L’Actu vue par Remaides : « Opioïdes : de nouvelles mesures pour « tenter de réduire les abus » »
- Actualité
- 14.10.2024
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Par Jean-François Laforgerie
Opioïdes : de nouvelles mesures pour "tenter de réduire
les abus" et le mésusage
En France, de nouvelles mesures pour « tenter de réduire les abus » dans l’usage des opioïdes ont été prises par l’Agence nationale de sécurité du médicament des produits de santé (ANSM). À l’étranger, des saisies de drogues synthétiques d’une valeur de plus d’un milliard de dollars (950 millions d’euros) ont été réalisées en Asie du Sud-Est lors d’une vaste opération policière internationale en juillet et en août. La rédaction de Remaides sur le point sur ces deux infos du moment.
Opioïdes : L'ANSM prend de nouvelles mesures pour limiter les risques liés au tramadol et à la codéine
Les autorités sanitaires ont annoncé, jeudi 26 septembre, de nouvelles mesures pour limiter les risques liés au tramadol et à la codéine, médicaments opioïdes qui continuent de » faire l’objet d’abus en France » selon les autorités. Il faudra notamment présenter au-à la pharmacien-ne une ordonnance infalsifiable. « Ce sont de très bons médicaments pour soulager la douleur, mais, compte tenu des risques potentiels qu’ils présentent, il est important de renforcer leur bon usage », a résumé à l’AFP Philippe Vella, directeur médical à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Le tramadol est le principal traitement de la famille des opioïdes. Ces derniers sont généralement utilisés comme antidouleurs, mais présentent un risque élevé de dépendance avec d’importants risques pour la santé. La codéine est aussi un médicament opioïde utilisé pour soulager la toux et la douleur légère ou modérée, qui peut créer une dépendance lorsqu’elle est utilisée à fortes doses et sur une longue durée. Ces médicaments sont aujourd’hui délivrés uniquement sur ordonnance.
Pour réduire les risques de mésusage, les médicaments contenant du tramadol ou de la codéine, seuls ou en association à d’autres substances (paracétamol, ibuprofène...) seront dispensés uniquement sur présentation d’une ordonnance sécurisée à partir du 1er décembre 2024, a annoncé l’ANSM, explique l’AFP.
Ce type d’ordonnance doit remplir des critères visant à la rendre infalsifiable : mention d’informations obligatoires pré-imprimées en bleu permettant d’identifier le-la prescripteur-rice, apparition d’un filigrane représentant un caducée, présence de carrés en micro-lettres, grammage minimum fixé à 77 g/m2... De plus, le dosage, la posologie et la durée du traitement devront être rédigés en toutes lettres. Certains types de médicaments sont déjà soumis à ce type d’ordonnances : des opioïdes (comme la morphine), des psychotropes (certains antidépresseurs et antipsychotiques) ou des stupéfiants.
« En 2022, sur environ 2 600 ordonnances falsifiées, 457 concernaient le tramadol, 416 la codéine pour ses spécialités antitussives et 293 pour des indications contre la douleur », a précisé à l’AFP Philippe Vella. Les prescriptions établies avant le 1er décembre demeureront valables jusqu’à leur terme.
L’objectif est clairement de lutter contre les surdosages. « Il faut restreindre au maximum l’usage de ces médicaments puissamment addictifs », a renchéri Philippe Besset, président de la FSPF, principal syndicat de pharmaciens-nes, interrogé par l’AFP. Autre mesure annoncée le 26 septembre : la durée maximale de prescription de la codéine sera réduite à douze semaines à compter du 1er décembre. Au-delà, une nouvelle ordonnance sera nécessaire. L’agence de sécurité du médicament tente depuis des années de contrôler les risques autour de ces médicaments qui ont notamment provoqué une crise sanitaire massive aux États-Unis. Ils y ont été prescrits et consommés de manière largement incontrôlée, en particulier le fentanyl. En France, la situation est sans commune mesure, mais nombre de professionnels-les de santé s’inquiètent d’une augmentation des cas d’usage détourné des opioïdes. Par ailleurs, l’ANSM a demandé aux industriels la mise sur le marché de boîtes de tramadol contenant moins de comprimés ; des boites adaptées aux traitements de courte durée. En dépit de ces « efforts », différentes enquêtes ont montré la persistance des cas d’abus, de surdosages où de dépendance, d’où la nécessité de nouvelles mesures. L’ANSM réfléchit désormais à la manière de mieux informer les patients des risques liés à ces médicaments. Elle envisage par exemple de demander aux laboratoires d’apposer des mentions d’alerte sur les boîtes contenant du tramadol ou de la codéine.
Quelque dix millions de Français-es ont reçu au moins une prescription d’opioïdes antalgiques en 2015, selon le dernier état des lieux dressé par l’ANSM en 2019. En 2022, l’abus de tramadol a conduit en France à quatorze décès, l’abus de la codéine a entrainé six décès la même année. « L’an dernier, le nombre de comprimés de tramadol prescrit a diminué de 6 % par rapport à 2022 : on en prescrit moins, il faut maintenant les utiliser mieux », a défendu Philippe Vella.
Plus d'un milliard de dollars de drogues de synthèse saisi
Des saisies de drogues synthétiques d’une valeur de plus d’un milliard de dollars (950 millions d’euros) ont été réalisées en Asie du Sud-Est lors d’une vaste opération policière internationale en juillet et en août, a annoncé, mi-septembre, Interpol. Cette vaste opération a mobilisé les polices d’Australie, du Cambodge, de la Corée du Sud, du Myanmar, de la Thaïlande, des États-Unis et du Vietnam. Elle s’est déroulée du 22 juillet au 7 août et a permis l’arrestation de 29 personnes et 58 saisies de produits stupéfiants, indique l’AFP. « Le trafic de drogue reste la pierre angulaire de la criminalité transnationale organisée », a déclaré, dans un communiqué, Jürgen Stock, le secrétaire général de l’organisation internationale de police criminelle. Parmi les drogues saisies, 139 millions de pilules de Yaba, un « stimulant addictif » contenant de la méthamphétamine et de la caféine, ont été retrouvées « dissimulées dans de gros camions, notamment dans des boîtes à outils fixées sur les côtés des véhicules » par les autorités de la Thaïlande, du Vietnam et du Myanmar (Birmanie). Quelque 2,3 tonnes de méthamphétamine en cristaux ont également été saisies sur un navire au large des côtes birmanes. Conditionnée pour ressembler à du café commercial provenant de Côte d’Ivoire, la drogue était destinée à la Malaisie. Les autorités cambodgiennes ont quant à elles intercepté 200 kg de kétamine « déguisée en thé commercial », introduite clandestinement par deux ressortissants chinois, selon la même source. Depuis 2013, ces vastes opérations en Asie du Sud-Est ont généré des saisies d’une valeur de 4,65 milliards de dollars (plus de 4,2 milliards d’euros) et plus de 5 600 arrestations dans 108 pays.