L’Actu vue par Remaides : « Tensions et ruptures de stock de médicaments : le bilan de la Drees »
- Actualité
- 11.04.2025
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Par Jean-François Laforgerie
Tensions et ruptures de stocks de médicaments : le bilan de la Drees
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a publié, fin mars, une étude sur les ruptures de stock de médicaments.
En voici les points clefs.
En fin d’article, deux autres infos Santé.
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a publié, fin mars, une étude sur les ruptures de stock de médicaments. Elle a été réalisée en collaboration avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). À partir d’une exploitation des données de la plateforme de l’ANSM de déclarations par les industriels des ruptures de stock, cette étude présente une « nouvelle mesure de l’intensité des tensions et des ruptures de stock sur les années récentes, jusqu’à fin 2024 ». Sont également présentées des estimations de l’effet des ruptures de stock sur les volumes de ventes de médicaments aux pharmacies de ville, ainsi que des analyses par classe thérapeutique, explique la Drees.
Les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM, dont font partie les ARV et les traitements des hépatites virales) sont définis, selon le Code de la santé publique comme les médicaments pour lesquels une « interruption de traitement est susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients à court ou moyen terme », ou « représente une perte de chance importante compte tenu de la gravité ou du potentiel évolutif de la maladie ». Selon la liste de l’ANSM publiée en décembre 2024, sur les 17 000 présentations de médicaments commercialisées, environ 10 000 sont des MITM. Les titulaires d’autorisation de mise sur le marché et les entreprises pharmaceutiques exploitant un MITM doivent informer l’ANSM, dès qu’ils en ont connaissance, de tout risque de rupture de stock ou de toute rupture de stock relative à ce médicament.
Hausse des ruptures de stock des MITM entre 2021 et 2023, un reflux lent et continu depuis
« En 2021 et 2022, le nombre de présentations médicamenteuses simultanément en rupture de stock a fortement augmenté, note l’étude de la Drees et de l’ANSM, dépassant largement les précédents épisodes, notamment celui intervenu lors du premier confinement. Un pic de criticité a été atteint à l’hiver 2022-2023, avec environ 800 présentations en rupture de stock simultanément. Le nombre de présentations en rupture a ensuite reflué progressivement. Au 31 décembre 2024, on comptait environ 400 présentations en rupture stock, un niveau, certes en retrait par rapport au pic, mais encore élevé. »
Les risques de rupture de stock en forte progression entre 2021 et 2023
« Les risques de rupture de stock (…) ont aussi fortement augmenté en 2021 et 2022, pour atteindre un plateau en 2023, autour de 1 500 présentations à risque simultanément, avant de baisser en 2024 », note l’étude. Au 31 décembre 2024, le nombre de présentations à risque de rupture est passé sous la barre des 1 200, un niveau qui reste très élevé. La sévérité des risques de rupture de stock semble s’atténuer, si l’on en juge par le niveau des stocks déclarés. Entre le pic de criticité et fin 2024, le stock médian des présentations à risque de rupture est passé d’1,3 mois de ventes habituelles à deux mois de ventes.
Baisse du nombre de ventes de boites aux officines, mais pas d’effondrement systématique
Une rupture de stock, ou un risque de rupture de stock peut affecter significativement les ventes du médicament concerné aux pharmacies, sans forcément s’accompagner d’un effondrement des ventes. En moyenne, sur l’ensemble de la durée d’un épisode de tension, le nombre de boîtes livrées aux pharmacies a baissé de 11 % pour une rupture de stock et de 7 % pour un risque de rupture. Au pic de criticité atteint lors de l’hiver 2022-2023, le nombre de boîtes de MITM manquantes mensuellement à la vente aux officines, à la suite d’une rupture ou d’un risque de rupture, a atteint 8 millions, soit entre 6,5 % et 10 % du volume de vente total de MITM.
Aucune classe thérapeutique n’échappe à la vague des ruptures de stock de 2021-2022
Les déclarations de rupture de stock se sont concentrées sur un nombre limité de classes de médicaments. Quatre classes rassemblent près des trois-quarts des déclarations : les médicaments du système cardio-vasculaire (environ 30 % des déclarations), ceux du système nerveux (20 %), les antibiotiques (14 %) et les médicaments du système digestif (environ 10 %). Pour autant, toutes les classes thérapeutiques ont été touchées par l’augmentation des tensions et ruptures sur les stocks en 2021 et 2022.
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En bref, d'autres infos Santé
Des députés-es veulent alerter sur la "montée préoccupante" du chemsex
Des députés-es, de la plupart des formations politiques, entendent alerter sur « l’inquiétant essor du chemsex ». Pour ce faire, ils-elles comptent adopter une proposition de résolution pour demander à l’État une « stratégie nationale de prévention ». Des affaires, dont certaines très médiatisées, comme celle concernant Pierre Palmade, ont contribué « à faire sortir de l’ombre cette pratique », qui est assez ancienne et à propos de laquelle un rapport officiel, confié au Pr Amine Benyamina, avait déjà été remis au gouvernement. Le rapport estimait que cette pratique concernait, a minima, entre 100 000 et 200 000 personnes en France. Le chemsex « est encore trop peu connu » des Français-es alors qu’il « s’agit d’un enjeu de santé publique, voire de sécurité », a alerté la députée macroniste Brigitte Liso, à l’initiative de la proposition de résolution débattue dans l’hémicycle. « C’est un sujet délicat », explique-t-elle, citée par l’AFP, il parle « à la fois de sexualité ― voire d’homosexualité ― et de drogue », c’est-à-dire de « l’intime et de l’illicite ». Le texte de la proposition de résolution a été signé par 124 parlementaires issus-es de tous les groupes politiques ― exceptés LFI et le RN, ces deux formations politiques n’ont d’ailleurs pas été sollicitées par la députée Brigitte Liso. La résolution réclame à l’exécutif un état des lieux épidémiologique précis et une stratégie de prévention (accompagnement par les associations, campagnes de sensibilisation, formation des professionnels-les de santé, etc.).
« La pratique du chemsex s’installe au sein de publics de plus en plus jeunes, venus de tous milieux et de tous les territoires », a indiqué Brigitte Liso, soulignant la facilité avec laquelle il est possible de se procurer les substances et la diffusion de ces pratiques via les applications de rencontre. « Il faut envoyer un signal », a plaidé, de son côté, le député socialiste Arthur Delaporte, cosignataire du texte et co-président du groupe d’étude VIH/Sida à l’Assemblée nationale, un poste précédemment occupé par sa collègue Brigitte Liso. Le sujet de la prise en charge du chemsex est revenu entre les murs du Palais Bourbon en octobre dernier, lors de l’examen du projet de loi de finances. Brigitte Liso avait réussi à faire voter en commission une enveloppe de 300 000 euros pour la prévention du chemsex, mais le gouvernement n’avait pas repris sa disposition dans le texte adopté. Une proposition de résolution n’est pas contraignante pour l’État. Le groupe de La France Insoumise a décidé d’y apporter son soutien. « Il est plus que nécessaire que l’État investisse massivement et rapidement dans un plan de prévention », explique l’élue (FI/NFP) Ségolène Amiot, disant redouter « une vague » à laquelle les pouvoirs publics ne sont pas prêts à répondre, « les services d’addictologie étant déjà saturés ». La députée a alerté sur une expansion de la pratique chez les hétérosexuels-les, qui ne bénéficient pas du maillage associatif de prévention et de réductions des risques tissé par la communauté LGBT+, et alors que l’État a, selon elle, « abandonné » depuis des années les politiques de prévention.
1er avril : l'indemnisation des arrêts maladie réduite par la Sécu
Douloureuse. Du changement sur le front des arrêts maladie. La Sécurité sociale a baissé l'indemnisation des congés maladie depuis le 1er avril. Il s’agit d’une mesure d'économie estimée à quelque 600 millions d'euros qui ne sera pas immédiatement sensible pour la plupart des salariés-es, protégés-es par leur régime de prévoyance complémentaire. Concrètement, pour tous les arrêts maladie débutant à compter du 1er avril, l'indemnité journalière versée par l’Assurance maladie sera égale à la moitié du salaire brut, plafonné à 1,4 Smic, contre la moitié du salaire brut plafonné à 1,8 Smic jusqu'à maintenant, indique l’AFP. L'indemnité journalière ne pourra donc pas dépasser 41,47 euros brut, contre un plafond de 53,31 euros brut jusqu'à maintenant. Pour tous-tes les salariés-es gagnant moins de 1,4 Smic, la situation reste inchangée, leur indemnité journalière ne dépassant de toute façon pas le plafond. Pour tous-tes les salariés-es au-dessus de 1,4 Smic, la perte pourrait théoriquement aller jusqu'à environ 250 euros par mois (pour les salariés-es gagnant 1,8 Smic et plus). Dans les faits, un nombre important de personnes bénéficient d'un régime de prévoyance souscrit par leur employeur-se, qui couvrira la baisse de l'indemnisation versée par l'Assurance maladie. À terme, la mesure ne sera pas insensible pour les salariés-es, puisque les régimes de prévoyance vont devoir augmenter leurs cotisations pour tenir compte de cette charge nouvelle. La hausse de cotisation attendue est estimée à 2 % en moyenne par les professionnels-les du secteur, avec toutefois de nettes variations selon les secteurs d'activité. Par ailleurs, le gouvernement Bayrou a également mis en œuvre depuis le 1er mars la réduction de 100 % à 90 % la rémunération des fonctionnaires en arrêt maladie.