L’Actu vue par Remaides : « Monde : où va-t-on le plus souvent chez le médecin ? »
- Actualité
- 26.01.2025
Par Jean-François Laforgerie
Monde : où va-ton le plus souvent chez le médecin ?
Les sujets sont variés ces dernières semaines concernant les infos dans le champ de la santé. Il est question de la gestion du Covid-19, avec la fin de l’enquête de la Cour de justice de la République. De son côté, l’ANSM lance une phase pilote d’expérimentation sur les notices des médicaments via un QRCode, tandis que la Haute autorité de santé (HAS) indique qu’elle crée un service exclusivement dédié à l’évaluation médico-économique. L’ANSM a récemment publié la liste des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur dans une version actualisée. Remaides fait le point sur ces infos principales et bien d’autres.
Notices de médicaments par QRCode : l'ANSM expérimente
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a lancé (18 décembre) une phase pilote qui vise à faciliter l’accès des patients-es et des professionnels-les de santé aux versions numériques des notices de certains médicaments à usage humain. « Ce dispositif devrait ainsi améliorer d’une part l’accès à des informations actualisées, d’autre part leur compréhension : les notices numériques seront accompagnées de nouveaux supports d’informations, telles que des vidéos qui expliquent comment bien utiliser le médicament », explique l’ANSM. Deux principes prévalent dans cette expérimentation :
- une information dématérialisée : les utilisateurs-rices pourront accéder à la notice numérique à tout moment, où qu’ils-elles soient, en flashant le QR code avec leur smartphone ou tablette. Une réflexion spécifique sera par ailleurs menée sur l’accès à cette information pour les patients-es hospitalisés-es ;
- une information actualisée : les notices numériques disponibles seront régulièrement actualisées, ce qui garantit que les utilisateurs-rices disposent toujours des informations les plus récentes.
La première étape de cette phase pilote a débuté le 17 décembre 2024. Elle doit durer deux ans à partir de la mise à disposition effective de boites de médicaments modifiées, soit au 1er octobre 2025. Cette durée de deux ans permettra, en lien avec les associations de patients-es, les professionnels-les de santé, les industriels du médicament, d’évaluer l’utilisation des notices dématérialisées, leur accessibilité et l’intérêt de nouveaux supports d’information.
Quels sont les médicaments qui feront partie de la phase pilote ?
En ville, 93 médicaments devraient faire partie de la phase pilote : du paracétamol (formes orales destinées à l’adulte), des statines (utilisées notamment dans le traitement du cholestérol ou des maladies cardiovasculaires), des vaccins ou encore des inhibiteurs de la pompe à protons (médicaments utilisés pour réduire la sécrétion acide gastrique).
Concernant l’hôpital, 474 médicaments devraient faire partie de la phase pilote.
Les industriels du médicament volontaires pour participer devront modifier les boites de leurs médicaments pour ajouter un QR code sur les boites en ville et supprimer la notice papier pour l’hôpital. Les QR code permettront d’accéder aux notices numériques en renvoyant vers la base de données publique des médicaments (BDPM).
Plus d’infos ici.
Gestion de la Covid-19, la cour de justice de la République a fini son enquête
L’enquête portant sur la gestion de l’épidémie de Covid-19 par le gouvernement a été clôturée par la Cour de justice de la République (CJR), sans ministre mis en examen, a indiqué l’AFP (30 décembre). L’ex-Premier ministre Édouard Philippe, l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn, ainsi que son successeur Olivier Véran sont placés sous le statut plus favorable de témoin assisté, à l’issue de cette information judiciaire ouverte en juillet 2020. L’absence de mise en examen ouvre la voie à un probable non-lieu. « Un avis de fin d’information a été délivré le 28 novembre », a expliqué, fin décembre, à l’AFP Rémy Heitz, procureur général près la Cour de cassation, qui exerce les fonctions du ministère public près la CJR et qui confirmait une information de Franceinfo. « Par ailleurs, aucune personne n’est à ce jour mise en examen », a ajouté Rémy Heitz. Les investigations ont été menées pour mise en danger de la vie d’autrui et abstention volontaire de combattre un sinistre. Elles découlaient de plusieurs plaintes de médecins ou d’associations dénonçant, dès le début du confinement en mars 2020 en France, le manque d’équipements de protection pour les soignants-es et la population ou encore les errements sur la nécessité ou non de porter des masques. Dans cette enquête, seule Agnès Buzyn, ministre de la Santé entre mai 2017 et février 2020, avait été, un temps, mise en examen pour mise en danger de la vie d’autrui. Mais elle en a obtenu l’annulation, en janvier 2023, par la Cour de cassation. Maintenant que l’enquête de la CJR est terminée, il revient au parquet général puis à la commission d’instruction de se prononcer sur la suite à y donner. Quatre ans d’instruction ont permis de nombreuses auditions et perquisitions, jusqu’aux domiciles et bureaux d’Édouard Philippe, Agnès Buzyn et Olivier Véran, mais aussi chez le directeur général de la Santé, le Pr Jérôme Salomon, et la directrice générale de Santé Publique France, la Pr Geneviève Chêne. La CJR est la seule juridiction habilitée à poursuivre et juger les membres du gouvernement — Premiers-ères ministres, ministres et secrétaires d’État — pour les crimes et délits commis dans l’exercice de leurs fonctions. Elle a connu une forte inflation des plaintes lors de l’épidémie de Covid-19.
Grippe : le ministre de la Santé en appelle au port du masque
En déplacement à l’hôpital Cochin (AP-HP, Paris), vendredi 10 janvier, le ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, Yannick Neuder, a rappelé l’importance des gestes barrières alors que sévit une sévère épidémie de grippe en France. Le ministre s’est, par ailleurs, prononcé pour le part du masque dans les lieux confinés. « Je ne suis pas en train de vous dire qu’on relance le port du masque en France pour tout le monde, mais dans les lieux confinés. Je pense notamment aux transports en commun, ou quand on est plusieurs dans une réunion », a précisé le ministre, ajoutant : « Si on sent qu’on a des symptômes, si on sent qu’on tousse, qu’on gratte, qu’on est un peu courbaturé, qu’on a un peu de température : ne pas hésiter à remettre le masque. » D’après lui, ces gestes barrières permettront de sortir de l’épidémie de grippe, tout comme la vaccination, dont la campagne annuelle prendra fin vers le 31 janvier. Il est encore temps de se faire vacciner contre la grippe, mais il faut savoir que la couverture optimale assurée par le vaccin s’obtient environ deux semaines après l’injection. Face à l’afflux de patients-es atteints-es par la grippe dans des formes sévères, 87 hôpitaux ont déclenché le « plan blanc », dispositif qui permet de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler des personnels en congés, a indiqué le ministère de la Santé et de l’Accès aux soins. L’épidémie de grippe, qui dure habituellement dix à douze semaines, en hiver, s’est intensifiée début janvier et provoque des hospitalisations d’un niveau « exceptionnellement élevé » comparé aux saisons précédentes, a récemment Santé publique France (SpF).
Dépression : la France lanterne rouge de l'Europe
Avant la crise de la Covid-19 et ses impacts sur la santé mentale, l’Europe de l’Ouest et du Nord étaient plus touchées par la dépression que celles du Sud et de l’Est ; la France affichait le taux le plus élevé, selon une étude de la Drees (service statistique des ministères sociaux), publiée jeudi 9 janvier. « En 2019, juste avant la crise sanitaire, environ 6 % de la population européenne [souffrait] de syndromes dépressifs, mais avec de fortes disparités selon les pays et les régions », observe la Drees. L’Europe de l’Ouest et du Nord connaissait les taux les plus élevés, notamment en France (11 %) — soit la « prévalence la plus haute du continent » — et en Suède (10 %). L’Europe du Sud et de l’Est, notamment la Serbie ou Chypre (2 %), présentaient des niveaux moindres. L’étude s’appuie sur des données d’une enquête sur la santé (European Health Interview Survey) menée tous les six ans dans les pays de l’UE, ainsi qu’en Islande, en Norvège, en Serbie et en Turquie, auprès de personnes de 15 ans ou plus résidant hors institutions (Ehpad, hôpitaux, foyers d’accueil, prisons, etc.).
Globalement, plus de 300 000 personnes répondent à cette enquête européenne, dont plus de 14 000 personnes en France, précise la Drees. « Quels que soient le pays ou la tranche d’âge, les femmes risquent en moyenne davantage que les hommes de souffrir de dépression », résume la Drees. En Europe du Sud et de l’Est, la prévalence du syndrome dépressif était très faible chez les 15-24 ans, puis augmentait progressivement pour culminer après 70 ans. En Europe de l’Ouest, elle était élevée pour toutes les tranches d’âge, avec un pic entre 45 et 59 ans, avant de décliner autour de 60-69 ans puis de remonter légèrement à 70 ans. « La France [présentait] un taux de dépression parmi les plus élevés des pays d’Europe pour les personnes séniores et pour les jeunes, comme pour l’ensemble de la population », relève aussi la Drees. Chez les seniors-es, le veuvage renforce le risque de dépression, particulièrement en Europe de l’Est ; le revenu semble avoir un effet limité, sauf en Europe du Sud. Chez les jeunes, « l’inactivité joue un rôle majeur, mais uniquement dans les pays d’Europe de l’Ouest et du Nord ».
La Haute autorité de santé crée un service dédié à l'évaluation médico-économique
Dans un communiqué, la HAS explique que, dans un « contexte de nécessaire maitrise des dépenses publiques conjuguée à l’augmentation de la demande en santé et aux coûts croissants des innovations », la place de l’évaluation médico-économique est centrale pour déterminer comment faire le meilleur usage possible des ressources. Chargée de l’évaluation médico-économique des produits et interventions de santé, la HAS a donc décidé de repenser « son organisation pour répondre au mieux à ce besoin ». Cette volonté prend deux formes : la création du service de l’évaluation économique (S2E) au sein de sa direction de l’évaluation et de l’accès à l’innovation (DEAI) et la réalisation future d’un nouveau « projet stratégique ». La création de ce service évaluation économique a pour conséquence que « toute l’activité économique sera désormais regroupée au sein de ce nouveau service, dont l’évaluation des dossiers d’efficience et d’impact budgétaire des produits de santé en vue de leur remboursement, ainsi que l’évaluation médico-économique des interventions de santé publique ».
Le ministre de la Santé veut "étudier" la voie du cannabis médical
Le ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, Yannick Neuder, s’est montré prudent quant à une autorisation large du cannabis médical. Il a simplement indiqué vouloir « étudier » cette option. Comme l’explique l’AFP, l’année 2025 devrait voir l’arrivée en France de traitements à base de cannabis à des fins thérapeutiques, à la suite d’une période d’expérimentation menée auprès de quelques milliers de patients-es ; période qui s’est achevée le 31 décembre 2024. Mais le flou règne toujours sur leur avenir, en attendant une décision du gouvernement. Les patients-es qui sont actuellement dans l’expérimentation pourront, jusqu’au 30 juin prochain, « continuer à le prendre en attendant de réorganiser, de consulter pour savoir si on fait une filière autour de cette nouvelle source de médicaments », a rappelé Yannick Neuder. « Je pense qu’il faut étudier cette voie de cannabis thérapeutique parce que ça couvre un champ de douleurs rebelles qui ne sont souvent pas soulagées par d’autres médicaments », comme dans « la cancérologie, les raideurs, les algies faciales », a détaillé le ministre à l’issue d’une visite à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. En revanche, « je suis toujours contre le cannabis récréatif », a-t-il rappelé, jugeant possible de parvenir à une « position très équilibrée » sur le sujet.
ANSM : la liste des médicaments d'intérêt thérapeutique majeur publiée
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a publié le 19 décembre dernier la liste des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur. « Ces MITM sont les médicaments pour lesquels une interruption de traitement est susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients à court ou moyen terme, ou représente une perte de chance importante pour les patients au regard de la gravité ou du potentiel évolutif de la maladie », rappelle un communiqué de France Assos Santé (FAS). Jusqu’à présent, la qualification d’un médicament comme MITM était la prérogative des firmes pharmaceutiques. Comme le souligne FAS, l’ANSM peut désormais « compléter cette liste, ce qui constitue une avancée pour les patients. » L’agence sanitaire a ainsi ajouté 557 médicaments (notamment anti-cancéreux, traitement de l’hypertension artérielle pulmonaire…), qui n’avaient pas « été considérés comme MITM par les laboratoires concernés par leur production ! »
Pour chaque MITM, les laboratoires pharmaceutiques doivent :
- informer les professionnels-les de santé et les patients-es de toute rupture ou risque de rupture ;
- mettre en œuvre des plans de gestion des pénuries ;
- procéder à l’importation d’une alternative au MITM ;
- constituer un stock de sécurité de deux mois (sauf exceptions) ;
- ne pas cesser la commercialisation de MITM moins d’un an après information de l’ANSM ou avant la mise en place de solutions alternatives permettant de couvrir le besoin.
Et le collectif de conclure : « France Assos Santé salue la mise en œuvre de cette mesure, rendue possible par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2024, et appelle l’ANSM, le « gendarme du médicament », à faire strictement respecter la loi. Enfin, France Assos Santé considère que les associations doivent pouvoir contribuer à l’évolution de la liste des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur.»
Pour télécharger la liste des médicaments concerrnés.
Monde : où va-t-on le plus souvent chez le médecin ?
La Suède, le Costa Rica, le Brésil et le Mexique sont les pays où les habitants-es vont le moins chez le-la médecin, avec en moyenne deux consultations médicales par personne et par an, indique Le Point (12 janvier), citant un rapport de l’OCDE. À l'inverse, la Corée du Sud arrive en tête avec seize visites chez le-la médecin par an. En France, la moyenne est de cinq visites chez le-la médecin par personne et par an, un chiffre similaire à celui de l’Espagne, du Canada, du Luxembourg, de l’Italie et de la Roumanie. Qu’est-ce qui explique cette différence ? L’organisation des soins, pour partie. Dans des pays comme la Finlande, la Suède, le Royaume-Uni et les États-Unis, les infirmiers-ères et autres professionnels-les de santé prennent une part plus active dans les soins de première ligne, ce qui contribue à une baisse des consultations auprès des médecins. Jouent aussi des facteurs comme la rémunération des médecins et le reste à charge pour les patients-es. « Dans des pays tels que l'Allemagne, le Japon, la Corée du Sud et la Slovaquie, les médecins sont payés pour chaque patient consulté. Cela conduit souvent à un plus grand nombre de visites médicales par rapport aux nations où les praticiens perçoivent un salaire fixe, comme c'est le cas au Danemark, en Finlande, au Mexique et en Suède », explique Le Point.
L'AP-HP va mieux, mais son déficit se creuse
L’AP-HP (hôpitaux publics parisiens et franciliens) a regagné des effectifs et a rouvert des lits, mais son déficit s’est creusé en 2024 du fait de l’inflation et d’une compensation insuffisante par l’État des mesures salariales décidées après la Covid, a affirmé, mardi 14 janvier, sur France Inter son directeur général, Nicolas Revel. L’AP-HP a fait un peu « plus de la moitié du chemin » pour récupérer les quelque 2 000 infirmiers-ères (11 % de l’effectif) qu’elle avait perdus après la crise de la Covid-19, a souligné Nicolas Revel. Cette amélioration des effectifs a permis de « ré-ouvrir 600 lits » depuis le creux post-Covid. En revanche, le déficit de l’AP-HP s’est creusé à 460 millions d’euros en 2024, alors qu’il était prévu à 300 millions d’euros. Ce décalage est imputable à l’inflation et à la non-compensation à 100 % par l’État des mesures salariales décidées après la Covid. « Pour les CHU et l’AP-HP, on estime que c’est à peu près 20 % de sous-compensation » des mesures salariales (celles du Ségur de la Santé) qui font défaut. Quant à l’inflation, elle a été compensée à « un tiers à peu près », a précisé Nicolas Revel. Si l’État ne parvient pas à compenser à 100 % les mesures salariales comme promis, l’AP-HP ne sera « plus en capacité de financer les très importantes opérations d’investissement qui sont prévues sur les 5-10 prochaines années », a prévenu le patron de l’AP-HP ; cette dernière a prévu quatre milliards d’euros d’investissement sur les cinq ans à venir. Parmi ces investissements, figurent l’énorme projet de l’hôpital Grand Paris Nord à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), et le transfert de l’actuel hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), spécialisé notamment dans les troubles locomoteurs, vers l’hôpital Ambroise Paré à Boulogne (Hauts-de-Seine).
« En 2020, le déficit total de tous les hôpitaux publics français était d’environ 200 millions d’euros. En 2024, il va se situer entre 2 et 2,5 milliards, il va être quasiment » multiplié par dix, a expliqué Nicolas Revel, qui a indiqué qu’une mission de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) allait se pencher sur la sous-compensation des mesures salariales.