L’Actu vue par Remaides : « Le Rwanda va administrer la Prep injectable »
- Actualité
- 02.02.2025
Par Jean-François Laforgerie
Le Rwanda va administrer la Prep injectable
On lui doit l’une des campagnes sur le sida parmi les plus controversées des années 90, Oliviero Toscani, le photographe provocateur de Benetton, est décédé le 13 janvier dernier. Aux États-Unis, le Congrès américain avance (hélas) sur un projet de loi d’exclusion des athlètes transgenres des compétitions sportives. Au Ghana, la Cour suprême a donné son feu vert à un projet de loi anti-LGBT+. Mais il n’y a pas que des mauvaises nouvelles : le Rwanda va administrer la Prep injectable et au Tchad, on conduit une politique efficace (qui donne des résultats) pour préserver les enfants du VIH. La rédaction de Remaides vous en dit plus.
Italie : décès d'Oliviero Toscani, photographe provocateur de Benetton
Oliviero Toscani, le photographe et directeur artistique rendu célèbre par ses campagnes de publicité choc pour la marque italienne de vêtements Benetton, est décédé lundi 13 janvier à l'âge de 82 ans des suites d'une longue maladie, a annoncé sa famille. Né le 28 février 1942 à Milan, Oliviero Toscani avait bâti sa carrière sur le scandale et la provocation avec notamment des campagnes pour les vêtements du groupe italien d'habillement Benetton, à partir de 1983. Ces campagnes, qui ont fait le tour du monde, mettaient notamment en scène une femme noire donnant le sein à un enfant blanc (1989), un homme mourant des suites du sida ou encore une religieuse à cornette embrassant un jeune prêtre (1992), des condamnés à mort aux Etats-Unis (2000), une jeune femme anorexique (2007). La photo du jeune homme mourant des suites du sida, David Kirby, dans les bras de son père, utilisée par Benetton, n’est pas l’œuvre de Toscani. Elle a initialement été publiée dans Life en 1990. La famille de David Kirby a autorisé l’entreprise Benetton à s'en servir. Sur son site, Benetton expliquait alors que l’image intitulée « Pieta » montre le malade qui apparaît tel Jésus, entouré de ses proches. Devant les nombreuses critiques qui reprochèrent à Benetton d'avoir exploité la mort de David, son père Bill a rappelé que la marque avait surtout attiré l'attention sur son combat. L'entreprise de vêtements a publié d'autres publicités associées aux VIH/sida par la suite, dont celle très controversée montrant en 1993 un tatouage à l’encre violette : « H.I.V. positive » placé sur les parties nues d’un corps (fesses, bas ventre, creux du bras…). « Je déteste la photographie artistique », disait-il en 2010. « La photo devient de l'art lorsqu'elle provoque une réaction en nous, que ce soit de l'intérêt, de la curiosité ou de l'attention ». Plusieurs de ses campagnes « United Colors of Benetton » ont été interdites en Italie, mais aussi en France. Interrogé par Il Corriere pour savoir quelle photo il choisirait s'il ne devait n'en retenir qu'une, il répondait : « Pour l'ensemble, pour l'engagement. Ce n'est pas une photo qui fait l'histoire, c'est un choix éthique, esthétique et politique ».
Transphobie dans le sport : un projet de loi avance au Congrès américain
La Chambre américaine des représentants a adopté mardi 14 janvier un projet de loi visant à restreindre fortement la participation des femmes transgenres dans les compétitions sportives universitaires féminines. Ce texte, adopté à 218 voix pour (dont deux élus-es démocrates) et 206 contre, se dirige désormais vers le Sénat, où son sort est incertain, indique l’AFP. Il interdit aux institutions scolaires et universitaires qui reçoivent des fonds fédéraux « de permettre à une personne de sexe masculin de participer à une activité ou un programme athlétique destiné aux femmes ou aux filles ». Avant de préciser que le sexe est défini comme celui assigné à la naissance. Donald Trump a fait de la lutte contre les droits des personnes transgenres un aspect central de sa campagne présidentielle en 2024. C’est aussi une obsession de son principal soutien, Elon Musk. « D’un simple trait de plume, dès le premier jour, nous mettrons un terme au délire transgenre », avait assuré le président élu fin décembre. Il a ainsi affirmé qu’il signerait « des décrets pour mettre fin aux mutilations sexuelles des enfants, exclure les transgenres de l’armée et les exclure des écoles primaires, des collèges et des lycées ». Lors de sa campagne, il avait déclaré vouloir « empêcher les hommes de participer aux sports féminins », arguant que la présence des femmes transgenres dans ces compétitions représentait un danger pour les autres participantes. La présence même des personnes transgenres dans la sphère publique, leur participation à des compétitions sportives, et l’accès aux soins de transition avant la majorité provoquent des débats houleux au sein de la société , et pas seulement aux États-Unis.
Ghana : la Cour suprême donne son feu vert à un projet de loi anti-LGBT+
La Cour suprême du Ghana a rejeté, mi-décembre, deux recours s’opposant à une loi anti-LGBT+ particulièrement répressive, adoptée par les députés-es fin février. Cette loi restreint drastiquement les droits de cette communauté dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. « Il n'y a pas d'acte que la Cour suprême puisse annuler en vertu de sa compétence », a déclaré Avril Lovelace-Johnson qui a présidé le panel des sept juges de la Cour suprême, lors de l’annonce de sa décision. Adopté en février dernier par le Parlement ghanéen, le projet de loi « sur les droits sexuels et les valeurs familiales » prévoit jusqu’à trois ans d’emprisonnement pour une personne ayant eu des relations homosexuelles et entre trois et cinq ans pour la « promotion, le parrainage ou le soutien intentionnel d'activités LGBT+ ».
Au Ghana, pays conservateur très religieux à majorité chrétienne, les relations entre personnes de même sexe sont interdites par une loi datant de l'ère coloniale, mais il n'y a eu jusqu'ici aucun cas de poursuite pour ces motifs. Ce projet de loi, vivement critiqué en Occident, pourra entrer en vigueur après sa ratification par le président Nana Akufo-Addo, qui doit officiellement quitter ses fonctions le 7 janvier après deux mandats à la tête du pays. Il avait déclaré qu'il attendrait d'abord que la Cour suprême se prononce sur sa constitutionnalité avant de décider ou non de promulguer le texte. En mars, le ministère ghanéen des Finances a averti que le pays, qui tente de sortir de l'une de ses pires crises économiques depuis des décennies et qui bénéficie d'un programme de prêt de trois milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI), risquait de perdre près de 3,8 milliards de dollars de financement de la Banque mondiale en raison de cette loi vivement critiquée par la communauté internationale.
Le Rwanda va administrer la Prep injectable
Au Rwanda, plus de 10 000 personnes prennent la Prep, explique RFI (26 décembre). Ce pays est le second, après la Zambie, à se lancer dans l’utilisation du cabotégravir injectable à longue durée d'action (CAB-LA) en Prep.. Moins contraignant que les comprimés à prendre tous les jours ou autour d’un rapport sexuel pouvant exposer à un risque, le CAB-LA se présente sous forme d’injection à recevoir tous les deux mois. « Nous l’avons planifié, car certains, qui utilisent les Prep orales, ratent des doses et donc réduisent l’efficacité du traitement. Avec les injections, nous espérons voir une amélioration dans l’adhésion au traitement, son efficacité, et réduire les stigmas », a expliqué le docteur Basile Ikuzo, directeur de l’unité de prévention contre le VIH au Rwanda, à RFI. L’introduction de cette nouvelle méthode de Prep dans le pays va être progressive. Elle démarrera d’ailleurs par deux établissements de Kigali, la capitale. « Pour les deux sites, nous allons commencer par 1 000 doses environ, et si nous voyons que le taux d’acceptabilité est élevé et les résultats positifs, car nous allons effectuer un suivi d’un an, nous verrons comment augmenter ces doses pour étendre le programme au reste du pays », a mentionné le docteur Basile Ikuzo, auprès de RFI. Ces dernières années, le Rwanda est parvenu à stabiliser le taux de prévalence du VIH à près de 3 % de la population.
Tchad : préserver les enfants du VIH
Au Tchad, environ 65 000 femmes âgées de plus de 15 ans vivaient avec le VIH 2023, selon le rapport le plus récent de l’Onusida. L’institution onusienne a aussi noté un taux de prévalence du VIH de 1,3 % chez les femmes âgées de 15 à 49 ans. Le gouvernement tchadien a lancé un programme de prévention de la transmission du VIH de la mère-à l’enfant (PTME) en 2005, afin de protéger les enfants nés de mères séropositives de l’infection en trois étapes clés : pendant la grossesse, l’accouchement et l’allaitement. De manière générale, les indicateurs de prise en charge du VIH chez la mère et l’enfant ont connu une amélioration au Tchad, note, aujourd’hui, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le taux de transmission du VIH de la mère à l’enfant est passé de 29 % en 2012 à 19 % en 2023. En 2023, selon la même source, 91 000 enfants exposés au VIH avaient été testés négatifs à la maladie, et 1 300 nouvelles infections de bébés ont été évitées grâce aux initiatives découlant du programme de PTME. Ces chiffres s’élevaient respectivement à 82 000 et 1 100 en 2015. Le Tchad a progressé vers l’atteinte des cibles 95-95-95. En 2023, le Tchad était situé à 71 % concernant les personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur statut et à 86 % pour les PVVIH qui prennent un traitement ARV ; pas de données sur les PVVIH en charge virale indétectable. En 2015, le pays était respectivement à 47 % et 70 % pour les deux premières cibles ; on voit la très nette progression accomplie.
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