent entendre les résultats de l’étude Vaccigay. La couverture vaccinale contre le virus de l'hépatite A (VHA), le virus de l'hépatite B (VHB) et les papillomavirus humains (HPV) est insuffisante chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), en partie à cause de leur forte prévalence et de l'hésitation vaccinale spécifique à ces vaccins. L’hésitation vaccinale est définie comme « un retard à l’acceptation d’un vaccin ou son refus ». Partant de ce constat, une étude française visait à examiner les déterminants de l'hésitation vaccinale spécifique chez les HSH, en se concentrant sur les caractéristiques de leur activité sexuelle, leur propension à utiliser des outils de prévention et des soins médicaux, la divulgation de leur orientation sexuelle aux professionnels-les de santé et la stigmatisation perçue.
L'Observatoire régional de la santé de la région PACA, l'Inserm et Santé publique France ont lancé l'enquête Vaccigay en février 2022. Une enquête en ligne qui s'adressait aux HSH (cis ou trans), âgés de 18 ans ou plus et résidant en France. L’enquête (qui s’est déroulée du 15 février au 31 août 2022) a recueilli les perceptions concernant le VHB, le VHA et le HPV, ainsi que celles concernant leurs vaccins respectifs, auprès de 3 730 HSH français. Presque tous (98 %) se considéraient comme des hommes et 78 % avaient des relations sexuelles exclusivement avec des hommes. La moitié avait moins de 39 ans. Une bonne proportion avait un niveau d'éducation élevé : 41 % ont déclaré avoir suivi entre deux et quatre ans d'études postsecondaires, et 37 % avaient au moins un master. La plupart (78 %) étaient employés et seuls 17 % n'étaient pas actifs professionnellement (retraités, étudiants ou autres). Trente pour cent ont signalé des difficultés financières et 6 % n'avaient pas de complémentaire santé, qui rembourse les frais de santé non couverts par la Sécurité sociale. Quatre HSH sur dix (41 %) ont déclaré avoir personnellement vécu un jugement négatif de la part d’un-e professionnel-e de santé en raison de leur orientation sexuelle. Neuf pour cent étaient séropositifs au VIH ; 31 % avaient un statut de maladie de longue durée (ALD), 90 % consultaient régulièrement un-e médecin généraliste ou un-e autre médecin et 71 % avaient annoncé leur orientation sexuelle à leur médecin.
Après analyse des données, les chercheurs-ses ont identifié trois profils de HSH en termes de pratiques sexuelles et de prévention : « faible activité sexuelle/faible engagement médical » (C1), « activité sexuelle modérée/engagement médical modéré » (C2) et « forte activité sexuelle/fort engagement médical » (C3). Ces profils montraient un gradient selon lequel l'adoption de la prévention médicale augmentait avec les soins médicaux réguliers et l'étendue des pratiques sexuelles potentiellement à haut risque pour les infections. L'hésitation vaccinale spécifique globale liée aux vaccins contre le VHA, le VHB et le HPV était plus élevée dans le groupe C1 que dans le groupe C3, mais pas dans le groupe C2. Les hommes qui n'avaient pas informé leur médecin de leur orientation sexuelle étaient plus susceptibles de signaler des niveaux plus élevés d'hésitation vaccinale que ceux qui l'avaient fait, quel que soit le groupe (C1, C2 ou C3), tandis que l'expérience personnelle de stigmatisation de la part de « prestataires de soins » n'était pas liée au niveau d'hésitation vaccinale.
« Nos résultats confirment notre hypothèse selon laquelle des pratiques sexuelles moins à risque et un moindre engagement dans les pratiques de prévention sont tous deux associés à un degré plus élevé d'hésitation vaccinale spécifique liée au VHA, au VHB et au HPV. Ces résultats sont cohérents avec ceux des études sur l'acceptabilité et/ou l'adoption des vaccins contre le VHA, le VHB et le HPV chez les HSH, ainsi que sur leur hésitation vaccinale pour d'autres vaccins. Avoir un partenaire stable ou peu de partenaires et éviter les comportements sexuels à risque (correspondant au cluster C1) peut renforcer la perception d'être à l'abri du risque d'IST et le sentiment que la vaccination n'est pas utile », expliquent les auteurs-rices de l’étude.
Les résultats complets de l’étude ont été publiés le 23 mai dernier sur le site scientifique The National Center for Biotechnology Information.
Education sexuelle : la société civile interpelle Nicole Belloubet
Revendication. Tout est dans le titre : « Madame Belloubet, en matière d’éducation sexuelle, le silence n’éduque pas ». Dans une tribune publiée le 4 juin dernier dans Libération, plusieurs associations, dont des associations de lutte contre le sida, ont interpellé la ministre de l’Éducation nationale au sujet des « campagnes d’hostilité de certains mouvements pourtant largement minoritaires, à l’encontre de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle à l’Ecole ». Dans ce texte, ces associations estiment que ces attaques « sont assourdissantes », et elles les inquiètent. « Ces mouvements anti-droits, souvent proches de l’extrême droite, diabolisent cet enseignement, distillent le poison du doute en répandant de fausses informations et en caricaturant les enjeux ». « Nous, lycéens-nes, associations de parents et associations intervenant en milieu scolaire, sommes consternés-es par votre silence. Pas un mot, pas une seule déclaration publique de votre part pour dénoncer ces mensonges et ces lectures complotistes. Nous sommes seuls-es dans ce combat pour le bien-être de la jeunesse. Malgré nos efforts pour rectifier les contrevérités et sensibiliser le public, notre impact serait plus puissant avec un soutien ferme et visible de votre part. Nous ne pouvons être les seuls-es à défendre une éducation complète à la sexualité pour l’ensemble des élèves », pointent les associations signataires. Et d’affirmer : « L’École et les associations ne peuvent pas être les seules à canaliser pressions et agressions de la part de collectifs conservateurs et réactionnaires, ni les violences et souffrances au sein de la jeunesse. Or aujourd’hui, les personnels de l’Education nationale et les associations doivent gérer au cas par cas les actes de violences de plus en plus nombreux, sans pouvoir invoquer la parole d’un État protecteur et progressiste », taclent les associations. « Madame la ministre, ne laissez pas croire que votre silence est un accord tacite aux mensonges et à la désinformation. Il est urgent qu’à votre tour, enfin, vous vous fassiez entendre : prenez position publiquement et agissez pour protéger une éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle basée sur des faits et le respect de chacun-e, pour le bien de la jeunesse de notre pays », concluent les associations. Les associations signataires sont : Association de lutte contre le sida et pour la santé sexuelle ALS Excision, Parlons-en ! Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles FNCIDFF Fédération nationale Solidarité femmes FNSF ID santé, Crips, Parents et féministes, le Planning familial, Sidaction, Stop Fisha, Union syndicale lycéenne USL.
En France, les riches sont moins nombreux-ses, mais plus riches
Gap. En France, 4,7 millions de personnes, soit 7,4 % de la population, sont riches si on considère leurs revenus : en dix ans, ils-elles sont devenus-es moins nombreux-ses, mais sont, en revanche, « plus riches », selon un rapport de l’ONG Observatoire des inégalités, publié mercredi 5 juin, indique l’AFP. À partir de quels revenus est-on riche en France ? Roulement de tambour : 3 860 euros par mois en 2021 pour une personne seule, impôts déduits, 5 790 euros pour un couple, et 9650 euros pour une famille avec deux adolescents-es, estime l’Observatoire des inégalités.
L’ONG a choisi d’utiliser le même critère que l’OCDE et le gouvernement allemand, soit deux fois le revenu médian. Si l’Insee définit un seuil de pauvreté (1 158 euros en 2021), il ne fixe pas de seuil de richesse. Selon les calculs de l’Observatoire fondés sur des chiffres de l’Insee, de 2011 à 2021, le pourcentage des personnes considérées comme riches, selon ce critère, a baissé de 1,5 point et leur nombre a reculé de 784 000, sous l’effet à la fois de réformes fiscales et de l’élévation du niveau de vie médian. Reste un constat : ces « riches » sont plus aisés-es.
Quel est le profil type ? Un cadre supérieur, âgé et masculin : 43 % des salariés-es riches sont des cadres supérieurs du privé, 21 % de la fonction publique et 3 % des directeurs-rices généraux-les ou adjoints d’entreprises. Si on considère les actifs-ves riches, 23 % sont des indépendants-es (médecins et spécialistes, avocats-es, notaires, experts-es-comptables...), selon des données de 2019 analysées par l’Observatoire. Les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes à percevoir un revenu situé dans les 10 % les plus hauts. L’âge compte aussi : 1 % des ménages ayant moins de 30 ans perçoivent des revenus leur permettant d’être considérés comme riches, 10 % des 55-59 ans, mais 15 % des 60-64 ans, selon ce troisième rapport de l’ONG. Au-delà des 0,1 % d’ultra-riches, « le décalage est énorme entre cette France qui vit bien, profite pleinement de la société de consommation, et les catégories populaires et moyennes », souligne son directeur, Louis Maurin, auteur du rapport avec Anne Brunner. Les riches en revenus sont en grande partie les mêmes que les riches en patrimoine — catégorie atteinte à partir de 531 000 euros de patrimoine pour un ménage en 2021 (soit trois fois le patrimoine médian) — selon l’Observatoire.
Consultations : les prix en hausse
Une nouvelle convention tarifaire entre les organisations syndicales de médecins et l’Assurance Maladie va permettre d’augmenter la consultation de base du généraliste, qui passera de 26,50 euros à 30 euros. Elle prévoit aussi des augmentations variables selon les spécialités, entre 30 et 60 euros, en privilégiant les moins rémunérées aujourd’hui : pédiatres, psychiatres, gynécologues médicaux, endocrinologues ou gériatres. La plupart de ces augmentations interviendront en décembre 2024. La nouvelle convention pose également des objectifs collectifs en termes d’accès aux soins et de pertinence des prescriptions. Selon les estimations du directeur de l’Assurance maladie, Thomas Fatôme, la nouvelle convention représente quelque 1,6 milliard d’euros de dépenses supplémentaires par an pour l’Assurance Maladie.
10 000 décès quotidiens de maladies cardiovasculaires : l’OMS appelle à réduire la consommation de sel
Les maladies cardiovasculaires sont à l'origine de quatre décès sur dix en Europe, soit 10 000 décès par jour et quatre millions par an, indique un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui épingle tout particulièrement une consommation de sel trop élevée, facteur d’hypertension artérielle (HTA). Cette surconsommation est fréquente dans la région européenne de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En effet, la plupart des habitants-es de cette zone consomment beaucoup trop de sel, et plus d’une personne adulte sur trois âgée de 30 à 79 ans souffre ainsi d’une élévation de la pression artérielle, ou hypertension. Une consommation élevée de sel augmente la pression artérielle, ce qui constitue un facteur de risque majeur pour les maladies cardiovasculaires telles que les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux. Un nouveau rapport de l’OMS/Europe, « Action on salt and hypertension » [Agir contre le sel et l’hypertension], préconise une stratégie coordonnée pour réduire la consommation de sel et améliorer la détection et la maîtrise de l’hypertension pour protéger la santé de la population. Chaque jour, les maladies cardiovasculaires tuent 10 000 personnes dans la Région européenne de l’OMS ; elles touchent plus fréquemment les hommes que les femmes. Selon le rapport de l’OMS/Europe, les hommes de la région courent près de 2,5 fois plus de risques que les femmes de mourir d’une de ces maladies. Il y a également un clivage géographique : la probabilité de mourir jeune (entre 30 et 69 ans) d’une maladie cardiovasculaire est presque cinq fois plus élevée en Europe orientale et en Asie centrale qu’en Europe occidentale. « Les maladies cardiovasculaires et l’hypertension sont généralement évitables... et peuvent être maîtrisées », a commenté le docteur Hans Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe. « Quatre millions... un chiffre qui donne le vertige : c’est le nombre de décès causés chaque année par les maladies cardiovasculaires – principalement chez les hommes, en particulier dans la partie orientale de notre région de l’OMS. Tels sont les faits, mais nous pouvons changer les choses. Nous savons ce qui fonctionne, mais nous ne parvenons pas toujours à mettre en œuvre des stratégies fondées sur des données probantes, ce qui se traduit par un nombre inacceptable de décès évitables. La mise en œuvre de politiques ciblées visant à réduire de 25 % la consommation de sel pourrait permettre de sauver quelque 900 000 vies dues aux maladies cardiovasculaires d’ici à 2030 ». Le sel, c’est l’ennemi. Presque tous les pays de la région européenne (51 sur 53) enregistrent une consommation quotidienne moyenne de sel supérieure à la limite maximale recommandée par l’OMS : 5 g (environ 1 cuillère à café) par jour.
Cancer du sein : la prise en charge intégrale des soins adoptée
Avancée. Les députés-es ont adopté mercredi 22 mai à l’unanimité en commission une proposition de loi pour la prise en charge intégrale des soins liés au cancer du sein, présentée par le groupe GDR (Gauche démocrate et républicaine). Objectif du texte : rembourser « l’ensemble des soins », y compris dits « de support ». Les prothèses capillaires de toutes catégories et le renouvellement des prothèses mammaires pourront être désormais remboursés. Un amendement déposé par Renaissance a, cependant, exclu les dépassements d’honoraires, mentionnés dans le texte initial. « C’est une victoire pour les 700 000 femmes atteintes du cancer du sein » s’est félicité le rapporteur Fabien Roussel (PCF). Le texte est inscrit à l’ordre du jour de la niche parlementaire communiste le 30 mai. S’il ne peut pas être examiné ce jour-là, faute de temps, il pourrait être proposé dans une loi transpartisane, a glissé le leader communiste devant la commission. « Merci de mettre en lumière cet enjeu », a souligné la présidente de la commission des Affaires sociales Charlotte Parmentier-Lecocq (Renaissance).
La consultation des généralistes passera à 30 euros en décembre
En hausse. Le tarif de la consultation chez le-la médecin généraliste passera à 30 euros en décembre 2024, selon un projet d’accord finalisé vendredi 17 mai 2024 par l’Assurance maladie et les syndicats de médecins libéraux. Ce projet d’accord, qui prévoit également des revalorisations des différentes consultations des spécialistes et des engagements collectifs pour l’accès aux soins, doit maintenant être ratifié par un groupe suffisamment représentatif de syndicats pour entrer en vigueur, explique l’AFP. Les consultations internes aux syndicats auront lieu, fin mai. D’une manière générale, les différentes revalorisations contenues dans le projet représentent à terme 1,6 milliard d’euros de dépenses en plus pour l’Assurance maladie, et 1,9 milliard d’euros de dépenses en plus en y incluant les dépenses des complémentaires Santé, a indiqué le directeur général de la Cnam, Thomas Fatôme. Le projet d’accord comprend aussi « pour la première fois » des « objectifs partagés » sur l’accès aux soins (augmentation de la patientèle moyenne du médecin traitant par exemple) ou sur la maitrise des prescriptions, s’est-il félicité.