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    L'Actu vue par Remaides : De nouveaux pays éliminent la transmission mère-enfant du VIH et de la syphilis

    • Actualité
    • 25.06.2024

     

    CIBLE REMAIDES

     

    © DR

    Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton 

    De nouveaux pays éliminent la transmission mère-enfant du VIH et de la syphillis

    Bonne nouvelles en  Afrique du Sud avec la promulgation d’une loi instaurant une couverture santé universelle ; au Royaume-Uni où les PVVIH sont autorisées à donner leurs gamètes. Enfin, on peut se réjouir que de nouveaux pays éliminent la transmission mère-enfant du VIH et de la syphilis. La rédaction de Remaides fait le point sur l’actu internationale.

    Royaume-Uni : les conservateurs-rices veulent "clarifier" la définition du mot "sexe"

    Les conservateurs-rices britanniques ont promis, début juin, d’apporter des « clarifications » dans la loi pour que le mot « sexe » définisse le « sexe biologique » et non le « genre ». Cette proposition tend à « séduire des électeurs-rices à la droite du parti avant les élections législatives » qui s’annoncent périlleuses pour la majorité sortante. À un mois du scrutin du 4 juillet, les conservateurs-rices, au pouvoir depuis 14 ans, restent loin derrière les travaillistes dans les sondages. Ils-elles ont orienté leur campagne très à droite, notamment sur le thème de l’immigration, et s’engagent volontiers dans les guerres culturelles et les paniques morales… un peu comme chez nous. En cas de victoire aux élections, « nous rendrons clair que « sexe » dans la loi sur l’égalité signifie sexe biologique », a écrit Kemi Badenoch, la ministre aux Entreprises dans le gouvernement actuel, dans une tribune publiée dans le Times. « Le sexe et le genre, des termes utilisés avant de manière interchangeable, signifient maintenant des choses différentes », a-t-elle ajouté, affirmant que cela est « exploité par toute sorte d’organisations d’activistes ». « Le changement va permettre aux prestataires de services destinés aux femmes et aux filles, comme ceux qui organisent des séances pour les victimes de violence domestique, d’empêcher plus facilement les hommes biologiques d’y participer », a affirmé le parti conservateur dans un communiqué. « La sécurité des femmes et des filles est trop importante pour laisser persister la confusion actuelle autour des définitions de sexe et genre », a dit le Premier ministre, Rishi Sunak, cité dans le communiqué.  De son côté, le parti travailliste affirme que la loi actuelle « n’a pas besoin d’être changée ». « Elle donne déjà une définition de la femme, et différencie le sexe et le genre », a déclaré le député travailliste John Healey sur Times Radio.  « Le gouvernement a eu 14 ans pour changer (la loi) et ne l’a pas fait. Il s’agit d’une distraction dans la campagne électorale », a-t-il critiqué.

    Négociations sur les pandémies : vers une prolongation d'un an

    Échec temporaire. Après deux ans d’âpres marchandages pour un accord sur la prévention des pandémies et faute de consensus, les pays de l’Organisation mondiale de la santé s’acheminent vers une prolongation d’un an des négociations pour préserver les acquis et tenter de surmonter les obstacles actuels. En décembre 2021, choqués par les ravages causés par la Covid-19 — qui a tué des millions de personnes, détruit les économies et paralysé les systèmes de santé — les pays membres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont demandé la rédaction d’un « accord contraignant » sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies. Ce nouvel outil doit permette de ne pas répéter les erreurs subies lors de la crise de la Covid. Les négociateurs-rices avaient une date butoir ambitieuse, la réunion de la 77e assemblée mondiale de la santé (AMS), fin mai. L’Assemblée a fait un bilan des progrès avec les responsables chargés-es de piloter les négociations et chargé un groupe de travail de voir la suite. Le texte approuvé vu par l’AFP montre que les pays étaient convenus « de prolonger le mandat » des négociations, de les terminer « dès que possible ». Lors des débats, les pays africains se sont exprimés d’une seule voix pour dire qu’ils voulaient profiter de l’élan affiché dans les négociations pour conclure l’accord d’ici la fin de l’année. Washington, en revanche, a estimé qu’il fallait plus de temps (jusqu’à deux ans) pour élaborer le meilleur accord possible. Selon les ONG, qui ont pu suivre de près les négociations et les débats, les pays membres se donnent donc au maximum un an, a expliqué K. M. Gopakumar, chercheur principal au Third World Network. Le projet d’accord sur les pandémies, tel qu’il existe, compte 34 articles, dont 17 ont déjà été approuvés.  « Nous devons maintenir l’élan, mais en même temps permettre des discussions de fond sur certaines questions assez complexes et techniques qui restent en suspens », a expliqué à l’AFP l’ambassadeur norvégien Tormod Cappelen Endresen.  « Il est dans l’intérêt de tous d’avoir un système de préparation [aux pandémies, ndlr] plus juste et équitable », a-t-il ajouté. Pour James Love, directeur de Knowledge Ecology International, une grande partie des ambitions initiales de l’accord ont été affaiblies au fil du temps par des exceptions. Il a appelé à des garanties fortes sur le transfert aux pays en développement de la technologie permettant de fabriquer des produits permettant de lutter contre les pandémies, afin d’éviter une nouvelle ruée vers les vaccins façon « Hunger Games », comme pendant la Covid-19. « C’est une chose de dire on va amasser les produits, mais c’en est une autre de dire que l’on va garder pour soi le savoir-faire sur la façon de les fabriquer alors que la vie des gens est en jeu », a-t-il déclaré.

    Le Manitoba rembourse intégralement la Prep

    Avancée. Le gouvernement du Manitoba a annoncé (31 mai) qu’il couvrira entièrement le coût de la Prep. Cette dernière sera offerte gratuitement à toutes les personnes qui ne bénéficient pas d’une couverture complète par leur assurance santé personnelle. Uzoma Asagwara, ministre de la Santé du Manitoba (Canada), a également indiqué que le coût des médicaments tels que la prophylaxie post-exposition (pep) et le traitement ARV seront aussi offerts gratuitement aux Manitobains-es. À travers l'adoption de cette nouvelle mesure, la province supprime l’exigence d’une franchise pour le régime d’assurance-médicaments, explique Radio-Canada. Sans couverture, la Prep peut coûter entre 200 et 300 dollars par mois, ce qui est très élevé. Certains médicaments antirétroviraux utilisés pour traiter le VIH sont couverts par des régimes d’assurance et coûtent plus de 1000 dollars par mois. Uzoma Asagwara souligne que le Manitoba supprimera également l’obligation pour les prestataires de soins de santé de s’inscrire pour pouvoir prescrire la Prep. Ainsi, les personnes qui souhaitent avoir accès à la Prep pourront l’obtenir auprès du-de la prestataire de soins avec lequel-laquelle elles se sentent le plus à l’aise et en sécurité, exactement quand elles en ont besoin, a précisé Uzoma Asagwara. Ces changements sont liés au contexte de l’épidémie dans cet État. Le Manitoba a enregistré le nombre le plus élevé de diagnostics de VIH en 2022. Cette année-là, 196 nouveaux cas ont été diagnostiqués, soit une augmentation de 36 % par rapport aux 144 nouveaux cas recensés en 2021. Selon les données officielles, 60 personnes vivant avec le VIH se sont installées au Manitoba, ce qui porte le total à 256. La répartition des cas de VIH/sida au Manitoba diffère de celle des autres provinces, avec des taux d’infection plus élevés chez les hétéros, les femmes et les personnes injectrices.

    VIH : baisse des cas au Sénégal

    Bonne nouvelle. Le nombre de nouvelles infections par le VIH enregistrées au Sénégal diminue d’année en année, indique l’agence de presse APS. Elles sont passées de 5 000 à 900 nouveaux cas, a révélé, fin mai, le Professeur Cheikh Tidiane Ndour, chef de la division de lutte contre le sida et les IST au ministère de la Santé et de l’Action sociale. « La prévalence est faible au niveau de la population générale, nous sommes à 0,3 %, alors que ça va jusqu’à 25 % chez les hommes qui ont des rapports avec d’autres hommes. […] Et donc, le nombre de nouvelles infections diminuent d’année en année, de manière progressive », a-t-il commenté. Selon le Professeur Serge Paul Éholié, président du Réseau africain des praticiens luttant contre le VIH et les IST, « les infections sont plus fréquentes chez les adolescents, les jeunes filles en particulier ». Il a souligné aussi qu’au sein des populations adultes, « l’épidémie a tendance à se stabiliser et nous avons de moins en moins de nouvelles infections ». Et le Pr d’expliquer : « Il faut que les personnes infectées soient dépistées tôt et qu’elles soient ensuite misent sous traitement. Parce qu’une personne mise sous traitement antirétroviral ne peut plus transmettre le virus ».

    Afrique du Sud : promulgation d'une loi instaurant une couverture santé universelle

    Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a promulgué mercredi 15 mai une loi instaurant une couverture santé universelle dans un pays parmi les plus inégalitaires au monde, la signature du texte resté à l’état d’élaboration pendant une douzaine d’années intervenant deux semaines avant des élections cruciales pour l’exécutif, précise l’AFP. Dans la première puissance industrielle du continent, classée en 2022, pays le plus inégalitaire de la planète par la Banque mondiale, les hôpitaux publics sont souvent surpeuplés et en manque de moyens ou de personnels. Les plus privilégiés se tournent vers le secteur privé. Mais en 2022, seuls 12 % de la population a pu s’offrir ce type de soins onéreux. Le nouveau système de couverture santé, baptisé NHI, vise à garantir aux quelque 62 millions de Sud-Africains-es le même accès aux soins à des tarifs abordables fixés par l’État, grâce notamment à la création d’un fonds financé par les impôts et des cotisations.  « Le système national d’assurance maladie est la promesse de mettre fin aux inégalités criantes qui déterminent depuis longtemps qui a accès à des soins adaptés et qui est négligé », s’est félicité Cyril Ramaphosa. Selon le chef d’État, le NHI contribuera à « réduire la pauvreté » dans un pays rongé par un chômage endémique touchant près d’un tiers de la population en âge de travailler.  La mise en œuvre de la loi, vivement critiquée par l’opposition, pourrait toutefois prendre plusieurs années. La création du fonds de financement est prévue en plusieurs phases et ne se fera pas « en un jour », a souligné le ministre de la Santé, Joe Phaahla.

    Royaume-Uni : les PVVIH autorisées à donner leurs gamètes

    Nouvelle avancée grâce à I = I (Indétectable = Intransmissible). Au Royaume-Uni, les personnes vivant avec le VIH pourront bientôt donner leurs gamètes à leur famille, à leurs amis-es ou à des « receveurs connus », à condition qu’elles aient une « charge virale indétectable » depuis une durée « prolongée », rapporte le site spécialisé Généthique. Elles doivent également prendre un traitement antirétroviral depuis « au moins six mois » avant le don. En outre, le-la receveur-se devra être informé-e du statut sérologique du-de la donneur-se et exprimer son consentement. Le don de gamètes (c’est-à-dire le don d’ovocytes ou de spermatozoïdes) a pour objectif de répondre au projet parental d’un couple ou d’une femme non mariée. Le don de gamètes est une activité d’assistance médicale à la procréation et relève, en France, des compétences de l’Agence de la biomédecine. Jusqu’alors, au Royaume-Uni, seul un homme séropositif était autorisé à donner son sperme à sa « partenaire féminine », à l’exclusion de toute autre personne. Il s’agit désormais de « tenir compte des données scientifiques qui montrent que cette pratique est sans danger ». Les nouvelles règles devraient entrer en vigueur dans les prochains mois, a indiqué le gouvernement britannique.

    VIH : de nouveaux pays éliminent la transmission du VIH et de la syphillis

    Le Belize, la Jamaïque, Saint-Vincent et les Grenadines sont les derniers pays de la zone Caraïbes à recevoir la certification de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'élimination de la transmission mère-enfant du VIH et de la syphilis (EMTCT). Cette étape importante a été marquée, mi-mai, lors d'un événement organisé par l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS) à Kingston, en Jamaïque, avec le soutien de l'Unicef et de l'Onusida.  « Cette réalisation témoigne d'années de dévouement, de travail acharné et de collaboration entre les gouvernements, les professionnels de la santé et les communautés », a commenté le directeur de l'OPS, le Dr Jarbas Barbosa. « J'espère que la célébration d'aujourd'hui inspirera d'autres pays à revigorer leurs engagements » en faveur d'une génération sans VIH ni syphilis congénitale.   En 2010, les pays de la zone dite des Amériques se sont engagés à éliminer la transmission mère-enfant du VIH et de la syphilis et ont approuvé la stratégie régionale, qui a été mise à jour en 2016 dans le cadre du Plan d'action de l'OPS pour la prévention et le contrôle du VIH et des infections sexuellement transmissibles.